UNCANNY AVENGERS : RAGNAROK NOW rassemble les épisodes 12 à 17 de la série, écrits par Rick Remender et dessinés par Salvador Larroca (#12), Daniel Acuña (#13) et Steve McNiven (#14-17), publiés en 2013-2014 par Marvel Comics.
*
(Extrait de Uncanny Avengers #15.
Textes de Rick Remender, dessins de Steve McNiven.)
Scarlet
Witch (Wanda Maximoff) et Wonder Man (Simon Williams) ont décidé de suivre les jumeaux d'Apocalypse, Uriel et Eimin, dans leur projet : séparer définitivement la race mutante des humains en transportant magiquement la première sur une planète qui lui serait propre. Mais la Sorcière Rouge compte en vérité trahir ses commanditaires pour rallier une armée de mutants afin de les terrasser.
Ce qu'elle ignore, c'est qu'Eimin, grâce à ses dons de voyance, connaît son plan et, avec Uriel, a pris les précautions nécessaires pour ne pas être doublés. Ce que ne sait pas non plus Wanda, c'est que Rogue et Sunfire ont trouvé Wolverine agonisant (après avoir été torturé par son fils, Daken, ramené d'entre les morts par les jumeaux) et qu'ils sont déterminés à éliminer Scarlet Witch, qu'ils jugent responsables de tous les problèmes.
De leur côté, la Guêpe (Janet Van Dyne) va tenter de neutraliser le barrage à tachyons mis en place par les jumeaux pour empêcher que Kang ne pénètre, avec des renforts issus de différentes lignes temporelles, dans leur base. Havok tente d'assurer les arrières de son équipière, dont il s'est sentimentalement rapproché ces derniers temps. Quant à Captain America et Thor, ils essaient de soumettre les jumeaux alors que le Céleste Exitar le bourreau est sur le point de détruire la terre, dont les habitants ont été jugés indignes de vivre.
Pour continuer à bien situer l'enjeu principal de la série, il faut se rappeler que depuis les premiers épisodes le scénariste Rick Remender martèle une même idée : intégrer les mutants au reste de la communauté super-héroïque et humaine. Une fois qu'on garde ce thème bien en tête, c'est comme une ancre pour suivre un récit qui ne nous ménage pas avec d'autres artifices narratifs (voyage dans le temps, double jeu, destruction planétaire, vengeance).
Au début de ce troisième recueil, Remender enfonce le clou en revenant sur la jeunesse traumatisante d'Uriel et Eimin, détenus dans un camp de concentration par Crâne Rouge investi des pouvoirs de feu Charles Xavier et qui a infligé aux mutants le même traitement que les nazis aux juifs durant la seconde guerre mondiale. Le scénariste y fait preuve de sa "délicatesse" coutumière pour bien nous expliquer à quel point, finalement, les jumeaux ont des raisons d'en vouloir aux humains et Kang. Il en profite aussi, encore une fois, pour saluer la saga mythique des Uncanny X-Men, Days of future past (par Chris Claremont et John Byrne), ce qui nécessite pour le lecteur d'être bien à jour sur ses connaissances en matière de classiques des comics Marvel (tout ça date quand même de plus de trente ans), avec en prime des apparitions-éclair de personnages comme Broo, Deathlock, Dr Doom (version 2099), Talisman, etc.
Tout chez Remender exige de la concentration, comme s'il voulait à la fois opérer une synthèse dans plusieurs éléments du Marvelverse et tester les connaissances de ses lecteurs (sur ce dernier point, je reste dérangé parce que je n'aime guère les scénaristes qui étalent leur science ainsi en me faisant bien sentir qui est le plus fort). Quand on manie des personnages comme Eimin, qui peut voir dans le futur, et Kang, spécialiste des voyages dans le temps (sous plusieurs identités et aspects, comme Immortus), il faut quand même s'accrocher, et peut-être des spécialistes plus savants que moi auront repéré quelques paradoxes temporels dans ce bouillon.
Au début de ce troisième recueil, Remender enfonce le clou en revenant sur la jeunesse traumatisante d'Uriel et Eimin, détenus dans un camp de concentration par Crâne Rouge investi des pouvoirs de feu Charles Xavier et qui a infligé aux mutants le même traitement que les nazis aux juifs durant la seconde guerre mondiale. Le scénariste y fait preuve de sa "délicatesse" coutumière pour bien nous expliquer à quel point, finalement, les jumeaux ont des raisons d'en vouloir aux humains et Kang. Il en profite aussi, encore une fois, pour saluer la saga mythique des Uncanny X-Men, Days of future past (par Chris Claremont et John Byrne), ce qui nécessite pour le lecteur d'être bien à jour sur ses connaissances en matière de classiques des comics Marvel (tout ça date quand même de plus de trente ans), avec en prime des apparitions-éclair de personnages comme Broo, Deathlock, Dr Doom (version 2099), Talisman, etc.
Tout chez Remender exige de la concentration, comme s'il voulait à la fois opérer une synthèse dans plusieurs éléments du Marvelverse et tester les connaissances de ses lecteurs (sur ce dernier point, je reste dérangé parce que je n'aime guère les scénaristes qui étalent leur science ainsi en me faisant bien sentir qui est le plus fort). Quand on manie des personnages comme Eimin, qui peut voir dans le futur, et Kang, spécialiste des voyages dans le temps (sous plusieurs identités et aspects, comme Immortus), il faut quand même s'accrocher, et peut-être des spécialistes plus savants que moi auront repéré quelques paradoxes temporels dans ce bouillon.
Malgré tout, et c'est ce qui est intéressant quand on lit (et critique ensuite) le travail d'un scénariste qui vous pose des problèmes (sur votre capacité à comprendre son récit mais aussi à apprécier son entreprise dans son ensemble), je dois admettre que la grande force de Remender réside dans sa capacité à développer une intrigue très dense, aux rebondissements abondants, avec beaucoup de spectacle, avec adresse et efficacité.
La multiplicité des acteurs, le rythme soutenu des péripéties, demande une narration avec des décors toujous bien identifiables, même le temps d'une scène. Là, c'est très réussi, y compris quand Kang recrute des alliés dans différents futurs (et ce, même si on peut chipoter sur le choix du casting, qui tient visiblement plus du bon plaisir d'un auteur-fan - Stryfe en 3806, Venom d'Earth X en 2033, Dr Doom en 2099, Arno Stark en 2020, la magistrate Betsy Braddock en 2043, Ahab en 2014, Abomination-Deathlock en 2055 - que d'un metteur en scène choisissant réellement des renforts à la mesure de la menace à affronter).
Le dernière partie de ce troisième arc est aussi bigrement prenante et impressionnante, Remender ne lésinant pas sur l'issue de la bataille, alignant une suite de bagarres ahurissante, à la fois hyper-violentes (avec, évidemment, son lot d'images chocs comme des éventration, brûlure, défiguration... Bon appétit !) et glaçantes. Comment rebondir après ça ? On a envie de le savoir et donc de lire la suite : c'est très bien joué.
Visuellement, après un précédent tome qui gagnait en cohérence, ce recueil offre des prestations qui nuisent à nouveau à son unité esthétique. Daniel Acuña ne pouvant pas (parce qu'il assure dessin, encrage et coleurs) enchaîner plus de cinq épisodes d'affilée, Marvel a fait appel à Salvador Larroca pour assurer l'intérim durant le 12ème chapitre : je n'ai jamais caché que je ne n'aimais pas le style de ce dessinateur et donc j'ai été déçu de le voir s'occuper, même brièvement, de cette série. Sa prestation est au piètre niveau de ce que j'ai déjà (trop) vu avec lui, avec en prime une colorisation (par Frank Martin) très laide.
Heureusement, la suite est d'un autre calibre, d'abord avec le bref retour d'Acuña, qui, grâce à son sens de la couleur et un découpage superbement dosé, nous offre un 13ème épisode de toute beauté, à l'ambiance soignée (on peut être rassuré en sachant qu'il réalisera l'intégralité du 4ème arc).
Puis, c'est au tour de Steve McNiven de prendre en charge les planches. Marvel a fait appel à lui pour deux raisons évidentes : c'est à la fois un artiste possédant une grosse côte auprès du lectorat (depuis le triomphe de la saga Civil War, puis la mini-série Old man Logan, toutes deux écrites par Mark Millar) et son style détaillé promet des pages très fournies au moment où l'intrigue elle-même atteint une intensité dramatique et exige une grande puissance visuelle dans les combats.
McNiven, connu pour être lui aussi fâché avec les deadlines, doit être soutenu par, parfois, trois encreurs, mais Jay Leisten, John Dell et (surtout) Dexter Vines (qui avait déjà assisté le dessinateur sur Civil War et Old man Logan) réussissent à conserver à ses images une bonne cohérence, aidés aussi par la contribution aux couleurs de l'excellente Laura Martin (qui sait valoriser les dessins sans les noyer sous des effets).
Mc Niven s'y entend plus pour impressionner son monde avec des splash-pages où un griffu (mais pas Wolverine) en embrôche un autre, ou aligner plusieurs cases occupant toute la largeur de la planche (et même parfois de deux) figeant des héros dans des poses iconiques (Thor armé de son marteau et du bouclier de Captain America).
Le récit cède donc un peu le pas aux questions existentielles sur les difficultés de l'intégration pour s'engager dans un flot d'action musclée. Le divertissement est garanti et la suite imprévisible mais prometteuse. La saga de Rick Remender, soutenue par des dessinateurs plutôt à leur avantage (même si on aurait préféré qu'un ou deux artistes seulement se relaient), est ambitieux, parfois escarpé, mais l'aventure est au rendez-vous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire