ALL-NEW X-MEN, VOLUME 1 : YESTERDAY'S X-MEN rassemble les épisodes 1 à 5 de la série écrite par Brian Michael Bendis et dessinée par Stuart Immonen, publiés en 2012-2013 par Marvel Comics.
La série débute après la saga Avengers vs X-Men et son épilogue AvX : Consequences, mais il n'est pas nécessaire de les avoir lus pour comprendre l'histoire.
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Après le schisme ayant divisé la communauté mutante entre le clan mené par Cyclope (dans une direction plus méfiante vis-à-vis des humains) et celui mené par Wolverine (qui veut poursuivre l'oeuvre de Charles Xavier et faire en sorte que mutants et humains cohabitent harmonieusement), puis la bataille qui a opposé les partisans de Cyclope aux Avengers lorsque la Force du Phénix a fait son retour sur terre (corrompant Cyclope, Emma Frost, Namor, Magie, et Colossus au point d'en faire provisoirement les maîtres du monde), tout le monde pensait la situation apaisée. Mais Magneto a permis à Cyclope d'échapper à la prison où il était retenu.
A l'école Jean Grey pour surdoués, dirigée par Wolverine, le Fauve souffre d'une nouvelle étape de sa mutation et craint d'en mourir cette fois-ci. Il est par ailleurs, comme Tornade, Iceberg, Kitty Pryde et Wolverine, inquiet de l'action révolutionnaire entreprise par Cyclope qui veut rassembler les nouveaux mutants apparus après le passage du Phénix, et ce, alors qu'il est recherché par les autorités.
Prêt à se sacrifier pour que Cyclope assume ses actes passés (il a tué, sous l'emprise du Phénix, le professeur Xavier), Hank McCoy décide en secret de remonter dans le temps, lorsque les premiers X-Men se sont formés, pour les convaincre de l'accompagner à notre époque afin de raisonner Scott Summers.
Ce dernier, en compagnie de Magneto, Magie et Emma Frost, enrôle de jeunes mutants aux quatre coins de la planète : Eva Bell (qui peut stopper le temps dans un petit périmètre) en Australie, Christopher Muse (un guérisseur) dans le Michigan, Benjamin Deeds (un caméléon) au Texas. Un appel est lancé à tous ceux qui veulent les rejoindre pour que les mutants disposent des mêmes droits (si nécessaire par la force) que les humains.
Les premiers X-Men débarquent avec le Fauve dans ce contexte houleux, suscitant la stupéfaction générale des professeurs de l'école Jean Grey. Ils sont eux-même interloqués en découvrant la situation : le jeune Scott apprend que son double contemporain a tué son mentor, Jean Grey apprend qu'elle est plusieurs fois morte, Bobby Drake n'en croit pas ses yeux en se voyant adulte, Warren Worthington estime qu'ils n'ont rien à faire là, et Hank McCoy doit sauver le Fauve agonisant...
Quand, au terme de la saga Avengers vs X-Men, Marvel a annoncé le lancement de la série All-New X-Men avec le retour de la toute première équipe de mutants, le projet en a laissé plus d'un perplexe : jouer avec les voyages temporels, réutiliser des personnages qui n'ont jamais eu grand succès à leur époque, le procédé avait tout l'air d'une énième relance avec un concept capillotractée.
Mais l'éditeur avait aussi pris soin de confier l'affaire à un de ses scénaristes-vedettes, Brian Michael Bendis (qui quittait la franchise "Avengers" après plus de 8 ans... Tout en ayant déclaré dans le passé qu'il n'était guère inspiré par les mutants), et un de ses meilleurs dessinateurs, Stuart Immonen.
Mais l'éditeur avait aussi pris soin de confier l'affaire à un de ses scénaristes-vedettes, Brian Michael Bendis (qui quittait la franchise "Avengers" après plus de 8 ans... Tout en ayant déclaré dans le passé qu'il n'était guère inspiré par les mutants), et un de ses meilleurs dessinateurs, Stuart Immonen.
Pourtant, aujourd'hui, les doutes sont levées et All-New X-Men (ANXM en abrégé) a su séduire de nombreux fans, en devenant la locomotive de la franchise "X" en termes de ventes et en lui redonnant un vrai lustre, une vraie fraîcheur aussi.
Historiquement, Bendis a ramené les premiers X-Men tels qu'ils étaient dans le #8 de la série originale en Novembre 1964, et tout son projet est justement bâti sur cette notion de temporalité, qu'il s'agisse de rappeler aux X-Men actuels l'idéalisme de leurs prédécesseurs (pour le fond) ou de la manière de narrer leurs nouvelles aventures (pour la forme).
Sur un plan "technique", il faut dire que ces épisodes se lisent très facilement : on n'a pas besoin d'avoir suivi les évènements précédant la série (tout est brièvement et intelligiblement résumé en cours de route, on comprend tout à fait le contexte), et surtout le récit est mené sur un rythme très soutenu, avec un excellet dosage entre scènes d'exposition et d'action, des personnages bien caractérisés, des enjeux clairs bien que multiples. La question du voyage dans le temps est vite expédiée, avec à-propos (de toute façon, l'expliquer de manière pseudo-rationnelle aboutit toujours à un résultat absurde) : ce qui compte, c'est moins le "comment" que le "pourquoi".
Ensuite, fidèle à lui-même, Bendis met les personnages en avant : il s'agit avant tout de poser les bases d'un projet qui, contrairement à ce que son postulat pouvait laisser penser, est fait pour durer (ANXM n'est pas une série limitée mais bien une ongoing - d'ailleurs, le second recueil s'intitule Here to stay, "ici pour durer"). En prenant ce parti, le scénariste insiste sur le fait que l'accroche (les premiers X-Men à notre époque) n'est qu'un prétexte à l'exploration des émotions complexes qui vont agiter ses héros. A ceux, nombreux et souvent agressifs, qui reprochaient à Bendis de trop décompresser ses intrigues, on pourra répondre que ces 5 premiers épisodes sont remarquables par leur densité. Non seulement les premiers X-Men (pour trois d'entre eux) rencontrent ici leurs versions actuelles (Hank, Scott, et Bobby - pour ce dernier, cela occasionne des scènes très drôles) mais surtout affrontent dès le troisième épisode Cyclope et Magneto.
La consistance de l'histoire permet de poser énormément d'éléments en peu de temps mais sans que ce flot d'informations ne submerge le lecteur. Le nombre, par exemple, considérable de personnages présents et intervenant n'est jamais un problème : on distingue les forces en présence (et leurs leaders) sans difficultés, que ce soit le corps enseignant de l'école Jean Grey, l'équipe des X-Men originaux, et le gang de Cyclope avec ses recrues. Pour cela, Bendis peut s'appuyer sur son sens des dialogues qui lui permet de donner de la personnalité à chaque acteur et de l'humour pour que le récit ne soit pas plombé par l'intensité dramatique.
A l'évidence, le Bendis qui n'était pas spécialement attiré par les héros mutants autrefois s'y est attaché et s'est investi pour leur redonner de l'intérêt (après des années d'errance où des scénaristes, pourtant estimables, et leurs editors n'ont pas réussi à rendre les X-Men aussi attractifs que les Avengers). Il sait alterner des passages légers et divertissants (Wolverine enseignant le meilleur moyen de contrer des ninjas) et d'autres plus dramatiques, invitant à la réflexion (l'écart qui existe entre la volonté des mutants de cohabiter avec les humains et la réalité de la difficulté de cette coexistence).
Parfois, Bendis, pourtant, peut semer le trouble en s'amusant de l'âge des premiers X-Men, considérés comme des gamins par Wolverine et compagnie, mais évidemment, Hank McCoy n'a pas 12 ans comme cela est dit dans un échange. Le scénariste ose aussi un raccourci un peu cavalier quand il s'agit de résumer l'existence chaotique de Jean Grey lorsqu'elle explore les pensées du Fauve et découvre des faits auxquels ce dernier n'a en vérité pas assisté (mais il a pu les apprendre et donc les mémoriser). En vérité, ces détails ne parviennent pas à entamer le vrai plaisir qu'on a à lire ces épisodes, surtout qu'ils bénéficient d'illustrations éblouissantes.
Associé sur deux arcs de New Avengers à Bendis, Stuart Immonen avait montré sa complémentarité avec le scénariste et c'est heureux que Marvel ait eu l'idée de les réunir. Le canadien a prouvé à de nombreuses reprises qu'il était non seulement un artiste régulier, capable de soutenir un rythme mensuel, tout en livrant des planches très soignées, et en adaptant son style aux séries.
Toutes ces qualités se retrouvent ici, intactes et même amplifiées, comme si le dessinateur était lui aussi particulièrement motivé par l'entreprise. Il réalise dès le début des pages très fournies au découpage dynamique et aux effets variés. Dans les scènes d'action, il sait être épique, dans les scènes plus intimistes, il réussit à toujours stimuler notre attention. Il recourt dans les deux cas régulièrement à des pages en vis-à-vis dont la lecture est toujours énergique par l'emploi de vignettes de taille variable et à la disposition claire mais inventive. Le nombre de cases varie peu (7 en moyenne) mais leur dimension et leur configuration sont admirablement pensées tandis que leur contenu est très riche (des plans larges aux décors minutieux aux gros plans de visages très expressifs - une des multiples forces d'Immonen). Les dialogues, volontiers abondants, mais habilement disposés dans leurs bulles n'empiètent jamais sur l'image.
Les personnages ont tous un langage corporel propre, des attitudes, des mimiques, qui les rendent à la fois identifiables et vivants. Les décors sont également évocateurs et variés, que ce soit les bureaux de l'école Jean Grey, le laboratoire du Fauve, la base de Cyclope, sans parler d'une superbe vue du Blackbird.
Mais quand il faut en mettre plein la vue lorsque l'heure de la baston a sonné, Immonen fait montre de la même puissance : ses arrière-plans sont moins peaufinés mais l'intensité des combats, la représentation des pouvoirs, l'impact des coups, les grimaces des belligérants sont brillamment rendus.
Enfin, Immonen, comme Bendis, semble particulièrement apprécier Jean Grey (dont on devine déjà le rôle pivotal dans la série) en lui donnant un charme fou sans pour autant en faire une jeune femme hyper-sexualisée (la séquence où la télépathe évolue dans les pensées du Fauve, qui, pour l'occasion la visualise dans sa tenue de Marvel Girl, souligne même ce décalage entre sa féminité et l'embarras que cela suscite chez elle).
Toutes ces qualités se retrouvent ici, intactes et même amplifiées, comme si le dessinateur était lui aussi particulièrement motivé par l'entreprise. Il réalise dès le début des pages très fournies au découpage dynamique et aux effets variés. Dans les scènes d'action, il sait être épique, dans les scènes plus intimistes, il réussit à toujours stimuler notre attention. Il recourt dans les deux cas régulièrement à des pages en vis-à-vis dont la lecture est toujours énergique par l'emploi de vignettes de taille variable et à la disposition claire mais inventive. Le nombre de cases varie peu (7 en moyenne) mais leur dimension et leur configuration sont admirablement pensées tandis que leur contenu est très riche (des plans larges aux décors minutieux aux gros plans de visages très expressifs - une des multiples forces d'Immonen). Les dialogues, volontiers abondants, mais habilement disposés dans leurs bulles n'empiètent jamais sur l'image.
Les personnages ont tous un langage corporel propre, des attitudes, des mimiques, qui les rendent à la fois identifiables et vivants. Les décors sont également évocateurs et variés, que ce soit les bureaux de l'école Jean Grey, le laboratoire du Fauve, la base de Cyclope, sans parler d'une superbe vue du Blackbird.
Mais quand il faut en mettre plein la vue lorsque l'heure de la baston a sonné, Immonen fait montre de la même puissance : ses arrière-plans sont moins peaufinés mais l'intensité des combats, la représentation des pouvoirs, l'impact des coups, les grimaces des belligérants sont brillamment rendus.
Enfin, Immonen, comme Bendis, semble particulièrement apprécier Jean Grey (dont on devine déjà le rôle pivotal dans la série) en lui donnant un charme fou sans pour autant en faire une jeune femme hyper-sexualisée (la séquence où la télépathe évolue dans les pensées du Fauve, qui, pour l'occasion la visualise dans sa tenue de Marvel Girl, souligne même ce décalage entre sa féminité et l'embarras que cela suscite chez elle).
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D'un pari risqué et improbable, Bendis et Immonen ont fait une pépite : cette série aux personnages attachants, aux situations à la fois rocambolesques et palpitantes, aux dialogues pleins d'esprit, est un vrai régal, qui relance mieux qu'une franchise - l'intérêt des fans des héros mutants. Un défi relevé avec panache et talent.
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