THE SIXTH GUN, BOOK 5 : WINTER WOLVES rassemble les épisodes 24 à 29 de la série créée et écrite par Cullen Bunn et dessinée par Brian Hurtt, publiés en 2013 par Oni Press.
Becky Montcrief a délivré Drake Sinclair de l'Ordre des Chevaliers de
Salomon. Alors qu'ils ont repris la route, les voilà bientôt prise au
piège dans une tempête de neige aussi subite que surnaturelle : ils se
trouvent sur le territoire du Wendigo, une créature maléfique à laquelle
a déjà eue affaire Sinclair et qui convoite également les pistolets
maudits, soi-disant pour les mettre à l'abri des hommes.
Cependant, Gord Cantrell a retrouvé Kirby Hale, sans savoir qu'il est
désormais l'agent de la terrible Missy Hume. Avec l'aide de Asher Cobb,
la momie géante traquée par l'Ordre de l'Epée d'Abraham, ils tentent de
remonter la piste jusqu'à Becky et Drake.
Le scénariste Cullen Bunn est un drôle de zigoto : en effet, le succès critique et public de ses séries pour Oni Press (The Damned d'abord puis The Sixth Gun) lui a valu d'être recruté par les majors que sont Marvel (pour qui il a écrit plusieurs titres comme Venom, Fearless Defenders et bientôt Magneto) et DC (avec laquelle il prépare une ongoing consacrée à Sinestro,
l'ennemi de Green Lantern). Pourtant, en tout cas en ce qui concerne
ses expériences chez Marvel, la réussite le fuit : l'accueil des médias
et des lecteurs est, au mieux, tiède.
Ne pas transformer ainsi l'essai (tout en restant malgré tout convoité) le prive certainement de fans supplémentaires pour The Sixth Gun,
une série où il accomplit un remarquable parcours depuis le début, et
c'est bien dommage. Le titre approche des 40 épisodes avec 6 tpb (le
dernier, Ghost Dance, qui suit celui-ci, vient juste de sortir)
et demeure d'une remarquable constance dans la qualité. C'est pourquoi
j'ai envie de commencer par dire à ceux qui ne goûtent guère à Cullen
Bunn chez les "big two" de ne pas en rester là et d'essayer sa
production indépendante, qui vous convaincra de son talent en dehors des
super-héros.
Ceci étant dit, abordons le contenu de ce recueil. D'un point de vue
narratif, il peut sembler moins enthousiasmant que les précédents,
l'objectif évident étant ici de réunir les personnages séparés depuis de
nombreux épisodes et qui ont tous traversé des épreuves initiatiques en
relation avec la mythologie des six pistolets et leur propre passé. On a
l'impression que Bunn tire un peu sur la corde en inventant de
nouvelles péripéties pas forcément nécessaires, mais cela reste
néanmoins une suite d'épisodes très efficaces, menée avec rythme.
La structure de ce volume s'appuie sur les parallèles : on suit d'un
côté la trajectoire de Becky et Drake, leur séjour dans le territoire du
Wendigo ; de l'autre le trio formé par Gord, Kirby et Asher doit semer
les membres de l'Epée d'Abraham afin de retrouver justement Becky et
Drake. Ces deux parties sont riches en rebondissements et on ne s'ennuie
pas une minute : il y a là tout ce qu'on aime dans la série - des
courses-poursuites échevelées, des échanges de coups de feu, des
créatures fantastiques, des décors variés, du spectacle, de
l'entertainment.
Il faut néanmoins attendre le 29ème épisode (le 6ème chapitre du recueil) pour enfin assister aux retrouvailles des personnages. Les réactions de chacun sont amusantes et Bunn les exploite à la fois rapidement et intelligemment : le ressentiment de Becky envers Kirby (qui l'avait séduite pour lui voler son arme), l'incrédulité devant l'alliance de Gord avec Asher et Kirby, la détermination de Gord à se débarrasser des pistolets, l'usure physique et morale de Drake.
Surtout, on découvre une nouvelle "application" de l'arme de Becky une fois que Kirby lui a révélée son alliance avec Missy Hume : la séquence qui en découle est spectaculaire et troublante - moins pour la volonté intacte de la jeune femme de faire payer Missy que par le fait que le pistolet semble désormais (comme cela était suggéré dans l'épisode 27, chapitre 4 du recueil) la posséder, la consumer. Il semble que cette piste sera bientôt exploitée, on verra comment.
Enfin, la chute de l'album offre un cliffhanger prometteur mais qui démontre surtout que Bunn, même s'il a pu le laisser paraître depuis quelque temps, n'oublie pas le reste de son casting et les possibilités qu'il lui donne. Si, comme il l'avait déclaré en interview, le scénariste a vraiment l'intention de conclure la série au bout de 50 numéros, alors de multiples éléments dans ce 5ème Livre pourraient confirmer une convergence et un beau final.
Encore une fois, Brian Hurtt donne au récit un dynamisme visuel salvateur. L'impression que la série s'étirait un peu artificiellement a toujours été compensée par un graphisme qui, pour n'avoir rien d'exceptionnel, est sur la durée remarquable. Ce qui compte chez Hurtt, c'est moins une recherche du beau dessin (quand bien même réussit-il des plans épatants, notamment quand il s'agit de représenter les décors et les monstres) que du dessin efficace, du dessin juste.
Vous ne trouverez pas dans The Sixth Gun des pages réellement impressionnantes, mais la simplicité du découpage, des représentations, des expressions, dissimule une redoutable fluidité et fait de la série un "page-turner" implacable. Hurtt a ce don, digne des très bons artistes, complets mais sobres, de raconter visuellement l'histoire à sa disposition sans jamais tirer la couverture à lui : il est au service du récit, exclusivement, pas là pour épater la galerie, il n'y a rien en trop dans ses pages, juste ce qu'il faut pour accompagner le script et emballer le lecteur.
Cette forme d'humilité est des plus louables, même si elle est un peu ingrate car on se rend rarement compte du travail que cela représente de tout bonnement bien mettre en images une intrigue solide.
Album après album, The Sixth Gun confirme tout le bien qu'on peut lui prêter. Accordez, vous aussi, une chance à ce western fantastique, salué par les auteurs les plus côtés du milieu (cités à chaque fois en couverture et quatrième de couverture) et bientôt (enfin !) traduit en France chez Urban Comics.
Il faut néanmoins attendre le 29ème épisode (le 6ème chapitre du recueil) pour enfin assister aux retrouvailles des personnages. Les réactions de chacun sont amusantes et Bunn les exploite à la fois rapidement et intelligemment : le ressentiment de Becky envers Kirby (qui l'avait séduite pour lui voler son arme), l'incrédulité devant l'alliance de Gord avec Asher et Kirby, la détermination de Gord à se débarrasser des pistolets, l'usure physique et morale de Drake.
Surtout, on découvre une nouvelle "application" de l'arme de Becky une fois que Kirby lui a révélée son alliance avec Missy Hume : la séquence qui en découle est spectaculaire et troublante - moins pour la volonté intacte de la jeune femme de faire payer Missy que par le fait que le pistolet semble désormais (comme cela était suggéré dans l'épisode 27, chapitre 4 du recueil) la posséder, la consumer. Il semble que cette piste sera bientôt exploitée, on verra comment.
Enfin, la chute de l'album offre un cliffhanger prometteur mais qui démontre surtout que Bunn, même s'il a pu le laisser paraître depuis quelque temps, n'oublie pas le reste de son casting et les possibilités qu'il lui donne. Si, comme il l'avait déclaré en interview, le scénariste a vraiment l'intention de conclure la série au bout de 50 numéros, alors de multiples éléments dans ce 5ème Livre pourraient confirmer une convergence et un beau final.
Encore une fois, Brian Hurtt donne au récit un dynamisme visuel salvateur. L'impression que la série s'étirait un peu artificiellement a toujours été compensée par un graphisme qui, pour n'avoir rien d'exceptionnel, est sur la durée remarquable. Ce qui compte chez Hurtt, c'est moins une recherche du beau dessin (quand bien même réussit-il des plans épatants, notamment quand il s'agit de représenter les décors et les monstres) que du dessin efficace, du dessin juste.
Vous ne trouverez pas dans The Sixth Gun des pages réellement impressionnantes, mais la simplicité du découpage, des représentations, des expressions, dissimule une redoutable fluidité et fait de la série un "page-turner" implacable. Hurtt a ce don, digne des très bons artistes, complets mais sobres, de raconter visuellement l'histoire à sa disposition sans jamais tirer la couverture à lui : il est au service du récit, exclusivement, pas là pour épater la galerie, il n'y a rien en trop dans ses pages, juste ce qu'il faut pour accompagner le script et emballer le lecteur.
Cette forme d'humilité est des plus louables, même si elle est un peu ingrate car on se rend rarement compte du travail que cela représente de tout bonnement bien mettre en images une intrigue solide.
Album après album, The Sixth Gun confirme tout le bien qu'on peut lui prêter. Accordez, vous aussi, une chance à ce western fantastique, salué par les auteurs les plus côtés du milieu (cités à chaque fois en couverture et quatrième de couverture) et bientôt (enfin !) traduit en France chez Urban Comics.
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