dimanche 31 mai 2009

Critique 53 : FANTASTIC FOUR - LA FIN, d'Alan Davis


Fantastic Four: The End est une mini-série écrite et dessinée par Alan Davis.
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Pour tout lecteur des FF, c'est une surprise de voir le nom de ce grand artiste aux commandes de ce projet puisqu'il n'a que peu animé ces personnages. Mais, gens de talent, Alan Davis et Mark Farmer ont su prendre en consideration ce qui fait la spécificité des FF pour en livrer une version "ultime", certes, mais surtout fidèle. Ainsi, cette histoire "finale" s'intéresse autant à une intrigue spectaculaire qu'à la dynamique familiale qui distingue cette équipe de héros.
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Dans un futur éloigné, les planètes sont gardées par des super-héros dont la durée de vie a été considérablement rallongée grâce au progrés de la science et le génie de Red Richards/Mr Fantastic. A la faveur des inventions du leader des FF, l'univers est en paix.
Mais à quel prix ! Le célèbre quatuor de justiciers-explorateurs s'est dissous après une énième et tragique bataille contre leur adversaire, le Dr Fatalis, qui a tué Franklin et Valeria Richards. Red s'est depuis retiré sur un satellite pour y poursuivre ses recherches. Johnny Storm (la Torche humaine) a intégré les rangs des Vengeurs, devenus les gendarmes de la galaxie. Ben Grimm (la Chose) vit sur Mars avec son épouse et leurs enfants parmi les Inhumains. De son côté, enfin, Jane Richards (la Femme Invisible) accomplit une mission archéologique dans les profondeurs des océans de la Terre.
Red suit une psychothérapie avec l'aide de Miss Hulk
mais concentre surtout ses efforts à l'amélioration d'un système de téléportation, en collaboration avec Wyatt Wingfoot et Thundra. Ce qu'il ignore, c'est que le Super-Skrull a pris l'apparence de She-Hulk et piraté ses défenses pour gagner la Zone Négative où il rencontre Annihilus à qui il livre Mr Fantastic.
Johnny et les Vengeurs affrontent de mystérieux clones de super-vilains dans l'espace, clones qui mutent à l'état liquide après leur défaite : il s'agit en fait d'une manipulation dûe à Diablo
et le Penseur.
Ben et les Inhumains joignent alors Johnny et les Vengeurs pour les informer d'une communication illégale provenant d'une zone de quarantaine avant d'aller à la recontre d'une sentinelle Kree qu'ils doivent affronter. Mais ce n'était qu'une diversion pour permettre à un vaisseau ennemi de pénétrer dans le système solaire, comme s'en aperçoit le Surfeur d'Argent.
Jane poursuit son exploration sous-marine au cours de laquelle elle rencontre évidemment Namor
. Il l'aide à décrypter une inscription en Kree gravée sur un temple abandonné. C'est alors que surgit Attuma qui les attaque, mais il est rapidement mis en échec par la Femme Invisible (dont les pouvoirs sont devenus plus puissants). Après ce combat, elle quitte abruptement Namor pour se glisser dans un dangereux conduit volcanique. La vaisseau de Jane est pris par l'Homme-Taupe dont elle devient la prisonnière : il sait qu'elle veut trouver l'Orbe de Gnomon. Mais elle parvient à lui échapper en sautant dans un lac de lave en fusion, protégée par un champ de force invisible. Durant cette immersion au centre de la Terre, elle se souvient d'un message en Kree projeté dans l'air par sa filleValeria juste avant sa mort.
Jane récupère l'Orbe et l'apporte au Dr Stephen Strange. Utilisant des sortilèges, le sorcier suprême et sa fille, Clea, se téléportent avec Jane jusqu'à la base de Red, où a lieu une terrible bataille entre les héros de la Terre, les soldats Krees et la Garde Impériale Shi'ar.
En utilisant l'Orbe, Strange et Clea ramènent Franklin et Valeria dans le présent mais aussi le Dr Fatalis. Le dernier affrontement entre les FF et leur adversaire se répété mais lorsque ce dernier réalise qu'il ne pourra vaincre le quatuor, il s'évade en empruntant le portail communiquant avec la Zone Négative - portail qui s'auto-détruit alors.
Les Krees et la Garde Impériale Shi'ar battent aussi en retraite lorsqu'apparaît Galactus que Uatu, le Gardien, a convaincu d'intervenir.
Les Fantastic Four sont enfin réunis avec leurs enfants, entourés des autres héros. Valeria révèle qu'elle savait comment allait se terminer cette histoire, qu'elle avait prévenu son frère Franklin et qu'elle souhaite devenir avec lui les 5ème et 6ème membres de l'équipe - sans oublier les enfants de Ben... Et au moins les sept futurs enfants qu'auront ensemble Johnny et Crystal !
Le récit s'achève sur Fatalis qui a tué Annihilus et lui a succédé comme maître de la Zone Négative.

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Dès lors, on pourra être légitimement partagé au terme de cette lecture qui, si elle se dévore, n'en reste pas moins "too much". Qui trop embrasse, mal étreint ? C'est effectivement le reproche qu'on pourrait adresser au scénariste Davis, qui manie tellement d'éléments de la mythologie des Fantastic Four et d'autres héros de la Maison des Idées qu'on est un peu submergé. Il faut plusieurs lectures pour apprécier cette BD davantage conçue pour les gourmands que pour les gourmets, et même en faisant cet effort, on peut ne pas y être sensible.Le résumé ci-dessus rend mal la complexité et la densité extrème de la trame des 6 épisodes de cette saga qui, plus en fait que la "dernière histoire des FF", convoque tout l'univers Marvel dans une suite d'évènements trépidante et rocambolesque.
J'ai, pour ma part, plutôt apprécié l'ambition et la folie du projet, mais sans crier non plus au chef-d'oeuvre : un peu de retenue n'aurait pas été désagréable...
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Mon indulgence est aussi motivée par les fabuleuses illustrations que nous offrent Davis et Farmer, cette énergie formidable qui émane de leurs planches. Il y a une sorte d'émerveillement dans le dessin qui est incroyablement revigorante à une époque où tant de comics nous présentent des histoires dénués d'espoir mais non de bavardages.
Cette prime à l'action, quitte à verser dans une certaine surenchère visuelle et narrative, nous rappelle que les comics sont aussi des ouvrages de divertissement, où rien n'est vraisemblable, et que montrer des super-héros vieux, usés, névrosés, n'en fait pas forcèment des créatures plus réalistes et que cela ne représente pas un moyen idéal pour que le lecteur soit heureux de vieillir.
Placer les FF dans un avenir utopique où tout le monde est beau et en bonne santé alors même qu'ils ne sont toujours pas remis d'un terrible drame donne un relief sentimental à cette histoire, et j'ai aimé cette option.
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Fantastic Four: La fin est une bonne mini-série. Peut-être pas incontournable et exempte de défauts, mais distrayante à souhait. Elle nous prouve que la plus célèbre famille des comics sait surmonter sa peine pour lutter à nouveau ensemble lorsqu'un grand danger menace l'humanité. D'aucuns trouveront cela naïf, mais cela n'empêche pas des auteurs de talent d'aborder ainsi des thèmes profonds comme la responsabilité, l'héroïsme, la solidarité. Et même sans aller aussi loin, si on reste sur une lecture au premier degré, FF : la fin est une réjouissante pièce de science-fiction futuriste, un pur divertissement super-héroïque.

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