Mine de rien, Batman - Superman : World's Finest débute sa deuxième année de publication, et ça fait plaisir de voir qu'une série comme celle-ci a rencontré son public. Certes, Mark Waid n'est pas un néophyte et Dan Mora a conquis le coeur des fans, mais tout de même... Ce mois-ci donc, un nouvel arc narratif démarre et c'est immédiatement accrocheur.
Simon Stagg est mort, assassiné. Les soupçons se portent aussitôt sur Rex Mason alias Metamorpho, le compagnon de sa fille, Sapphire, qu'il a autrefois trahi de façon tragique. Mais pendant que Batman, Superman et Robin enquêtent, Jimmy Olsen, avec l'accord de Clark Kent, suit une autre piste, accablante pour un de nos héros...
Le procédé est désormais connu : les intrigues de World's Finest commencent souvent par l'introduction d'un personnage familier à Batman et Superman et qui va se trouver au coeur d'une affaire impliquant le tandem. Comme la série se déroule dans le passé, il convient de rappeler qu'à l'époque de cette histoire, Metamorpho n'est pas encore un membre des Outsiders, l'équipe que formera Batman plus tard (aux côtés de Black Lightning, Halo, Géo-Force et Katana - Urban Comics, ce serait vraiment chouette de traduire le run de Mike W. Barr et Alan Davis...).
Avec Metamorpho, il faut compter sur un groupe de personnages puisqu'il est l'amant de Sapphire Stagg, fille du richissime Simon Stagg, responsable du drame qui toucha Rex Mason. D'ailleurs, dans un souci de présenter l'homme élémental aux lecteurs qui ne le connaissent pas ou peu, Mark Waid va consacrer plusieurs pages pour détailler son origin story.
C'est alors l'occasion pour Dan Mora de représenter avec force détails les circonstances de la transformation atroce qui changea pour toujours Rex Mason, ce chasseur de reliques, en surhomme capable de modifier son corps en n'importe quel élément chimique. Trahi par son beau-père et son homme de main, le grotesque Java, il demeure un des super-héros les plus étranges de DC Comics.
Créé en 1965 par Bob Haney et Ramona Fradon dans les pages de The Brave and the Bold #57, Metamorpho aurait sa place au sein d'une équipe comme les X-Men chez Marvel, c'est l'archétype du freak, aux pouvoirs étranges et à l'apparence monstrueuse, comme plus tard les membres de la Doom Patrol.
L'épisode s'ouvre par l'annonce du meurtre de Simon Stagg avec lequel Bruce Wayne devait assister à une soirée (ce qui ne l'enchantait guère). Ce whodunnit dans une configuration proche du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux a tout pour plaire aux amateurs de roman policier et on devine que Batman va être à l'honneur.
Sauf que Mark Waid va déjouer nos attentes avec un cliffhanger dont il a le secret et qui nous cueille complètement à la toute dernière page. Pour cela, après Metamorpho, il intrègre à son récit un autre personnage secondaire : Jimmy Olsen. Le jeune reporter-photographe du Daily Planet, qui accompagne régulièrement Clark Kent et fan de Superman, saisit l'opportunité que lui offre son collègue de le suivre sur cette affaire. Mais quand Clark le laisse travailler seul pour soutenir Batman et Robin, il ne se doute pas qu'il va faire basculer l'enquête...
En fin de compte, Waid rappelle à Clark Kent (et donc par conséquent à Superman, Batman, Robin) qu'un bon journalsite ne doit pas suivre ses impressions, mais se fier aux faits. Quand Jimmy Olsen désigne un coupable plus crédible que Metamorpho, Perry White suit son jeune reporter et fait imprimer une "une" explosive.
Certains reprocheront sûrement encore à la série son classicisme, la caractérisation basique de ses protagonistes et sa mécanique trop bien huilée. Pourtant, il me semble que l'imprévisibilité du coup de théâtre final et l'exécution impeccable de la narration devraient plutôt inciter à savourer ce comic-book, qui ne prétend certes pas réinventer la roue mais nous mène formidablement par le bout du nez.
Et puis Dan Mora, quoi ! Ce phénomène dont on ne peut nier le talent et la force de travail impressionnants : le voilà l'héritier des Sal Buscema, Mark Bagley et Jack Kirby, à la productivité affolante et à la qualité jamais prise en défaut. Voilà un dessinateur qui vous prend par la main et vous en met plein la vue en s'amusant visiblement beaucoup. Son plaisir est contagieux et complète l'efficacité aguerrie de Waid.
Je sais pas vous, mais moi, je sens que je vais encore me régaler.
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