AMAZING X-MEN, VOLUME 1 : THE QUEST FOR NIGHTCRAWLER rassemble les 6 premiers épisodes de la série, écrits par Jason Aaron et dessinés par Ed McGuinness (#1-5) et Cameron Stewart (#6), publiés en 2014 par Marvel Comics.
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(Extrait de AMAZING X-MEN #1.
Textes de Jason Aaron, dessins de Ed McGuinness.)
- THE QUEST FOR NIGHTCRAWLER (#1-5. Ecrit par Jason Aaron et dessiné par Ed McGuinness). Mort en se sacrifiant pour sauver la jeune mutante Hope, Kurt Wagner alias Nightcrawler (aka Diablo en vf) se languit désormais au ciel, regrettant sa vie de héros. Lorsque des démons déguisés en pirates attaquent l'endroit où il se trouve, il riposte et trouve rapidement face à lui son père Azazel, qui a entrepris de conquérir l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.
Pendant ce temps, sur Terre, à l'école Jean Grey, une nouvelle enseignante arrive : il s'agit d'Angelica Jones alias Firestar. C'est l'effervescence habituelle dans l'établissement, en particulier pour le Dr Hank Mcoy alias le Fauve qui est déterminé à se débarrasser des Bamfs, ces petites créatures bleues ressemblant à feu Kurt Wagner. En les traquant, il découvre qu'ils ont construit un portail inter-dimensionnel.
(Extrait de AMAZING X-MEN #4.)
Wolverine, Storm (Tornade en vf), Iceman (Iceberg en vf), Vega et Firestar sont aspirés dans ce passage et dispersés dans les divers quartiers de l'au-delà. Confrontés à Azazel et ses acolytes, Captain Jack et Captain Kid, avec leurs hordes de damnés, les X-Men résistent tant bien que mal jusqu'à ce qu'ils retrouvent Nightcrawler, qui a imaginé un plan aux conséquences terribles pour lui pour vaincre son père...
(Extrait de AMAZING X-MEN #6.
Texte de Jason Aaron, Dessin de Cameron Stewart.)
- MANY HAPPY RETURNS (#6. Ecrit par Jason Aaron et dessiné par Cameron Stewart). Les X-Men et amis de Kurt Wagner fêtent son retour parmi les vivants dans un bar. Mais deux événements viennent troubler la soirée : l'arrivée de l'équipe dirigée par Cyclope et surtout la présence de Mystique, la mère de Nightcrawler qui souhaite savoir où se trouve Azazel pour le tuer.
Le personnage de Nightcrawler/Diablo avait été tué sans grands égards dans le crossover Second Coming en 2010, après avoir été longtemps maltraité par des scénaristes sans respect pour la création du dessinateur Dave Cockrum (qui le considérait comme son double de papier). La question qui se posait alors était moins de savoir si on reverrait Kurt Wagner un jour que quand et comment. Il a donc fallu attendre quatre ans et qu'un auteur réellement attaché à l'elfe bleu pour que les fans le retrouvent.
Jason Aaron, qui achevait son séjour sur la série Wolverine and the X-Men, voulait prolonger son expérience avec les mutants avec un titre qui continuerait dans la veine fun et cool mais en se concentrant sur un groupe de héros plus restreint. Le dessinateur Ed McGuinness et le scénariste ont, à l'annonce du lancement début 2014 d'Amazing X-Men, multiplié les déclarations d'amour envers Nightcrawler, laissant espérer aux lecteurs un run au long cours. Hélas ! Cette équipe créative ne sera resté ensemble que le temps de 5 épisodes, et Jason Aaron a quitté le projet au n° 6 car son emploi du temps surchargé ne lui permettait pas de poursuivre (il aurait quand même pu prévoir son affaire avant...).
Depuis, d'autres auteurs (Kathryn Immonen puis Chris Yost et Craig Kyle) ont pris la relève et la série a été reconduite, même si les lecteurs lui réservent un accueil plus réservé.
Et c'est le premier enseignement à tirer de la lecture de ce recueil, contenant l'entièreté du passage de Jason Aaron sur le titre : il se suffit à lui-même et forme une mini-série quasi-parfaite. Après avoir ramené Nightcrawler, le plus judicieux aurait sans doute été d'intégrer le personnage à une série régulière déjà existante, au lieu de prolonger Amazing X-Men et même de lui donner son propre mensuel (dont l'annulation est déjà annoncée).
Ceci étant dit, que penser justement de cet ensemble de six épisodes ? J'avais découvert la série dans le mensuel "X-Men" publié par Panini Comics avant d'en arrêter l'achat, et j'ai eu le plaisir qu'on m'offre cet album pour Noël (merci Bruno !), l'occasion rêvée pour découvrir la suite et fin de ce premier arc et la conclusion du bref run de Aaron.
Comme je l'écris plus haut, ce recueil permet d'apprécier son contenu comme une mini-série, et donc on peut en rester là. Le récit est un vrai régal : Jason Aaron nous rend le personnage avec brio et effectivement son affection pour Diablo transpire dans chacune des scènes qu'il lui a écrit, renouant avec la description qu'en fit Dave Cockrum (un mutant dont l'aspect évoque celui d'un démon à la peau bleue et qui est à la fois un acrobate exceptionnel, un bretteur spectaculaire, et doté du pouvoir de téléportation). C'est bien simple, on n'avait pas été aussi gâté avec Kurt Wagner depuis... Sa présence dans la formidable série Excalibur de Chris Claremont et Alan Davis (y compris quand ce dernier en devint le scénariste et dessinateur) : Aaron n'oublie d'ailleurs pas d'adresser un clin d'oeil à cette période bénie dans son dernier épisode en convoquant pour le pot de retour Captain Britain, Meggan, et Kitty Pryde, en plus de Rachel Grey (déjà là dans les chapitres précédents), soit toute l'équipe originale (voilà des héros qui manquent chez Marvel actuellement, et qu'on aimerait bien voir repris par Davis et Claremont justement).
L'astuce qu'a trouvé le scénariste pour permettre à Diablo de revenir sur Terre (en sacrifiant à nouveau une partie de lui-même) est inspirée et simple, même si justement elle l'est presque trop et qu'on peut donc douter que d'autres auteurs l'exploitent.
En revanche, il est clair que l'envie de ressusciter Nightcrawler l'a emporté chez Aaron sur le soin avec lequel il a construit son arc narratif. Les coutures sont un peu trop voyantes pour ne pas qu'on repère les défauts de la confection, comme lorsqu'il sépare son groupe de X-Men dès leur arrivée dans l'au-delà afin de décompresser un récit qui, plus rigoureusement traité, aurait tenu en moitié moins de place. Le scénariste nous frustre aussi singulièrement en écartant son personnage principal durant un épisode entier (le 2ème), se contentant de le faire commenter l'action et de présenter ses amis. Le casting est aussi parfois trop fourni, ce qui atténue l'emploi prometteur de certains protagonistes (comme Vega en mode Peter Pan).
Mais on est enclin à une grande indulgence quand les maladresses sont compensées par un bon sens du rythme (on ne s'ennuie jamais) et de la répartie (les dialogues sont savoureux et touchants, qu'il s'agisse des frayeurs d'Iceman que la chaleur de l'Enfer fait fondre, des échanges entre le Fauve et Azazel sur la foi durant un combat plein de punch, ou des retrouvailles entre Storm et Nightcrawler ou avec Wolverine).
Dans le dernier épisode, on a encore droit à de bons moments, alternant habilement action et émotion, pour une réunion entre amis et famille de Kurt Wagner plutôt animée (quoique évidemment ce qui arrive à Azazel soit couru d'avance et certainement écrit par Aaron pour préparer le terrain à ses successeurs).
Visuellement, je dois dire que j'ai pendant longtemps été peu réceptif au talent de Ed McGuinness (d'autant plus qu'il collaborait avec un auteur comme Jeph Loeb dont la production me touchait également peu). Mon regard a changé quand il a signé quelques épisodes du relaunch de Nova (à l'occasion de l'opération "Marvel Now !"), lui découvrant une finesse dans la représentation des personnages ressemblant à une remise en question salvatrice.
Comme Jason Aaron, l'artiste a exprimé son affection pour Nightcrawler et cela est évident quand on voit comment il l'anime, en s'inspirant de manière troublante de Dave Cockrum : la première séquence de l'arc a de quoi combler tous les fans du personnage, et par la suite le niveau ne baisse jamais.
Mais c'est valable pour toute la distribution que McGuinness met en images avec un soin équivalent, réservant à chacun (ou presque) une pleine page spectaculaire. Même si sur les épisodes 4 et 5, l'artiste semble avoir été plus pressé comme en témoigne un traitement des décors plus expéditif, il a aussi composé des environnements suffisamment impressionnants pour que le récit soit fortement situé.
Ce récit qui rend hommage aux films de pirates nécessitait un effort pour les costumes et bateaux typiques de ce genre, et sur ces points encore, McGuinness n'a pas ménagé sa peine.
En revanche, la prestation de Cameron Stewart sur le 6ème épisode laisse perplexe : ce dessinateur très talentueux livre une copie bien en deçà de ce dont il est capable - ou en tout cas de ce qu'on pouvait espérer. Il était pourtant taillé pour ce fill-in (de luxe), avec un personnage fait pour lui, mais le résultat paraît, non pas bâclé (ce serait sévère), mais précipité, comme s'il avait soit manqué de temps, soit voulu expérimenter un dessin plus lâché. Curieusement, on pense à du David Lafuente des mauvais jours (là où McGuinness atteint parfois, auparavant, la finesse d'un Mike Wieringo). Dommage.
Chacun décidera de suivre Amazing X-Men après ces six premiers épisodes, mais ce tpb constitue un album tout à fait suffisant, non pas parce qu'il ne donne pas envie de continuer mais bien parce que tout y est bien dit. En vérité, il faut surtout souhaiter que Diablo soit désormais toujours aussi bien traité, en profitant d'une série suffisamment exposée pour que lui-même reste visible. Ce serait là un vrai gâchis d'avoir ramener ce personnage si attachant pour ne pas l'exploiter correctement.
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