C'est encore une fois un numéro double cette semaine pour fêter Noël : l'occasion de revenir sur le "bug" du n° 4000, de nouvelles réjouissances et de reprendre le cours normal de certaines séries.
Avant d'explorer le contenu de ce numéro, faisons le point sur les deux titres à suivre :
- Une aventure de Spirou et Fantasio : La grosse tête (4/9). Après l'échec de son livre, Fantasio retrouve le moral grâce au succès de son adaptation cinématographique. Avec Spirou, il part se mettre au vert chez le comte de Champignac. Mais un dîner mitonné avec quelques champignons spéciaux va révéler des tensions entre les amis...
Makyo et Toldac soulignent dans ce nouvel épisode les conséquences de l'entreprise de Fantasio : il y a de la jalousie dans l'air entre le reporter et son ami groom, et le comte de Champignac n'est pas épargné. Le récit rebondit de manière jubilatoire (la rivalité possible entre les héros n'ayant été que rarement exploitée, aussi bien dans la série régulière que les hors séries). Jusqu'à présent, en tout cas, cette histoire est un vrai plaisir à lire.
Les dessins de Téhem conservent, eux, cette capacité à renouveler l'aspect des personnages tout en insufflant un dynamisme à la narration.
- Benoît Brisefer : Le gorille blanc (1/9). Monsieur Dussiflard, le chauffeur de taxi, a gagné un voyage au Mulundi et offre à Benoît de l'accompagner. Lors du trajet en avion, ils croisent tonton Placide qui se rend également dans ce pays pour y assurer la sécurité du président en visite d'Etat. Mais une fois sur place, les choses se gâtent pour nos deux touristes...
La revue nous propose la relecture du tome 14 de Benoît Brisefer, une des créations emblématiques du génial Peyo (mais qu'il avait rapidement abandonné pour se consacrer à Johan et Pirlouit puis Les Schtroumpfs). C'est le fils de Peyo, Thierry Culliford, avec Luc Parthoens qui sont aux commandes du scénario avec un premier épisode qui est déjà très entraînant.
Les dessins de Pascal Garray s'inscrivent dans la ligne de ceux de Peyo puis de Wasterlain : à défaut d'être très personnel donc, le résultat est tout de même très abouti, élégant et rétro.
Pour le reste du programme, j'ai aimé :
- Le royaume. Benoît Féroumont poursuit son gag hilarant sur la famille royale de Belgique en revenant à l'époque de sa série : 2 planches très efficaces, dans lesquelles on savoure le style si expressif de cet excellent auteur.
- Dans les coulisses du n° 4000. Munuera nous apprend dans quelles circonstances sa fille a terminé le gag du n° précédent.
- Les Campbell : Révélations et mensonges. Le même Munuera nous propose aussi un nouvel épisode inédit de sa série de pirates, où il revient sur la révélation de la véritable identité du terrible Morgan : ceux qui apprécient le trait si délié et énergique de l'artiste seront conquis.
- Le Choc. Guillaume Bouzard nous explique, lui aussi, comment il a pu écrire et dessiner Les tuniques bleues dans le n° 4000 : c'est marrant, au point qu'on souhaiterait vraiment qu'il remplace Cauvin et Lambil au moins une autre fois, sur la durée d'une histoire complète.
- Marzi. Marzena Sowa et Sylvain Savoia avait osé détourner leur héroïne avec audace dans le précédent n°. Ils nous la ramènent, telle qu'en elle-même, très attachante, pour évoquer Noël. Cette bd a un charme fou.
- Choc. Si vous aviez cru que Colman et Maltaite avaient vraiment démasqué le célèbre adversaire de Tif et Tondu la semaine dernière, c'était bien mal les connaître : une page réjouissante et superbement dessinée.
- Minions. Didier Ah-Koon et Renaud Collin avaient, eux, envoyé un de leurs minions dans la préhistoire : il est temps de le rendre au présent avec cette page savoureuse, merveille d'humour décalé (et sans parole).
- Animal lecteur. Le titre de Salma et Libon a droit à 2 pages et comme toujours livre une réflexion douce-amère sur le métier de libraire : mine de rien, ces récits, qui peuvent passer facilement inaperçus à cause de leur situation (une colonne à côté du sommaire chaque semaine), sont très bien vus.
- Les poissards. Deux nigauds nordiques sont obligés de se carapater après avoir accidentellement blessé leur chef : le trop rare mais formidable Thierry Martin nous offre 4 pages excellentes, très drôles, dont l'action sautillante et le dénouement sont un vrai bijou.
- Opération Noël. la revue a toujours été attachée aux contes de Noël (on en trouve un, rare, par Franquin, dans le Méga Spirou qui vient de sortir ces jours-ci), et cette année, ce sont Maïa Mazaurette et l'illustrateur Florent Sacré qui s'y collent : très beau, touchant. Mission réussie.
- Dans la hotte des ménagères. Isa ironise, avec beaucoup d'à-propos et de mordant, sur le sexisme des cadeaux de Noël : son récit de 3 pages est délectable (avec un clin d'oeil aux prix Nobel récemment décernés).
- La magie de Noël. Sti et Denis Goulet se penchent sur le sort de deux lutins qui ont agressé Oui-Oui et braqué une banque ! 4 planches très marrantes, avec une morale implacable.
- Rob. Le robot incite Clutch à dégoter un job, même pour les fêtes. Une fois la chose faite, il va cependant le regretter. James et Boris Mirroir sont toujours aussi inspirés avec leur série qui est devenue une de mes préférées de la revue.
- Viu. Ruben Del Rincon (lui aussi trop rare) nous gratifie d'une superbe histoire, en 5 pages, visiblement autobiographique : je défie quiconque de ne pas être à la fois ému et le sourire aux lèvres à la fin.
- Billy Brouillard. Guillaume Bianco, en pause de Zizi chauve-souris, en profite pour ramener son propre héros, un gamin qui rêve d'un cadeau bien spécial. Décidément, j'aime beaucoup ce que fait cet auteur, qui sait traiter des enfants en évitant toute mièvrerie.
- L'Atelier Mastodonte. Obion continue de draguer Mathilde Domecq, qui en profite avec une réjouissante malice. Alfred, lui, continue de se chercher et sombre bel et bien dans la crise existentielle. Encore un sans-faute pour ce titre unique en son genre.
- Tash et Trash. Dino, toujours en forme, nous sert un strip jubilatoire. / Capitaine Anchois. Floris n'est pas en reste avec sa bande de pirates crétins.
- Dad. Et comme d'habitude, Nob ferme le ban avec un nouveau magnifique gag de son héros. Il nous gâte au-delà du possible, signant aussi la somptueuse couverture du n° (voir ci-dessous la version complète et non lettrée).
En direct de la rédak revient sur les "égarements" de quelques auteurs dans le précédent numéro, et Jérôme Jouvray (un des membres de L'atelier Mastodonte) explique la règle des 180° (mais tous ses collègues ne sont pas d'accord...).
Les aventures d'un journal revient, pour sa part, sur les efforts de Franquin quand il s'agissait d'honorer Noël pour la revue (certains découvriront là une planche rare du Nid des Marsupilamis), alors même que les fêtes religieuses étaient loin de le passionner.
Un bien beau numéro.
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