DC Saga 4 :
Justice League (#4 : Aux origines) : l'entrée en scène d'Aquaman exacerbe les tensions au sein de l'équipe alors que les Paradémons continuent d'attaquer. Le jeune Victor Stone se transforme en Cyborg et surgit à son tour sur le champ de bataille où le grand méchant de l'affaire ne tarde pas à (enfin !) s'annoncer...
Plus cet arc progresse, plus sa qualité régresse : depuis longtemps, il n'y a plus de suspense sur l'identité du vilain à l'origine de ce chaos censé souder les plus grands héros de la terre, mais le traitement desdits héros est d'une accablante nullité. Ce sont tous, passez-moi l'expression, de sombres têtes de cons, dont l'inexpérience en tant que groupe ne saurait excuser leur affligeante caractérisation. Ce mois-ci, on a à nouveau droit à des répliques à l'humour daté de Green Lantern (références à Dallas peut-être dûes au traducteur, Jérôme Wicky, cela dit, mais bon), Wonder Woman est décrite comme une gourde, Aquaman comme un souverain emperlousé... Les autres en sont (déjà) réduits à faire de la figuration.
Geoff Johns rend ici une piètre copie, à des lieues de ce qu'il faisait avec la JSA.
Les dessins de Jim Lee sont également devenus au fur et à mesure des caricatures de comics, avec des enchaînements de plans souvent bâclés, et abusant de splashs et doubles pages (toute la fin de l'épisode ainsi donne plus le sentiment d'un remplissage tape-à-l'oeil que d'un effet rendant compte de l'impressionnante entrée en scène de Darkseid). On se demande à quoi vont ressembler les deux prochains épisodes...
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Superman (#4 : Esprit à louer) : l'homme d'acier est (encore) aux prises avec ces monstres... Zzzz...
Bon, on va aller vite : c'est soporifique, mal dialogué... George Pérez est assommant et son intrigue inintéressante, dénuée de ressort. Je n'ai pas pu aller au bout de cet épisode qui m'est tombé des mains, et je zapperai la série désormais.
Visuellement, c'est aussi médiocre : le dessin de Jesus Merino est laid, les personnages n'ont aucune allure... Bon sang, c'est tout simplement nul.
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Flash (#4 : L'union) : Barry Allen (apparemment) tombé sous les balles des clones de son ami Manuel Lago, c'est sur le passé de celui-ci que l'on peut se pencher : les expériences qu'il a subies, ses motivations, le sort de ses doubles, sa fuite... Autant d'élements qui donnent une idée plus nette de l'adversaire de Flash tandis que le Pr Guerrero est aux mains des fameux clones.
Le scénario de Francis Manapul et Brian Buccellato s'est un peu grippé depuis le dernier épisode et ce mois-ci encore, l'intrigue a un coup de mou. L'épisode est centré sur Manuel Lago, ses origines (et donc celles de ses clones) : une étape nécessaire pour mieux saisir l'enjeu de l'histoire mais qui ralentit la narration. Mais les dernières pages promettent un sursaut salutaire pour le final.
En revanche, la partie graphique de la série n'a jamais déçu depuis son reboot et ce nouveau chapitre réserve son lot de planches à sensations, avec des compositions parmi les plus belles et sophistiquées qu'un comic-book super-héroïque peut procurer. Manapul tire merveilleusement parti de doubles pages découpées avec intelligence et inventivité. Et la colorisation de Buccellato leur donne des ambiances très évocatrices. C'est superbe.
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Supergirl (#4 : Evasion) : capturée par Simon Tycho, la jeune kryptonienne ne doit son salut qu'à un des employés de ce milliardaire sadique et avide. La riposte de Kara Zo-El sera foudroyante, mais il n'est pas dit qu'elle en ait fini avec son adversaire...
Michael Green et Mike Johnson produisent une série bizarre, où chaque épisode ne raconte honnêtement pas grand'chose mais le raconte avec beaucoup d'énergie : c'est donc un peu creux, les informations sont distillées au compte-gouttes, mais on ne s'ennuie pas et permet d'espérer des développements plus complexes.
L'efficacité des dessins de Mahmud Asrar joue énormèment (comme dans Flash avec Manapul) dans le plaisir de la lecture, et quand l'intrigue se densifiera, on peut là aussi compter qu'avec un tel artiste, la série monte encore en puissance.
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Bilan : "DC Saga" est une revue toujours aussi mitigée, d'autant plus que ses deux meilleures séries reposent beaucoup (trop ?) sur le brio de leurs dessinateurs. Je vais arrêter les frais car le rapport qualite/quantité/prix n'a pas tenu ses promesses.
Batman Saga 4 :
Batman (# 4 : Accusé, levez-vous !) : Ayant échappé de justesse à une explosion dans un repaire de la Cour des Hiboux qu'il a découvert, Batman se rappelle qu'enfant il avait déjà enquêté, après la mort de ses parents, sur une conspiration qui aurait abouti à leur meurtre. Il en déduit aujourd'hui que la famille Wayne et la construction de Gotham à laquelle elle a activement participé depuis le XIXème siècle sont étroitement liées à cette organisation secrète...
Scott Snyder exploite à fond la fibre "detective story" de Batman et, épisode après épisode, il met en scène le héros dans une enquête tortueuse où le passé de sa famille, de la ville de Gotham et de la Cour des Hiboux s'entrelacent. Cela aboutit à un récit efficace, prenant, quoiqu'un peu mécanique, d'où l'émotion est absente : à vrai dire, n'importe quel privé, en costume ou pas, pourrait être la vedette de cette intrigue riche en secrets de famille et complots. On ne s'ennuie pas, mais il manque à tout ça un peu de sentiment.
Greg Capullo pose un peu le même problème : ses dessins servent des planches rythmées, bien découpées, son Batman évoque le Dark Knight de Miller (trappu, le geste économe, peu expressif), avec un encrage soigné. Mais après 4 épisodes, ce graphisme n'étonne déjà plus, malgré de jolis effets. C'est solide mais pas très sexy.
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Detective Comics (# 4 : Le phénomène) : C'est l'heure des comptes entre Batman et le Taxidermiste. Le justicier doit à la fois sauver sa peau (au propre comme au figuré), celle de Jim Gordon et neutraliser ce malade...
Tony Daniel a les qualités de ses défauts : le classicisme de son écriture, une complaisance certaine pour le glauque, a fait de ce premier arc une lecture peu excitante, sans compter que l'histoire n'a ni la complexité de celle de Snyder (dans Batman) ni l'émotion de celle de Tomasi (dans Batman & Robin).
Mais d'un autre côté, la concision de son récit (bouclé en 4 chapitres), son dessin direct, évite qu'on s'y perde. C'est une série peu inspirée, qui va avoir besoin d'un coup de boost (et d'un meilleur coloriste !) pour son prochain arc, même si c'est exécuté avec professionnalisme.
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Batman & Robin (# 4 : Question de confiance) : Piégés par Morgan Ducard alias Personne, Robin et Batman sont confrontés à l'efficacité de leurs méthodes contre les criminels de Gotham. Si Batman n'entend pas dévier de sa ligne de conduite (en refusant de supprimer ses adversaires, quitte à leur courir régulièrement après), Robin dont l'éducation de sa mère en a fait un tueur et la méfiance de son père l'énerve pourrait bien avoir envie de suivre un nouveau mentor...
Peter Tomasi accomplit vraiment un sans-faute avec ce titre où chaque élément dramatique est parfaitement dosé. L'histoire est prenante mais mieux encore la caractérisation saisit le lecteur, Bruce Wayne éprouvant la loyauté et la droiture de son fils, tenté par un méchant aux méthodes plus proches de son éducation. C'est remarquablement traité, et c'est un tour de force que d'écrire aussi bien un personnage comme Damian, gamin à la fois touchant et psychotique.
Patrick Gleason (avec l'encrage magique de Mick Gray) livre encore des planches sensationnelles, ténébreuses et puissantes. Il émane de ses images une ambiance incroyable, qui bonifie un script déjà remarquable.
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Batgirl (# 4 : La fin des rêves) : Dépassée par le Miroir, son adversaire, Batgirl choisit pour le neutraliser d'utiliser le passé familial du criminel. La manoeuvre est risquée et, par ailleurs, après sa rencontre avec Nightwing, Barbara Gordon prend conscience qu'elle risque vraiment sa vie en revêtant son habit de justicière...
Gail Simone conclut son premier arc, qui n'aura pas été fameux et s'appuie sur un argument polémique (l'héroïne a recouvert l'usage de ses jambes). Mais, à son crédit, on peut la féliciter de ne pas avoir fait traîner les choses. Cependant, comme Detective Comics (même si la série de Daniel est moins faible), la suite devra proposer quelque chose d'un peu plus relévé, de moins mièvre - et aussi répondre à l'énigme de la "renaissance" de Babs.
Les dessins d'Ardian Syaf sont toujours aussi peu séduisants, avec un encrage et des couleurs exécrables.
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Bilan : "Batman Saga" reste un cran au-dessus de "DC Saga", abritant l'exceptionnel Batman & Robin. Batman ronronne un peu. Detective Comics peut mieux faire. Batgirl est le maillon faible de la chaîne. Mais cette revue donne envie de poursuivre son achat.
Avengers 3 :
Les Vengeurs (Avengers Assemble # 1 : Zodiaque) : Une nouvelle formation du Zodiaque, bande de criminels dont les noms et pouvoirs sont inspirés par les signes astrologiques, entreprend de conquérir le monde en subtilisant un mystérieux objet convoyé en Latvérie. Hawkeye et Black Widow, sur place en mission de surveillance, intercepte cette cargaison avant d'affronter avec Iron Man et Thor, venus en renfort, un des membres du Zodiaque, Taurus. Peu de temps auparavant, Hulk avait été témoin et acteur d'une situation semblable dans le désert américain où il avait combattu le Verseau...
Cette (énième) nouvelle série Avengers est une production uniquement motivée par le commerce puisque Marvel l'a initiée pour accompagner la sortie du film de Joss Whedon : la line-up de l'équipe y est identique et le principe est de miser sur l'action. Brian Bendis a accepté d'en écrire le premier arc (qui comptera 8 épisodes, après quoi il cédera la place à Kelly Sue DeConick).
Le scénariste a ressorti du placard le groupe de vilains du Zodiaque, relifté pour l'occasion, et délivre un épisode très vite lu, efficace, mais vraiment pas renversant. On ne le sent pas très investi dans cette commande (sans doute aussi parce qu'il l'a écrite au moment où il annonçait qu'il quitterait la franchise "Avengers" cet automne).
Pour assurer au titre une exposition maximale, Marvel a réuni Bendis et Mark Bagley, le tandem vedette d'Ultimate Spider-Man. Bagley est hélas ! encré par l'affreux Danny Miki et ne semble guère plus inspiré que son scénariste alors qu'on pouvait espérer mieux d'un artiste n'ayant jamais dessiné les Vengeurs.
Bref, ça ressemble un peu à un pétard mouillé et l'entreprise est trop opportuniste pour réjouir le fan de base.
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Les Vengeurs (#23-24 : HAMMER Rassemblement !) : Nos héros sont tous tombés dans le piège tendu par Norman Osborn et ses alliés de la Main, l'Hydra et l'AIM, désormais en position de force pour imposer leurs exigences au président américain. Vraiment tous ? Non, car l'agent Daisy Johnson alias Quake, ex-Secret Warriors, n'a pas été capturée et elle va permettre aux Vengeurs de sortir de ce guêpier. Pour Osborn, c'est l'heure de vérité : transformé en nouvel adaptoïde, il défie ses adversaires dans une bataille à quitte ou double...
Reprenant un procédé qu'il apprécie, Brian Bendis renverse une situation compromise pour ses héros par l'intervention d'un joker (presque) extérieur à l'équipe, ce grain de sable va enrayer les plans du méchant et sonner l'heure de la revanche pour les Vengeurs. Il réutilise également l'adaptoïde (comme dans le premier Annual de New Avengers) avec un nouvel hôte et dénoue (un peu trop) rapidement la situation.
Cet arc, très efficace au demeurant, s'apprécie néanmoins encore mieux quand on a suivi simultanèment les épisodes des Nouveaux Vengeurs car on peut ainsi mesurer l'ampleur et l'efficacité du plan d'Osborn, la symétrie des deux intrigues puis leur croisement, avec dans les deux cas le rôle décisif d'un personnage providentiel.
La structure de cette épopée est alors comparable à un event en soi, mais contenu dans les deux séries-phares de la franchise "Avengers", et constitue une des histoires les plus abouties de tout le run de Bendis.
Daniel Acuna revient au dessin pour conclure cet arc et livre des planches remarquables, où son traitement de la couleur si particulier sert très bien l'ambiance. Mais son découpage, l'expressivité de ses personnages, sont également notables.
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Captain America (vol. 6, #8 : Sans défense) : Cap' et Sharon Carter neutralisent l'Escadron du Serpent lors d'un braquage organisé pendant qu'une Madbomb déchaîne la foule dans les rues. Lorsque le vengeur étoilé tente de calmer les civils ensuite, il perd à nouveau le contrôle de ses pouvoirs et ne doit son salut qu'à une intervention du Faucon. Tandis que son compagnon est examiné par Tony Stark, Sharon décide d'enquêter seule et "réveille" le Technoforgeron, qui avait déjà privé Cap' de ses facultés dans un passé récent...
Ed Brubaker a du mal à faire décoller ce nouveau volume des aventures de Captain America : son intrigue, qui emploie une technologie apparue dans d'anciens épisodes de la série, est certes rythmée mais ne fait guère vibrer le fan. En vérité, le plus intéressant réside dans le subplot, avec l'évasion de Bravo par le Baron Zémo et la nouvelle Reine de l'Hydra, sur fond de manipulations bancaires, et là, on retrouve davantage le Brubaker qu'on aime, peut-être moins versé dans l'action pure que dans les machinations complexes.
Toutefois, on ne saurait bouder son plaisir car Alan Davis, même si lui aussi n'est pas étincelant, illustre tout ça avec une vivacité jubilatoire. En fait, il complète très bien Brubaker dans la mesure où, lui, est très à l'aise avec les codes classiques du genre (bagarre, mouvement). L'un dans l'autre, ça reste donc une lecture très agrèable.
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Captain America & Oeil-de-faucon (#3 : Créatures féroces) : ... Là, je dois avouer que j'ai zappé.Je n'avais pas le coeur à m'abîmer les yeux avec les pages de Vitti après m'être régalé en compagnie de Bagley, Acuna et Davis.
Par ailleurs, les deux premiers chapitres de cette histoire par Cullen Bunn ne m'avaient pas accroché pour que j'ai envie d'en savoir plus.
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Bilan : très positif. L'arc des Vengeurs se clôt en beauté et Captain America, même inégal, est un plaisir. Cela suffit à compenser la déception d'Avengers assemble et oublier cette horreur de Captain America & Oeil-de-faucon. Mais le mois prochain, j'arrête les frais avec la fin de l'histoire de Cap' et le dernier épisode pré-Avengers vs X-Men des Vengeurs. Mais on reparlera alors.
Iron Man 3 :
On va aller vite et faire simple puisque je n'ai acheté ce numéro que pour lire la fin de l'arc des Nouveaux Vengeurs.
Les Nouveaux Vengeurs (vol. 2, #23 : Vengeurs Noirs, la renaissance) : Dans un pétrin comparable aux Vengeurs, l'équipe de Luke Cage ignorait toutefois comme Norman Osborn et ses Vengeurs Noirs que Steve Rogers avait gardé un as dans sa manche, et pas n'importe lequel : Skaar, le fils de Hulk ! Celui-ci a infiltré l'ennemi et passe à l'attaque, préparant le terrain pour les Nouveaux Vengeurs et libérant Captain America... Mais pour Cage, cette issue n'est pas aussi heureuse.
C'est le terme d'un des arcs les plus longs et ambitieux de la série pour Brian Bendis et ce final ne déçoit pas : le coup de théâtre final du précédent épisode renverse complètement le rapport de force et offre aux lecteurs une belle baston.
Si on a lu, en même temps, l'aventure des Vengeurs (dans la revue "Avengers"), on apprécie encore mieux le développement de ce récit qui a vraiment impliqué les deux équipes de héros contre un même adversaire en les poussant dans leurs retranchements, en interrogeant les héros sur la manière dont l'opinion les perçoit et sur leur façon d'agir, de communiquer.
Les dernières pages de cet épisode suggèrent d'ailleurs que pour Luke Cage, le personnage emblématique du run de Bendis (qui, après les épisodes tie-in au futur event Avengers vs X-Men et un ultime arc, quittera la franchise "Avengers"), des choix se profilent et chambouleront certainement le titre (qui sera relancé en Février 2013 par Jonathan Hickman et Steve Epting).
Mike Deodato signe 8 planches sur 22 de cet épisode, le reste étant dessiné par Will Conrad : les deux partenaires ont l'habitude de se relayer et leurs styles se complètent bien, même si Deodato est plus puissant et Conrad plus fin dans leurs traits et leurs compositions. Le résultat est efficace, même s'il est dommage que Deodato n'ait pas pu assurer l'intégralité d'un arc fait pour lui.
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L'aventure "Marvel Icons/Iron Man" s'arrête là pour moi. Peut-être y reviendrai-je pour l'ultime arc des New Avengers, mais de l'eau aura passé sous les ponts d'ici-là.
J'ai déjà eu souvent l'occasion d'exprimer mon peu de goût pour le Iron Man de Fraction et Larroca, je n'ai même pas cherché à lire l'épisode de ce mois-ci (les choses ne s'annoncent guère réjouissantes, la série va être reprise par Kieron Gillen et Greg Land le mois prochain en vo).
Quant aux 4 Fantastiques et son spin-off La Fondation du Futur, l'écriture d'Hickman m'a depuis longtemps égaré, et Steve Epting n'a pas été assez régulier sur les 4F pour que j'insiste. La FF m'horripile et son concept ne m'intéresse pas en l'état (Matt Fraction aura un sacré défi à relever en succédant à Hickman, mais il profitera de deux artistes de choix : Mark Bagley et Mike Allred).
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Bilan : tronqué inévitablement. Mais l'histoire des New Avengers se conclut en force.
Wolverine 3 :
Wolverine & the X-Men (#5-6 : Mutatis mutandis) : Le financement de l'école Jean Grey n'est plus assuré, Angel ayant été jugé inapte à gérer sa fortune par le conseil d'administration de Worthington Industries. Wolverine embarque alors Quentin Quire/Kid Oméga (la forte tête du bahut) pour une virée sur la planète du péché où il espère décrocher assez d'argent pour les frais de son établissement. Cependant, Kitty Pryde, subitement enceinte, subit un examen spécial par le Fauve : mauvaise nouvelle, elle est infectée par des Broods !
Jason Aaron n'a pas peur de la grosse déconne avec cette série et la suite de son deuxième arc vient le confirmer, avec de nouvelles péripéties bien farfelues et très drôles mais également pleines de suspense. Entre quelques parties dans un casino galactique et le remake de L'aventure intérieure pour Kitty Pryde, tout cela est très animé. Mais il faut aussi être attentif aux détails et là, on remarquera des éléments hilarants (graffitis de Quire ou des Bamfs, réaction d'Angel - tout heureux d'être considéré comme un attardé mental et qui se fiche à poil en public...). W & the X-Men est vraiment une série irrésistible.
Au dessin, Nick Bradshaw assure lui aussi sa part du show : ses planches sont très riches... Parfois trop, notamment dans les scènes d'action où il gagnerait à aérer un peu ses compositions pour plus de lisibilité et de rythme. La physionomie de ses personnages est aussi limitée, alors qu'en revanche il est d'une étonnante inventivité pour créer des monstres et d'une méticulosité notable pour les décors.
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Wolverine (#18 : Goodbye Chinatown) : Après avoir découvert avec Gorilla Man un trafic de drogue d'envergure dans le sous-sol de Chinatown, Wolverine doit affronter les sbires de la Griffe de Jade, organisatrice de ce réseau, et ses dragons. Fat Cobra, une des Armes Immortelles des Capitales Célestes (comme Iron Fist avec K'un L'un), s'en mêle alors. Et pour remonter jusqu'à leur ennemie commune, les trois partenaires trouvent un moyen d'infiltration très spécial...
Jason Aaron (toujours lui) est à peine moins délirant dans la série-titre de la revue où il convie un nouveau personnage haut en couleurs, créé par Matt Fraction et Ed Brubaker lors de leur run sur Immortal Iron Fist, le sumo Fat Cobra. Misant plus sur l'action et le choc des caractères, cette histoire réserve un cliffhanger pour le moins inattendu... (C'est assez frustrant de pas en dire plus mais ce serait injuste de gâcher la surprise aux lecteurs)
Ron Garney livre des planches énergiques, aux personnages expressifs, même si son trait nerveux manque parfois de finitions plus soignées (c'est là qu'on voit qu'un encreur lui serait bien utile), mais cette petite faiblesse ne gâche pas le plaisir.
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Bilan : une revue extrèmement divertissante, iconoclaste. 64 pages, c'est trop peu... Mais au moins il n'y a rien à jeter et on attend la suite avec gourmandise.
Marvel Knights 4 :
Le Soldat de l'Hiver (#1 : Gare aux dormeurs...) : Alors que tout le monde l'a cru tué durant les évènements de Fear Itself, Bucky Barnes a survécu grâce à la formule d'infinité de Nick Fury. Seuls Steve Rogers et la Veuve Noire sont dans la confidence, et l'ex-sidekick a décidé de reprendre sa vie clandestine en compagnie de Natacha Romanov pour neutraliser les agents dormants (qu'il a formé quand il était aux ordres des soviétiques) en Amérique. Mais il semble que des dissidents russes et latvériens aient pris le contrôle de ces tueurs pour éliminer le Dr Fatalis...
Le Winter Soldier n'a-t-il pas, au fond, été toujours le vrai héros d'Ed Brubaker depuis qu'il a pris les commandes de Captain America il y a 8 ans ? Rappelons que le premier arc de la série était déjà consacré au retour de Bucky Barnes, qui a ensuite remplacé le Captain dans la résistance au "Dark Reign" de Norman Osborn puis au sein des Vengeurs durant l' "Heroic Age". Sa mort simulée lors de Fear Itself, après un combat contre Sin (la fille de Crâne Rouge) était en la lampe de lancement pour une série qui lui serait pleinement consacrée.
Et Ed Brubaker peut à nouveau animer un personnage dans des intrigues mixant les codes du super-héros et de l'espion, le registre dans lequel il excelle. Ce premier arc reprend l'idée avancée dans l'arc Goulag de Captain America, avec la présence d'agents dormants sur le sol américains que Bucky a formé quand il était conditionné par les soviétiques. Il fait équipe avec son amante la Veuve Noire.
C'est impeccablement rythmé, avec une ambiance saisissante, sur une trame accrocheuse. Très prometteur. (Je verrais si je continuerai l'aventure avec cette revue, sauf si j'arrive à acquérir le premier tpb qui doit sortir le 26 Septembre).
Au dessin, Butch Guice, colorisé par Bettie Breitweiser, rend un magnifique hommage à Jim Steranko - en mélangeant images photographiques traîtées et illustrées classiquement - et John Buscema. Le rendu est bluffant, expérimental sans jamais oublier d'être efficace.
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Daredevil (vol. 3, #7 : Ennemi public numéro un) : Matt Murdock accompagne quelques élèves non-voyants pour une sortie hors de New York. Le car qui les transporte, pris dans une tempête de neige, a un accident. Livrés à eux-mêmes après la mort du chauffeur, Murdock et les enfants doivent trouver un abri dans cet environnement hostile...
J'ai déjà parlé de cet épisode en critiquant le 2ème album de Daredevil par Mark Waid : le scénariste livre un "one-shot" extraordinaire, où les pouvoirs de Daredevil sont inutiles et où il doit gérer une bande de gamins effrayés. C'est un concentré de tension et d'émotion admirablement écrit, et aussi un chapitre de transition avant un crossover avec Spider-Man et de nouvelles aventures du Diable Rouge.
Paolo Rivera est aussi au sommet de sa forme, nous gratifiant de planches épuisant tous les superlatifs, avec une intelligence dans le découpage notamment et une finesse dans l'expressivité enthousiasmantes. (En prime, cet épisode est dôté d'une couverture qui figure parmi les plus belles de la série et des comics en général cette année)
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Ghost Rider (vol. 6, #6-7 : Les condamnés - Le chemin de rédemption) : L'esprit du Ghost Rider habite désormais le corps d'une jeune femme, Alejandra. En se hasardant dans le bayou, elle découvre un étrange village peuplé par d'anciens criminels reclus ici par une sorcière.
Puis elle doit faire face à Hawkeye qui, comme elle, cherche Johnny Blaze, ancien Ghost Rider, considéré responsable d'un crime abominable en Amérique centrale.
La série relancée en 2011 par Rob Williams n'a eu ni succès critique ni public, et a été annulée au bout de 9 numéros. Sans être indigne, il est vrai que ce n'est pas fameux : la seule originalité (en tout cas pour ce que j'en sais car je ne me suis jamais intéressé au Ghost Rider) tient dans le fait que c'est une héroïne qui est désormais l'incarnation du motard fantôme.
Des deux épisodes, le premier est le meilleur : il se suffit à lui-même, possède une atmosphère d'épouvante inspirée. Et surtout il est dessiné par Dalibor Talajic (5 Ronin : Hulk) dont les planches sont superbes.
L'autre volet ouvre une autre histoire dont la conclusion correspondra certainement à la fin de la série elle-même. Lee Garbett plagie mollement le style d'Oliver Coipel (dont les dernières prestations ne sont déjà pas sensationnelles) pour la partie graphique. Rien de bien jo-jo donc.
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Punisher (vol. 9, #6-7 : La bourse - Suivez le fil) : Dans un premier temps, Frank Castle et le sergent Rachel Cole-Alves, dont les histoires se ressemblent (tous deux se sont engagés dans une vendetta contre des mafieux responsables du massacre de leurs familles), coincent plusieurs cadres d'une organisation dans un chalet.
Ensuite, les inspecteurs Ozzy Clemons et Walter Bolt sont envoyés sur le lieu du carnage. Clemons traque le Punisher depuis longtemps et sait (et le lui dit) que Bolt informe le justicier. Ils comprennent alors que ce dernier a désormais un complice...
Greg Rucka pilote désormais le Punisher et lui a imprimé sa marque : la série baigne dans le polar bien noir, où il est autant question de survivance que de vengeance. C'est impressionnant dans les deux épisodes de ce mois : d'abord, on a droit à une leçon de narration parallèle, avec un crescendo dans la violence sans jamais que cela ne soit complaisant.
Puis Rucka examine les conséquences du précédent volet avec les deux flics lancés aux trousses du Punisher : leur caractérisation est là aussi un petit modèle du genre, avec d'un côté le vieux briscard obsédé par sa mission et de l'autre le jeunôt qui est rapidement démasqué au sujet de son lien avec le vigilant. Cet épisode est rythmé par la lame du couteau à cran d'arrêt d'Ozzy Clemons, un gimmick sonore qui justement titille le lecteur.
Le premier chapitre est co-illustré par Matthew Southworth (avec qui Rucka a signé Stumptown, une mini-série en creator-owned) et Matthew Clark : le découpage hyper-précis de Rucka s'y révèle, les deux artistes dessinant chacun à tout de rôle une planche (Southworth avec le Punisher, Clark avec Rachel) jusqu'à ce qu'ils se rejoignent pour une dernière double-page épatante.
Puis l'épisode 6 est signé par le tandem Michael Lark-Stefano Gaudiano et c'est un pur régal : on a là l'équipe créative de Gotham Central reformée au grand complet, et chaque planche est admirable. (Le trio a quitté Marvel pour Image Comics pour un projet alléchant de polar-sf, Lazarus, à paraître en 2013)
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Bilan : Très positif. La faiblesse de Ghost Rider est insignifiante comparée au brio des trois autres titres, tenus par des équipes créatives d'un niveau exceptionnel, pour des épisodes de haute volée. Un sérieux challenger à "Wolverine" pour le titre de revue du mois.
X-Men Select 3 :
Les Nouveaux Mutants (vol. 4, #33-37 : Le 3ème choix - Pas vu, pas pris - Le seul survivant - Instinct de retour - Rendez-vous) : le schisme entre Cyclope (prônant une éducation militaire, protectionniste) et Wolverine (voulant revenir à un enseignement et à la cohabitation avec les humains) a divisé également les élèves mutants, qui sont soit restés sur l'île d'Utopia (avec Cyclope) soit sont partis à Westchester (avec Wolverine). Les Nouvaux Mutants (Dani Moonstar, Solar, Magma, Cypher, Warlock et Nate Grey/X-Man) décident, eux, d'une 3ème voie : s'installer à San Francisco, proche d'Utopia mais au milieu des humains.
Cyclope confie cependant une dernière mission à Dani Moonstar : retrouver la mutante Blink, capable de se téléporter. Grâce à Cypher, l'équipe remonte vite sa piste et découvre qu'elle apparaît souvent où des catastrophes naturelles surviennent. Mais aussi là où un étrange groupe de rock se produit...
Après cette aventure, Magma accepte un dîner en tête-à-tête avec... Méphisto en personne (une promesse qu'elle lui avait faîte lors d'un voyage aux enfers, lors des évènements de Fear Itself, pour sauver les âmes de ses amis).
Depuis 2011, les scénaristes Dan Abnett et Andy Lanning, jusqu'à présent en charge des séries cosmiques chez Marvel, ont pris les commandes du titre New Mutants et ont réorgnaisé le groupe en tâchant de leur définir une personnalité à part, qui ne dépendrait ni du clan isolationniste de Cyclope ni des rebelles menés par Wolverine après la rupture idélogique qui a éclaté entre ces deux-là.
C'est ainsi qu'ils choisissent de se baser à san Francisco, au large de laquelle se situe l'île d'Utopia (où sont les partisans de Scott Summers), mais avec l'intention de se mêler aux humains (comme le souhaitait Logan). Cependant, ils acceptent de retrouver, pour Cyclope, une mutante en cavale, mais davantage pour se prouver qu'ils sont capables de travailler en équipe que pour servir leur ancien directeur.
L'intrigue de DnA n'a rien de fôlichon : une entité extraterrestre échouée sur terre possède un groupe de rock, provoquant à chacun de leur concert des catastrophes qui doivent lui permettre de rentrer chez elle. Blink croit pouvoir maîtriser la situation mais reçoit le soutien des Nouveaux Mutants.
En revanche, les deux auteurs sont plus en verve quand il s'agit de caractériser leurs personnages et de décrire leur quotidien dans ce qu'il a de plus ordinaire (emménager, cohabiter) et ils y ajoutent un humour malicieux (la jalousie de Solar, la suffisance de Nate Grey, la fantaisie de Warlock, ou la présence de Méphisto). Le groupe lui-même est composé d'individualités fortes, contrastées, avec des absents notables (pas de Rocket ni de Magik).
Bref, l'ensemble est loin d'être renversant mais demeure sympathique.
Ce qui permet à ces épisodes d'être vraiment savoureux, ce sont les dessins confiés à David et Alvaro Lopez, qui mériteraient d'être mieux employés par Marvel (au lieu d'être trimballés de série en série, jamais sur la durée). Ils soignent superbement les décors, veillent à donner une attitude et des looks réalistes aux personnages, tout en excellant à les rendre extrèmement expressifs.
Leur trait est élégant, vif, souple, et la colorisation magnifique de Val Staples est un régal pour les yeux.
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Bilan : une sympathique suite d'épisodes, même si l'histoire ne vaut pas tripette, mais qui est formidablement mise en images.
(A noter que le bonus de la revue, un court récit en 8 pages, n'est pas du tout consacré à Kitty Pryde, comme l'indique le sommaire, mais à Tornade et Thor. Par ailleurs, on se demande bien ce que ça fiche là !)
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