jeudi 23 août 2012

Critique 346 : CATWOMAN, VOL. 4 - WILD RIDE, de Ed Brubaker, Cameron Stewart, Nick Derrington et Guy Davis


Catwoman, volume 4 : Wild Ride rassemble les épisodes Secret Files #1 et 20 à 24 de la série, écrits par Ed Brubaker, publiés par DC Comics en 2002-2003. Les dessins sont signés Cameron Stewart, avec des crayonnés de Nick Derington (pour le #22) et Guy Davis (pour les #23-24).
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- Slam Bradley : The McSweeney Case (Catwoman : Secret Files #1). Dessiné par Cameron Stewart. Selina Kyle tient compagnie à Slam Bradley lors d'une planque. Ils surprennent une bande de jeunes cambrioleurs dont fait partie Martin McSweeney que son père a chargé le détective de retrouver et de ramener dans le droit chemin...

- Wild Ride (Catwoman #20-24). Dessiné par Cameron Stewart (#20-21), avec Nick Derington (#22) et Guy Davis (#23-24). Après les épreuves subis lors de l'affrontement contre Black Mask (l'arc et l'album Relentless) et ses lendemains difficiles (l'arc No Easy way down, également dans l'album précédent), Selina a l'idée d'embarquer Holly pour une virée en voiture à travers le pays, histoire de se changer les idées, loin de Gotham.
Les deux amies s'arrêtent d'abord en pleine campagne, dans une ferme, où Selina s'était cachée avant son retour à Gotham. Ted Grant alias Wildcat, membre de la JSA, les y attend. Ayant entraîné Catwoman à ses débuts aux sports de combat et à l'acrobatie, il a accepté de former Holly.



Selina et Holly s'offrent un "road trip" en quatre étapes...



Où l'on découvre qui a entraîné Selina
(et va entraîner Holly)...

Selina fait l'escale suivante seule à Keystone City. Elle y croise Lenny Snart alias Captain Cold (un des adversaires de Flash) qui, en échange de renseignements sur une personne qu'elle cherche, lui demande un coup de main pour un cambriolage. Mais Catwoman, une fois informée, saura jouer un tour malicieux au malfrat.
Puis tandis qu'Holly et Selina reprennent la route et se trouvent involontairement mêlées à un braquage dans un restauroute, à Gotham, Batman aborde Slam Bradley pour avoir des nouvelles de Catwoman. La rivalité entre le privé et le justicier va corser la discussion de façon musclée...



Escale à Opal City : mais après qui
court Selina (sans le dire à Holly) ?

La ballade des deux filles les mène ensuite à Opal City, ville de Starman. Comme à New York où, une nuit avec Wildcat, Catwoman avait surpris de curieux ninjas égyptiens dans un temple caché, Selina est à nouveau prise à parti par ces curieux personnages qu'elle a visiblement dérangés et qui veuelent désormais la supprimer.
Enfin, à St-Roch, Holly découvre la surprise que lui réservait Selina et l'objet des investigations de celle-ci en retrouvant son frère aîné, Davey Robinson. Wildcat présente Catwoman à Hawkman et Hawkgirl, protecteurs de la ville, qui l'éclairent sur les assassins qui la traquent et leur mobile (un vieux contentieux sectaire à partir d'une divinité féline égytienne).
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Après les épisodes dramatiques du précédent recueil (Relentless), Ed Brubaker offre à son héroïne et sa meilleure amie comme aux lecteurs une échappée loin de Gotham. L'objectif est relancer la dynamique de la série sur un ton plus léger mais qui n'exclut pas quelques péripéties. De plus, Selina Kyle prend cette virée entre copines comme prétexte car elle a un agenda secret : la révèlation finale est doublement inattendue puisqu'il ne s'agit pas d'une affaire concernant directement l'héroïne et n'a rien d'extraordinaire.
En vérité, ce nouveau volume (le dernier regroupant des épisodes écrits par Brubaker, avant que DC ne collecte en albums le run de Will Pfeiffer à partir du #53 !) s'attache davantage à Selina et Holly qu'à Catwoman, qui ne fait que des apparitions comptées et pour pimenter le récit, à la manière d'apartés. Un subplot, avec ces étranges ninjas égyptiens, est tracé en parallèle et laissé en suspens à l'épisode 24, mais c'est clairement secondaire.
Ce choix narratif s'explique par une volonté évidente de contrebalancer la tonalité très noire des précédents épisodes, où le combat contre l'abominable Black Mask et ses conséquences éprouvantes étaient eux-mêmes l'aboutissement d'une intrigue démarré au volume 2 (Crooked little town). Mais c'est aussi une façon d'humaniser à nouveau Catwoman et d'ouvrir son univers en l'entraînant dans des villes emblématiques de l'univers DC.
Ainsi, à la campagne et New York, Selina renoue avec son mentor, Wildcat - ce qui, au passage, permet à Brubaker d'ironiser sur le nombre d'hommes plus âgés qu'elle côtoie (après Slam Bradley et Batman, ou même Stark dans le graphic novel de Darwyn Cooke, Selina's big score, qui fait partie de la continuité tout en se situant à la périphérie de la série).
Puis à Keystone, elle roule habilement Captain Cold lors d'un braquage mouvementé, merveilleusement conçu par le scénariste.
A Opal City, Holly suggèrera à son amie de proposer sa candidature pour intégrer la JSA maintenant qu'elle est dans le droit chemin - là encore, Brubaker souligne, malin, que la féline n'est pas encore assez angélique pour être une super-héroïne traditionnelle.
Enfin, à St-Roch, tandis qu'Holly retrouve son frère (celui que cherchait donc, à travers le pays, Selina), Catwoman en apprend plus sur ses nouveaux ennemis grâce à Hawkman.
En cinq chapitres, Brubaker a su efficacement élargir le réseau de Catwoman, nous raconter comment elle a pu devenir une athlète capable d'acrobaties dans le ciel de Gotham et de tenir tête à ses adversaires, souligner l'évolution positive de l'héroïne qui est acceptée par d'honnêtes héros (et devient même amie avec Hawkgirl).
Le naturel avec lequel il parvient à intégrer tout cela, la subtilité avec laquelle il campe des personnages féminins qui ne sont pas réduits à des caricatures, le soin avec lequel il traite les seconds rôles, font de cette Wild Ride une lecture plus modeste que Relentless mais très agrèable, rafraîchissante. Comme ses héroïnes, on en sort ragaillardi.
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Cameron Stewart reprend les commandes au dessin et livre des superbes planches, toujours aussi bien mises en scène, avec des personnages expressifs. Son trait simple, rond, à l'encrage ferme (appréciez particulièrement la manière dont il joue avec la lumière et les ombres, soutenu par la colorisation de Matt Hollingsworth), est un vrai régal.

Sur la fin, Stewart est épaulé par Nick Derington d'abord puis, surtout, Guy Davis qui lui ont fourni des layouts (des crayonnés légers) sur lesquels il a effectué les finitions (surtout à l'encrage, son point fort, sa formation de base). Il est intéressant de remarquer que les traits de Davis sont plus perceptibles que ceux de Derington, mais dans les deux cas, l'élégance du dessin reste intacte et la cohérence visuelle inaltérée.
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La fin du run de Brubaker n'a jamais été publié en albums, la série devra même composer avec un crossover de Batman (War games). Paul Gulacy deviendra l'artiste suivant, rompant avec la ligne esthétique du titre depuis les épisodes de Cooke.
Mais, en l'état, les 4 volumes disponibles forment un ensemble très consistant, suffisant (même si l'intrigue des égyptiens reste en suspens), servis par d'excellents dessinateurs et des intrigues fortes, une héroïne redéfinie magistralement.
Un run qu'a choisi (enfin !) de traduire Urban Comics et que les fans de DC (et de bons comics en général) ne devront pas rater en vf.

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