vendredi 15 novembre 2019

BLACK HAMMER / JUSTICE LEAGUE : HAMMER OF JUSTICE ! #5, de Jeff Lemire et Michael Walsh


Hammer of Justice ! s'achève avec ce cinquième épisode. Quoiqu'il soit permis d'en douter car Jeff Lemire laisse la porte ouverte à une suite, très accrocheuse. Espérons donc que DC et Dark Horse s'entendront pour laisser le scénariste réaliser cela. Avec Michael Walsh toujours au dessin, ce qui ne gâcherait rien...


Mr. Mxyzptlk a promis à Green Lantern, Flash et au colonel Weird de renvoyer tout le monde dans sa dimension d'origine à une condition : que les membres du Black Hammer gang soient tous d'accord pour rentrer à la ferme de Rockwood !


Tout repose donc sur la décision de Gail car, depuis que, grâce à Zatanna, elle est redevenue adulte, elle ne souhaite évidemment plus revenir en arrière. Pourtant, en observant la situation critique de Batman, Superman, Cyborg et Wonder Woman, elle cède.


Abe, Barbalien, Gail, Mme Dragonfly retournent donc à Rockwood où ils prêtent main forte avec Flash à la Justice League contre les monstres échappées de la cabane de Dragonfly. Mr. Mxyzptlk glisse à Dragonfly la solution pour renvoyer à Metropolis les héros de la Terre, une fois le combat fini.
  

La Justice League et le Black Hammer gang partagent un bon repas pour fêter l'heureuse issue de cette aventure. Batman promet de tout faire pour permettre aux membres de Black Hammer de quitter la Ferme. Le colonel Weird disparaît pendant ces échanges.


Il reparaît dans la Para-Zone où se trouve Mr. Mxyzptlk, qui avoue avoir provoqué toute cette intrigue dans l'unique but d'accéder à cet endroit. Il s'éclipse, laissant Weird inquiet à la perspective de ce que pourrait faire le lutin dans cette dimension à l'avenir...

Lorsqu'on compare le dénouement de Hammer of Justice ! à celui de Event Leviathan, il faut bien admettre que Jeff Lemire donne une leçon de narration à Bendis. Son crossover est mieux bâti, développé, plus drôle et inventif que le thriller publié par DC. La différence majeure : la liberté certes, mais surtout l'imagination au pouvoir, l'imagination affranchie des contraintes des events habituels.

Bien entendu, comparaison n'est pas raison et je mesure bien la futilité de confronter Event Leviathan à Hammer of Justice !. Mais, en termes de plaisir de lecture, il n'y a pas photo. En cinq épisodes, Lemire arrive à faire vivre, co-exister plus d'une douzaine de personnages, dans une histoire à la fois délirante et captivante, sans jamais se prendre les pieds dans le tapis, en parvenant à établir un vrai suspense.

La rencontre entre Justice League et Black Hammer ne laissera aucune trace dans leurs continuités respectives, c'est un récit type "Elseworlds", détaché de tout, qui n'existe (et n'a été possible) que grâce à cela. A la fin, les jouets ont été rangés et personne ne se plaint, ni les fans de la série de Dark Horse ou de celle de DC. Mais néanmoins, Lemire a été assez fort et malin pour jouer sur des ressorts dramatiques, des éléments de caractérisations, qui ont animé son récit et pourraient inspiré les futurs auteurs de la Ligue de Justice (car Scott Snyder va bientôt quitter le titre - en espérant que son successeur produira des épisodes plus digestes).

Ces qualités s'expriment entre autres via les dialogues, brillants et ironiques, comme lorsque Gail fiche une raclée à Aquaman, qui est ensuite convoité par Barbalien lors d'un repas de fête ; ou quand Dragonfly se moque du goût du secret de Batman (qui venait de reprocher à la sorcière ses cachotteries). Et la fin, entre Weird (dont le nom inspire également un mot d'esprit savoureux) et Mr. Mxyzptlk, est épatante car elle donne un relief particulier au chaos provoqué par le farfadet (tous ces héros n'ont pas changé de place pour son seul divertissement, il voulait surtout découvrir comment entrer dans la Para-Zone).

Michael Walsh se déchaîne dans cet ultime épisode, très rythmé et dense. Les rebondissements se succèdent et grâce à son découpage simple, on ne perd jamais le fil. C'est l'oeuvre d'un narrateur efficace qui a compris que pour ne pas égarer le lecteur, il fallait raconter sobrement et directement ce que le scénariste avait écrit.

Pour autant, le talent de Walsh ne se limite pas à de la sagesse illustrative : quand il a l'occasion de se fendre d'une double-page pour représenter la bataille de Rockwood assaillie par les monstres de la cabane des horreurs de Mme Dragonfly, il le fait avec brio, toujours avec ce souci de lisibilité dans les enchaînements de plans. Et, là encore, les dernières pages, dans la Para-Zone, sont impeccables, traduisant parfaitement le malaise du colonel Weird...

On se dit que si, chez Marvel comme chez DC, on avait laissé Jeff Lemire aux commandes d'un event, les mains libres, cela aurait été grand. Mais Hammer of Justice ! est un très beau lot de consolation. 

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