jeudi 21 février 2013

Critique 378 : X-MEN - CHILDREN OF THE ATOM, de Joe Casey et Steve Rude, Paul Smith, Michael Ryan et Esad Ribic

X-Men : Children Of The Atom est une mini-série en 6 épisodes, écrite par Joe Casey et dessinée par Steve Rude (#1-3), Paul Smith et Michael Ryan (#4), et Esad Ribic (#5-6), publié en 1999-2000 par Marvel Comics.
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Aux Etats-Unis, William Metzger, un activiste extrémiste, est à la tête d'un mouvement d'opposition contre l'apparition de mutants qu'il considère comme une menace pour l'humanité.
Parallèlement, deux hommes travaillent, pour l'un, à enquêter sur Metzger et son mouvement ; pour l'autre, à localiser et recruter de jeunes mutants afin de les former à se défendre en cohabitant avec les homo sapiens : le premier s'appelle Fred Duncan et travaille au FBI, le second Charles Xavier et est un télépathe qui infiltre un lycée en se faisant passer pour un conseiller d'éducation.  
Mais dans l'ombre, un autre acteur va compliquer la donne : c'est un autre mutant, Magneto, qui, lui, est convaincu que la haine des hommes envers ses semblables exige une réponse plus offensive...
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Un lamentable gâchis : voilà le sentiment que l'on a après avoir lu cet album. Un projet édité en dépit du bon sens,, réalisé par une équipe créative gâchée, une histoire qui sombre inéluctablement... Donner du plomb même à des gens de talent, ils n'en feront pas de l'or.
A bien des égards, c'est un triste exemple de ce que le marketing fait subir aux comics. En 1999, l'adaptation cinématographique des X-Men est mise en chantier sous la direction du metteur en scène Bryan Singer (deux suites, un spin-off et une "prequel" seront réalisés, avec à chaque fois des résultats très inégaux, parfois même navrants). Il faut en quelque battre le fer et profiter de cette transposition attendue sur grand écran pour multiplier, sans grande exigence artistique, les séries et mini-séries consacrées aux mutants (comme ce sera le cas ensuite pour tous les super-héros ayant les honneurs du 7ème art).
Parmi tous les projets, X-Men : Les Enfants de l'Atome part avec quelques atouts : un scénariste audacieux (Joe Casey) et un très grand dessinateur (Steve Rude). Le pitch est par ailleurs intéressant, à défaut d'être renversant : il s'agit de montrer les premiers X-Men avant qu'ils ne deviennent une équipe, comment Charles Xavier les repère, les convainc de le suivre.

Les premiers X-Men (qui reviennent aujourd'hui dans la lumière grâce à la série All-New X-Men de Brian Michael Bendis et Stuart Immonen) furent des personnages peu populaires et peu considérés par leurs créateurs (Stan Lee et Jack Kirby), mais pourtant ils reposaient sur un concept aussi simple que fort, très "Marvelien" (une parabole à la fois des transformations de l'adolescence et une métaphore de la lutte pour les droits civiques des noirs américains dans les années 60). En proposant de détailler leur parcours avant d'être des super-héros, Joe Casey avait peu de marge mais assez d'espace pour les animer de manière originale.
Or, il ne fait pas grand'chose, et même parfois rien, avec cs personnages en devenir :  
- Warren Worthington/Angel est décrit comme un mutant pro-actif, protégeant les citoyens tout en employant sa fortune pour que les médias ne se doutent pas de sa double vie. Pas mal, mais c'est le cas de le dire, Casey ne fait que survoler le personnage sans jamais creuser, expliquer son attitude.
- Hank McCoy/le Fauve est la star de l'équipe de foot de son lycée dont la nature sera démasquée lors d'un match. Casey est visiblement plus intéressé par lui que tous les autres, mais une fois son secret découvert, il n'en fait plus rien ! 
- Scott Summers/Cyclope est un ado mal dans sa peau, effrayé par son pouvoir et manipulé par le malfrat qui l'a recueilli. A tout prendre, c'est le personnage le mieux traîté... Jusqu'à que Casey lui donne une assurance aussi soudaine que grossière.
- Bobby Drake/Iceberg est le benjamin du groupe et découvre ses pouvoirs, terrifié. Casey se fiche ostensiblement du personnage, qu'il ne fait qu'esquisser.
- Jean Grey/Marvel Girl est la fille d'un couple de petits bourgeois, plus heureuse avec ses pouvoirs, mais qui doit choisir entre poursuivre des études classiques ou intégrer l'institut de Xavier. Hélas ! Casey ne sait pas en quoi en faire et ne lui réserve que des scènes minuscules.
- Charles Xavier traverse le récit comme une ombre, Magneto apparaît tardivement sans peser suffisamment, l'agent du FBI possède un peu plus de relief (tiraillé entre son devoir et sa bonne volonté, mais lucide aussi bien sur sa hiérarchie que sur sa collaboration avec Xavier), Metzger est une caricature de méchant dont l'extrémisme initial se dilue progressivement dans des jeux de pouvoirs à la subtilité feinte.
La caractérisation est donc pitoyable et plombe toute l'intrigue par ricochet (intrigue brouillonne et dénouée à la va-vite, avec une désinvolture assez minable).
Des incohérences viennent s'ajouter au ratage : Joe Casey suggère une histoire rétro mais y introduit des éléments modernes (notamment sur l'aspect technologique). Tout ça en vérité ne fait pas très sérieux, et ce qui aurait pu passer avec un peu d'humour, un regard tendrement ironique sur les comics d'origine, produit un effet désastreux ici, presqu'insultant pour le travail de Lee et Kirby.
Le rythme est également trop chaotique pour convaincre : les trois premiers épisodes, en narration parallèle, passent relativement bien, mais ensuite l'auteur ne sait visiblement plus où aller, comment relier ce qu'il a développé aux débuts "historiques" de la série, et se vautre de manière pathétique.
A bien des égards, Joe Casey rendrait presque service aux aspirants scénaristes en leur montrant tout ce qu'il ne faut pas faire - en particulier écrire sans avoir un plan solide, un récit solidement bâti, une idée claire.
Reste la partie graphique... Qui confirme le gâchis.
Quand on dispose d'artistes comme Steve Rude, puis Paul Smith ou Esad Ribic, on est en droit d'attendre une copie propre et même inspirée. Mais ces espoirs sont vains. 



Steve Rude dessine donc les trois premiers épisodes (et peint les quatre premières couvertures). Cet artiste exceptionnel rend des planches magnifiques, même si l'encrage d'Andrew Pepoy (pourtant pas maladroit d'habitude) ne lui convient guère (trop épais, inégal). Il est débarqué à la fin du #3, qu'il a mis 7 mois à livrer (ce qui prouve que le projet a été mal préparé éditorialement car une mini-série est lancée très en amont pour éviter ce genre d'impairs).  
Le #4 est donc illustré par Paul Smith, mais il est en petite forme, et Michael Ryan, qui colle maladroitement au style de son collègue. Le mélange ne fonctionne pas et de toute façon, passer après Rude est particulièrement ingrat.
Les deux derniers volets sont confiés à Esad Ribic, mais à cette époque, ce n'est ni dans son style peint ni avec un coloriste-finisseur (comme Dean White sur ses épisodes d'X-Force), et le résultat est médiocre.
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Conclusion : ni vraiment fait, ni à faire. Ou alors pas comme ça. Dommage car Steve Rude pour dessiner les X-Men (en particulier la première promotion), c'était une belle promesse. D'ailleurs, "the Dude" a réalisé cette "pin-up", qui confirme nos regrets :

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