samedi 4 septembre 2010

Critiques 161 : REVUES VF SEPTEMBRE 2010

MARVEL ICONS 65 :
- Les Nouveaux Vengeurs 60 : Panne sèche (6).
La fin du 14 ème arc de la série annonce le crossover Siege, qui sera traduit en vf à partir du mois prochain dans une revue spéciale. Le dénouement de Powerloss synthétise en tout cas ce qu'a apporté Bendis au titre depuis cinq ans en mettant en scène une équipe de Vengeurs souvent en difficulté, comptant un des leurs dans une situation critique, et qui ne doit son salut qu'à l'intervention d'un invité-surprise. Mais, la révolte se profile et avec elle, on assiste à une évolution, celle d'un groupe de justiciers résolu à rendre coup pour coup à son adversaire.
Luke Cage libéré des griffes de Norman Osborn, le Dr Strange devine cependant vite que l'ennemi avait prévu cette possibilité et découvre qu'un traceur doublé d'une bombe a été greffé au coeur du héros. Pour l'ôter, il va falloir le concours d'un allié : Hank Pym, la Guêpe, leader des Puissants Vengeurs.
Osborn, qui croit enfin tenir le moyen de capturer les fugitifs, va avoir une mauvaise surprise... Mais cela va également le décider à déclencher de nouvelles hostilités, en prenant des mesures encore plus radicales !
Brian Michael Bendis rend hommage à ce classique du fantastique qu'est L'Aventure Intérieure dans ce chapitre, mais il le fait avec son détachement coutumier, qui fait sourire ses fans (exemple : Strange et Pym se glissent dans le corps de Cage, Spider-Man balance : - "C'est ouf. T'as deux mecs en toi. - Cage : - Ne redis pas ça.") et horripile les autres.
Et puisque ses héros s'appellent les Vengeurs, il leur offre une vengeance, explosive, à la mesure des tracas que leur fait subir Osborn.
La dernière image dit tout de la folie qui a (re)gagné ce dernier et va conduire aux évènements de Siege.
Stuart Immonen illustre l'épisode avec une aisance formidable : le soin qu'il apporte aux expressions, aux postures des personnages, la fluidité et le dynamisme de son découpage, tout est exemplaire et agrèable - et semble si simple, si évident.
La série a incroyablement gagné depuis son arrivée et son style complète impeccablement celui de Bendis.
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- Les Nouveaux Vengeurs : Girl Power (Annual 3).
Cet épisode "king-size"(38 pages) est le 3ème Annual de la série, à nouveau bizarrement édité par Panini - pour mémoire, le 1er l'avait été dans un HS de "Marvel Icons", le 2ème dans la revue avec le 37ème épisode (qu'il concluait), et celui-là fait est en fait l'épilogue de Dark Reign : La Liste - Les Nouveaux Vengeurs publié voici quatre mois dans un HS de la revue "Dark Reign" !
Petit rappel des faits : Clint Barton, excédé par les exactions d'Osborn, décide d'aller le tuer mais échoue et est fait prisonnier.
En apprenant par un billet qu'il lui a laissée ce qu'il va faire, Mockingbird, catastrophée, sonne le rappel des troupes, mais seules Ms Marvel, Spider-Woman et Jessica Jones sont là pour l'aider à sauver son compagnon...
Affublé d'un titre débile par Panini (Girl Power !... Pourquoi pas "Spice Girls" tant qu'on y est ?), ce nouvel Annual est dans la lignée de ses prédécesseurs, centré sur l'action, tournant autour de Vengeurs dans une situation exceptionnelle (après le mariage mouvementé de Luke Cage et Jessica Jones et l'attaque du manoir du Dr Strange par le gang de the Hood), en l'occurrence le couple formé par Bobbi Morse et Clint Barton.
Dommage que sa publication française ait été faîte en dépit du bon sens puisqu'on a vu Ronin libre et en bonne santé dans NA 60 juste avant et donc qu'on sait que Barton a été sauvé, ce qui tue tout suspense.
Néanmoins, avec son quartet de super-nanas, Bendis nous sert une histoire divertissante, rythmée, à défaut d'être mémorable.
Les illustrations sont signées par Mike Mayhew et Andy Troy : le traitement en couleurs directes donnent un résultat agréable, parfois un brin esthétisant et statique. Toutefois, il fallait à ce récit un artiste capable de dessiner les femmes et sur ce point, c'est réussi (même si leur rouge à lèvres est vraiment digne d'une pub pour les cosmétiques). Le découpage est classique mais offre quelques beaux plans.
Oui, tout cela est joli, manque un peu d'âme et de vie, mais bon, le traitement est atypique comme il se doit pour de genre d'épisode.
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- Iron Man 19 : Dans la ligne de mire (12 - conclusion).
Je ne vais pas m'acharner sur cette série à laquelle je reste hermétique (ou plutôt donc l'écriture et le dessin actuel me déplaisent définitivement).
Néanmoins, difficile de ne pas lire avec stupéfaction une scène comme celle où Maria Hill et la Veuve Noire, sur le point d'être arrêtées par les forces du HAMMER dans la tour des Vengeurs, convainc les soldats de les laisser filer avec ce dialogue édifiant :
- "Ecoutez. Vous êtes ou étiez du SHIELD et vous n'êtes plus que des clowns. Combien en ont assez d'obéir à un pourri et un assassin comme Norman Osborn ? Réfléchissez, les gars. Vous êtes avec qui ?"
Et les deux hors-la-loi s'en vont sans rencontrer de résistance !
Enorme... Comment se fait-il qu'aucun super-héros n'y ait pensé avant et dit aux méchants troufions d'Osborn : "Hé, les gars , rappelez-vous qu'avant vous étiez des gentils, donc laissez-nous filer, merci." ? Sacré Matt Fraction !
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Bilan : un bon numéro avant l' "event" appelé à (encore) tout changer.
MARVEL ICONS HORS-SERIE 18 :
- Captain America : Renaissance (4,5 & 6/6).
Suite et fin de la saga annonçant le retour de Steve Rogers, et une question : le dénouement de l'aventure allait être à la hauteur de l'attente, après un début un peu décevant ? Ne faisons pas durer le suspense et répondons par l'affirmative : Ed Brubaker, Bryan Hitch et Butch Guice réussissent à boucler leur histoire avec brio.
L'esprit de Rogers dissocié de son corps et errant dans le passé et de possibles futurs, Crâne Rouge avec la complicité de sa fille Sin, de Crossbones, Arnim Zola, Norman Osborn et du Dr Fatalis cherche à occuper l'enveloppe charnelle de son ennemi. Mais les alliés du vengeur étoilé - Bucky Barnes, la Veuve Noire, Hank Pym, la Vision, Clint Barton, le Faucon - s'emploient à contrarier ce plan maléfique dont Sharon Carter est la clé : en effet, la jeune femme, manipulée mentalement, a cru avoir tué son amant mais va découvrir qu'elle peut lui permettre de renaître...
Les trois premiers volets du récit de Brubaker mettaient l'accent, un peu trop longuement et pesamment, sur l'errance de l'esprit de son héros, condamné à revivre les épisodes marquants de son passé - autant de moments bien connus des fans et sur lesquels s'était déjà appuyé le scénariste dans la série consacrée à Captain America.
Le résultat donnait le sentiment de faire du surplace, de proposer du déjà-vu, baignant dans des ingrédients s.f. eux aussi manquant d'originalité (comme le transfert de personnalité). Ne restait, même si c'était déjà pas si mal, des illustrations de grande classe.
Avec ces trois chapitres-ci, l'action s'accélère et le spectacle prend de l'ampleur, en même temps que l'ambition du projet s'éclaire : Brubaker semble utiliser le plan de Crâne Rouge comme une métaphore où le criminel nazi, ayant vu le IIIè Reich échouer à dominer le monde durant la 2nde guerre mondiale, veut occuper le corps de son soldat le plus emblématique comme on occupe un pays pour l'asservir. L'idée est vicieuse et très bien trouvée et traitée.
En outre, ce qui était suggéré dans les chapitres précédents est ici confirmé : Brubaker a écrit autant l'histoire du retour de Steve Rogers qu'une histoire des Vengeurs en mettant vraiment en scène une équipe dont tous les membres ont un lien historique et affectif particulier avec Rogers - Bucky, la Veuve Noire, Hank Pym, le Faucon, la Vision, Clint Barton : tous ont été des partenaires fétiches du héros. On pourra presque s'étonner que pour sa future série (Secret Avengers) il n'ait pas voulu (à moins qu'il n'ait pas pu) prolonger l'existence de ce groupe...
L'intrigue se déroule crescendo, les deux niveaux narratifs n'en faisant plus qu'un lorsque Steve Rogers réintègre son corps et que les héros affrontent un Crâne Rouge géant devant le Capitole dans une bataille délirante mais jubilatoire au milieu de cadavres de Modoks, mutilant Sin, terrassant Crossbones.
La fin montre cependant un visage équivoque car Rogers a cru voir son futur (peu réjouissant), ce qui va le conduire à un choix surprenant, et par ailleurs renvoie Osborn à un nouvel et cuisant échec - avec les épisodes des Nouveaux Vengeurs dans Marvel Icons 65, ces évènements convergent tous vers le crossover Siege.
Graphiquement, le tandem formé par Bryan Hitch et Butch Guice confirme tout le bien déjà énoncé dans les précédents volets : la démesure de Hitch retrouve les cîmes auxquelles il nous avait habitués avec Ultimates et l'apport de Guice est particulièrement notable dans le soin apporté aux finitions.
Le mélange des styles des deux artistes produit des effets parfois étonnants où la "patte" de l'un domine l'autre puis inversement : Hitch a un sens du spectacle sur lequel se greffe le trait plus nerveux de Guice. C'est un peu comme si Neal Adams était mixé avec John Holdaway. Mais si c'est quelquefois déroutant, c'est toujours impressionnant et l'on sait que sans eux, cette mini-série n'aurait pas la même allure.
- Captain America : Qui portera le bouclier ?
Bien que Panini ne propose pas, comme il l'avait plus ou moins promis, les doubles couvertures réalisées par Hitch et Guice pour Reborn en bonus, on ne boude pas son plaisir en lisant, en guise d'épilogue, cet extra écrit par Brubaker et co-illustré par Guice et Luke Ross (12 pages chacun) où, sans spoiler personne, on assiste au passage de flambeau (ou plutôt de bouclier) officiel entre le Captain America originel et son successeur, Bucky.
C'est surtout l'occasion de profiter de très belles planches (car ce récit aurait pu être expédié en moitié moins de pages), en particulier de la part de Ross qui s'amuse à donner à Sharon Carter le visage de Faye Dunaway - ainsi qu'une scène avec Obama, réhabilitant le héros.
Bilan : ce hors-série est non seulement fortement conseillé pour comprendre le retour de Cap, mais aussi pour son efficacité narrative et sa force visuelle - une vraie réussite.
DARK REIGN SAGA 4 : SIEGE PROLOGUE.
- Siege : La Cabale.
Afin de préparer le terrain pour l'imminente parution en vf du crossover Siege, Panini publie donc ce nouvel exemplaire du trimestriel Dark Reign Saga, qui ne contient même pas 48 pages mais coûte 4,20 E - plus cher qu'un titre Ultimate pour moins de pages donc... N'aurait-il pas été plus judicieux de proposer le récit principal de cette revue dans le n°1 du mensuel Siege, avec le premier volet de l'event et de Siege : Embedded, pour un prix supérieur ? Non, car tous les moyens sont bons pour faire quelques profits, même si c'est avec des choix éditoriaux ineptes !
Siege : La Cabale boucle la boucle entamée Dark Reign : La Cabale (paru dans le n°1 de la revue Dark Reign, en Octobre 2009) et sert à la fois de mise au point et de bilan pour Norman Osborn et son gang de conspirateurs. Leur alliance a, comme on pouvait s'y attendre, volé en éclats : Emma Frost et Namor ont trahi le nouveau super-flic de l'Amérique, Loki a fait don en douce à The Hood de nouveaux pouvoirs, le Maître de Corvée (administrateur du Camp Hammond) a rejoint la table des discussions, et Fatalis défie son partenaire...
Dark Reign : La Cabale m'avait laissé un sentiment de déception tenace : remake de la première réunion des Illuminati, écrit par un Brian Michael Bendis peu inspiré et surtout affreusement dessiné par un Alex Maleev méconnaissable, cet épisode avait lancé une période (le fameux règne du mal) qui ne m'a pas emballé en surenchérissant sur la situation de crise dans la communauté méta-humaine établie depuis le brillant Civil War.
A présent que se profile l'heure des comptes et une nouvelle ére pour le Marvelverse, ce prologue à Siege n'a rien d'indispensable, mais demeure cependant bien mieux ouvragé. Tout d'abord, Bendis signe un échange très réussi entre Fatalis et Osborn, tendu à souhait, où le roi de Latvèrie méduse son interlocuteur en même temps qu'il le précipite encore plus dans les griffes du fourbe Loki. Ne serait-ce d'ailleurs pas lui qui, dans la superbe scène d'ouverture, inspire à Osborn ce qu'il projette, plutôt que la voix du Bouffon Vert qui le hante depuis qu'il a dirigé les Thunderbolts (durant le run aussi bref qu'épique de Warren Ellis sur le titre) ? En tout cas, à la fin de ce prologue, le choix d'Osborn apparaît clairement expliqué et annonce une saga prometteuse (d'autant qu'elle ne comptera que quatre actes).
Illustré par le tandem Michael Lark-Stefano Gaudiano, qui m'avait enthousiasmé sur Gotham Central et Daredevil, cet épisode est visuellement magnifique, et j'espère que ce duo d'artistes retrouvera vite une série régulière.
- Siège : Origines (1 & 2).
En cinq vignettes, le temps d'une planche, le scénariste Fred Van Lente nous fait réviser nos classiques en résumant de manière enlevée le passé des futurs protagonistes de Siege : des héros comme les deux Captain America, Spider-Man, les Fantastic Four, Wolverine, et des vilains comme le Bouffon Vert, Loki, Dr Fatalis, The Hood, Arès, Sentry, nous sont (re)présentés.
Rien de nouveau sous le soleil pour le connaisseur, mais de bons dessinateurs mis à contribution comme Steve Epting, John Romita Jr, Dale Eaglesham...
Du remplissage, donc. Mais agrèable à regarder.
- Siege : Préparatifs.
Vous aviez oublié le nom des Neuf Mondes selon la mythologie nordique ? Bendis vous offre cette séance de rattrapage de Alfheim à Asgard en passant par Midgard (la Terre).
Si vous n'aimez pas les peintures de Lucio Parrillo (comme moi), vous avez le droit de zapper.
Bilan : vous avez tout lu ? Très bien. Vous êtes donc fin prêts pour Siege et la fin attendue du "Dark Reign". ULTIMATE AVENGERS 3 :
- Ultimate Avengers : La Jeune Génération (5 & 6/6).
Suite et fin du premier arc de Mark Millar et Carlos Pacheco, ces deux épisodes sont dominés par l'action : Crâne Rouge en possession du Cube Cosmique affrontent en Alaska les Vengeurs récemment formés par Nick Fury et Gregory Stark. Le père du criminel qui n'est autre que Captain America, précédemment arrêté par le SHIELD, va-t-il avoir son mot à dire ? Et qui a engagé Crâne Rouge depuis le début de cette histoire ? C'est l'heure des explications et elles vont être musclées !
Je me souviens que, lorsque j'étais ado et que je découvrai les comics super-héroïques, j'étais frappé par ce que j'apprendrai plus tard par formuler comme un mélange de mélodrame et d'action. La prédominance des bagarres et les sentiments exacerbés des protagonistes donnaient à ces lectures une saveur unique en plus des costumes bariolés, des machines fantastiques, des situations primitives où les gentils étaient de vrais braves et les méchants des gens sinistres qu'on voulait voir terrassés.
Aujoud'hui, tout cela a évolué et dans sa ligne "Ultimate", Marvel, en même temps que sont redéfinis ses personnages iconiques, a permis à un auteur comme Mark Millar de bousculer les codes du genre en les violentant. Cela trouve une sorte d'aboutissement avec ses Ultimate Avengers composés de justiciers à la solde du contre-espionnage américain et qui sont tous des tueurs aussi impitoyables que leur ennemi. On peut considérer cette approche comme une perversion ou comme une parodie (je penche pour la seconde hypothèse).
Ce mix de mélodrame et d'action culmine dans ces deux derniers chapitres dans lesquels on assiste à une longue bataille à l'issue incertaine, entre des héros "bad-ass " apprenant sur le tas à bosser ensemble et un méchant en possession d'une arme lui permettant d'exercer son sadisme sur eux. Crâne Rouge s'amuse à faire souffrir ses assaillants alors qu'il pourrait les abattre sans effort et c'est un instant de distraction qui lui sera fatal.
Millar est excellent à ce jeu-là : avec une équipe réduite de Vengeurs et un seul adversaire, comme dans les épisodes 3 et 4, il peut tenir 40 pages sans vous ennuyer, et même sans dialogue, son récit serait compréhensible. Paradoxalement, c'est quand, sur la fin, il nous impose une explication sur les mobiles de Crâne Rouge (digne d'un piètre soap) qu'il nous perd, en justifiant les actes de son affreux méchant il lui ôte une bonne partie de son ignominie... Et du plaisir qu'on a pris à sa défaite.
Carlos Pacheco rend une copie d'une efficacité indéniable, au découpage certes sommaire mais compensé par de la variété dans la composition des images, le dynamisme dans l'enchaînement des vignettes et des planches. On ne met pas beaucoup de temps à lire ça ? Tant mieux : cela prouve que le dessinateur nous a motivé à tourner les pages et c'est ce qu'il faut pour ce type d'histoire. On regrettera juste qu'il ait dû être encré par des partenaires peu inspirés et trop divers (même si Dexter Vines et Tom Palmer s'en sortent bien).
Bilan : un très bon moment. Maintenant, rendez-vous dans deux mois avec une nouvelle aventure et un nouvel artiste (Leinil Yu).

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