Catwoman #31 marque une étape importante pour la série mais aussi le futur des Bat-titles, car DC a annoncé cette semaine un crossover à paraître cet Automne : Fear State. Si jusqu'à présent, Catwoman semblait évoluer à la marge des autres parutions en lien avec Batman, cette fois Ram V s'inscrit dans un plan d'ensemble mis en place par James Tynion IV. Toutefois, cela n'impacte pas la singularité du titre ni l'efficacité de son intrigue. Et Fernando Blanco livre comme toujours de magnifiques planches (avant de souffler un peu).
Après s'être fait inviter à la soirée donnée par le collectionneur Siddhart Roy, Selina Kyle profite de la confusion générée par le vol d'un tableau d'Edgar Degas, pour accéder à la pièce où est retenue Poison Ivy. Elle la libère et organise son exfiltration avec ses complices.
L'opération, menée sans discrétion à partir de là, s'achève par un face-à-face entre Roy et Catwoman, sur le point de fuir à son tour. La perte de Poison Ivy, alors qu'il avait promis à Simon Saint de s'en débarrasser, pousse Roy au suicide.
Simon Saint apprend la mort de Roy et réagit rapidement. Il charge Rhea, sa tueuse, d'éliminer Catwoman et Poison Ivy sans délai. Pendant ce temps, il va s'employer à presser la mairie pour instaurer le programme du Magistrat, dont la première mission sera de purger le quartier d'Alleytown.
Selina Kyle retrouve le mystérieux informateur qui lui avait indiqué où trouver Poison Ivy et qui lui fournit une planque pour cette dernière, dans une église désaffectéee. Lorsque Selina demande à Shoes, qui veille sur Ivy où est Leo, elle l'ignore. Le malheureux est prisonnier du Père Vallée...
La couverture nous met déjà la puce à l'oreille : quelque chose va changer. En effet, Joelle Jones a cédé sa place de cover-artist à Robson Rocha (Jones sort cette semaine le premier épisode de sa mini-série Wonder Girl, Rocha n'a plus aucune série à dessiner). Voilà pour la façade.
Depuis qu'il a repris en main la série Catwoman, Ram V a profité à fond du rebattage des cartes voulu par James Tynion IV, qui a décidé de séparer la féline fatale de Batman pendant un an, une pause pour que les deux amants réfléchissent à leur couple (et certainement pour annuler, à terme, le statu quo établi par Tom King et donc rendre la mini Batman/Catwoman hors continuité). Catwoman évoluait donc à la marge des Bat-titles, sans être impactée par les événements relatés dans Batman ou Detective Comics, mais encore à proximité du dark knight.
Pourtant, lorsqu'on lit ou même survole les séries Batman, Detective Comics, Harley Quinn, on constate que la figure de Simon Saint est récurrente. Ce milliardaire à l'origine du programme du Magistrat, dont on a vu l'aboutissement durant l'event Future State, manoeuvre patiemment pour purger Gotham de ses vigilants, tout en s'employant à convaincre le maire Nakano, et avec l'aide de l'Epouvantail (qui travaille à créer un climat d'insécurité dans la ville de Gotham, pour que ses habitants adhérent au projet de Saint).
Mais ce mois-ci, Catwoman est rattrapée par cette conspiration. Ram V en a fait la protectrice d'Alleytown, en écartant divers caïds et en rassemblant des enfants errants. Puis dernièrement elle a secouru le Sphinx et a été mise sur la piste de Poison ivy, dont les pouvoirs végétaux ont permis la fabrication d'une nouvelle drogue. Guidée par un indicateur mystérieux, elle a localisé Ivy chez un collectionneur, Siddhart Roy à la réception duquel elle s'est invitée sous un faux nom.
La moitié de l'épisode est narrée de manière déconstruite et on apprend comment Selina/Catwoman a dérobé un tableau de Degas chez Roy pour crééer une diversion à la faveur de laquelle elle a libérée et exfiltrée Poison Ivy. En relatant ses manigances à Siddhart Roy, Catwoman, sur le point de fuir, prouve à quel point elle est une cambrioleuse de génie. Mais son récit s'achève sur une note dramatique quand Roy préfére se suicider plutôt que de subir le courroux de Simon Saint, son partenaire en affaires, à qui il avait promis de se débarrasser d'Ivy.
Simon Saint fait donc son entrée dans la série et la vie de Catwoman, même si elle ne sait rien de lui. Ram V consacre les pages suivantes à cet homme qui envoie alors sa tueuse, Rhea (celle-ci qui avait failli éliminer le Sphinx), supprimer Catwoman et Ivy. La chasse est ouverte et Saint n'entend pas en rester là : Alleytown sera le premier quartier de Gotham qu'il nettoiera avec son programme du Magistrat. C'est ce qui a été raconté dans Future State : Catwoman.
Mine de rien, c'est bien fichu. Tout cela a été amené de manière quand même subtile, même s'il était prévisible que Catwoman serait impliquée à un moment ou à un autre tant James Tynion (dans Batman), Mariko Tamaki (dans Detective Comics) et Stephanie Phillips (dans Harley Quinn) tiraient tous dans la même direction. DC a officialisé le crossover intitulé Fear State pour cet Automne, auquel participera aussi John Ridley (avec The Next Batman, pour lier futur et présent dans cette intrigue). Je reste néanmoins prudent car je n'aime guère les crossovers (je préférerai que les séries existent sans devoir être réunies pour des sagas), mais le projet est cohérent et séduisant.
Visuellement, Fernando Blanco s'apprête à faire un court break (il sera remplacé par Evan Cagle, dont j'ai vu quelques planches prometteuses en avant-première). Il livre des planches encore une fois superbes, où sa complicité avec Jordie Bellaire aux colueurs est éblouissante. Le découpage de la première partie de l'épisode est magistral car le lecteur n'est jamais perdu dans la narration à rebours. Tout est mené sur un rythme soutenu mais avec un souci de lisibilité remarquable.
La seconde partie de l'épisode ne déçoit pas non plus. Blanco soigne les décors, qu'il s'agisse du bureau nid d'aigle de Simon Saint avec l'hologramme du quartier d'Alleytown. Il donne à Rhea une présence inquiétante à souhait, qui rappelle celles des répliquants dans Blade Runner. Puis la scène dans l'église abandonnée avec Ivy (qui ne semble plus avoir toute sa tête) possède elle aussi un magnifique écrin, avec des compositions de plans impeccables. Blanco fournit une prestation discrète mais très aboutie, c'est un plaisir pour les yeux, et un parfait complément au scénario de Ram V.
Les prochains mois s'annoncent mouvementés pour Catwoman et riches sur le plan éditorial (ave entre autres un Annual, qui dévoilera les origines du Père Vallée). Mais la série est entre de bonnes mains, de quoi poursuivre l'aventure en confiance.
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