2027. Gotham. Sa planque découverte, Bruce Wayne n'a d'autre choix que de l'évacuer. Il piège le toit pour attirer les nano-drones du Magistrat et en détruire un maximum. Puis il neutralise son logeur, Noah, et sédate sa fille, Hannah, qui travaille comme programmatrice pour le Magistrat.
Noah et Hannah à l'abri, Bruce apprend que cette dernière espionne en vérité le Magistrat depuis qu'elle a été embauchée afin de le pièger en révélant aux médias comment il surveille la population de Gotham. Mais pour assurer la défaite du Magistrat, Bruce a besoin de pirater plus de données.
Le Gardien de la Paix 01 tombe dans le piège tendu par Bruce et voit ses nano-drones détruits dans l'explosion de l'immeuble de Noah. Il est rappelé au QG du Magistrat lui où une alerte à la bombe a été signalée. Le personnel est en cours d'évacuation alors que Hannah achève de siphonner les données du Magistrat.
Une fois sur les lieux, le Gardien de la Paix 01 sait que Batman se trouve dans le QG du Magistrat et y pénètre pour le trouver. Batman couvre la fuite de Hannah et affronte le Gardien de la Paix après avoir activé des explosifs dans le bâtiment...
Mariko Tamaki aura prouvé deux choses en écrivant les quatre épisodes de Dark Detective : d'abord elle s'est totalement et brillamment emparé du contexte futuriste de cet event pour produire une intrigue captivante, et ensuite elle a a démontré qu'elle savait écrire Batman de manière très efficace, sans timidité envers ce personnage iconique auquel elle donne une fin d'une brutalité désespérée étonnante.
Car c'est sans nul doute la plus grande surprise de ce dernier épisode : sa conclusion est d'une noirceur totale, sans issue. L'histoire se termine vraiment pour le dark knight. Bien entendu, le terme même de Future State n'est pas à prendre au pied de la lettre : il s'agit d'un futur, pas du futur. Ce que Tamaki propose ici, c'est un "Elseworld" qui ne contredit pas ce que raconte, par exemple, Tom King dans Batman/Catwoman où Bruce Wayne connaît une autre fin tragique mais bien différente.
Toutefois, et c'est très habile, ce que propose Tamaki est crédible par rapport à Batman : la scénariste a su tirer profit de l'époque à laquelle elle situe son récit. 2027, ce n'est pas si lointain et elle ne s'est pas privée d'adresser des allusions au run de James Tynion IV et à son arc Joker War, dans lequel Bruce Wayne a perdu une part importante de sa fortune, ce qui conduirait au déclin de ses affaires, à la perte de ses contrats, à la dispersion de sa technologie et à la corruption de son matériel.
On peut aussi y lire une référence appuyée au Projet Omac que Batman avait déjà élaboré dans la continuité (avant DC Rebirth, DC New 52, Flashpoint - hé oui, ça commence à dater, ça ne nous rajeunit pas) quand il s'était mis à espionner les méta-humains avant que son programme ne se dérègle. La Magistrature, ce serait alors une version 2.0 du projet Omac à Gotham, un fliquage en règle de la population entière sous couvert de chasse aux masques.
Quand on choisit de tout faire péter comme Tamaki, le plus délicat est de le justifier et elle a su préparer le terrain pour cela. Dos au mur, Batman accomplit un baroud d'honneur pour permettre à Hannah, la fille de son logeur, de siphonner des données compromettantes sur l'espionnage généralisé du Magistrat. Il se sacrifie littéralement pour cela en emportant avec lui le Gardien de la Paix 01.
Au sujet de ce dernier, on pouvait espérer que la révélation de son identité aboutisse à une surprise choquante (certains pariaient sur Damian Wayne), mais, et c'est le seul bémol que j'exprimerai, Tamaki n'en fait rien. Ce n'est qu'un fonctionnaire zélé et revanchard. De même, on ignore qui est le Magistrat, mais c'était plus attendu - je doute même pour ma part qu'il y ait un Magistrat, un seul individu concentrant tout ce pouvoir para-militaire ; je crois plutôt qu'il s'agit d'un groupuscule, tirant les ficelles dans l'ombre.
Une fois encore, les dessins sont extraordinaires. Dan Mora a accompli un boulot phénoménal sur cette mini-série en soignant particulièrement l'environnement futuriste de Gotham, inspiré par l'esthétique de Blade Runner. L'immersion dans le récit, l'ambiance oppressante sont renforcées par ce fabuleux effort sur les décors, et la colorisation de Jordie Bellaire est elle aussi, à ce titre, digne d'éloges.
Par ailleurs, j'aime beaucoup le Batman de Mora : très athlétique mais aussi vulnérable, mal rasé, aux abois, le personnage est parfaitement animé par un dessinateur très solide techniquement mais surtout inspiré par le héros, dans ce type d'intrigue. Les détails apportés au costume sont aussi remarquables car on voit bien que Bruce Wayne a dû modifier son déguisement pour plus de fonctionnalité mais aussi avec beaucoup moins de moyens.
Magistral en tous points.
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2025. Gotham. Après avoir découvert le cadavre en décomposition du Châpelier Fou avec Ravager, Red Hood comprend qu'on a usurpé son alias pour lui faire porter la responsabilité de ce meurtre. Il sème Ravager puis des drones lancés à sa poursuite une fois de retour en ville.
A présent, Jason Todd doit retrouver qui est derrière cette affaire : il se coiffe du casque du premier Red Hood trafiqué par le Châpelier Fou et, perdant tout contrôle sur lui-même, arrive dans la cache du lapun Blanc. Ravager surgit et libère Jason de l'emprise du casque. Puis les Gardiens de la Paix interviennent.
La confusion qui s'ensuit permet au Lapin Blanc, qui n'a pas révèlé pour qui elle travaillait, de s'enfuir. Mais Jason est blanchi. Il prend alors contact avec un mystérieux allié afin que Ravager soit mise à l'abri pendant qu'il continue son enquête...
Dans le cas de Future State : Red Hood, on est dans un autre cas de figure. Car, avant même la fin de sa publication, DC a communiqué sur ce personnage, qui, comme beaucoup d'autres, avait vu sa série annulée juste avant le début de l'event. Ce n'était pas une grande perte car avec un scénariste (Scott Lobdell) pris dans un scandale sexuel, des intrigues lamentables et des dessinateurs atroces, Red Hood faisait peine à voir, et depuis longtemps.
Mais Jason Todd a visiblement des fans chez son éditeur puisque donc ses aventures futuristes connaîtront une suite rapide dans une série intitulée Future State : Gotham. On ne sera pas dépaysé puisque Joshua Williamson et Giannis Milonogiannis resteront aux commandes de ce titre dans lequel le héros traquera le nouveau Batman (et enquêtera sûrement sur le Magistrat, comme la fin de cet épisode le laisse supposer).
Pour l'heure, Red Hood voit sa situation dégénèrer dramatiquement : de chasseur, il devient proie, soupçonné de conspirer contre son employeur grâce à la technologie piratée du Châpelier Fou retrouvé mort. Joshua Williamson nous entraîne dans un récit très vif, facile à suivre, riche en péripéties. C'est ce qui est vraiment agréable ici : bien que Jason Todd travaille pour le méchant, il suscite malgré tout notre sympathie parce qu'il incarne la figure classique du faux coupable.
Ce qui est aussi épatant, ce sont les choix de Williamson : bien qu'il soit considéré par DC comme un scénariste majeur, suite à son run sur Flash et son implication dans les prochains projets de l'éditeur, il a, semble-t-il, préféré des chemins de traverse en ce qui le concerne. Alors qu'on l'annonçait sur une grosse série (Justice League, avant que Bendis ne soit choisi), il se "contente" d'un nouveau mensuel sur Robin (Damian Wayne) et donc la suite de Future State : Red Hood (avant une suite à Future State : Justice League ?). Etonnant. Mais concluant, en tout cas pour ce qui concerne Jason Todd.
A ses côtés, Giannis Milonogiannis livre une prestation très convaincante. Son trait manque un peu d'épaisseur à mon goût, ce qui donne à ses images un côté un peu léger, notamment dans les scènes les plus calmes, où il doit représenter des visages et les émotions qu'ils expriment.
En revanche, quand il y a de l'action et des plans larges, Milonogiannais est au rendez-vous et ce qui fait sa faiblesse devient sa force. Il y a du mouvement, du tonus, dans ses cases, son découpage est direct, sans fioritures. Il a du potentiel, ce garçon, en tout cas.
A suivre.
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