mardi 24 janvier 2012

Critique 305 : CAPTAIN AMERICA 11 - PRISONER OF WAR, de Ed Brubaker, Mitch Breitweiser, Mike Deodato, Butch Guice, Chris Samnee et Ed McGuiness

Captain America 11 : Prisoner Of War rassemble les épisodes 615.1 et 616 à 619 de la série, écrits par Ed Brubaker et dessinés par Mitch Breitweiser (# 615.1), Mike Deodato (# 616-1/2, 617-2/3), Butch Guice (# 617-1/3, 618-2/3, 619-2/3), Ed Mc Guiness (# 616-2/2) et Chris Samnee (# 617-3/3, 618-1/3 et 3/3, 619-1/3 et 3/3), publiés par Marvel Comics en 2011.
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- # 615.1. Dessiné par Mitch Breitweiser. Dave Rickford reçoit un traitement, le costume et un bouclier pour incarner un nouveau Captain America, après que Bucky Barnes ait été renvoyé en Russie pour y purger sa peine de prison (il a été condamné pour meurtres et trahison par contumace). L'apparition de cet individu éveille aussitôt l'attention de Steve Rogers qui le tire d'un mauvais pas quand il est enlevé par des agents de l'A.I.M. . Sharon Carter découvre que Nick Fury est derrière cette mascarade avec pour objectif de précipiter le retour de Rogers comme Captain America.

- # 616 (1/2) : Gulag (1). Dessiné par Mike Deodato. Bucky Barnes purge sa peine de prison dans un goulag de Sibérie. L'endroit est peuplé de criminels avec lesquels l'ex-Soldat de l'Hiver a eu maille à partir dans le passé. Le directeur de l'établissement autorise même des combats entre prisonniers dans la cour et Bucky doit lutter pour y survivre.
- # 616 (2/2) : Must The Be a Captain America ? Dessiné par Ed Mc Guiness. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, Steve Rogers s'interroge sur l'opportunité de revêtir les habits de Captain America, se souvenant qu'il l'est devenu accidentellement, mais songeant aussi que tout le monde le presse de reprendre ce rôle.

- # 617 (1/3) : Gulag (2). Dessiné par Butch Guice. Bucky est dans l'arêne et affronte Grande Ourse. Il n'a guère le temps de savourer sa victoire car déjà il découvre que son prochain adversaire sera un des anciens Titanium Men et que le gang des Pauki-Volki veut le recruter.
- # 617 (2/3) : Black Widow. Dessiné par Mike Deodato. La Veuve Noire et Sharon Carter enquêtent incognito en Russie sur les anciennes missions du Soldat de l'Hiver afin de savoir s'il a, comme l'affirment les autorités, agit de son propre chef dans certaines opérations.
- # 617 (3/3) : Super-Soldier. Dessiné par Chris Samnee. Steve Rogers a appris qu'Henry Gyrich du Département est le responsable de l'extradition de Bucky en Russie. Lorsque le fonctionnaire est la cible d'un attentat, il devient évident qu'un accord officieux a été passé avec les russes.

- # 618 (1/3) : Agent 13. Dessiné par Chris Samnee. Sharon Carter laisse la Veuve Noire aller libérer Bucky après qu'elles aient découvert qu'un certain colonel Rostov cherche à faire disparaître les documents le liant au Soldat de l'Hiver.
- # 618 (2/3) : Gulag (3). Dessiné par Butch Guice. Bucky vainc Bullski, l'ex-Titanium Man, sans se douter que le directeur est complice de l'ancien colonel Rostov pour essayer de le briser moralement. Lorsqu'un autre détenu (l'ex-Dynamo Pourpre) veut l'entraîner dans une évasion après avoir déclenché une émeute, Bucky refuse. Il a raison car c'est un piège, mais il s'y fait prendre quand même. A son réveil, il est aux mains de Rostov.
- # 618 (3/3) : Super-Soldier. Dessiné par Chris Samnee. Steve Rogers interroge Gyrich quand Nick Fury l'appelle sur une scène de crime. Les deux victimes sont le contact de Gyrich à l'ambassade de Russie et un ancien espion sous couverture aux Etats-Unis depuis 1978. Autant de nouveaux éléments accréditant la thèse d'une machination patiemment élaborée contre Bucky et l'Amérique.

- # 619 (1/3) : Black Widow. Dessiné par Chris Samnee. La Veuve Noire se rend en Sibérie avec le projet de libérer Bucky du goulag. Mais, surprise, à son arrivée sur place, l'endroit est en flammes !
- # 619 (2/3) : Gulag (4). Dessiné par Butch Guice. Bucky, torturé par Rostov, comprend que l'ancien colonel a placé aux Etats-Unis des agents dormants que le Soldat de l'Hiver a formé et qui attendent d'être activés. Puis, profitant d'un nouveau combat, contre la la Licorne, Bucky en profite pour s'évader. Il retrouve la Veuve Noire avec laquelle il peut quitter la Russie.
- # 619 (3/3) : Super-Soldier. Dessiné par Chris Samnee. Après avoir neutralisé les agents dormants soviétiques avec Nick Fury et appris que Bucky s'était évadé, Steve Rogers s'explique avec le président qui lui fait comprendre que Barnes ne pourra de toute façon plus redevenir Captain America...
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Ces épisodes concluent, de manière officieuse, la série Captain America avant sa redistribution : deux titres vont lui succéder, avec d'un côté un relaunch (par Ed Brubaker et Steve McNiven) et de l'autre une suite (conservant la numérotation actuelle) intitulée Captain America and Bucky (par Ed Brubaker, Marc Andreyko et Chris Samnee).
Le programme de cet album est riche, comme en témoignent les résumés ci-dessus.
D'abord, Brubaker se penche sur la situation de Steve Rogers : à présent que Bucky ne peut plus incarner Captain America (à cause de son emprisonnement en Russie et de ses antécédents comme Soldat de l'Hiver rendus publics lors de son procés), tout le monde le pousse à reprendre le rôle. Nick Fury complote en coulisses, le gouvernement américain le presse de ressuciter le symbole. Le scénariste se montre très à l'aise dans cette partie psychologique.    
Ensuite, nous assistons à l'incarcération de Bucky dans un goulag où il est cerné par d'anciennes victimes du Soldat de l'Hiver. Le directeur de l'endroit, complice de l'ex-"programmateur" du prisonnier, autorise des combats de gladiateurs, moins pour tuer Barnes que pour lui saper le moral. Le héros doit affronter des adversaires de plus en plus dangereux et composer avec des détenus qui lui offrent leur protection. L'action domine dans cette partie, menée sur un rythme tendu.
Enfin, nous suivons les investigations de Sharon Carter et la Veuve Noire en Russie, qui mettent progressivement à jour (avec Steve Rogers en Amérique) la machination contre Bucky et une entreprise terroriste aux Etats-Unis. Cette dernière section est passionnante, dans le registre des récits d'espionnage où excelle Brubaker.
Si les derniers arcs de la série, depuis que Bucky était devenu Captain America, étaient inégaux, alternant le bon et le moyen (parfois à l'intérieur d'une même histoire), cette plongée dans une Russie conspirationniste comme aux heures les plus sombres de la guerre froide, avec son héros constamment en danger et ses amis investigant sur les coulisses de l'affaire, est une grande réussite qui compte parmi les meilleurs moments du titre depuis le début de l'ére Brubaker.
Assez curieusement, l'auteur, qui a été si emprunté avec Secret Avengers, au casting trop fourni et aux intrigues peu inspirées, réussit, sans être aussi formel, à écrire un vrai team-book dans ces chapitres de Captain America, en convoquant Steve Rogers, Sharon Carter, la Veuve Noire, Nick Fury (et avant cela le Faucon). Que n'a-t-il pas employé cette équipe pour Secret Avengers ?
En tout cas, après avoir lu cela, et en enchaînant sur Fear Itself # 3, le sort de Bucky prend une toute autre envergure, et on comprend bien la façon dont Brubaker a laissé Matt Fraction utiliser ce personnage.
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La partie graphique, malgré le défilé et la rotation des artistes pour une seule histoire, est fabuleuse. Il faut dire que le casting est de grande classe.
Mitch Breitweiser signe le prologue avec ce trait nerveux et élégant parfait pour ce titre. Ce dessinateur mériterait de travailler sur un arc entier.
Mike Deodato assure des planches pleine de puissance, où son art expressionniste est idéalement exploité.
Chris Samnee illustre des back-ups jubilatoires, aussi à l'aise quand il anime Steve Rogers que Sharon Carter et (surtout) la Veuve Noire.
Butch Guice, encré par Stefano Gaudiano, est lui aussi dans une très grande forme : sa représentation du goulag et des combats est d'une entensité extraordinaire.
Seule la présence d'Ed McGuiness fait un peu tâche, même s'il rend une coipe honnête.
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A n'en pas douter, un des meilleurs recueils d'épisodes de la série pour son époque Brubaker. 

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