dimanche 15 mai 2011

Critique 231 : MARVEL - LES GRANDES SAGAS 3 : IRON MAN, de Warren Ellis et Adi Granov


Ce troisième album de la collection "Marvel : Les Grandes Sagas" est aussi le premier à proposer une seule histoire complète - et pas des moindres : c'est une histoire qui a fait date, puisqu'elle rassemble les 6 premiers épisodes du volume 4 de la série Iron Man, écrits par Warren Ellis et illustrés par Adi Granov, publiés par Marvel entre Janvier 2005 et Mai 2006.
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Tony Stark est un homme d'affaires richissime et un futurologue : il a construit l'armure d'Iron Man après avoir été la cible de terroristes en Afghanistan et est devenu un super-héros. Mais sa position est ambiguë : il veut à la fois pacifier le monde tout en faisant commerce d'armes, fournissant l'armée et le contre-espionnage. A l'époque où il a commencé à mener, en secret, sa double vie, il a également rencontré Maya Hansen, une brillante scientifique étudiant la formule du super-soldat (qui a engendré Captain America) : aujourd'hui, elle a mis au point l'Extremis, un concentré bioélectronique dopant le métabolisme, mais encore expérimental. Ce sérum a été vendu par le Dr Aldrich Killian de Futurepharm à un terroriste, Mallen, dont la famille a été exécutée par les agents fédéraux et qui veut se venger. Iron Man pourra-t-il le vaincre ? Et si oui, à quel prix ?
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La conception de cette histoire en six parties a marqué d'une pierre blanche la série Iron Man, non seulement parce qu'elle en inaugurait le quatrième volume, mais aussi par la qualité de son équipe créative et la durée de sa réalisation. Marvel a laissé le temps à Adi Granov, dont la technique graphique est laborieuse, de travailler : commencés en Janvier 2005, ces épisodes n'ont été achevés qu'un an et demi après, en Mai 2006 !
Commençons, une fois n'est pas coutume, par parler justement de Granov : adepte du style photo-réaliste, ses planches sont saisissantes, mélangeant des photos retouchées, des dessins peints numériquement, mais si cette méthode est bluffante quand il s'agit de représenter le héros en armure (à tel point que ses designs seront réutilisés pour l'adaptation cinématographique d'Iron Man, réalisé par Jon Favreau, avec Robert Downey Jr), le résultat est plus mitigé lorsqu'il s'agit de personnages ordinaires. De fait, le rendu est un peu froid, désincarné, les postures sont raides, l'expressivité des personnages limitée (quand bien même Granov s'est visiblement inspiré de Tom Cruise pour son Tony Stark).
Depuis Granov se consacre exclusivement à son activité de designer et de cover-artist, sans que ses productions soient plus vivantes.
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Le choix de Warren Ellis pour la rédaction du scénario est une évidence : l'auteur de Planetary est en effet obsédé par les rapports entre la technologie et l'homme/surhomme. On retrouve ce thème dans cette histoire où Stark est à la croisée des chemins, s'interrogeant sur son rôle de marchands d'armes, affrontant un adversaire modifié scientifiquement, et décidant de se transformer radicalement pour le terrasser. Jamais plus le personnage ne sera le même après cette saga.
Ellis alterne chapitres rythmés et séquences plus calmes, mais sa décompression narrative dont il a été le praticien le plus emblématique de sa génération (en faisant une sorte de "parrain" des Millar, Bendis, Brubaker et compagnie) ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu'il l'emploie dans des projets personnels. Ici, il exécute une commande sans beaucoup s'y investir et en devant respecter le cadre d'un héros qu'il ne peut pas révolutionner profondèment. Ce n'est pas désagrèable, mais impersonnel et inégal, parfois redoutablement efficace, parfois terriblement banal.

Un album important malgré ses faiblesses. A suivre : X-Men : Deadly Genesis par Ed Brubaker et Trevor Hairsine...

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