Daredevil by Mark Waid, Volume 3 rassemble les épisodes 11 à 15 de la série écrite par Mark Waid ainsi que les épisodes 6 de Avenging Spider-Man (co-écrit par Waid et Greg Rucka) et 10 de Punisher (écrit par Rucka), publiés en 2012 par Marvel Comics.
Les dessins sont signés Marco Checchetto (Daredevil #11, Avenging Spider-Man #6 et Punisher #10 ), Koi Pham (Daredevil #13) et Chris Samnee (Daredevil #12, 14-15).
Jusqu'à présent, il a réussi à tenir chacun à bonne distance en menaçant de divulguer ces secrets, évitant à la fois des représailles contre ses proches et une guerre de gangs.
Mis au courant, Mr Fantastic demande à Spider-Man (membre de sa Fondation du Futur) de récupérer le disque. Mais Frank Castle/le Punisher et son acolyte Rachel Cole-Alves ont la même idée (eux pour éliminer tous ces malfrats).
Les quatre justiciers conviennent d'une alliance suivant un plan de Daredevil qui veut attirer toutes les organisations dans un traquenard pour les persuader qu'il veut détruire le disque. Mais tout le monde va-t-il suivre ce plan ?
Moins d'un an après sa relance, Marvel impose déjà son deuxième crossover à Daredevil (après celui lui dans le précédent volume où le héros faisait déjà équipe avec Spider-Man et rencontrait Black Cat, avec déjà le disque Oméga au coeur de l'intrigue). Cette fois, à la recette s'ajoute le Punisher : une addition logique étant donné l'enjeu, mais pour un résultat dispensable.
La complicité entre Waid et Rucka et leur bonne maîtrise des personnages (qu'ils animent ou qu'ils ont dû greffer à l'histoire comme Spider-Man) garantit une bonne tenue au récit : la caractérisation des protagonistes est à la fois bien sentie et exploitée et le crossover n'a pas gâché les lignes narratives qu'ils développaient chacun de leur côté avant et après.
Dans le cas précis du Daredevil de Waid, c'est l'occasion de broder autour du disque Oméga apparu dans son run dès son deuxième arc (à partir du #4) et qui a placé son héros dans une situation intéressante : le voilà en possession d'un pouvoir fondé sur la connaissance (les secrets des organisations criminelles) et qui fait de lui à la fois une cible mouvante et un homme dangereux. Comme le scénariste a (brillamment) suggéré que, après une série d'épreuves (décrite dans les runs de Bendis, Brubaker et Diggle), Matt Murdock évoluait désormais dans une sorte de déni, affichant une large sourire face à l'adversité mais cachant peut-être une vraie folie, la situation est particulièrement savoureuse (le revoilà dans une position dominante... Mais aussi suicidaire).
Dans le cas du Punisher et de sa partenaire, Rachel Cole-Alves, Rucka est moin subtil car la position des deux personnages est sans mystère : avoir le disque leur permettrait d'accomplir leur vengeance dans un bain de sang. Mais Rucka a suffisamment de savoir-faire pour écrire cela avec intelligence et il s'amuse avec le fait qu'un de deux personnages va trahir les autres.
Dans le cas de Spider-Man, ici extrait d'une de ses nombreuses séries secondaires (depuis annulée), l'addition est beaucoup plus artificielle, et les talents conjugués de Waid et Rucka ne suffisent pas à le faire oublier : en mission pour les Fantastiques (auquel il est attaché à l'époque dans la série écrite par Jonathan Hickman), son rôle ne dépasse jamais ce stade et n'interagit pas assez avec ce qu'on sait déjà de ses relations complexes avec le Punisher et Daredevil. Tout juste assaisonne-t-il le récit de quelques répliques assez drôles, mais ce bavardage incessant ne suffit pas à donner un peu d'humour à une histoire dans laquelle d'ailleurs il n'y en a pas besoin. Waid et Rucka semblent en vérité aussi embarrassé par le Tisseur que le Tisseur est gêné par les méthodes expéditives du Punisher et la stratégie tordue de Daredevil.
Le meilleur à tirer de ces trois épisodes, ce sont les dessins superbes, dans un style réaliste, de l'italien Marco Chechetto : il aime visiblement les trois héros (grand fan déclaré de Spidey, il dessine la série du Punisher et maîtrise bien Daredevil) et réalise des planches très soignées en termes de détails, avec un encrage qu'il signe lui-même, à la fois fin et souple. Visuellement, ce crossover est une réussite (avec, en prime les couleurs de Matt Hollingsworth).
Mais aussi beau et efficace soit-il, ce "triel" a du mal à passionner. Tout cela sent trop le "coup" éditorial, la réunion forcée, avec au final un dénouement décevant, au goût prononcé de "tout ça pour ça". L'aventure a beau être riche en action, elle affiche un suspense tout relatif et sa conclusion ne fait que souligner la vanité du projet puisqu'on n'est guère plus avancé qu'au début.
Les auteurs n'ont pas su non plus éviter les clichés, avec des héros qui, bien qu'en très nette minorité et avançant contre une horde d'ennemis avec un minimum de préparation, s'en sortent sans bobos. Le souci est accentué par le fait que l'aspect fantaisiste de certaines situations est contredit par le réalisme de leur illustration : Waid et (dans une moindre mensure) Rucka s'amusent, là où Checchetto fait tout son possible pour rendre cela visuellement plausible, ça ne peut pas fonctionner.
Bref, ce crossover n'est pas déplaisant mais inutile : le divertissement comme l'intrigue tournent rond et ne produisent rien qui fassent progresser de manière évidente l'ensemble (et ce pour les trois héros - Spider-Man quitte la partie aussi frustré que le lecteur, le Punisher se retire sans insister, Daredevil réfléchit déjà à une nouvelle tactique). Dommage, mais instructif : à force de contraindre ce Daredevil rafraîchi par Waid à se mélanger à d'autres, surtout à intervalles trop rapprochés, sa série subit des détours sans intérêt.
Heureusement, la suite va nous prouver que, à nouveau seul aux commandes, Waid rétablit la situation et va même relancer la machine dans une direction palpitante...
- 2ème partie (Daredevil #12-15 ; écrit par Mark Waid, dessiné par Chris Samnee pour les #12, 14-15, et Koi Pham pour le #13). Daredevil a compris, après son aventure avec Spider-man et le Punisher, que le disque Oméga en sa possession ne calme pas les intimidations des organisations criminelles : il lui faut donc trouver imaginer une nouvelle ruse qui lui permettra à la fois de se débarrasser de ses assaillants tout en assurant la sécurité de ces données sur eux. Il est d'autant plus décidé à réagir qu'il est sur le point de séduire sa collègue Kristen McDuffie. Malheureusement, quand il pense l'affaire pliée (avec ses ennemis et l'assistante du procureur), Matt Murdock va se retrouver expédier en Latvérie, le pays sous le joug du Dr Fatalis...
Après le crossover décevant de la première partie de l'album, Mark Waid a la double tâche de rassurer le lecteur et d'imprimer une évolution sensible à la série, qui commence à s'enliser dans l'intrigue du disque Oméga.
Le scénariste va commencer par recevoir un renfort décisif pour cela (et la suite de son run) avec l'arrivée aux dessins de Chris Samnee, dont le talent va donner un véritable second souffle à la série (Paolo Rivera ayant alors annoncé qu'il quittait son poste pour se contenter de signer les couvertures).
Les deux nouveaux partenaires commencent leur collaboration par une merveille de drôlerie, à la fois sexy et touchant, en mettant en scène une sortie amoureuse entre Matt Murdock et Kristen McDuffie : cet épisode permet de se recentrer sur le héros, son nouveau "dossier" amoureux et de faire le point sur son amitié avec Foggy Nelson via un flash-back expliquant la véritable naissance de leur complicité (lorsqu'un de leurs professeurs de Droit avait pris en grippe Nelson).
Waid est particulièrement inspiré et Samnee montre tout de suite qu'il est l'artiste que la série attendait : une première page à l'érotisme trompeur, des gags et gimmicks visuels à foison, une construction d'une fluidité admirable, des personnages bien campés, et un cliffhanger efficace, en une vingtaine de pages, une somme de choses importantes sont dîtes, rappelées, précisées, sur un ton à la fois badin et intelligent, plein d'esprit, avec des visuels inventifs et sobres. Oublié le sentiment frustrant des derniers temps, Daredevil repart du bon pied et le lecteur est à nouveau accroché.
L'épisode 13 laisse du coup songeur à plus d'un titre : d'abord, Marvel confie les dessins à nouveau à Koi Pham, qui, même aidé par l'encreur vétéran Tom Palmer, est toujours d'une consternante médiocrité ; et ensuite Waid, bien que résolu à clore l'affaire du disque Oméga, imagine une ruse grossière qui ne flatte ni son talent ni celui de son héros (en fait, la solution choisie aurait pu être prise depuis le début !). L'unique point positif se trouve à la toute dernière page, dans la toute dernière case...
Et, en même temps que Samnee revient aux dessins (et cette fois pour de bon), l'intrigue rebondit et nous entraîne dans une aventure épatante : Daredevil a été enlevé par le Dr Fatalis (même si on ne le verra pas pendant l'histoire, le seul point négatif) et privé de ses pouvoirs en représailles pour son action dans l'affaire Mégacrime (les organisations enregistrées par le disque Oméga faisaient, entre autres, affaire avec la Latvérie). Après avoir tenté de fuir (avec à la clé une superbe séquence empruntant à la fois au Fantôme de Lee Falk et La Grande Evasion de John Sturges), Murdock est le cobaye de Beltane, un ministre local, qui veut découvrir la vérité sur son 6ème sens et savoir ce qu'il est advenu du disque.
Waid retrouve une forme olympique avec ces épisodes : d'un côté, il mène le lecteur par le bout du nez (la promesse non tenue d'un affrontement DD-Fatalis, la perte des sens de DD...), et de l'autre, il développe un récit plein de rebondissements, de suspense (l'évasion ratée, la convalescence express, le final incertain...). e mélange produit un résultat vibrant au courage, à la pugnacité du héros sans occulter sa détresse passagère, nuançant à a fois la qualité d' "homme sans peur" de Daredevil et son comportement suspect depuis plusieurs épisodes. La suite d'annonce passionnante, car Murdock sort très esquinté de ce voyage en Latvérie et ne devra son salut qu'à une bonne dose de chance, mais aussi parce qu'avec ces épisodes, on tourne enfin la page sur la le disque Oméga.
Visuellement, c'est aussi une grande réussite : Samnee joue beaucoup avec les à-plats noirs, s'inspirant de l'esthétique des films noirs et d'épouvante, avec des découpages à l'apparence très simple mais au montage subtil et inventif, une mise en scène élaborée, des personnages aux expressions savamment exagérées qui soulignent l'hystérisation (dans la menace ou la panique) des protagonistes. C'est très vivant, dynamique, avec une touche rétro délicieuse.
Ce troisième volume est en demi-teintes donc : éditorialement, la série souffre en devant en croiser d'autres (alors que Daredevil fonctionne toujours mieux en ne devant pas trop s'inscrire dans une logique d'univers partagé), mais en même temps, les derniers épisodes promettent énormément, avec en prime l'addition artistique de Chris Samnee dont la complémentarité avec Mark Waid est instantanée.
Sans doute fallait-il en passer par là pour que la série trouve son équilibre et file vers de prochains chapitres plus palpitants.
Les dessins sont signés Marco Checchetto (Daredevil #11, Avenging Spider-Man #6 et Punisher #10 ), Koi Pham (Daredevil #13) et Chris Samnee (Daredevil #12, 14-15).
*
L'album se compose de deux parties :
- 1ère partie (Avenging Spider-Man #6, écrit par scénario de Greg Rucka et Mark Waid / Punisher #10, écrit par Rucka / Daredevil #11, écrit par Waid. Les 3 épisodes sont dessinés par Marco Chechetto). Daredevil
possède encore le disque Oméga, conçu à partir des molécules instables d'un costume des 4 Fantastiques et qui contient une somme d'informations compromettantes sur les activités de plusieurs organisations criminelles (l'A.I.M., l'Hydra, le Black Spectre, l'Empire Byzantine et le Secret
Empire). Jusqu'à présent, il a réussi à tenir chacun à bonne distance en menaçant de divulguer ces secrets, évitant à la fois des représailles contre ses proches et une guerre de gangs.
Mis au courant, Mr Fantastic demande à Spider-Man (membre de sa Fondation du Futur) de récupérer le disque. Mais Frank Castle/le Punisher et son acolyte Rachel Cole-Alves ont la même idée (eux pour éliminer tous ces malfrats).
Les quatre justiciers conviennent d'une alliance suivant un plan de Daredevil qui veut attirer toutes les organisations dans un traquenard pour les persuader qu'il veut détruire le disque. Mais tout le monde va-t-il suivre ce plan ?
Moins d'un an après sa relance, Marvel impose déjà son deuxième crossover à Daredevil (après celui lui dans le précédent volume où le héros faisait déjà équipe avec Spider-Man et rencontrait Black Cat, avec déjà le disque Oméga au coeur de l'intrigue). Cette fois, à la recette s'ajoute le Punisher : une addition logique étant donné l'enjeu, mais pour un résultat dispensable.
La complicité entre Waid et Rucka et leur bonne maîtrise des personnages (qu'ils animent ou qu'ils ont dû greffer à l'histoire comme Spider-Man) garantit une bonne tenue au récit : la caractérisation des protagonistes est à la fois bien sentie et exploitée et le crossover n'a pas gâché les lignes narratives qu'ils développaient chacun de leur côté avant et après.
Dans le cas précis du Daredevil de Waid, c'est l'occasion de broder autour du disque Oméga apparu dans son run dès son deuxième arc (à partir du #4) et qui a placé son héros dans une situation intéressante : le voilà en possession d'un pouvoir fondé sur la connaissance (les secrets des organisations criminelles) et qui fait de lui à la fois une cible mouvante et un homme dangereux. Comme le scénariste a (brillamment) suggéré que, après une série d'épreuves (décrite dans les runs de Bendis, Brubaker et Diggle), Matt Murdock évoluait désormais dans une sorte de déni, affichant une large sourire face à l'adversité mais cachant peut-être une vraie folie, la situation est particulièrement savoureuse (le revoilà dans une position dominante... Mais aussi suicidaire).
Dans le cas du Punisher et de sa partenaire, Rachel Cole-Alves, Rucka est moin subtil car la position des deux personnages est sans mystère : avoir le disque leur permettrait d'accomplir leur vengeance dans un bain de sang. Mais Rucka a suffisamment de savoir-faire pour écrire cela avec intelligence et il s'amuse avec le fait qu'un de deux personnages va trahir les autres.
Dans le cas de Spider-Man, ici extrait d'une de ses nombreuses séries secondaires (depuis annulée), l'addition est beaucoup plus artificielle, et les talents conjugués de Waid et Rucka ne suffisent pas à le faire oublier : en mission pour les Fantastiques (auquel il est attaché à l'époque dans la série écrite par Jonathan Hickman), son rôle ne dépasse jamais ce stade et n'interagit pas assez avec ce qu'on sait déjà de ses relations complexes avec le Punisher et Daredevil. Tout juste assaisonne-t-il le récit de quelques répliques assez drôles, mais ce bavardage incessant ne suffit pas à donner un peu d'humour à une histoire dans laquelle d'ailleurs il n'y en a pas besoin. Waid et Rucka semblent en vérité aussi embarrassé par le Tisseur que le Tisseur est gêné par les méthodes expéditives du Punisher et la stratégie tordue de Daredevil.
Le meilleur à tirer de ces trois épisodes, ce sont les dessins superbes, dans un style réaliste, de l'italien Marco Chechetto : il aime visiblement les trois héros (grand fan déclaré de Spidey, il dessine la série du Punisher et maîtrise bien Daredevil) et réalise des planches très soignées en termes de détails, avec un encrage qu'il signe lui-même, à la fois fin et souple. Visuellement, ce crossover est une réussite (avec, en prime les couleurs de Matt Hollingsworth).
Mais aussi beau et efficace soit-il, ce "triel" a du mal à passionner. Tout cela sent trop le "coup" éditorial, la réunion forcée, avec au final un dénouement décevant, au goût prononcé de "tout ça pour ça". L'aventure a beau être riche en action, elle affiche un suspense tout relatif et sa conclusion ne fait que souligner la vanité du projet puisqu'on n'est guère plus avancé qu'au début.
Les auteurs n'ont pas su non plus éviter les clichés, avec des héros qui, bien qu'en très nette minorité et avançant contre une horde d'ennemis avec un minimum de préparation, s'en sortent sans bobos. Le souci est accentué par le fait que l'aspect fantaisiste de certaines situations est contredit par le réalisme de leur illustration : Waid et (dans une moindre mensure) Rucka s'amusent, là où Checchetto fait tout son possible pour rendre cela visuellement plausible, ça ne peut pas fonctionner.
Bref, ce crossover n'est pas déplaisant mais inutile : le divertissement comme l'intrigue tournent rond et ne produisent rien qui fassent progresser de manière évidente l'ensemble (et ce pour les trois héros - Spider-Man quitte la partie aussi frustré que le lecteur, le Punisher se retire sans insister, Daredevil réfléchit déjà à une nouvelle tactique). Dommage, mais instructif : à force de contraindre ce Daredevil rafraîchi par Waid à se mélanger à d'autres, surtout à intervalles trop rapprochés, sa série subit des détours sans intérêt.
Heureusement, la suite va nous prouver que, à nouveau seul aux commandes, Waid rétablit la situation et va même relancer la machine dans une direction palpitante...
- 2ème partie (Daredevil #12-15 ; écrit par Mark Waid, dessiné par Chris Samnee pour les #12, 14-15, et Koi Pham pour le #13). Daredevil a compris, après son aventure avec Spider-man et le Punisher, que le disque Oméga en sa possession ne calme pas les intimidations des organisations criminelles : il lui faut donc trouver imaginer une nouvelle ruse qui lui permettra à la fois de se débarrasser de ses assaillants tout en assurant la sécurité de ces données sur eux. Il est d'autant plus décidé à réagir qu'il est sur le point de séduire sa collègue Kristen McDuffie. Malheureusement, quand il pense l'affaire pliée (avec ses ennemis et l'assistante du procureur), Matt Murdock va se retrouver expédier en Latvérie, le pays sous le joug du Dr Fatalis...
Après le crossover décevant de la première partie de l'album, Mark Waid a la double tâche de rassurer le lecteur et d'imprimer une évolution sensible à la série, qui commence à s'enliser dans l'intrigue du disque Oméga.
Le scénariste va commencer par recevoir un renfort décisif pour cela (et la suite de son run) avec l'arrivée aux dessins de Chris Samnee, dont le talent va donner un véritable second souffle à la série (Paolo Rivera ayant alors annoncé qu'il quittait son poste pour se contenter de signer les couvertures).
Les deux nouveaux partenaires commencent leur collaboration par une merveille de drôlerie, à la fois sexy et touchant, en mettant en scène une sortie amoureuse entre Matt Murdock et Kristen McDuffie : cet épisode permet de se recentrer sur le héros, son nouveau "dossier" amoureux et de faire le point sur son amitié avec Foggy Nelson via un flash-back expliquant la véritable naissance de leur complicité (lorsqu'un de leurs professeurs de Droit avait pris en grippe Nelson).
Waid est particulièrement inspiré et Samnee montre tout de suite qu'il est l'artiste que la série attendait : une première page à l'érotisme trompeur, des gags et gimmicks visuels à foison, une construction d'une fluidité admirable, des personnages bien campés, et un cliffhanger efficace, en une vingtaine de pages, une somme de choses importantes sont dîtes, rappelées, précisées, sur un ton à la fois badin et intelligent, plein d'esprit, avec des visuels inventifs et sobres. Oublié le sentiment frustrant des derniers temps, Daredevil repart du bon pied et le lecteur est à nouveau accroché.
L'épisode 13 laisse du coup songeur à plus d'un titre : d'abord, Marvel confie les dessins à nouveau à Koi Pham, qui, même aidé par l'encreur vétéran Tom Palmer, est toujours d'une consternante médiocrité ; et ensuite Waid, bien que résolu à clore l'affaire du disque Oméga, imagine une ruse grossière qui ne flatte ni son talent ni celui de son héros (en fait, la solution choisie aurait pu être prise depuis le début !). L'unique point positif se trouve à la toute dernière page, dans la toute dernière case...
Et, en même temps que Samnee revient aux dessins (et cette fois pour de bon), l'intrigue rebondit et nous entraîne dans une aventure épatante : Daredevil a été enlevé par le Dr Fatalis (même si on ne le verra pas pendant l'histoire, le seul point négatif) et privé de ses pouvoirs en représailles pour son action dans l'affaire Mégacrime (les organisations enregistrées par le disque Oméga faisaient, entre autres, affaire avec la Latvérie). Après avoir tenté de fuir (avec à la clé une superbe séquence empruntant à la fois au Fantôme de Lee Falk et La Grande Evasion de John Sturges), Murdock est le cobaye de Beltane, un ministre local, qui veut découvrir la vérité sur son 6ème sens et savoir ce qu'il est advenu du disque.
Waid retrouve une forme olympique avec ces épisodes : d'un côté, il mène le lecteur par le bout du nez (la promesse non tenue d'un affrontement DD-Fatalis, la perte des sens de DD...), et de l'autre, il développe un récit plein de rebondissements, de suspense (l'évasion ratée, la convalescence express, le final incertain...). e mélange produit un résultat vibrant au courage, à la pugnacité du héros sans occulter sa détresse passagère, nuançant à a fois la qualité d' "homme sans peur" de Daredevil et son comportement suspect depuis plusieurs épisodes. La suite d'annonce passionnante, car Murdock sort très esquinté de ce voyage en Latvérie et ne devra son salut qu'à une bonne dose de chance, mais aussi parce qu'avec ces épisodes, on tourne enfin la page sur la le disque Oméga.
Visuellement, c'est aussi une grande réussite : Samnee joue beaucoup avec les à-plats noirs, s'inspirant de l'esthétique des films noirs et d'épouvante, avec des découpages à l'apparence très simple mais au montage subtil et inventif, une mise en scène élaborée, des personnages aux expressions savamment exagérées qui soulignent l'hystérisation (dans la menace ou la panique) des protagonistes. C'est très vivant, dynamique, avec une touche rétro délicieuse.
*
Ce troisième volume est en demi-teintes donc : éditorialement, la série souffre en devant en croiser d'autres (alors que Daredevil fonctionne toujours mieux en ne devant pas trop s'inscrire dans une logique d'univers partagé), mais en même temps, les derniers épisodes promettent énormément, avec en prime l'addition artistique de Chris Samnee dont la complémentarité avec Mark Waid est instantanée.
Sans doute fallait-il en passer par là pour que la série trouve son équilibre et file vers de prochains chapitres plus palpitants.
***
J'ai mis du temps avant de commencer la rédaction de cet article - article plus que critique en vérité. Mais c'est l'heure et il n'est plus question de reculer.
Lorsque j'ai ouvert ce blog en 2008, je n'avais aucun objectif précis, sinon celui de poster les planches de ma dernière bande dessinée (Les Justiciers) puis d'écrire sur les comics que je lisais. Il s'agissait plus de compte-rendu que de vraies critiques, c'était d'ailleurs souvent concis, peu argumenté.
Progressivement, je me suis pris au jeu, en entreprenant de couvrir des sagas entières, de suivre des runs d'auteurs que j'appréciai, de me pencher sur des personnages auxquels j'étais attaché. Puis vint le temps d'écrire sur des romans graphiques plus ambitieux et d'en tirer des réflexions que j'espérai à la hauteur des émotions qu'ils me procurèrent.
A cet égard, un livre comme Asterios Polyp a été un tournant, c'était une oeuvre que j'attendais depuis longtemps et qui me combla au-delà de tout. Je crois que cela reste à la fois ma lecture la plus importante et la critique qui en découla reste celle dont je suis le plus fier - qu'elle ait été lue par beaucoup d'internautes (comme m'en ont informé les statistiques de Blogger) me remplit de joie. Je veux croire que j'ai donné à la fois envie de lire, relire cette formidable bande dessinée et que j'ai contribué à en ouvrir quelques portes.
5 ans et 482 entrées plus tard, je ne suis plus aussi motivé. Motivé, on l'est toujours quand on finit un bouquin formidable, mais quand on a été moins emballé, c'est plus délicat et je n'écris pas pour brûler des livres ou des auteurs.
Peut-être que l'envie reviendra, mais j'ai besoin de faire une pause, de me ressourcer, de réfléchir à une nouvelle manière rédiger ces critiques.
Mysterycomics va être en stand-by pendant un moment.
Quoiqu'il arrive dans le futur, je veux remercier mes abonnés - j'ignore s'ils m'ont été fidèles, s'ils suivent régulièrement ce que j'ai posté ici, mais merci à eux.
J'exprime aussi ma gratitude à tous ceux et toutes celles qui ont lu mes critiques, se sont arrêtés pour regarder mes dessins et (surtout) ceux des artistes que j'aime. Parfois, souvent, le nombre de vues pour un de mes articles m'a impressionné : être lu par 10, 50, 100 personnes est tellement faramineux. Je n'avais jamais espéré une telle audience, jamais imaginé que ce que je racontais pouvait intéresser tant de monde.
Enfin, une dédicace spéciale aux 37 internautes (à ce jour) qui ont déposé un commentaire après un article : quelques mots ou une remarque plus longue font toujours particulièrement plaisir parce qu'en plus de m'avoir lu, vous avez pris le temps de le signaler et de répondre.
Merci à vous tous, visiteurs passés et à venir. Et surtout lisez car comme l'a dit Jules Renard dans son Journal, en 1902 :
""Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux."
2 commentaires:
Mec, y'a moyen que tu me contactes à fitzlionheart@mdcu.fr s'il te plait?
Je suis curieux...
merci !
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