mercredi 2 novembre 2011

Critique 278 : DC HEROES 5 - FLASH, de Geoff Johns et Francis Manapul

Le 5ème numéro de la revue trimestrielle DC Heroes (le dernier que Paninicomics traduit, DC Comics sera distribué en France par Dargaud en 2012 sous le nom d'Urban Comics) rassemble les 6 premiers épisodes de la série Flash, écrite par Geoff Johns et dessinée par Francis Manapul, publiée par DC Comics en 2010 et 2011.
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La monstrueuse mort des Lacars (The dastardly death of the Rogues, en vo) raconte comment Flash (alias Barry Allen, revenu dans le monde des vivants depuis la saga Final Crisis, écrite par Grant Morrison) est accusé de meurtre par une équipe de super-policiers du futur, les Renégats, en provenance du XXVème siècle. La victime est un des membres du groupe, mais là où l'affaire se corse, c'est que le crime n'a pas encore eu lieu à notre époque !
Dans le même temps, Barry Allen, malgré les protestations du directeur de la brigade scientifique (où il a repris son poste), s'intéresse à un dossier classé : le fils d'une vieille femme noire a été reconnu coupable d'un crime crapuleux. Et si les deux affaires étaient liées, et qu'en résolvant l'une, Flash sauvait sa peau et celle d'un innocent...
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25 ans après sa mort sacrificielle dans Crisis on infinite earths, le retour de Barry Allen, le Flash du "silver age", imaginé par le mythique éditeur Julius Schwartz et le scénariste John Broome en 1959, a été le point fort de la saga Final Crisis de Grant Morrison. Pour toute une génération de lecteurs, le décés de Barry Allen avait été un fait aussi marquant que celui de Jean Grey/Phénix (dans Uncanny X-Men) ou Captain Marvel (dans La mort de Captain Marvel) : d'une certaine manière, le personnage a gagné, en mourrant, une dimension iconique plus forte encore que de son vivant.
Mais cette résurrection a aussi déplu à ceux qui lui préféraient son successeur, Wally West : même si les deux speedsters ont co-existé (comme on le voit dans Blackest night), il est évident que Allen a repris sa place en haut de l'affiche. Comme pour confirmer cet état de fait, le récent relaunch massif du DCU a carrèment effacé Wally West et confirmé le Flash de l'âge d'argent.
Je n'entrerai pas dans ce débat pro ou anti-Barry Allen, et ce point n'entre pas en ligne de compte pour apprécier l'histoire que voici.
Avec sa bande de flics surgissant du futur pour arrêter Flash avant qu'il ne commette un crime a priori inévitable, le scénario imaginé par Geoff Johns fait furieusement penser à Minority report de Philip K. Dick (adapté au cinéma par Steven Spielberg) : cela ne fait que souligner à quel point, en étant au four et au moulin chez DC Comics (auteur, relanceur de séries, grand prêtre des events maison, directeur artistique), Johns ne semble plus avoir le temps d'inventer des intrigues originales. Ce trait était déjà frappant à la fin de son (pourtant excellent) run sur Justice Society of America, dans lequel, avec Alex Ross, il développait la trame du Kingdom Come de Mark Waid et Ross. Mais à l'époque, il s'inspirait d'un récit mythique avec plus d'ambition. Là, il est évident que Johns n'a pas voulu/eu le temps de consacrer autant d'énergie à revamper Flash comme il le fit avec la JSA ou Green Lantern.
Néanmoins, ce n'est pas désagrèable à lire. D'une part, on sent qu'à défaut d'avoir une grande vision pour le héros, il a de l'affection pour lui et qu'il a donc à coeur de bien le situer, en n'éludant pas les conséquences de son retour (il est fait mention du programme de protection des témoins pour expliquer la longue absence de Allen). D'autre part, il alterne à la fois les relations avec des personnages familiers (Iris Allen, les Lascars) et nouveaux (le directeur Singh, les Renégats, le Juge). Collant au pouvoir du héros, l'intrigue joue sur la temporalité et privilègie la vitesse (ce qui atténue un peu le manque d'originalité de l'idée principale et de caractère des dialogues, toujours aussi plats chez Johns).
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Par ailleurs, et c'est l'atout-maître de ce story-arc, la série profite d'un artiste parfait pour le personnage avec Francis Manapul. Son style semi-réaliste, semi-cartoony, au trait vif, expressif, est idéal, et le découpage (même si, comme souvent désormais avec les scripts de Johns, on déplorera l'abus de splash et double-pages gratuites, même si très bien exécutées) est très efficace.
Mais Manapul bénéficie aussi d'un partenaire impeccable avec le coloriste Brian Buccellato : celui-ci intervient directement sur les crayonnés (au crayon bleu ou rouge) du dessinateur en employant l'aquarelle, ce qui donne une palette à la fois délicate et lumineuse. De la belle ouvrage.
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Une saga complète (avec une fin ouverte malgré tout, car le titre préparait la saga Flashpoint) mineure mais brillamment illustrée pour un des héros les plus enthousiasmants de DC.

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