samedi 24 septembre 2011

Critique 265 : GREEN LANTERN - SECRET ORIGIN, de Geoff Johns et Ivan Reis

Green Lantern : Secret Origin rassemble les épisodes 29 à 35 du volume 4 de la série, écrits par Geoff Johns et dessinés par Ivan Reis, publiés par DC Comics en 2008.

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Comment le terrien Hal Jordan est devenu le Green Lantern du secteur 2814 ? Enfant, il admirait son père, pilote d'essai pour Ferris Aviation, mort lors d'un test sur un appareil expérimental. Adulte, il est devenu pilote à son tour, tête brûlée et cauchemar de ses employeurs. C'est alors que sa route croise celle du Green Lantern Abin Sur après le crash de son vaisseau spatial à bord duquel il transportait le criminel Atrocitus et qui l'a désigné comme son successeur. Expédié sur la planète Oa, Jordan y subit un entraînement rapide et musclé par le formateur Kilowog et prête serment d'allégeance aux Green Lantern Corps des Gardiens d'Oa, la police intergalactique. Sur Terre, Atrocitus prépare sa revanche dont William Hand, obsédé par la mort (prophétisant la "Blackest Night"), sera l'instrument, tandis que Hector Hammond, gestionnaire de Ferris Aviation et épris de Carol Ferris, est corrompu par la météorite dans le réservoir du vaisseau de feu Abin Sur, le dôtant de pouvoirs psychiques. Le Green Lantern Sinestro est alors missionné par un des Gardiens d'Oa pour enquêter sur les raisons de la mort d'Abin Sur...

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En prévision de la lecture du recueil de la saga Blackest Night, j'ai voulu m'initier un peu à l'histoire de son héros principal, Green Lantern. Ce récit en sept chapitres est l'introduction opportune pour se cultiver puisque Geoff Johns y a réécrit les origines d'Hal Jordan.

Le mérite de l'entreprise est qu'on dispose à la fin des éléments essentiels : tout y est, développé et synthétisé, de l'enfance d'Hal Jordan avec le traumatisme de la mort de son père à son intrépide et arrogante jeunesse, sa relation naissante avec sa patronne Carol Ferris, sa rivalité avec Hector Hammond, sa rencontre avec Abin Sur puis Sinestro, sa formation sur la planète Oa, son affrontement avec Atrocitus, la menace suggérée de la "Blackest Night".

Geoff Johns appuie sa "retcon" sur le fait que durant la saga Infinite Crisis, dont il était déjà l'auteur, Superboy-Prime, en se libérant avec Alexander Luthor Jr, Superman et Lois Lane de la Terre II de la dimension où ils étaient depuis Crisis on infinite earths, a altéré les origines des héros du DCverse. ainsi, le scénariste s'autorise quelques raccourcis et prépare le terrain pour le crossover Blackest Night, point culminant de son run sur la série Green Lantern (après les arcs Rebirth ; Wanted : Hal Jordan ; Sinestro Corps War).

Les deux autres acteurs-clés sont Sinestro, ami et élève d'Abin Sur, réputé pour être le plus grand des Green Lanterns, à qui Atrocitus prédit qu'il passera du côté obscur de la force (l'argument de Sinestro Corps War), et William Hand, héritant de la baguette cosmique d'Atrocitus et qui deviendra le super-vilain Black Hand (le déclencheur de la "Blackest Night").

Le déroulement du récit souligne les qualités et les défauts de Geoff Johns : d'un côté, c'est un remarquable narrateur, habile pour développer une intrigue, en disposer les jalons, sur un rythme soutenu, alternant scènes intimistes et d'action ; mais de l'autre, il échoue à provoquer la moindre émotion, on ne vibre jamais pour son héros, on n'est jamais ému par ce que lui ou les autres éprouvent (que ce soit la mort de son père, celle d'Abin Sur, sa romance avec Carol). C'est désespéremment atone, à l'image de ses dialogues inaptes à caractériser ses personnages ou à introduire la moindre dose d'humour - ou au moins de légéreté. Par contre, il ne lésine jamais sur les effets faciles avec une propension vite fatiguante au gore et au morbide. C'est ce manque de distanciation qui empêche Johns d'être un conteur vraiment complet : tout est toujours premier degré, sérieux. Il manque cet aspect pétillant qui parfois perçait dans JSA.

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La véritable attraction de cet album est davantage le dessinateur brésilien Ivan Reis, qui s'est vraiment révèlé en dessinant une majorité d'épisodes de la série Green Lantern. Son style réaliste et spectaculaire emprunte à Neal Adams et Alan Davis, dans la veine d'un Bryan Hitch.

Le résultat, ce sont des planches bluffantes, traversées par un souffle, une vivacité et un relief supérieurs à l'histoire qu'elles illustrent. Parfois trop d'ailleurs car le script de Johns, pouvant s'appuyer sur un tel talent, abuse de doubles pages inutiles, dont l'effet semble déplacé : quand il s'agit de représenter l'empoignade de Sinestro, Atrocitus et Hal Jordan, c'est justifié et puissant, mais quand deux pages sont réquisitionnées juste pour montrer Sinestro et Jordan devant les Gardiens d'Oa, on est plus perplexe...

Nul doute cependant qu'avec la saga Blackest Night, l'ampleur d'un tel dessin aura davantage de pertinence.

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Sans être renversante, cette Origine Secrète demeure efficace, valorisé par un artiste exceptionnel, et annonçant adroitement une histoire plus vaste.

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