mardi 11 août 2009

Critique 90 : NEW AVENGERS 21 à 26 - DISASSEMBLED, de Brian Michael Bendis











Civil War: New Avengers: Disassembled est le 6ème arc de la série, qui couvre les épisodes 21 à 25, publiés d'Août 2006 à Janvier 2007 par Marvel Comics. Il s'agit en fait d'une collection de one-shots, de chapitres indépendants se déroulant au même moment que le crossover Civil War, écrit par Mark Millar et dessiné par Steve McNiven.
Pour l'occasion, Brian Michael Bendis se penche sur la situation de divers Vengeurs lorsqu'ils choisissent dans quel camp ils vont se ranger : la résistance et le maquis, comme ceux qui s'opposent à la loi sur le recensement des méta-humains, ou l'adhésion aux forces officielles du SHIELD, comme ceux qui se soumettent désormais aux autorités gouvernementales.
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Après la tragédie de Stamford, au cours de laquelle l'équipe des New Warriors a tenté d'appréhender des malfrats et provoqué la destruction d'un quartier entier (et donc la mort de plusieurs centaines de civils innocents), le Congrès vote donc le "Superhuman Registration Act" qui impose à tous les surhommes, héros comme malfrats, de s'enregistrer auprès du gouvernement fédéral. Plusieurs superhéros se plient à cette loi, mais d'autres, à la tête desquels se trouve Captain America, y sont farouchement opposés, considérant qu'elle viole les libertés civiles. C'est donc une scission nette qui déchire la communauté métahumaine, et en premier lieu les Nouveaux Vengeurs.
Après qu'un escadron du S.H.I.E.L.D.
ait tenté d'arrêter Luke Cage, ce dernier rejoint Captain America.
Par contre, Sentry choisit de suivre Iron Man, après s'être isolé sur la Lune pour réfléchir, estimant qu'il pourrait, grâce à sa puissance, faire basculer le conflit.
Iron Man, justement, qui n'a jamais eu confiance en Spider-Woman et sa triple vie (comme Vengeur, membre du SHIELD et agent de l'HYDRA), n'hésite pas à la trahir et la livre à Maria Hill. Avec l'aide des terroristes, elle s'enfuit. Mais Jessica Drew refuse également de rester au sein de l'HYDRA et se réfugie auprès de Cap, Luke et leurs camarades.
Spider-Man s'éloigne aussi d'Iron Man après la mort de Black Goliath
, causée par le clone de Thor qu'il a mis au point. Tony Stark échappera de justesse à une tentative d'assassinat à la même période.
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Ces cinq épisodes marquent en vérité le terme d'un premier volume dans l'existence de la série : les Nouveaux Vengeurs ont vécu, désormais l'équipe sera divisée en deux formations. D'un côté, il y aura les Vengeurs Secrets, même après la mort de Captain America (qui surviendra, dans sa propre série, juste après Civil War), des justiciers agissant dans l'illégalité, refusant d'être des agents fédéraux. De l'autre, il y aura les Puissants Vengeurs, les héros officiels, au service du gouvernement, occupés aussi bien à traquer les contrevenants à la loi de recensement qu'à combattre le crime organisé.
En fait, la démarche est aussi motivée par une opportunité commerciale : revitalisé par les succés de la série Ultimates (de Mark Millar et Bryan Hitch) et celui, justement des New Avengers, la franchise "Vengeurs" est devenue plus populaire et vendeuse que les X-Men. L'occasion est trop belle pour Marvel : deux titres peuvent êetre commercialisés, les personnages ne manquant pas et la situation permettant de développer des intrigues distinctes, tout en étant rédigés par le même auteur.
Malheureusement, ce qui aurait pu être une entreprise aussi ambitieuse que réussie n'aboutira pas à un succès artistique : Mighty Avengers seront une déception terrible, Bendis l'écrivant comme une pitoyable parodie, avec en outre des artistes inégalement inspirés ou franchement mauvais. Ce n'était pas la première tentative pour animer deux équipes de Vengeurs puisque, dans les années 80, il y eut les Vengeurs "classiques" et les Vengeurs de la Côte Ouest (sur lesquels John Byrne accomplit un run mémorable... Et précurseur, tant Bendis y puisa des idées). Mais des complications entre auteurs et éditeurs à l'époque mirent fin à l'expérience.
En ce qui concerne ce story-arc, par sa nature même, le bon (voire le très bon) y côtoie le mauvais (voire le très mauvais).
Ainsi, l'épisode consacré à Captain America est incontestablement le pire de toute la série (encore aujourd'hui), avec des dessins particulièrement épouvantables signés Howard Chaykin. Ceux qui s'intéressent à Iron Man et Sentry ne sont pas beaucoup mieux écrits, mais ils bénéficient au moins de belles images (respectivement dûes à Jim Cheung et Pasqual Ferry).
En revanche, les volets représentant Luke Cage et Spider-Woman sont d'un tout autre calibre et ils sont illustrés par deux très bons dessinateurs (Leinil Yu, qui va s'imposer sur le titre, et Olivier Coipel, de retour après l'Annual 1) : l'ancien Power Man prend une dimension passionnante, très politisée, où sa condition d'afro-américain comme de super-héros en fait une sorte de sage, défendant jusqu'au bout sa conception des choses ; quant à Jessica Drew, désorientée, elle affiche une fragilité mêlée de détermination qui prendront un relief troublant durant Secret Invasion.
En résumé, voilà un passage un peu curieux dans l'histoire de la série, mais qui va durablement la reconfigurer.
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The ballad of Hawkeye and Scarlet Witch est le 26ème épisode de la série, publié en Janvier 2007 par Marvel Comics , mais s'il s'inscrit dans la continuité de Civil War, c'est un chapitre à part à plus d'un titre.
D'abord, on y assiste au retour effectif d'un personnage présumé mort depuis Avengers disassembled et House of M - Clint Barton alias Hawkeye - et à la réapparition de Wanda Maximoff, dont on était sans nouvelles depuis le fin d'HoM.
Ensuite, Civil War n'y est pas évoqué, ou à peine : il ne s'agit donc pas d'un épisode où un héros choisit son camp, mais de la quête personnelle d'un revenant.
Enfin, c'est sans doute le plus beau numéro de la série, esthétiquement parlant, car bénéficiant d'un traitement graphique exceptionnel.

Après le dénouement d'House of M, Hawkeye se réveille dans le parc du manoir abandonné des Vengeurs, revenu d'entre les morts on ne sait comment. En découvrant les ruines de l'ancienne demeure de ses camarades, Clint Barton se rend chez le Dr Strange pour qu'il l'aide à comprendre les raisons dee sa résurrection. Il en profite pour l'interroger sur la situation du monde depuis House of M, et en particulier sur ce qui est arrivé à la Sorcière Rouge.
Apprenant qu'elle a disparu, il décide de partir à sa recherche pour savoir pourquoi elle l'a tué puis rendu au monde des vivants.
Direction : les Monts Wundagore. Hawkeye rencontre une jeune femme, parfait sosie de Wanda Maximoff. Cette apparition le bouleverse tellement qu'il perd connaissance. A son réveil, il est chez elle et elle lui avoue être effectivement Wanda.
En l'interrogeant, il apparaît que la mutante a effacé tout souvenir de son ancienne vie pour acquérir la paix intérieure qui l'a toujours fuie. Dérouté, désarmé, Clint ne résiste pas à l'attirance intacte qu'il éprouve pour la jeune femme et ils font l'amour.
Le lendemain matin, Hawkeye se réveille, désorienté, aux côtés de son amante encore endormie. Il se rappelle qu'elle avait mentionné la présence de sa "tante Agatha" dans une pièce voisine et décide de la chercher. Alors qu'il touche la poignée de la porte, il se fige puis remarque une brûlure sur ses doigts, exactement là où il avait touché le pommeau.

Parlons peu, parlons bien : cet épisode est fantastique, mais c'est également un chapitre atypique, inclassable, mystérieux et envoûtant. Une vraie pépite où il faut accepter de ne pas tout comprendre pour l'apprécier pleinement, à sa juste valeur. Ces 23 planches sont peut-être le meilleures de toute la série, de Brian Bendis et Alex Maleev - le duo magique qui réinventa Daredevil durant un run d'ores et déjà classique.
Dôté de dialogues d'orfèvre, d'une sobriété exemplaire, le scénario fonctionne de manière optimale grâce aux dessins hors du commun dont il bénéficie.
Dessiné de manière minimaliste mais avec une justesse ahurissante dans les expressions, les poses, le découpage, puis peint par Alex Maleev, les pages possèdent une beauté littéralement à couper le souffle - jusqu'à une splash-page éblouissante, lorsque Clint et Wanda s'embrassent, composée à la manière de Gustav Klimt !
Chaque vignette pourrait être isolée et encadrée : ce sont de vrais tableaux de maître, réalisés par un artiste au sommet de son art. Rarement comic-book aura provoqué un tel sentiment de sidération visuelle !

Tout simplement indispensable : une parenthèse enchanteresse.

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