lundi 11 janvier 2021

THOR #11, de Donny Cates et Nic Klein


L'arc Prey de Thor donne encore plus de place à Donald Blake et Donny Cates se régale visiblement à croquer le personnage comme un vrai psychopathe. De fait l'histoire est glaçante et efficace. D'où vient alors que je sui insatisfait par tout ça ? A cause de dessins inégaux de Nic Klein ? Ou du fait que jamais ça ne décolle vraiment ?


Donald Blake dîne avec Jane Foster et, à cette occasion, il mesure tout ce qu'il a manqué durant son absence - y compris le fait que son interlocutrice fut pendant une période Thor. Et quand elle lui demande où est le dieu du tonnerre, il lui cache évidemment  ce qu'il a fait.


Le fils d'Odin est toujours coincé dans la dimension où Blake a séjourné. Il a beau frappé son marteau au sol et appeler Lady Sif, ou son père : il est coincé là. Les autres asgardiens ne sont pas mieux lotis depuis que Blake les a expédiés dans la dimension du sang.


Vostagg, philosophe, espère que Thor va arriver pour les sortir de là. Lady Sif, elle, n'arrive toujours pas localiser le dieu du tonnerre et rejoint Beta Ray Bill qui se rétablit. Il pense que Lockjaw pourrait les téléporter ailleurs mais le chien Inhumain a dit à Thori qu'il s'absentait pour une urgence.


Donald Blake demande à Jane Foster si elle sait où est Odin, sans succès. Il prend congé. Elle rentre à la morgue où elle travaille et où son assistant, Rudy, vient d'autopsier Roger Norvell, qui fut un temps Thor. Jane devine que Blake l'a tué mais celui-ci est déjà loin...

C'est décidé : une fois cet arc terminé, j'arrête cette série. Non qu'elle soit mauvaise, mais je peine à m'y intéresser, à être captivé. C'est toujours compliqué de définir ce qui ne va pas quand une publication ne manque pas de qualité, sauf celle, essentielle, de vous passionner. Mais le Thor de Donny Cates n'est, je crois, tout simplement pas fait pour moi.

A moins que mon intérêt pour le personnage de Thor ne se soit émoussé, voire ait disparu. Ce ne serait guère étonnant : le run interminable de Jason Aaron m'a éloigné du dieu du tonnerre pendant très longtemps, et déjà, avant, j'avais eu du mal avec les successeurs de J. Michael Straczynski, dont l'approche me séduisait tant mais qui a été interrompu dans son élan pour des raisons éditoriales (JMS, rappelons-le, avait abrégé sa prestation car il déplorait qu'on utilise Thor dans le cadre de l'event Siege si tôt après le retour du personnage).

Il me semble que, depuis JMS, ce qui manque à Thor, c'est un véritable propos. JMS avait relancé la série en reprenant largement une idée de Neil Gaiman (qui avait été initialement été approché par Marvel) selon laquelle pour que des dieux existent, il fallait que les gens croient en eux. Pour que Thor revienne d'entre les morts, après le Ragnarok, il fallait à nouveau donc qu'il soit invoqué et cru. A l'époque, on sortait de Civil War et pour armer son camp de manière décisive, Iron Man avait cloné le dieu du tonnerre mais sa création lui avait échappé et causé la mort de Black Goliath. Il faut d'ailleurs souligner que depuis Thor et Iron Man ne se sont jamais vraiment expliqués à ce sujet - ils sont à nouveau Avengers et amis, contre toute logique (une vieille manie Marvel de ne jamais vraiment exploiter les conséquences de ses events).

Durant le run de Aaron, il y a eu une parenthèse vraiment originale lorsque Jane Foster est devenue Thor alors que, dans sa forme humaine, elle souffrait d'un cancer grave. Chaque fois qu'elle se transformait, elle réduisait ses chances de rémission. Mais Aaron, s'il a produit des épisodes épiques et poignants alors, a finalement retiré à Jane Foster son titre avant de la guérir d'une manière aussi miraculeuse que maladroite et d'en faire une Valkyrie.

Cates fait allusion à cette période dans une scène de cet épisode pour soiligner tout ce qu'a loupé Blake durant son séjour dans le monde artificiel où il attendait que Thor le rappelle. Mais le scénariste n'a visiblement pas le temps de s'apesantir : il nous fait croire que Blake est furieux par cette révélation et puis, en fait, non, il masque sa colère et prend congé. Jane Foster, elle, apprend peu après qu'un autre détenteur passé du pouvoir de Thor a été horriblement tué et, grâce à ses pouvoirs de Valkyrie, sait que l'assassin est Blake. Mais celui-ci est déjà loin, occupé à affronter un autre avatar du dieu du tonnerre pour débusquer Odin.

On va donc avoir droit à une suite d'affrontements prévisibles avec des avatars de Thor ou d'anciens possesseurs de son pouvoir (Valkyrie/Jane Foster en premier lieu), jusqu'à ce que Odinson (et son père) calment pour de bon Blake. Si me trompe, je mange mon chapeau, mais je suis sûr de ma prévision.  Et de toute façon, qu'importe : Donny Cates n'a rien à dire de spécial sur le Thor, aucun propos ne sous-tend ses intrigues. Pas de questionnement sur le fait d'être dieu, ou alors un programme convenu car "teasé" depuis la fin du premier arc avec la vision que l'Hiver Noir a partagé avec Thor.

Visuellement, Nic Klein est plutôt en forme mais, parfois, on a le sentiment que lui aussi dessine ça sans être très passionné par le script. Le dîner entre Blake et Foster qui occupe l'essentiel de l'épisode est mise en scène de manière très banale. La seule case astucieuse est celle où derrière un écran de fumée, les yeux de Blake ont la forme de celle d'un serpent, symbole évident pour dire qu'il a volé les pouvoirs de Jorgamund mais aussi pour signifier sa nature de félon. Pas de quoi applaudir.

Il livre une double page bien exécutée dans la dimension du sang, et conclut l'épisode avec une pleine page où on retrouve le plus curieux des avatars de Thor. Mais tout ça manque de souffle, de puissance, d'intensité. De la part d'un dessinateur avec la technique de Klein, on est en droit d'attendre mieux, plus en tout cas. Mais jamais il ne propose quelque chose de graphiquement audacieux. Lire ça après le dernier épisode de Guardians of the Galaxy où Juann Cabal explose tout, forcément, c'est maigre.

J'ai toujours été circonspect avec Cates, que je trouve surestimé alors que je n'ai jamais rien lu de lui qui me paraît mériter tant de louanges ni d'attente. J'avais plus d'espoir pour Klein. Mais ça ne fonctionne pas, ça ne prend pas.

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