Star-Lord fait appel à la puissance du Maître du Soleil avec lequel il a renoué durant son absence et réussit à vaincre le dragon. Rocket reçoit un s.o.s. de la Terre mais Peter Quill doit règler un autre problème avant d'y répondre : affronter les dieux de l'Olympe là où l'équipe des Gardiens est née...
C'est toujours délicat pour une série fraîchement relancée de devoir composer avec une saga développée ailleurs, par un autre auteur. Marvel publie actuellement King of Black, un event écrit par Donny Cates, découlant directement de ce qu'il a imaginé dans la série Venom. Bien entendu, fidèle à ses habitudes, l'éditeur multiplie les tie-in, sans se soucier du déséquilibre que cela peut causer pour des séries qui n'ont rien à voir avec le symbiote.
A partir de là, il y a les titres "protégés" car sous la protection d'un auteur assez puissant pour contourner l'event (comme Jason Aaron avec Avengers, Nick Spencer avec The Amazing Spider-Man, ou Jonathan Hickman avec la franchise "X") - des numéros hors-série seront réalisés sans que cela impacte leurs intrigues en cours. Puis il y a les autres, obligés de suivre la marche.
Al Ewing, qui a été aux manettes de Empyre (le précédent event Marvel), et qui dirige désormais Guardians of the Galaxy (qu'écrivait avant lui Donny Cates), est à la fois contraint de suivre cette marche mais semble composer de bonne grâce avec. C'est assez naturel dans la mesure où il commande à deux séries "cosmiques", qui peuvent difficilement zapper King in Black.
Toutefois, Ewing n'entend pas subir trop longtemps les événements et comme il vient d'orchestrer le retour de Star-Lord, il en profite pour démontrer le changement qu'a connu le personnage comme on l'a vu dans l'épisode précédent.
Comme il l'a expliqué en interview, Ewing, en se penchant sur les origines de Star-Lord, a compris qu'elles étaient désormais en contradiction avec l'incarnation récente de Peter Quill et sa caractérisation. Comme il l'a fait pour Hulk, il veut réconcilier ces extrêmes et animer un personnage qui serait une synthèse. Ce qui induit évidemment une modification profonde de la personnalité de l'intéressé.
On a donc droit à un Star-Lord complètement à côté de ses pompes, ce qui est normal puisqu'il revient d'entre les morts mais surtout parce qu'il a passé, de l'autre côté, un temps considérable (plus d'un siècle), ce qui explique qu'il ne sait plus où et quand il est, qu'il est déboussolé en retrouvant Rocket Nova. Ewing fait preuve d'un humour salutaire dans ces scènes, sans ridiculiser non plus son héros.
Et puis embarqué dans un conflit spectaculaire, on voit Star-Lord dans sa nouvelle condition. En renouant avec le Maître du Soleil qui lui a donné ses pouvoirs, Peter Quill n'a plus grand-chose de commun avec le leader des Gardiens popularisé par Brian Michael Bendis puis les films de James Gunn. Il est devenu un individu pourvu d'une volonté et d'une puissance de feu quasi-divines, qui explose littéralement un dragon de ténèbres, extension de Knull, ce qui n'est pas rien.
Cette évolution considérable est soulignée par les dessins hallucinants de Juann Cabal. D'abord, en le représentant barbu (très barbu) et les cheveux longs, Star-Lord a un aspect christique évident. Ensuite l'artiste, quand il accompagne les scripts de Ewing, fait de la série un objet renversant, qui n'a pas d'équivalent actuel chez Marvel.
Je l'ai déjà écrit mais je vais le répéter : sans Cabal, Guardians of the Galaxy est une série sympathique, agréable, efficace, mais pas plus. Avec Cabal, c'est un comic-book qui donne au lecteur le sentiment d'avoir en main une production extraordinaire. A mon sens, l'apport de Cabal est comparable à celui d'un JH Williams III : la série est entre les mains d'un dessinateur qui livre des découpages sophistiqués, des compositions baroques, qui dépasse les codes graphiques du genre. Chaque plan devient un morceau de bravoure et l'investissement de Cabal se mesure dans la minutie qu'il apporte à chaque détail, chaque expression, aux choix des angles de vue, à la disposition des éléments dans chque cases, aux enchaînements de chaque vignette, à la composition globale de chaque page. Chaque page devient une sorte de spectacle en soi tout en respectant l'ensemble de l'épisode.
Si je pense à JH Williams III, c'est justement parce que Cabal paraît chercher la façon la plus étonnante de traduire en images le script. Avec Alan Moore dans Promethea, puis Greg Rucka dans Batwoman, Williams III éblouissait avec des formes complexes et géniales, des motifs récurrents qui forçaient le regard du lecteur à aller dans la direction que lui voulait et pas forcément selon une grille ordinaire (case, bande, planche). Cabal fait un effort semblable et n'hésite pas à multiplier des effets purement graphiques pour exiger du lecteur une attention supplémentaire, pour produire une sensation plus forte. Voyez encore une fois comment la figure du triangle est présente : c'est devenu l'emblème de Star-Lord et c'est un clin d'oeil évident à Moore et Williams III qui l'utilisaient beaucoup dans Promethea (plus qu'un triangle, il s'agit d'une pyramide, qui est un symbole maçonnique, ne devant rien au hasard pour un scénariste féru d'occultisme comme Moore).
Les couleurs flamboyantes de Federico Blee finissent d'épater et de donner à l'affaire cet aspect hallucinnant (halluciné). Quand Guardians of the Galaxy est ainsi, c'est un régal.
La fin de l'épisode indique, quant à elle, que Ewing n'en a pas fini avec sa refondation des Gardiens, puisqu'il va à la fois s'occuper de la menace des dieux de l'Olympe en ramenant les héros originels du titre dans sa version moderne là où ils se sont connus et réunis. Voilà qui promet
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