mercredi 29 juin 2011

Critique 241 : BRAM STOKER'S DRACULA, de Roy Thomas et Mike Mignola

Bram Stoker's Dracula est l'adaptation officielle en bande dessinée du film réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1992. Le scénario est lui-même adapté du scénario de James V. Hart par Roy Thomas et illustré par Mike Mignola. L'album a été publié par Topps Comics (en vo) et Comics USA (en vf).
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Comme le roman original de Bram Stoker, cette adaptation reprend la forme épistolaire en alternant différents narrateurs : l'histoire raconte comment le jeune Jonathan Harker doit se rendre en Transylvanie pour y rencontrer un client du cabinet de notaires où il travaille. Il ignore que l'homme qu'il va rencontrer est le comte Vlad Dracula, un vampire qui a renié l'église chrétienne en 1462 après avoir combattu les turcs musulmans qui voulaient envahir la Roumainie : revenu chez lui, il trouva sa femme Elisabeta morte, s'étant suicidée après avoir cru à la mort du guerrier.
En voyant une photo de Wilhelmina Murray, la promise de Harker, Dracula croit voir le sosie de sa défunte bien-aimée et, après avoir piégé son invité, il part en Angleterre pour la rencontrer. Le vampire possède Lucy, la meilleure amie de Mina, convoîtée par trois hommes (le texan Quincey Morris, le lord Arthur Holmwood, et le Dr Jack Seward - ce dernier tient un asile où est interné Renfield, le prédécesseur de Harker, devenu fou depuis son voyage dans les Carpates).
L'état de santé de Lucy s'aggrave et Seward fait appel à son mentor, le Pr Abraham Van Elsing, qui diagnostique le cas de vampirisme. Dracula, identifié par Harker, qui s'est enfui entretemps, est alors traqué jusqu'en Transylvanie et Mina sert d'appât, déchirée entre son amour pour Jonathan et son attirance pour le comte. L'issue sera tragique.
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Lorsque je vis le film de Francis Ford Coppola il y a presque vingt ans, je n'avais pas lu le roman de Bram Stoker et j'avais été saisi par la beauté de cette adaptation, réalisée entièrement en studio et servie par une interprétation exceptionnelle (Gary Oldman jouant Dracula ; Winona Ryder, Mina ; Keanu Reeves, Harker ; Anthony Hopkins, Van Elsing - on peut d'ailleurs remarquer que, exception faîte de Hopkins, tous les acteurs ont bien décliné depuis). Une fois l'oeuvre de Stoker consommée (non sans mal, mais je ne suis pas très friand de ce genre de littérature), je m'étais procuré cette bande dessinée sans connaître le prestige de ses auteurs.
Le vétéran Roy Thomas (qui a écrit Avengers, All-Star Squadron et quantité de comics depuis les années 60) s'est contenté du minimum syndical en suivant à la lettre le scénario de James V. Hart pour le film : l'adaptation est excellente, tous les personnages sont bien campés, l'intrigue très bien construite, le rythme soutenu, l'ambiance intense. Mais Thomas n'a rien ajouté, il s'est acquitté d'un travail de commande sans s'y impliquer, en vieux mercenaire. C'est un peu dommage de la part d'un scénariste de ce calibre.

Mike Mignola, le créateur de Hellboy et vedette de Dark Horse, encré par John Nyberg et mis en couleurs par Mark Chiarello, s'est, lui, en revanche, fendu de planches magnifiques : chaque vignette pourrait presque être isolé et encadré comme un tableau, mais le flux de lecture est également efficace.
Le style du dessinateur est bluffant, réussissant même parfois à reproduire les traits des comédiens : comme l'a défini Alan Moore, c'est un "mélange entre l'expressionnisme allemand et Jack Kirby", tout en contrastes prononcés et en angles, cette épure a inspiré quantité d'artistes (Gabriel Bã, Guy Davis, Stuart Immonen...). Dommage que sa production soit devenue si rare aujourd'hui...
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Un récit complet dont la (re)lecture reste très agrèable, et surtout d'une beauté plastique exceptionnelle, complètant bien le film déjà mémorable de Coppola.

mardi 28 juin 2011

Critique 240 : THE MARQUIS 1 - DANSE MACABRE, de Guy Davis


The Marquis : Danse Macabre est le premier volume de la série créée, écrite et dessinée par Guy Davis, initialement publiée par Oni Press (Les Preludes) en 1997 puis par Dark Horse à partir de 2000.
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Au XVIIIème siècle, dans la ville de Venisalle, Vol de Galle, ancien inquisiteur, chasse les démons sous le masque et la cape du Marquis. Il agit seul, et non pour la police commandée par Herzoge ou le Ministère de l'Inquisition dirigé par Morséa, qui font déjà régner dans la cité un ordre moral à la fois strict et étrange, autorisant par exemple des orgies où les notables se délivrent du vice dans la débauche.
Mais Vol de Galle est-il vraiment la main (armée) de Dieu, servant la Sainte de Massard, ou un dément puritain en proie à des visions délirantes, et peut-être manipulé par le Diable lui-même, qui aurait déjà employé dans un Moyen-Âge dévasté par la peste un premier agent pour récupérer les âmes damnées échappées des Enfers ?
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The Marquis a connu, comme l'explique Guy Davis dans la postface de cet album, une genèse difficile. Dans un premier temps, en 1997, il imagine ce projet et en réalise quelques planches pour Caliber Press, un éditeur indépendant. Mais il n'est pas satisfait du résultat.
L'auteur s'engage alors dans d'autres projets, qu'il ne fait que dessiner la plupart du temps, tout en revoyant sa copie, la corrigeant, la développant. Il soumet une nouvelle version à Oni Press, puis Dark Horse hérite de l'ensemble, Davis ayant prévu entretemps de signer une série en trois volumes. Danse Macabre est le premier de ces tomes, incluant Les Préludes, le récit inaugural imaginé en 97, et les cinq premiers épisodes, publiés à partir de 2000.
Chez Dark Horse, Davis est devenu un des hommes de main de la star-maison, Mike Mignola, en illustrant un long run du spin-off d'Hellboy, B.R.D.P. (mettant en scène les partenaires du colosse écarlate). The Marquis a profité de l'exposition de la production de Mignola pour que de nouveaux fans, plus nombreux, découvrent la création de Davis.
Pour ma part, j'ai mis la main sur cet album en fouinant dans un bac de bandes dessinées soldées : 5 E et quelques pour un livre de 190 pages, c'était une occasion immanquable.
Avec son masque impassible, inspiré du carnaval, sa cape noire, sa mission extrémiste, le Marquis fait indiscutablement penser à Vde V pour Vendetta, le chef-d'oeuvre d'Alan Moore et David Lloyd : Guy Davis ne mentionne pas cette référence dans ses notes de postface mais il est impossible qu'il n'y ait pas pensé.
Néanmoins, là où Moore livrait une réflexion acerbe contre le Tatchérisme, le totalitarisme, les camps de concentration, et l'anarchisme, Davis nous entraîne dans une direction empruntant à la fois à la réinterprétation historique, au fantastique et à l'épouvante.
La réussite de la série tient d'abord à la complicité entre le fond et la forme : dessiné en noir et blanc, d'un trait fin, réhaussé de trames grises et d'à-plats noirs profonds et parcimonieux (avec un passage rouge-oranger au chapitre cinq), l'histoire dispose d'une ambiance saisissante, austère, mais dont le découpage à la fois simple et subtil abonde en cases horizontales, jouant sur un flux de lecture vertical (des images successives révélant in fine un plan d'ensemble, commençant par le ciel et se terminant au sol) et des travellings avant/arrière (suggérant l'entrée en la sortie dans l'esprit torturé de Vol de Galle se confiant à la Sainte de Massard).
On pénétre donc facilement, par ces procédés de mise en scène, dans une histoire maniant admirablement l'ambiguïté jusqu'à une scène cruciale où le lecteur comprend ce que le héros nie, à savoir qu'il est sujet à des visions délirantes, croyant reconnaître des démons sous forme humaine mais seulement quand il porte son masque de Marquis.
Au cinquième et ultime chapitre, qu'on peut interpréter au choix comme le développement final de la démence de Vol de Galle ou comme l'affirmation narrative que le récit est une pure fantasmagorie, après un duel entre le Marquis et son prédécesseur, Misarae, Guy Davis précipite son héros et le lecteur en Enfer. C'est l'occasion d'une longue séquence saisissante, cauchemardesque et philosophique, mais qui ne plombe pas l'histoire : au contraire, les dialogues, rédigés dans un style précieux, restent parfaitement intelligibles et augmentent le trouble du héros et du lecteur, offrant un "twist" remarquable.
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Agrémenté de croquis préparatoires, commentés par l'auteur, et de planches inédites, y compris de la toute première version du projet, l'album est un très bel objet et The Marquis s'impose comme une bande dessinée singulière et mémorable, vraiment à part mais redoutablement efficace.
Une expérience à tenter, fabuleusement écrite et mise en image.

mardi 21 juin 2011

LUMIERE SUR... MARCOS MARTIN

Marcos Martin.


Ces deux planches de Spider-Man montrent un effet cher à Marcos Martin :
un décor représenté de manière fixe, répétée, dans sa verticalité,
à l'intérieur duquel le personnage se déplace.
L'action y est déployée de façon très fluide, la lecture s'opère naturellement
en suivant le mouvement du protagoniste.
Un autre effet simple et efficace :
une succession de petites vignettes suivie d'un plan large,
plusieurs petits symboles et l'image du héros.
Là encore, une série de cases fragmentaires précéde une image classique.
Martin, c'est, en fait, une idée simple (ici la figuration
du fameux "sens radar" de Matt Murdock/Daredevil,
qui résonne sur les objets et personnes qui l'entourent)
développée dans un cadre sophistiqué (un seul plan, large,
avec un effet de perspective très soigné).
Comme tous les très bons graphistes, Martin sait produire
des planches éloquentes même quand elles ne sont pas encore lettrées :
les super-sens de Murdock, comme son ouïe, sont traduits par
des onomatopées exagérées et une gestuelle appuyée.







De superbes teasers pour Daredevil, d'une élégance plastique digne
d'un générique de Saül Bass.

Naissance en Espagne.
Dessinateur, encreur, lettreur, coloriste, cover-artist, designer.

Critique 239 : JLA - HEAVEN'S LADDER, de Mark Waid et Bryan Hitch

JLA : Heaven's Ladder (Ascension en vf) est un récit complet écrit par Mark Waid et dessiné par Bryan Hitch, publié en 2000 par DC Comics.
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La plus ancienne race de l'univers, née juste après le big bang, arrive au terme de son existence, mais son développement intellectuel supérieur l'a détachée du concept de la mort et il redoute donc cette échéance. Pour y remédier, ils décident donc de kidnapper littéralement toutes les planètes peuplées et y envoient des agents, les Dormeurs, pour élaborer leur Paradis. La Terre est donc enlevée sous les yeux de la JLA qui vont tâcher de raisonner ces ravisseurs hors normes. Mais l'équipe de super-héros devront affronter les Dévots, opposés à ce qu'ils considèrent comme un suicide prémédité de leur race...
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C'est un "graphic novel" exceptionnel que ce JLA : Ascension, compte tenu de son équipe créative, de son sujet et son format (72 pages).
Grant Morrison et Mark Waid ont, à la fin des années 90-début des années 2000, refondé la série de la Ligue de Justice d'Amérique en s'appuyant sur une idée forte : plus que toute autre formation, celle-ci réunit les plus grands héros de la Terre (et d'ailleurs), les plus puissants, les plus célèbres de la firme DC Comics. C'est donc une sorte de panthéon, un ensemble de dieux, d'envergure mythologique, protégeant les mortels et l'univers.
Waid a eu, ici, l'idée de confronter ces surhommes à une race de dieux primordiaux encore plus puissants, plus énormes, mais proches de la fin et appréhendant ce terminus. Il s'agit donc moins d'une opposition classique entre de gentils héros d'un côté et des super-vilains de l'autre, mais plutôt de ramener la JLA à une dimension plus juste, celle d'une équipe de justiciers tentant de rétablir un équilibre cosmique.
Face à l'ampleur de l'évènement, Superman et ses acolytes semblent soudain bien dérisoires, et la première scène où la JLA assiste, stupéfaits, à l'enlèvement de la Terre, donne d'entrée de jeu un aperçu des forces en présence. Les efforts déployés par le groupe ensuite sont une suite de réponses souvent désespérées et naïves contre ces Dormeurs apeurés et ces Dévots agressifs, bien plus grands et forts qu'eux tous réunis.
Il faut en vérité attendre le dernier quart du livre pour assister à une bataille dans les règles de l'art, face à un Dévot gigantesque et refusant de mourir passivement.
Le résultat est étrange : d'un côté, l'aspect extrèmement spectaculaire du récit est réellement bluffant, mais de l'autre, la démesure et l'arrivée tardive d'un adversaire traditionnel déçoit un peu, sans parler d'une conclusion assez mièvre. On a connu Waid plus inspiré.
Le choix des membres de sa JLA prête aussi à la discussion : pas moins de neuf membres, et pas forcèment tous bien traîtés - ainsi Plastic Man n'est là que pour délivrer quelques blagues (pas très drôles d'ailleurs), Batman et Wonder Woman sont sous-employés, et la présence de Steel (mix de Superman, Iron Man et Thor) interroge. A l'évidence, cette composition n'est pas la meilleure et est trop fournie. Waid favorise ostensiblement Superman, Flash, J'onn J'onzz, voire Aquaman, et paraît hésiter sur quoi faire des autres.
La simplicité de la trame et sa valeur symbolique aurait curieusement certainement mieux convenu à Paul Dini qui, avec Alex Ross, avait réalisé JLA : Justice et Liberté.
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Plus, donc, que le scénario, ce sont les dessins qui justifient l'achat et incitent à l'idulgence : Bryan Hitch, après avoir animé la version subversive de la JLA avec The Authority de Warren Ellis, s'empare avec maestria des héros "originaux".
Il livre des planches sidérantes, dont l'aspect Cinémascope est fantastique. Les personnages ont une allure majestueuse unique, les décors sont immenses, les scènes de combat sont renversantes. L'artiste est vraiment né pour illustrer ce genre d'histoires grandioses aux protagonistes "bigger than life".
Comme pour The Authority, il est encré par Paul Neary et colorisé par Laura Depuy (aka Laura Martin), avec lesquels sa complicité est totale et aboutit à un résultat éblouissant. On en prend plein les yeux.
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C'est davantage un livre sur la déification que sur les super-héros : le livre est impressionnant sur la forme mais un peu simplet sur le fond. A ce titre, il est intéressant de mettre en parallèle ce récit complet grandiloquent et naïf avec la mini-série Identity Crisis (de Brad Meltzer et Rags Moralès) qui, quelques années plus tard, ramènera la JLA et les héros DC dans une réalité plus terre-à-terre et sombre : on peut apprécier les deux tout en relevant l'évolution de l'écriture de ces personnages et des menaces qu'ils affrontent.

samedi 18 juin 2011

Critique 238 : OLYMPUS, de Geoff Johns, Kris Grimminger et Butch Guice

Olympus est une histoire en deux parties écrite par Geoff Johns et Kris Grimminger et dessinée par Butch Guice, co-éditée par DC Comics et Humanoids Publishing en 2005.
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Le Professeur Walker, archéologue dont le département est menacé de fermeture dans l'université où elle enseigne, et trois de ses étudiants, Sarah, Rebecca (deux soeurs), et Brent voguent au large des côtes de Théssalie, dans la mer Egée. Lors d'une plongée, Walker et Brent remontent une espèce d'amphore qu'ils estiment être d'une grande valeur et qui pourrait convaincre la faculté de laisser leur classe ouverte.
Mais brusquement le temps se couvre et peu après leur bâteau est abordé par des trafiquants. Une tempête éclate et le navire échoue sur une île où les malfrats (Deems, Shore, Gornik, et Tomasi), dirigés par York, s'aventurent avec leurs otages. Rapidement, ils rencontrent un gigantesque cyclope, mais les ennuis ne font que commencer et plusieurs créatures légendaires les attaquent.
Pour le Pr Walker, l'amphore repêchée est certainement la cause de tout ça et pourrait bien être la Boîte de Pandore...
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J'ai trouvé cet album, regroupant l'intégrale de ce dyptique, dans une braderie et je l'ai acheté en misant sur l'association de Geoff Johns, scénariste dont j'ai apprécié le run sur JSA et son relaunch (Justice Society of America), et de Butch Guice, dessinateur impeccable actuellement à l'oeuvre sur Captain America (en vf dans "Marvel Icons"). En revanche, j'ignore qui est Kris Grimminger qui a co-écrit l'histoire.
Cette bande dessinée initiée par la branche américaine des Humanoïdes Associés, pour laquelle Butch Guice a signé des albums originaux (comme Mandalay), et co-éditée par DC Comics, dont Geoff Johns est un des scénaristes vedettes, n'a rien d'un comic-book super-héroïque. Il s'agit d'un récit mélangeant fantastique et aventures, où abondent les références à la mythologie grecque.
Le début est intriguant et prenant, tout va vite, les scènes se succèdent et nous conduisent dans un endroit propice à l'extraordinaire : le thème de l'île oubliée est un classique et la profusion de monstres et de décors grandioses qu'elle abrite promet beaucoup.
Hélas ! Il faut bien avouer qu'on déchante rapidement car la suite du périple, si elle ne manque pas de moments spectaculaires, est plus tape-à-l'oeil qu'à la hauteur des éléments convoqués. Les personnages sont réduits à des clichés (la blonde sexy et ecervelée, la brune cérébrale, le vilain se muant en héros) et les rebondissements s'empilent sans vraiment nous captiver. On retrouve là un des tics propres à Johns qui est un conteur habile mais sans grande personnalité, et qui, hors des cadres des super-héros, n'est pas à son aise, succombant trop facilement à des scènes gore où les protagonistes subissent moults mutilations.
C'est bien dommage car ce voyage de simples mortels en territoire mythique aurait pu aboutir à une bande dessinée réfléchissant sur le rapport des hommes envers des légendes qu'ils ont créées mais qui se matérialisent brutalement.
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Les planches de Butch Guice, en grand format, sont elles-mêmes d'une qualité moindre que ce que ce graphiste brillant peut proposer. A l'exception de planches exceptionnelles avec des décors imposants (l'arrivée sur l'île, le labyrinthe) et la représentation de quelques monstres mémorables (le cyclope, les harpies), il est loin de montrer son meilleur.
Alors que Guice est capable de dessiner de superbes personnages féminins et des hommes aux visages et à l'allure à la fois rudes et élégants, il déçoit ici, comme si, alors qu'il travaillait plus librement que pour une série régulière mensuelle, il relâchait ses efforts.
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La remarque est facile, mais Olympus n'affiche pas une forme, ni un fond, olympien. C'est une curiosité mais qui n'a rien de divin.

vendredi 17 juin 2011

Critique 237 : MARVEL : LES GRANDES SAGAS 5 - WOLVERINE, de Jeph Loeb et Simone Bianchi

Ce 5ème album de la collection Marvel : Les Grandes Sagas consacré à Wolverine rassemble l'intégralité de la saga Evolution, en 6 épisodes, écrite par Jeph Loeb et Simone Bianchi, publiée par Marvel Comics, de Mars à Septembre 2007.
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Je ne peux pas rédiger une critique de ce volume... Pour la simple et bonne raison que je n'ai pas réussi à finir la lecture de cette histoire. En vérité, je n'ai pas pu aller au-delà du premier chapitre, dont la nullité scénaristique et la laideur graphique a eu raison de ma bonne volonté.
Je n'attendais pas grand'chose d'une production écrite par Jeph Loeb, dont je n'ai jamais apprécié le travail. Encore moins des illustrations de Simone Bianchi que j'ai en horreur. Mais les deux ensemble, c'est trop pour moi.

L'honnêteté me conduit donc à ne pas en dire plus car je n'en ai pas lu suffisamment pour délivrer une analyse, même sommaire. C'est l'inconvénient d'une collection comme celle-ci : on n'est pas à l'abri d'une mauvaise surprise.
Vous voilà prévenus : en achetant ça, accrochez-vous, c'est très mauvais et très laid.
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Rendez-vous donc pour le 6ème album avec Hulk par Bruce Jones et John Romita Jr - mais pas avant Juillet, Panini ayant décalé les sorties des prochains livres au point que la collection qui devait se terminer mi-Août prendra fin en... Novembre !

Critique 236 : SPIDER-MAN & BLACK CAT : THE EVIL THAT MEN DO, de Kevin Smith et Terry Dodson



Spider-Man and Black Cat : The Evil That Men Do est une mini-série en 6 épisodes écrite par Kevin Smith et dessinée par Terry Dodson, publiée par Marvel Comics, d'Août à Octobre 2002 (#1-3) et de Février à Mars 2006 (#4-6).
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Felicia Hardy alias Black Cat accepte d'aider une connaissance à retrouver une de leurs amies, Tricia, vue pour la dernière fois en compagnie d'un acteur en vogue, Hunter Todd. Au même moment, Spider-Man commence à enquêter sur la mort par overdose d'un étudiant, Donald Phillips. Les deux anciens amants masqués se recroisent en suivant la même piste qui les mène à Garrison Klum, un riche homme d'affaires, toujours flanqué de son frère Francis. Apparemment respectables, les frères Klum fraient avec des gangsters et le trafic de drogue.
Black Cat veut arrêter Garrison Klum et s'attaque seule à lui. Elle échoue en prison après avoir été accusé du meurtre de sa cible. Spider-Man avec l'aide de Daredevil et de Diablo (des X-Men) comprend que Francis Klum est un hybride, mi-humain, mi-mutant, capable de téléporter des substances dans le corps de ses victimes et de manipuler leurs pensées. Il porte surtout un lourd secret que seule Black Cat va partager avec lui...
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La réalisation de cette mini-série a été épique : Kevin Smith, qui s'était fait un nom comme scénariste de comics (relançant, avec Joe Quesada, Daredevil, avant que Brian Bendis ne s'en occupe) et comme cinéaste (Clerks, Dogma), en a commencée la rédaction en 2002 et l'a achevée en 2005 ! Entretemps, il a préféré se consacrer à ses films, des productions par ailleurs peu mémorables.
Dans l'intervalle, Terry Dodson (qui a gardé un très mauvais souvenir de l'expérience - on le comprend) a eu le temps d'illustrer Wonder Woman, écrit par Allan Heinberg, qui, comme Smith, a accumulé les retards (accaparé par la série télé Grey's Anatomy)!
Cette catastrophe éditoriale a abouti à une production dont la traduction en France a heureusement pris moins de temps (dans deux hors-série - #23-24 - de la revue "Spider-Man"). Pour quel résultat ?
Smith a affirmé que la version finale de son script était bien meilleure que s'il avait livré le scénario à temps en 2002. Qu'il soit permis d'en douter... Le premier acte, avec les trois premiers chapitres, est très efficace, avec les retrouvailles entre Black Cat et Spidey, la révèlation rapide de l'identité du méchant, des scènes d'action et des dialogues bien troussées : Smith s'y montre à son avantage et emballe le lecteur.
En revanche, le deuxième acte, avec les trois derniers chapitres, verse dans le mauvais mélo, avec l'évocation des viols de Felicia Hardy et de Francis Klum, et la définition des pouvoirs de ce dernier, la téléportation étendue au transport de pensée. L'entrée en scène de Daredevil n'est pas désagrèable, par contre celle de Diablo apparaît comme une grossière béquille narrative pour expliquer ce que le scénario ne peut pas éclaircir tout seul. Le tout est plombé par une interminable séquence de confessions dénuée de toute émotion et se concluant par une bagarre expédiée, sans compter un épilogue inutile (suggérant une suite qui n'est jamais venue).
Rarement, un si beau soufflet est si radicalement retombé, soulignant le temps qu'a pris Smith pour terminer son ouvrage (en y ajoutant des références au run de Daredevil par Bendis, tout à fait inutiles).
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Dans ces conditions, le mérite de Terry Dodson est grand d'avoir réussi à maintenir une cohérence graphique à des épisodes qu'il aura dessinés avec un break forcé de trois ans. Toutefois, il faut avouer qu'après le quatrième chapitre, on a l'impression que le coeur n'y est plus et qu'il est en pilotage automatique (à sa décharge, il faut préciser que c'est aussi à ce moment-là que l'histoire cesse d'être intéressante).
C'est dommage car, au début, Dodson, artiste inégal mais capable de très bonnes choses quand il est inspiré, signe des planches magnifiques, avec un Spidey bondissant et une Black Cat pulpeuse et malicieuse comme jamais.
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Une série qui aurait pu être fantastique, compte tenu de la qualité potentielle des exécutants, mais desservie par l'irresponsabilité d'un auteur (et d'editors trop laxistes !). Un déplorable gâchis.

mardi 14 juin 2011

LUMIERE SUR... DARWYN COOKE (1)


Darwyn Cooke.

Planche réalisée pour le Free Comic Book Day 2011.


Couverture de Justice Society of America 54.

Affiche du la Boston Comic Con 2011.

Affiche de la MegaCon 2011

Affiche du Toronto Comic Art Festival 2011.































Couverture et 11 premières planches de
Richard Stark's Parker 1 : The Hunter.

Naissance aux Etats-Unis.
Scénariste, dessinateur, encreur, coloriste, lettreur, cover-artist, designer, animateur.
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Le blog de l'artiste : www.darwyncooke.blogspot.com

mardi 7 juin 2011

Critique 235 : ASTRO CITY : THE DARK AGE 2 - BROTHERS IN ARMS, de Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross




Astro City : The Dark Age 2 - Brothers In Arms rassemble les Livres 3 (#1-4) et 4 (#1-4), suite de Astro City : The Dark Age 1 - Brothers And Others Strangers et concluant la saga écrite par Kurt Busiek et illustrée par Brent Anderson, qui co-signe également les designs de la série avec Alex Ross, auteur des couvertures, publiée en 2010 par DC Comics via le label Wildstorm.
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1978 : Royal Williams bénéficie grâce à son frère Charles, devenu membre de l'agence E.A.G.L.E., d'une remise de peine. En échange, il infiltre l'organisation criminelle PYRAMID, dont fait partie l'homme responsable de la mort de leurs parents, Aubrey Jason. Alors que Royal séjourne dans un camp d'entraînement de PYRAMID, les forces armées d'EAGLE lancent l'assaut et oblige l'espion à prendre le maquis.
Royal se cache alors dans les bas-fonds d'Astro City, son ancien terrain de chasse, où il subit des pressions des hommes de main du Deacon, le parrain local, pour reprendre du service. Aspirant à une vie normale et se sachant démasqué au sein de PYRAMID, Royal refuse également de jouer les taupes pour EAGLE et Charles décide alors de le remplacer, davantage pour venger leurs parents que pour démanteler l'organisation.
Charles découvre que PYRAMID a placé des "mouchards" dans les Q.G. de toutes les équipes de super-héros (l'Honor Guard, la First Family), et en particulier les Apollo 11, qui peuvent invoquer la puissante entité, l'Incarnate.
Les Apollo 11 capturés, on les force à faire apparaître l'Incarnate qui est corrompu par le leader de PYRAMID et menace alors l'existence du monde. Le héros Point Man, qui s'est lancé avec d'autres justiciers, menés par le Silver Agent, dans l'assaut du repaire de l'organisation, s'empare de l'Innocent Gun, volé à la First Family, pour détruire l'Incarnate. Tout semble être rentré dans l'ordre...

1984 : Royal et Charles Williams réunissent leurs forces pour poursuivre leur traque contre Aubrey Jason, une chasse à l'homme qui les mène hors d'Astro City et en ont fait des gunmen masqués. Pourtant, à chaque fois qu'ils sont sur le point de coincer leur adversaire, celui-ci réussit à leur échapper grâce à des complices oeuvrant à la renaissance de PYRAMID.
Cependant, une nouvelle créature fait son apparition, le Pale Horseman, sortant littéralement d'une faille dimensionnelle provoquée par l'usage de l'Innocent Gun contre l'Incarnate six ans plus tôt. Ce cavalier sur son cheval de feu fait régner la terreur en éliminant tous ceux qui ont commis des crimes pour faire justice ou le mal.
Aubrey Jason oblige le savant Ganss à le dôter de pouvoirs pour qu'il puisse se débarrasser des frères Williams. L'assassin devient Lord Sovereign et le Silver Agent va intervenir pour aider à la fois les frères Williams à le supprimer et Astro City à éliminer le Pale Horsemen.

Epilogue : Royal et Charles confient leur histoire à un journaliste, le chroniqueur vétéran de l'Astro City Rocket, Elliott Mills (cf. Astro City : Life in the big city, #2).
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Après les huit premiers épisodes de The Dark Age (Brothers and others strangers), la question se posait de savoir comment Kurt Busiek allait conclure sa saga, et surtout s'il allait nous offrir un dénouement à la hauteur. Parlons peu, parlons bien : mission accomplie - et avec la manière qui plus est !
D'une envergure déjà impressionnante dans ses deux premiers Livres, le récit ne perd pas son ampleur et sa force dans ses deux derniers actes qui se déroulent sur six ans et nous mènent donc jusqu'au milieu des années 80 (depuis le début, The Dark Age couvrent donc un quart de siècle !). Un des tours de force de Busiek réside même dans la façon dont il boucle dans son épilogue cette fresque à un des premiers épisodes de la série, en convoquant le personnage du journaliste Elliott Mills auquel se confient les frères Williams.
Si, dans le précédent volume, on pouvait être submergé par la profusion d'évènements, de personnages, le foisonnement de péripéties et la noirceur croissante du récit, ce second recueil a l'intelligence de se focaliser sur les frères Williams et leur traque contre l'assassin de leurs parents, Aubrey Jason, véritable fil rouge de l'intrigue. Busiek relie le destin des Williams au complot de l'organisation PYRAMID et au sort de l'équipe de héros cosmiques, les Apollo 11, elle-même associée à l'Incarnate, dont l'apparition constituait un des sommets de Brothers and others strangers.
Le "dossier Apollo 11-Incarnate" bouclé, il reste encore quatre chapitres et Busiek parvient à faire rebondir sa saga en soldant cette fois le compte d'Aubrey Jason, donc des frères Williams, et d'abord parallèlement puis conjointement le sort du Silver Agent. Le rôle du héros dont on avait découvert la raison de la déchéance est un élément-clé de la dernière partie : devenu un voyageur temporel, missionné par d'énigmatiques protecteurs cosmiques, il ne se contente plus d'apparaître providentiellement mais représente la solution au problème posé par le terrifiant Pale Horseman, ultime avatar de cet "âge sombre".
Progressivement, Busiek a montré le surgissement de héros plus violents, étranges, inquiétants, monstrueux, parfois inédits, parfois dérivés de personnages antérieurs (la métamorphose de Simon Magus en Green Man est inoubliable), mais termine son histoire sur une note lumineuse en expliquant comment les Williams ont pris leur retraite de justiciers, lorsque le Samaritan a sauvé les astronautes de la navette Challenger, une intervention symbolique qui a signifié pour eux la fin d'une époque et le début d'une autre.
Le rythme ne faiblit jamais tout au long des 250 pages et, au mot "Fin", on éprouve à la fois le sentiment d'avoir lu un récit extraordinairement dense et parfaitement huilé : une prouesse qui confirme l'exceptionnelle qualité narrative de cette série.
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Brent Anderson et Alex Ross ont de leur côté mis en forme avec maestria la partie visuelle de cette épopée, haute en couleurs, peuplées de créatures mémorables. Qu'Anderson ait dessiné toute la série constitue un idéniable bonus car sa contribution a donné une cohérence esthétique à l'entreprise : son style n'est pas toujours séduisant, son trait a une allure brute, nerveuse, mais quelle force, quelle énergie !
Grâce à Ross et Anderson, Astro City a échappé à ce qui a ruiné Rising Stars de J. Michael Straczynski (autre série marquante née dans les années 90, mais minée par une publication chaotique et l'absence d'un artiste régulier). Loués soient-ils pour cela.
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L'avenir d'Astro City est désormais incertain (un autre album, Shining Stars, collection de numéros spéciaux, vient de paraître) puisque le label Wildstorm a disparu dans la restructuration de DC Comics, dont les dirigeants artistiques (le trio Dan Didio-Jim Lee-Geoff Johns) veulent unifier les créations avec celles du DCverse classique.
Il serait pourtant déplorable qu'un univers aussi original que celui d'Astro City voisine avec les héros de Metropolis, Gotham et compagnie. Souhaitons que cette grande série conserve son identité et son indépendance.

jeudi 2 juin 2011

Critiques 234 : REVUES VF JUIN 2011

MARVEL STARS 5 :



- Les Vengeurs Secrets 5 & 6 : Histoires Secrètes (Epilogue) - La Vie Secrète de Max Fury & Les Yeux Du Dragon (1).

Steve Rogers et Sharon Carter interrogent Nick Fury sur son sosie opérant au sein de l'organisation contre laquelle ils ont lutté, avec les Vengeurs Secrets, lors de leur mission sur Mars : ils apprennent ainsi qu'il s'agit d'un clone ayant développé une conscience et devenu un tueur. Mais comment a-t-il survécu alors que le SHIELD l'avait incinéré ?

Puis une nouvelle opération entraîne les Vengeurs Secrets à Honk-Kong : deux gemmes magiques, les Yeux du Dragon, sont convoîtées par le Hai-Dai. Shang-Shi, le maître du kung-fu, est impliqué car son père, un criminel que tous pensent mort, pourrait être l'individu qu'on cherche à ressuciter grâce à ces pierres...




Ed Brubaker conclut son premier arc en revenant sur le parcours du clone de Nick Fury, Max, une machine à tuer que le Conseil de l'Ombre a réussi à récupérer. Le scénariste dresse une passerelle entre Secret Avengers et la mini-série Le Projet Marvels (traduit dans la collection 100% Marvel) puisque le personnage de John Steele, le tout premier super-soldat, apparu durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) et ayant resurgi durant la Seconde (39-45), est aujourd'hui un des cadres du Conseil de l'Ombre. Ce long-flash-back est l'occasion d'un exercice narratif que maîtrise parfaitement Brubaker et qui est passionnant à lire, même s'il s'agit en vérité d'un épisode de transition.



Cela nous conduit au premier volet d'un nouvel arc (qui sera le dernier de Brubaker, partant de la série au #12) où l'auteur intègre trois personnages : Nova reparti en mission spatiale, le Prince des Orphelins le remplace numériquement - personnage fabuleux exhumé par Brubaker dans ses épisodes d'Immortal Iron Fist, co-écrit avec Matt Fraction) - ; Shang-Shi, un autre fameux second couteau du Marvelverse, et le père de celui-ci, mêlé aux affaires du Conseil de l'Ombre. C'est amené d'une manière si fluide et efficace qu'on passe d'une histoire à l'autre avec une facilité exemplaire.






L'épisode sur Max Fury bénéficie d'une équipe graphique quatre étoiles : David Aja a réalisé les layouts, soit un storyboard établissant le découpage et les placements des personnages, et le duo Michael Lark-Stefano Gaudiano ont signé les finitions, dessins et encrage. Le résultat est bluffant, à la fois élégant et nerveux, bien servi par la colorisation sobre de José Villarubia.



Ensuite, Mike Deodato reprend les commandes et livre, lui aussi, des planches formidables, où son style expressionniste et son découpage élaboré font merveille aussi bien dans les scènes calmes que dans les phases d'action.



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- Incredible Hulk 611 : Les Enfants de la Colère.



Réussir à réprimer un rire nerveux à la dernière page de cet épisode relève de l'exploit. Après une vingtaine de pages où Hulk et son fils Skaar (deux brutes aussi épaisses que l'écriture de Greg Pak) se sont bastonnés comme des possédés (Hulk au summum de sa rage - quelle originalité... - , Skaar... Heu... Au summum de sa rage aussi - ah, ça, on ne risque pas d'être surpris !), finalement Hulk est tout attendri par son fiston qui reprend l'apparence d'un garçonnet et redevient à son tour Bruce Banner et le serre dans ses bras. Ouf, il a quand même un coeur, pas comme son méchant papa qui brutalisait sa môman...






Comme c'est dessiné par Paul Pelletier, autant dire que l'émotion est palpable...






Bon Dieu que c'est nul !



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- Secret Warriors 20 :La Nuit (1).



Le jeu consiste à comparer le traitement d'un personnage par un scénariste qui l'a parfaitement compris et l'utilise intelligemment et un autre qui fait n'importe quoi : d'un côté, donc, relisez l'épisode des Vengeurs Secrets qui ouvre cette revue et vous avez Ed Brubaker qui en 22 pages nous offre une aventure de Nick Fury du meilleur goût ; de l'autre, vous avez Jonathan Hickman pour qui, visiblement, le "super-spy" n'est qu'un sombre crétin, fonçant bille en tête dans la gueule du loup en entraînant dans sa chute une bande de gamins à super-pouvoirs.






Voilà, vous savez tout ce qu'il faut savoir sur cette ineptie qu'est l'épisode (et la série) des Secret Warriors : c'est aberrant, nébuleux, mal écrit. Mais un peu mieux dessiné que d'habitude par Mirco Colak : maigre consolation...



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Bilan : simple - après les deux merveilleux épisodes des Vengeurs Secrets, vous pouvez fermer la revue et la ranger, ça vous évitera de perdre votre temps avec ce qui suit.



MARVEL ICONS 5 :

- Les Nouveaux Vengeurs 4 : Possession (4).

A la Nouvelle-Orléans, dans le sanctuaire de Jericho Drumm, le Dr Vaudou, Stephen Strange et Daimon Hellstrom consultent des livres magiques pour essayer de savoir qui sème le chaos dans notre dimension et comment l'arrêter. A New York, justement, les Nouveaux Vengeurs s'emploient à contenir la horde de démons qui pleuvent sur New York. La situation semble se rétablir subitement lorsque réapparaît Iron Fist, relooké mais surtout très remonté contre Strange...

Ce 4ème chapitre constitue un peu le ventre mou de l'arc Possession : la majeure partie de l'épisode montre les héros aux prises avec les démons, en grande difficulté, mais le mystère demeure entier sur l'identité du responsable de ces troubles et sur son mobile. Brian Bendis en profite pour jeter Jessica Jones dans la mêlée (du coup, Mockingbird se fait discrète : c'est la faiblesse du scénariste, les castings trop fournis où certains membres de l'équipe peinent à exister) et fait revenir Iron Fist, esthétiquement changé et très en colère contre Strange, dont on devine qu'il a de vilains secrets.

Il y a encore des répliques savoureuses comme cet échange entre Cage et la Chose : "On sait que le Dr Strange est là quand les démons cessent de s'intéresser à nous. - Tout est dans la moustache.". J'avoue trouver ça irrésistible et ça fait du bien de rigoler dans un comic-book super-héroïque.

Stuart Immonen a le champ libre pour livrer des planches spectaculaires, qui font passer la pilule et donnent une envergure épique à cet épisode. Il est indéniable que, sans lui, je serais moins indulgent... Mais bon sang, quel formidable dessinateur !




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- Iron Man 29 : Stark Résistance (5).
Non. Non, merci, sans façon.

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- Captain America 608 : Sans issue (3).

Bucky et la Veuve Noire parviennent, non sans mal, à appréhender la Scarabée, qui refuse cependant d'avouer pour qui elle travaille. Les héros la livrent au Raft, où Fixer sert d'espion au Baron Zémo - Zémo dont Bucky et Natasha Romanavo déduisent qu'il est sans doute le responsable des attaques contre le nouveau Captain America. Mais ses ennuis ne font que commencer car, à présent, les médias relaient l'information comme quoi Barnes a été le Soldat de l'Hiver, le tueur au service des russes...



Ed Brubaker est décidemment très en forme et ce nouveau volet de l'arc No escape tient toutes ses promesses : la somme d'emmerdements qui tombe sur Bucky non seulement ne cesse pas mais s'amplifie jusqu'à le discréditer. Il est désormais évident que cette histoire va avoir de lourdes conséquences pour le héros et donc pour la série. C'est palpitant, angoissant, formidablement écrit et construit.



Butch Guice, encré par Rick Magyar, illustre ce scénario hyper-efficace de manière grandiose, son trait fait penser à John Buscema, puissant et fluide, avec des personnages qui ont une allure fantastique. Big up !


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- Les Quatre Fantastiques 579 : La fondation du futur.

Red Richards met en place une classe spéciale pour préparer le futur et imaginer des solutions aux problèmes du monde...


... Et Jonathan Hickman a besoin de 22 pages pour raconter ça ! Et rien que ça ! Alors que l'épisode précédent se terminait sur le début du conflit entre les quatre cités et qu'on était en droit d'attendre de l'action, le scénariste retombe dans ses travers avec un épisode ennuyeux, d'une lenteur exaspérante, dont le propos est décourageant et les dialogues ronflants. C'est vraiment la douche froide.

Et le retour aux dessins de Neil Edwards n'arrange rien : ce clone pathétique de Bryan Hitch, à qui il manque tout talent, illustre ça mochement.

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Bilan : partagé - New Avengers et (surtout) Captain America sauvent les meubles, mais FF re-pique du nez (et, non, je ne dirai rien d'Iron Man...).


MARVEL ICONS HORS-SERIE 21 :

- Steve Rogers, Le Super-Soldat (1-4/4).


Steve Rogers enquête dans la principauté de Madripoor sur un certain Jacob Erskine, qui a emprunté le patronyme de l'inventeur du sérum du super-soldat et dont la véritable identité est Jacob Paxton. Tyler Paxton faisait partie du programme de "l'Opération Renaissance" réunissant dans les années 40 les volontaires pour devenir Captain America. Jacob a, d'après le MI-13 (l'équivalent anglais du SHIELD), réussi à reproduire le sérum du super-soldat et voudrait le vendre au plus offrant. Mais Rogers va découvrir que la vérité est plus complexe et devra faire face à un vieil ennemi...



Si cette mini-série n'est pas directement une histoire de Captain America (le pseudonyme, le costume et le bouclier sont désormais portés par Bucky Barnes), Ed Brubaker en fait quand même une partie intégrante de son run sur le vengeur étoilé, et in fine la rattache aussi aux Vengeurs Secrets (Sharon Carter et le Fauve, mais aussi le Conseil de l'Ombre y font des apparitions).



Depuis qu'il préside au destin de Steve Rogers, via la série Captain America ou des titres périphériques comme Le Projet Marvels, une scène hante Ed Brubaker, celle qui a vu naître le super-soldat et mourir son créateur. Il revient fréquemment à cet instant originel comme si elle était la clé pour comprendre et développer éternellement le personnage et ses aventures. Ce récit parallèle y est encore une fois organiquement lié et Rogers l'avoue lui-même au début ("Je pense trop à mes origines ces derniers temps"). Mais c'est dans son passé, quasiment toujours, qu'il trouve la solution à ses enquêtes ou les ressources pour se sortir de ses ennuis.



Steve Rogers : Super Soldier (en vo) est une mini-série très efficace, mélangeant parfaitement le récit d'espionnage et d'action, et on ne s'ennuie pas une seconde en la lisant. A l'image du héros qui en creusant ses origines et en tombant le masque, la découverte de son véritable ennemi relève aussi d'un jeu sur les apparences. Ce mix d'éléments rétros et actuels est imparable et confirme Brubaker comme un conteur hors pair.



Pour la première fois, le scénariste collabore avec Dale Eaglesham, qui a dessiné ces épisodes après son passage (trop court) sur Fantastic Four : coutumier des personnages massifs et des femmes aux allures de pin-up, au charme à l'ancienne, son style convient parfaitement à cette histoire, où comme pour les FF, il n'est pas encré mais secondé par un coloriste (ici Andy Troy). Il livre une prestation solide, aux vignettes composées avec beaucoup de détails mais en nombre restreint par page, ce qui donne une lecture à la fois rapide et riche.



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Bilan : très satisfaisant - un hors-série très recommandable pour les fans de Brubaker, Eaglesham et/ou le Commandant Rogers (dont le dénouement laisse supposer une suite).