Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture et c'est particulièrement vrai pour ce 4ème n° de Guardians of the Galaxy qui suggère un duel entre Rocket Raccon et Star-Lord sous le regard médusé des autres membres de l'équipe. Et quelque part, c'est dommage qu'on n'ait pas eu droit à ça car ça aurait été plus consistant que ce que proposent Collin Kelly & Jackson Lanzing. Kev Walker est le seul à sauver les meubles.
Séparé des Gardiens de la Galaxie, Rocket Raccon officie comme shérif des étoiles, protégeant des populations dans les territoires du Manifold contre les attaques du Grootfall. Sur une de ces planètes refuges, il accueille un culte dévoué au monstre, persuadé que ses destructions aboutiront à une renaissance pour leurs adeptes...
C'est une grosse déception que cet épisode. D'ailleurs, pour parler franchement, depuis la relance de la série, je ne peux pas dire que j'ai été convaincu par la proposition des scénaristes Collin Kelly et Jackson Lanzing dont je me demande s'ils ne sont pas franchement surcôtés. Moi-même, j'avais placé beaucoup d'espoir en eux, après leurs épisodes sur Green Arrow...
Mais depuis, tout ce qui m'est passé entre les mains qu'ils ont signé m'a laissé sur ma fin. Captain America : Sentinel of Liberty valait essentiellement pour le dessin de Carmen Carnero car l'intrigue ne brillait guère par son originalité (et la perspective de les voir relancer Thunderbolts à la rentrée ne me ravit pas). Quant aux Guardians of the Galaxy...
Disons, pour faire simple, que je me demande ce qu'ils attendent pour démarrer vraiment leur histoire, décompressée au possible, et se reposant une fois de plus sur un artiste en feu, ici Kev Walker, et des artifices cosmétiques plus que des idées narratives.
Voilà quatre mois que Kelly et Lanzing parlent de Grootfall sans qu'on sache vraiment de quoi il s'agit, d'où ça vient, comment ça a commencé. Selon une formule répétitive chez Marvel depuis quelque temps, la série a redémarré avec les héros dans une situation de crise. Les Gardiens se sont désunis, l'ambiance est morose, et désormais ils sont déguisés comme un cowboy (Star-Lord), une chanteuse de saloon (Mantis), une chasseuses de primes (Gamora), un barbare (Drax) et Nebula est devenue un robot. Pourquoi ? Là encore : mystère.
Mais bon, après tout, pourquoi pas si l'histoire est prenante ? Sauf qu'elle ne l'est pas. Ces quatre épisodes sont trop décompressés, et abusent de scènes inutiles, sans enjeux, sans intensité, alors que, dans le même temps, les deux auteurs veulent nous convaincre qu'une menace terrible (et effectivement visuellement impressionnante) mobilisent les héros. Cette contradiction aboutit à une lecture laborieuse, ennuyeuse, sans nerf, sans rythme, totalement à l'opposé de qu'on est censé ressentir.
Star-Lord et compagnie vont ici et là pour prévenir de la menace du Grootfall sans éviter la catastrophe. Il faut dire qu'ils sont particulièrement mous, comme si la bataille était perdue d'avance, et leur côté badass n'y fait rien. On a l'impression qu'ils sortent d'un bal costumé et n'ont plus l'énergie pour convaincre les foules de les écouter.
Est-ce que ça allait un peu bouger avec Rocket Raccoon, son mauvais caractère, sa proximité avec Groot ? Pas vraiment. L'épisode n'est pas avare en splash-pages, grandioses, et Kev Walker tient la baraque avec un talent fou. Lui nous en donne pour notre argent, mais j'imagine que le script qu'il reçoit chaque mois ne doit pas l'assommer d'indications scéniques et qu'il a donc tout le loisir de meubler comme il en a envie. Tout ça ressemble à un pastiche de la "Marvel's way" imaginée par Stan Lee où les artistes recevaient un vague plan que le dessinateur mettait en images avant que le scénariste ne revienne pour écrire les dialogues.
Mais Stan Lee, contrairement à Kelly et Lanzing, était un dialoguiste plein de verve, alors que là on a droit une voix off indigne de Rocket Raccoon, sans vitalité, avec des figurants fantomatiques (ce fameux culte) et une action (ou plutôt une inaction) exaspérante. Je ne spoile rien d'important en vous révélant qu'à la fin Rocket et les autres Gardiens sont réunis et vont devoir retravailler tous ensemble car la version de Groot avec laquelle Star-Lord a communiqué dans l'épisode précédent les a convoqués pour s'expliquer.
Ce sera donc un quitte ou double que ce cinquième et prochain numéro : soit Kelly et Lanzing sortent de leur chapeau de space cowboy quelque chose qui me motivera à poursuivre l'aventure, soit - et ce malgré Kev Walker - j'en resterai là parce que payer 3,99 $ pour si peu à lire, c'est vraiment abusé. Marvel file un mauvais coton : entre faire mourir des personnages pour les ressusciter (sous une nouvelle forme) à peine quelques mois plus tard, répéter ad nauseam les mêmes gimmicks pour relancer des séries, annoncer des refontes de franchises, confier des séries-phares à des auteurs moyens, tout ça n'est vraiment pas bandant.
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