The Last Fantastic Four Story est un récit complet écrit par Stan Lee et dessiné par John Romita Jr, publié en 2007 par Marvel Comics.
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Envoyé sur Terre par le Tribunal Cosmique, le Juge, une créature immense et surpuissante, annonce à l'humanité qu'elle n'a plus qu'une semaine à vivre car elle a prouvé ses incompétences à vivre en paix et en harmonie avec son environnement. Les Quatre Fantastiques interviennent pour tenter d'éviter cette funeste issue mais s'avèrent aussi impuissants que les Vengeurs, les X-Men ou les Inhumains. Reed Richards demande alors, via le Surfeur d'Argent, l'aide de Galactus, tout aussi impuissant. Mais lorsque le Tribunal Cosmique est menacé par les Décimateurs, conquérants insensibles au pouvoir mental de l'autorité galactique, les FF n'hésitent pas à voler à leur secours. Cela suffira-t-il à annuler la condamnation pesant sur la Terre ?
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La perspective de lire une histoire, qui serait qui plus est "la dernière histoire des FF", écrite par l'homme qui a co-créé ces héros ressemble de prime abord à la réponse du berger à la bergère, la version de Stan Lee à la mini-série Fantastic Four : La Fin écrite et dessinée par Alan Davis. Ou alors, plus simplement, c'est l'adieu d'un scénariste à ses créatures.
Mais alors que sa collaboration récente avec l'artiste Marcos Martin sur Spidey Sundays Spectacular a été une réussite exceptionnelle, une merveille d'humour, ce récit complet d'une cinquantaine de pages est bien moins convaincant, ou du moins plus curieux.
L'histoire est conduite avec habileté et sur un rythme assez soutenu, le coup de théâtre au coeur du récit qui voit les FF partir à la rescousse du Tribunal Cosmique qui a condamné la Terre est simple mais malin, et la team-up FF-Galactus (et Silver Surfer) rappelle la trêve convenue entre le quatuor et le dévoreur de mondes dans le run mythique du meilleur héritier de Stan Lee et Jack Kirby, John Byrne.
Ce qui est beaucoup plus déroutant, c'est la raison pour laquelle les FF décident de raccrocher avant et après cette ultime aventure : la reconnaissance ne suffit plus aux héros, ils aspirent au calme et à une rétribution pour leurs efforts. Si Stan Lee n'était pas lui-même un fieffé filou fortuné, on jurerait que l'auteur de ce scénario a rédigé une note d'intention. Mais c'est vrai que, quand même, dans l'affaire, les 4F perdent beaucoup de leur superbe en prenant leur retraite pour des questions de gros sous et de lassitude.
En comparaison avec FF : La Fin d'Alan Davis où étaient convoqué pratiquement tout le Marvelverse (ou en tout cas toute la "FF Family") dans une saga foisonnante jusqu'à l'excés, cette Last Fantastic Four Story est finalement faussement grandiose. D'une certaine manière, bien qu'on mette souvent en garde l'amateur de ne pas juger un livre à sa couverture, tout est résumé ici dans le fait que le nom des auteurs est aussi gros que le titre, ce qui trahit un problème d'égos aussi bien chez ceux qui ont conçu l'ouvrage (auteurs comme éditeurs) que chez les personnages...
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Jack Kirby n'étant plus là (et sachant qu'il est resté fâché avec Lee jusqu'à sa mort, pas sûr qu'il aurait accepté d'illustrer ce récit), John Romita Jr était un (des) choix évident(s) pour dessiner cette histoire. Pourtant là encore, on reste un peu sur notre faim...
La démesure de certaines scènes, l'envergure de la menace, tout cela convient parfaitement à JR Jr qui s'empare de ces éléments avec une aisance unique. Il bénéficie en outre d'un bon encrage (Scott Hanna, avec lequel il a réalisé de nombreux épisodes de Spider-Man période JMS) et d'une mise en couleurs soignée (Morry Hollowell, partenaire de Steve McNiven ou Ed McGuiness).
En revanche, comme souvent maintenant, Romita Jr ne fait aucun effort sur l'expressivité des personnages, leur gestuelle. Le découpage est aussi des plus sommaires, ce qui est encore plus frustrant de la part d'une pointure comme lui, capable de dynamiser pratiquement n'importe quel script.
A sa décharge, comme il l'expliqua lui-même (dans une interview donnée au magazine "Comic Box"), il n'a jamais été en contact avec Lee, qui a travaillé selon la méthode "Marvel way" (un synopsis séquencé, mis en images par l'artiste et ensuite dialogué par le scénariste) ! C'était déjà le cas quand Romita Jr avait dessiné Les Eternels de Neil Gaiman, mais le matériau était plus riche et le résultat plus inspiré.
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En l'état, c'est donc surtout une curiosité pour fans (de Marvel, des FF, de Lee, de Romita Jr, au choix ou dans l'ensemble), lisible en vf dans le #50 de "Comic Box".
1 commentaire:
Paradoxalement, cette aventure met en valeur le travail de Davis.
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