mardi 5 juillet 2011

Critique 242 : JSA BOOK 5 - STEALING THUNDER, de Geoff Johns, David Goyer, Leonard Kirk, Stephen Sadowski et Peter Snejbjerg


JSA : Stealing Thunder est le cinquième album de la série, en regroupant les épisodes 32 à 38, publiés en 2002 par DC Comcs, écrits par David Goyer et Geoff Johns, et illustrés par Leonard Kirk, à l'exception du prologue en deux chapitres dessiné par Peter Snejbjerg et de l'épisode final (Father's day) par Stephen Sadowski.
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Le receuil s'ouvre sur un prologue en deux parties distinctes : la première introduit la nouvelle incarnation du Crimson Avenger, la seconde initialise l'intrigue qui donne son titre à l'album (Stealing Thunder).
Puis l'histoire se développe en cinq actes : l'Ultra-Humanite, un puissant télépathe, ennemi de longue date de la Société de Justice d'Amérique, s'empare du corps de Johnny Thunder, premier utilisateur du génie Thunderbolt, capable d'exaucer tous ses souhaits (sauf s'il s'agit de tuer ou de ressuciter quelqu'un). Aujourd'hui, Thunderbolt obéit au jeune Jakeem Williams, un adolescent afro-américain receuilli par les héros après avoir été élevé par sa tante (ses parents sont morts). L'Ultra-Humanite vole le stylo dans l'encre duquel sommeille le génie et refaçonne le monde selon ses désirs.
Le vilain Icicle réveille Sand de la prison où l'Ultra-Humanite a enfermé, en animation suspendue, les héros et les deux ennemis décident de s'allier après avoir découvert ce que le monde est devenu. Ils retrouvent Jakeem Williams qui les conduit jusqu'à Power Girl, Captain Marvel (Shazam), Crimson Avenger et Hourman (3ème du nom), qui ont échappé à leur ennemi et préparent leur revanche.
Cependant, Wildcat et Dr Fate sont retenus de leur côté et vont s'employer à libérer Green Lantern (Alan Scott), dont l'énergie sert à alimenter les installations de l'Ultra-Humanite...
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Trois ans après avoir relancé les aventures de la JSA avec James Robinson, David Goyer préside à la destinée du titre en compagnie de Geoff Johns. Les deux auteurs ont su faire fructifier la série qui est devenue un succès avec plus de trente épisodes au compteur (ce volume en comptera 87 avant un nouveau relaunch en 2008). La recette est simple : il s'agit de mixer des personnages de l'âge d'or et des héritiers de héros en les précipitant dans des histoires spectaculaires au rythme échevelé.
Dans le premier chapitre du prologue, nous avons droit à un exemple typique de la méthode Goyer-Johns : une nouvelle incarnation du Crimson Avenger est rapidement présentée et lance un subplot, qui ne sera résolu qu'une vingtaine d'épisodes plus tard. Le Crimson Avenger était Lee Travis, un héros du "golden age", plus proche d'un justicier de pulp comics que d'un véritable super-héros, se servant de deux pistolets automatiques pour éliminer des criminels, puis victime d'une malédiction. Aujourd'hui, son successeur est une jeune femme noire, brandissant les mêmes armes, les yeux masqués par un bandeau, symbolisant la justice aveugle, et elle aussi agie par la magie (le personnage est, sous cette forme, un décalque étonnant de Lady Justice, créée par Neil Gaiman). En 4 pages, tout est dit : la nature de l'héroïne, le passé de son prédécesseur, sa mission, sa future cible. Cette rapidité résume toute l'énergie avec laquelle Goyer et Johns mènent leurs affaires.
La saga Stealing Thunder est une variation sur le refaçonnage du monde par un criminel pourvu d'immenses pouvoirs qu'un grain de sable va venir perturber. Avec malice, les deux scénaristes ont choisi pour camper cet élément perturbateur un vilain, Icicle (dont le pouvoir consiste à produire de la glace) : il se rebelle davantage pour gagner sa liberté que pour tirer profit de la situation, sachant que l'Ultra-Humanite n'aura aucun intérêt à s'allier avec lui, et lui aucune chance de s'en tirer sans s'allier avec les "Societers" ayant échappé au joug de leur ennemi.
Avec habileté, pour ménager un certain suspense, Goyer et Johns choisissent comme résistants des héros à la puissance inégale et à la complémentarité incertaine, ce qui garantit qu'ils ne réussiront pas facilement à vaincre l'Ultra-Humanite. A côté de Jakeem Williams, d'Icicle (avec lequel la JSA rechigne à collaborer) et du géomorphe Sand, on trouve la nouvelle venue Power Girl, l'imposant Captain Marvel (aka Shazam), la mystérieuse Crimson Avenger et le stratège Hourman (dont les capacités à voir l'avenir et remonter brièvement le temps seront déterminantes). Chaque personnage est bien caractérisé et leurs pouvoirs judicieusement utilisés pour alimenter les rebondissements (comme lors de la scène où Marvel/Shazam redevient Billy Batson puis récupère ses pouvoirs). Enfin, la confrontation finale est épique à souhait et le destin de Johnny Thunder est poignant.

L'album se clôt par un épisode mettant en vedette Jakeem et Hourman sur le thème de la fête des pères (Father's day), une autre manière de traiter de l'héritage et de la filiation, au coeur de la série.
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La partie graphique est assurée par Peter Snejbjerg pour le prologue, dans un style qui évoque ce que produit aujourd'hui Chris Samnee.
Puis Leonard Kirk illustre les cinq actes de Stealing Thunder : son trait fait beaucoup penser à celui de Stuart Immonen (avant Nextwave, à l'époque où il était inspiré par Adam Hughes). Encré par Keith Champagne, son dessin conserve ce mélange d'élégance et de nervosité, qui trouvera son aboutissement lors de son passage sur Agents of Atlas. Kirk gagne énormèment à être bien encré et prouve qu'il peut produire des épisodes de grande qualité quand il est inspiré.
Enfin, Father's day est dessiné par Stephen Sadowski, qui a été l'artiste avec lequel Robinson et Goyer avait relancé la série. Peu satisfait de sa collaboration avec Michael Bair (qui signe l'affreuse couverture de cet album), il est ici secondé par Andrew Pepoy qui sait donner plus de rondeur et d'épaisseur à son trait.
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Sans nul doute, un des meilleurs tomes de la série : des épisodes qui se dévorent et qui en mettent plein les yeux. Espérons que la JSA revienne bientôt, bien que le reboot imminent de l'univers DC n'annonce pas de nouvelle série avec ces héros...

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