Jean-Paul Belmondo est parti hier à 88 ans.
Mais "Bébel" n'est pas mort. Car Bébel, c'était la vie, le mouvement, l'énergie, le corps, l'humour, le génie. Il ne peut donc mourir ni disparaître. Il est simplement, désormais, ailleurs, avec la "Bande du Conservatoire" - Michel Beaune, Jean Rochefort, Jean-Pierre Mareille, Pierre Vernier - , ses amis comédiens qui le portèrent triomphe quand la direction de la Comédie-Française lui refusèrent un Premier Prix que tous lui prédisaient.
Bebel a toujours été ailleurs, à part. Il était moderne avant les autres et l'est resté. Il ne jouait pas comme on jouait avant lui, et personne ne jouera comme lui, avec cette puissance généreuse, cette décontraction seulement possible par beaucoup de travail, avec cette présence solaire..
Jean-Paul Belmondo se fichait des prix, même s'il a éprouvé un sentiment de revanche toute sa vie après son échec au conservatoire. Comme Marielle, il estimait qu'il n'était pas un "acteur de tombola". Les César (qu'il ignorait car l'Académie préféra la compression de César pour ses trophées à une sculpture de son père, Paul Belmondo) ne le récompensèrent qu'une fois et il n'alla pas chercher son prix. Le Festival de Cannes se rattrapa en lui décernant une Palme d'Or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière après l'avoir snobé pendant 40 ans. Qu'importe !
Car Bebel avait pour lui le public, épris de son sourire éternel, de ses audaces incroyables, et son sens du divertissement. Ce qui ne l'empêchait pas d'aller se frotter à des auteurs exigeants : il avait débuté devant la caméra de Jean-Luc Godard, puis finança Alain Resnais ou s'aventura chez Louis Malle et François Truffaut.
Belmondo, c'était tout cela - non : c'est tout ça, ça sera toujours ça. Ne parlons pas de lui au passé car les héros ne meurent jamais, les légendes sont immortelles, les géants dominent la fatalité. Oui, c'est ça, Bebel pour moi : un héros, un roi du cool. Un compagnon. Il m'impressionne et en même temps je me projette en lui, c'est la version idéale de ce qu'on aimerait être.
Et puis de 1959 à 1999, Belmondo - car son nom est devenue une sorte de marque, on n'allait pas voir un film, on allait voir un Belmondo - nous laisse, pour nous amuser, nous émouvoir, nous faire vibrer, plein de films merveilleux, littéralement des pépites. Voici quelques-uns de mes favoris :
A bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1959)
Cartouche (Philippe de Broca, 1961)
Un Singe en Hiver (Henri Verneuil, 1962)
L'Homme de Rio (Philippe de Broca, 1963)
Pierrot le Fou (Jean-Luc Godard, 1965)
Un Homme qui me plaît (Claude Lelouch, 1968)
Borsalino (Jacques Deray, 1969)
Le Magnifique (Philippe de Broca, 1973)
L'Incorrigible (Philippe de Broca, 1975)
Ce n'est évidemment pas une liste exhaustive. J'aurai pu citer L'Aîné des Ferchaux, 100 000 Dollars au Soleil, Le Voleur, Les Mariès de l'An II, Peur sur la Ville, L'As des As, Itinéraire d'un Enfant Gâté, Une Chance sur Deux, Peut-être. Et des tas d'autres parmi les 80 qu'il a tournés.
Mais je veux retenir l'image du Bebel bondissant, charmeur, libre, passionné... Car, comme je l'ai dit, Belmondo, c'est la vie. Jean-Paul Belmondo n'est pas mort, qu'on se le dise. Il est juste ailleurs. Comme il l'a toujours été.
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