- Paper Dolls (#37–39) : Le sous-marin HMAS Williamson à bord duquel ont été recueillis Yorick, l'agent 355 et le Dr Mann accoste à Sydney, en Australie. Yorick obtient de sortir en ville pour y chercher sa fiancée Beth, accompagné par 355. Cette escapade va mal tourner après que Paloma West, reporter d'un journal à sensations, The Monthly Visitor, piège 355 et photographie, contraint et forcé, Yorick dans le plus simple appareil. Cependant, Alison Mann et Rose Copen se rapprochent et deviennent amantes, mais la biochimiste ignore qu'en invitant l'australienne à les accompagner, elle, 355 et Yorick, elle lui permet de les espionner. Après avoir retrouvé Paloma West, Yorick et 355 renoncent finalement à récupérer les photos qu'elle a prises de lui. Le jeune homme a appris que Beth est partie pour Paris, où ils avaient projeté d'aller, bien avant l'épidémie. Enfin, Alter Tse'elon, à Washington, se présente devant la mère de Yorick qui refuse de lui dire comment le retrouver. La militaire déchue abat alors froidement la représentante du congrès.
- The Hour of our Death (#40) : Hero Brown gagne Cooksfield, en Californie, où elle retrouve Beth, l'hôtesse de l'air réfugiée dans une église avec laquelle Yorick eût une brève liaison (cf. Tongues of Flame), et découvre qu'elle est enceinte de Yorick depuis huit mois. Après avoir été enlevées par des religieuses et qu'une échographie ait révèlé que Beth attendait une fille, la future mère et Hero sont relâchées et partent ensemble à bord d'un side-car pour le Kansas, où résident les jumelles Hartle, Natalya et Ciba avec son fils.
- Buttons (#41) : Alison Mann et Yorick sont pourchassées par des femmes cannibales à Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle Guinée, quand ils rejoignent Rose et l'agent 355, prêtes à les affronter. Cette situation rappelle à 355 ses origines : on la découvre fillette en compagnie de son père, un tailleur, puis apprenant à l'école le décès de ses parents. Orpheline, elle sombre dans la délinquance et échoue en maison de correction où, après une bagarre, elle est abordée par l'agent 355 du Cercle de Culper. Elle devient alors un membre de l'organisation, si efficace et loyal qu'elle sera choisie pour arrêter son mentor, ayant intégré le Cercle de Setauket.
- 1,000 Typewriters (#42) : Il y a cinq de ça, le singe Ampersand servait de cobaye aux expériences du mystérieux Dr M., qui avait déjà la ninja Toyota à son service. M. envoie le capucin aux Etats-Unis à l'adresse d'Alison Mann mais à l'aéroport, l'animal et un de ses congénères sortent de leurs cages. C'est ainsi qu'au lieu d'arriver chez Alison Mann, Ampersand parvient à Yorick qui avait acquis un singe après le départ de Beth pour l'Australie. Puis l'épidémie s'abat sur le monde et Yorick fuit New York avec son animal. Plus tard, ils traversent le pays avec Alison Mann (qui ignore que le singe était celui sur lequel elle devait initialement travailler) et 355, tout en étant observés par Toyota. A Yokogata, Ampersand parvient cependant à échapper à la ninja...
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Disons-le tout net : bien qu'il ne soit pas raté (loin de là), ce 7ème tome déçoit un peu. La faute à son aspect trop morcelé puisqu'il rassemble quatre histoires d'intérêt inégal. Le premier récit avec la reporter n'est pas mal mais un peu convenu : on assiste au début de la liaison entre Rose et Alison, ce qui n'est pas surprenant, pendant que Yorick et 355 affrontent Paloma West. La course-poursuite dans Sydney est bien rythmée et offre même un moment fort lors de la bagarre sur le balcon de la chambre d'hôtel, mais le dénouement tombe à plat et donne un sentiment de "tout ça pour ça ?" frustrant. Ce sont trois épisodes où, pour la première fois depuis l'arc Widow's Pass, on a l'impression que Brian K. Vaughan a un peu trop rallongé la sauce.Le deuxième acte est un "one-shot" encore moins inspiré où on retrouve Hero et l'hôtesse de l'air Beth. La découverte de sa grossesse, évidemment provoquée par sa nuit d'amour avec Yorick, est encore trop facile, trop prévisible. J'aurai préféré que Vaughan ne revienne pas à ce personnage pour conserver à l'aventure de Yorick et de la jeune femme son côté exceptionnel, que surligne trop la grossesse (même s'il évite un écueil encore plus grand en lui faisant porter un garçon).
La troisième histoire est encore un épisode à part, centré sur l'agent 355, cette fois. Ses origines sont racontées avec efficacité, mais le parcours du personnage évoque curieusement celui de l'héroïne de la série télé Alias de J.J. Abrams. Le point de départ de ce flash-back est également déroûtant avec une menace plutôt grotesque que Vaughan évacue avec une étonnante légèreté.
Enfin, l'album se clôt sur la trajectoire d'Ampersand : cet épisode, improbable s'il en est, est pourtant le plus réussi du livre, et Vaughan réussit à relier les origines du singe avec le destin de Yorick d'une manière épatante, même si l'accident qui provoque leur rencontre est tiré par les cheveux.
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La partie graphique est à 95% assurée par Goran Sudzuka, qui devient de fait le véritable nouveau dessinateur de la série, Pia Guerra ne faisant que passer - la situation perdurera jusqu'au tome 9. Sudzuka accomplit un excellent travail, parvenant à faire oublier Guerra tout en oeuvrant dans un registre très proche du sien, et que l'encrage de José Marzan Jr unifie parfaitement. Le rythme de la lecture ne faiblit pas car le découpage reprend les mêmes ingrédients, un cadrage sage, peu de vignettes par page, et un trait simple, lisible, expressif.
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Un tome mineur, mais dont la fin promet des rebondissements rocambolesques : cela va être intéressant de découvrir comment Vaughan va s'en sortir...
8 : KIMONO DRAGONS (#43-48, 2007)
- Kimono Dragons (#43–46) : Yorick, l'agent 355, Alison Mann et Rose Copen arrivent à Yokogata, au Japon, où a été localisé, grâce son implant électronique et le traceur que leur a confié Hero Brown, Ampersand. Le groupe se sépare en deux : d'un côté, Alison et Rose se rendent jusqu'au laboratoire de la mère du Dr Mann, Mme Matsumori, qui va être enlevée par Toyota (qui travaille donc pour quelqu'un d'autre) ; et de l'autre, Yorick et 355 rencontrent You, une proxénète, qui leur révèle qu'Ampersand est aux mains d'Epiphany, ex-pop star canadienne devenue chef Yakusa. Cependant, à Oldenbrook, au Kansas, Hero et Beth (qui a accouché de la fille qu'elle a eu après sa liaison avec Yorick) ont rejoint les jumelles Hartle, Ciba Weber et son fils Vladimir, et Natalya. Mais Alter Tse'elon, avec un commando, arrive sur place avec deux tanks...
- The Tin Man (issue #47) : Alors qu'elle souffre d'une importante hémorragie interne, Alison Mann se souvient de son passé : fille d'une japonaise et d'un chinois, tous deux chercheurs, elle assiste à leur rupture à cause de l'infidélité de son père, se rebelle à l'adolescence en découvrant son lesbianisme, et entreprend de se cloner elle-même.
- Gehenna (#48) : Alors qu'Alter Tse'elon a pris le contrôle de la base d'Oldenbrook au Kansas et qu'elle menace de mort une des jumelles Hartle pour savoir où se trouve Yorick, elle se rappelle de sa jeunesse : après la mort de sa soeur aînée, apparemment tuée lors d'un attentat commis par des palestiniens, elle intègre l'armée israélienne, niant vouloir seulement se venger mais faire justice au nom des innocents tués par des fanatiques de tous bords. C'est pour cela qu'elle voudrait également sauver Yorick.
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Après le tome 7 que j'avais trouvé décevant, c'est avec un mélange de méfiance et d'espoir que j'ai lu ce 8ème livre... Et Brian K. Vaughan a su redresser la barre avec brio. Kimono Dragons est divisé en deux.
D'abord, il y a l'histoire éponyme où Yorick et 355 remettent la main sur Ampersand au cours d'une plongée dans les bas-fonds de Yokogata, avec son lot de péripéties, efficaces et colorées. Ce n'est pas renversant, le dénouement est un peu expédié, mais on ne s'ennuie pas. Le personnage de You (un prénom évocateur) est accrocheur, ambigüe à souhait, et son alliance avec Yorick et 355 sert en fait une lutte de pouvoir entre elle et Epiphany, pur cliché de pop star déchue reconvertie en gourou-chef de gang.
Ensuite, plus passionnant, il y a le récit concernant Rose, Alison et la mère de celle-ci : on découvre que Mme Matsumori n'est pas le Dr M. pour qui travaille Toyota, un rebondissement vraiment réussi, inattendu, précédé et suivi d'évènements dramatiques (Rose grièvement blessée, Alison victimes de sanguinolents effets secondaires à cause des expériences de clonage). Cette partie annonce des développements prometteurs, d'autant qu'Alison sait désormais que Rose sert d'espionne aux militaires australiens.
La seconde partie du livre est composée de deux épisodes dévoilant les passés d'Alison Mann et d'Alter Tse'elon : c'est un exercice dans lequel, comme il l'a prouvé en se penchant auparavant sur Beth Deville et l'agent 355, Vaughan est un vrai maître. Il invente des biographies surprenantes, très riches, à ses personnages féminins, en quelques scènes bien choisies, bien senties, très fortes, dont on ressort ébranlé. La condition d'Alison tout comme les projets d'Alter ouvrent là encore des portes pour la fin de la série qui donnent très envie.
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La partie graphique fait encore la part belle à Goran Sudzuka, qui signe trois des six épisodes (et même trois et demi puisque le #46 est co-dessiné par Sudzuka et Guerra) : égal à lui-même, l'artiste croate a fait siens les personnages de la série et accomplit un travail exemplaire, comme peu de fill-in (même si sa contribution est bien plus conséquente qu'un simple remplaçant ponctuel) en sont capables.
Pia Guerra réalise les épisodes 43 à 45 avec efficacité et, encore une fois, il faut féliciter l'encreur José Marzan Jr pour ses efforts : il unifie tellement bien les planches des deux dessinateurs qu'on distingue à peine les différences de style entre eux.
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Un redressement méritoire après un léger creux mais surtout de belles promesses pour la suite - et la fin, qui (lentement mais sûrement) se profile (encore 12 épisodes)...
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