- Siege (3).
Pénultième épisode de l'event Marvel... Et on s'aperçoit de la brièveté de cette histoire, qui tranche donc avec les précédents crossovers en 7 ou 8 volets ! Au moins, malgré les critiques, il est un reproche qu'on ne pourra adresser à Siege, c'est d'avoir trop duré.
Les Vengeurs (rassemblant Nouveaux Vengeurs, Secret Warriors, Jeunes Vengeurs) sous le commandement de Steve Rogers débarquent à Asgard, résolus à neutraliser Osborn, ses Vengeurs Noirs et le Hammer. Le conflit atteint son point culminant, mais la menace la plus dangereuse demeure Sentry, qui, après sauvagement tué Arès, est désormais totalement submergé par sa moitié noire, Void. Thor défie la créature qui a le pouvoir de détruire le royaume des dieux nordiques et que seul, peut-être, Osborn pouvait encore maîtriser...
Brian Michael Bendis livre un chapitre qui laisse un sentiment étrange : d'une part, on assiste à un tournant du conflit avec l'arrivée sur le champ de bataille des Vengeurs, mais d'autre part, il est vite évident que cela prépare surtout au grand final avec le duel attendu entre Thor et Sentry.
Plus que jamais donc, l'action prime et c'est avant tout la confusion du combat, mettant en scène quantité d'adversaires (quand bien même, et on peut s'interroger à ce sujet, des héros notables sont absents comme les FF, voire les X-Men), qui est restituée durant des pages épiques. Le spectacle est total, sans doute aussi un peu creux, mais c'est le lot des sagas de ce genre : il y a une part d'absurdité dans ces réglements de compte à grande échelle, et Bendis s'amuse à nous balader en sachant que l'essentiel est à côté, avec le rétablissement attendu de Tony Stark mais aussi le face-à-face de Thor et Sentry.
L'épisode a donc un aspect "passage obligé" avec sa mêlée d'assaillants, sa série de catastrophes, et son cliffhanger apocalyptique. Mais le rythme est enlevé et on ne s'ennuie pas. Le dénouement, même prévisible, est prometteur.
Les dessins d'Olivier Coipel sont à l'avenant. J'avais lu que leur niveau baissait au fur et à mesure, mais je ne suis pas d'accord avec ça : certes, il sacrifie un peu les décors, mais rien ne peut être pire que de surcharger des illustrations où l'action est aussi dominante avec des arrière-plans trop fouillés (c'est ce que nous enseigne Franquin). Son découpage rend bien compte de l'ampleur du siège d'Asgard, de la foule des belligérants, de la fureur de leur opposition. Quand il dessine la chute du royaume des dieux, c'est vraiment impressionnant et la double-page qu'il y consacre est saisissante. Et la métamorphose de Sentry est vraiment glaçante, tout comme le démasquage d'Osborn est l'occasion d'une image étonnante (depuis Deodato dans les Thunderbolts d'Ellis, jamais la folie du personnage n'avait été si bien rendue).
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- Siege : Journal de guerre (3).
Brian Reed et Chris Samnee continuent le récit parallèle du siège d'Asgard du point de vue de Ben Urich. Le reporter du "Frontline" échappe provisoirement aux forces du HAMMER... En embarquant à bord d'un de leurs héliporteurs. La situation dégénère rapidement quand Venom emboutit le vaisseau et se met à bouffer les occupants, puis que l'engin s'écrase. Le propagandiste Ted Keller prend alors les commandes et, refusant toute remise en question, continue à travestir les faits à l'avantage d'Osborn. Mais survient la chute d'Asgard...
L'histoire baisse en qualité dans ce troisième volet où Reed balade son héros dans des situations assez grotesques comme s'il devait remplir son scénario jusqu'au final. L'utilisation de Venom (personnage par ailleurs déjà caricatural et peu intéressant) est une grosse ficelle scénaristique, dont le cannibalisme vient surcharger un tableau déjà bien touffu dramatiquement. Dommage, mais espérons que le dernier volet sera de meilleure facture.
Samnee livre de belles planches, efficacement découpées, mais dont la colorisation de Matthew Wilson n'est pas très heureuse. C'est un peu du gâchis.
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Bilan : la fin s'annonce dantesque - Bendis et compagnie vont-ils assurer ? Réponse dans un mois, avec le dénouement à la fois de la saga et du "Dark Reign".
- Les Nouveaux Vengeurs 63 : Un Mauvais Rêve.
Annexée à Siege, la série a, depuis le début de l'event, su malicieusement tourner autour, au lieu de se contenter de raconter la même histoire sous un angle différent. Cette fois, Brian Bendis est obligé d'entremêler la relation de la guerre à Asgard et le sort de ses Nouveaux Vengeurs qu'on a vu rejoindre le champ de bataille.
Néanmoins, le scénariste s'y prend avec habileté en découpant son épisode sur deux temps, d'une manière musicale. Le premier temps fait office de refrain en détaillant les faits d'armes de quelques Nouveaux Vengeurs, comme Luke Cage, Ronin et Oiseau-Moqueur. Le deuxième temps montre ces mêmes personnages la veille du combat, en plein questionnement : Cage discute avec Jessica Jones de l'avenir de leur couple et de leur fille (il est convaincu à la fois qu'il faut en finir avec Osborn et croire en la victoire, elle doute de cette issue et se demande si elle doit redevenir une super-héroïne costumée) ; Barton tente de percer à jour Bobbi Morse visiblement nerveuse et perplexe au sujet de leur duo.
Bendis jongle avec ces narrations parallèles avec une belle adresse : comme dans les deux précédents épisodes qui se penchaient également sur deux binômes (Steve Rogers et Bucky, Spider-Man et Spider-Woman), il en profite pour sonder les caractères de chacun (et sans doute semer des indices sur ce qu'il va faire avec eux, dans les prochaines séries Avengers et New Avengers). Il fait très bien ressentir le trouble qui s'empare de ses personnages et les liaisons entre ces scènes de dialogues et sur le champ de bataille sont d'une élégante fluidité.
Stuart Immonen a laissé la place (pourquoi ? Mystère, à moins que Marvel ait voulu ménager l'artiste pour le volume 2 de la série) à Mike McKone. Dessinateur nomade (il a fait de fréquents allers et retours entre DC et la Maison des Idées, et dans les deux cas a oeuvré sur les titres les plus divers, comme récemment sur Spider-Man) mais raffiné, il ne déçoit pas. Ses planches sont superbes, même si je le trouve supérieur dans les séquences calmes. On peut toutefois déplorer que la colorisation de Dave McCaig soit faiblarde et affadisse l'ensemble.
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- Les Quatre Fantastiques 573 : Incursion dans le Nu-Monde.
Depuis son arrivée sur le titre, le travail de Jonathan Hickman me laisse dubitatif : je devine chez lui une vraie imagination et une volonté d'inscrire son run dans un plan ambitieux, en redonnant du corps à une série qui a vécu au gré des inspirations inégales de ses auteurs récents (JMS, McDuffie, Millar : des montagnes russes en termes de style !). Mais je suis aussi irrité par son dédain manifeste pour ce qui l'a récemment précédé et la manière dont il traite (ou pas) ses personnages (le premier arc, tout entier voué à Mr Fantastic, négligeait le reste de l'équipe et s'achevait de façon expéditive et convenue).
Ce n'est pas avec cette épisode que je vais changer d'avis, et même que je vais être séduit puisqu'Hickman saccage sans gêne une des idées du run de Millar (la terre parallèle du Nu-Monde où la Chose, la Torche, Valeria et Franklin Richards atterrissent au milieu d'une lutte politique entre les Nouveaux Défenseurs Lightwave et Ultron) avec un semblant d'histoire très mal narré, dont une fois de plus la chute est épouvantablement gnan-gnan.
Après avoir à peine traité Jane Richards pour en refaire une épouse soumise, Hickman ne fait pas davantage d'efforts pour écrire Ben Grimm, réduit au castagneur de service, et Johnny Storm, cantonné à jouer les figurants. Quant aux deux gamins, d'ordinaire déjà agaçants, ils sont à peine développés. Quand je lis que ce scénariste marche dans les pas de Byrne, je me pose des questions sur la lucidité de ceux qui osent la comparaison...
L'autre mauvaise nouvelle est que Dale Eaglesham a laissé la place au médiocre Neil Edwards au dessin. Cette espèce de clone misérable de Bryan Hitch fait à peu près illusion dans les plans d'ensemble, mais dès qu'il doit découper et illustrer des scènes dialogués avec des plans serrés, le résultat est vraiment cruel.
Tout ça commence à devenir inquiètant...
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- Iron Man 22 : Dislocation (3).
Pas besoin de s'esquinter les yeux avec ça, ni même à perdre son temps avec ce que ça raconte : il suffit de feuilleter les planches pour 1/constater que c'est toujours aussi laid, et 2/qu'il ne se passe toujours rien (pas la moindre scène d'action : le néant total ! Fraction sait-il même qu'un comic super-héroïque est sensé divertir ? J'en doute !).
Zappons. Ce n'est plus inquiètant, c'est désespérant (et ça fait 22 mois que ça dure)!
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- Captain America 604 : Deux Amériques (3).
Cet arc de Captain America, dont l'histoire se déroule chronologiquement avant Siege (bien qu'ayant été publiée en vo pendant et après...), s'avère décevant, comme si la série se cherchait un second souffle.
Bucky est prisonnier du Captain fou des 50's, mais le récit suit surtout le Faucon qui, après d'être débarrassé de ses geôliers, découvre une partie des plans de l'ennemi (un train piègé servant à faire diversion pour un autre attentat plus important).
Ce n'est pas déplaisant de voir ce bon vieux Sam Wilson en vedette : sa bagarre est bien mise en scène et permet au duo Luke Ross-Butch Guice de livrer des planches bien troussées. Mais bon, ce n'est pas palpitant non plus et Ed Brubaker a été plus inspiré dans le passé. En vérité, on lit ça sans se sentir très concerné, de façon détaché, un peu négligé, en attendant de passer à quelque chose de plus musclé et original.
Je ne veux pas être trop sévère, mais il est clair que ces Deux Amériques ne resteront pas dans les mémoires.
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Bilan : un petit numéro, où seuls les NA surnagent vraiment. Les FF déçoivent durement, Captain America ne passionne guère et Iron Man reste illisible. C'est maigre...
- X-Men/Agents d'Atlas : Vol autorisé ? (1 & 2/2)
Dans ce premier récit en deux parties, les Agents d'Atlas, pour localiser leur acolyte Vénus, enlevée par les gardiens du temple d'Aphrodite qui lui reproche d'être une ursupatrice de la déesse dont elle a le nom romain, entreprennent d' "emprunter" Cérébra, l'ordinateur détecteur de mutants des X-Men. Ces derniers, qui sont en train de s'installer sur l'île Utopia, transfèrent leurs équipements depuis Graymalkin Industries, leur ancien QG, dans la région de San Francisco - la ville où se trouve également, dans les catacombes, le repaire des Agents d'Atlas - , et surprennent vite les intrus.
Agents of Atlas, l'excellente série de Jeff Parker, toujours aux commandes de ce mini-crossover, n'a jamais rencontré le succès : comme les Runaways de Brian K. Vaughan, c'était un titre parmi les plus rafraichissants et les plus toniques de ces dernières années, mais dans l'univers Marvel dominé par Spider-Man, les Vengeurs et les X-Men, les nouveautés n'ont apparemment pas de chance de s'imposer. La dernière tentative de relancer le titre, sous le nom d'Atlas, n'aura tenu que cinq numéros et qui sait où et quand (et surtout si) on reverra la bande de Jimmy Woo...
Cette rencontre avec les X-Men bâtie sur un argument très léger a fait partie des tentatives de l'éditeur pour favoriser l'exposition des personnages fêtiches de Parker. Hélas ! cela n'a pas été suivi d'effet, et par ailleurs le scénariste ne s'est pas montré très inspiré par l'exercice.
On s'amusera cependant de voir Parker pasticher les tics d'écriture de Matt Fraction (avec les cartons de présentation débiles des X-Men, la pléthore de personnages présents nuisant à l'efficacité de toute histoire, la platitude des dialogues et l'absence de dynamique de groupe des mutants est criante par rapport à la verve et à l'énergie des Agents d'Atlas). La démonstration de Parker est presqu'humiliante pour Fraction : avec ces six Agents et un pitch qui tient sur un post-it, il réussit à être plus divertissant que n'importe quel épisode récent des X-Men.
La partie graphique est satisfaisante : ça fait plaisir de revoir le trop rare Carlo Pagulayan, qui mériterait d'être plus souvent employé. Le second volet accueille Chris Samnee, le temps de quelques pages décalées savoureuses, dans lequel son style épuré fait merveille. En revanche, c'est assez curieux que l'épilogue soit illustré par Carlos Rodriguez : certes, ce ne sont que trois planches, mais pourquoi diable Pagulayan n'a-t-il pas terminé ce qu'il avait commencé ?
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- Vengeurs/Agents d'Atlas : Les plus grands héros de la Terre (1-4/4).
Le vrai plat de résistance de la revue est ce récit en quatre parties où New puis "Classic" Avengers (l'équipe originelle des 60's, de Lee et Kirby !) rencontrent les Agents d'Atlas.
L'histoire s'articule de manière alambiquée mais plaisante autour d'une entité créant des distorsions temporelles. C'est ainsi que le gang de Jimmy Woo en intervenant dans un combat des Nouveaux Vengeurs (Spider-Man, Luke Cage, Cap/Bucky, Wolverine, Ms Marvel) est confronté à leurs prédécesseurs (Cap/Rogers, Thor, Iron Man, la Guêpe, Giant-Man puis Hulk).
Le récit est très référentielle puisqu'il convoque des épisodes des années 60, avec l'apparition de Kang le conquérant, tout en faisant allusion à des évènements récents, comme la mort de la Guêpe dans Secret Invasion ou la disparition d'autres héros dans Avengers Disassembled. Le lecteur néophyte appréciera-t-il sans avoir connaissance de tout ça ? Je n'en jurerai pas, mais Parker ne fait pas appel sans raison à cette continuité puisque dans la première série des AoA (dessiné par Leonard Lirk), il rappelait que son équipe était en fait la première formation des Vengeurs, les Secret Avengers (avant qu'Ed Brubaker ne s'empare du nom pour sa nouvelle parution), dans les années 50, quand Marvel s'appelait... Atlas Comics !
Ces quatre épisodes sont en tout cas menés tambour-battant, les bagarres succèdant aux bastons, toutes plus homériques les unes que les autres (après les crystaloïdes, les hommes de lave, Super-Body, Hulk est de la fête, plus déchaîné que jamais). En même temps, le véritable adversaire donne vraiment du fil à retordre aux deux équipes (et la résolution de l'énigme est un joyeux n'importe quoi pseudo-scientifique, comme en pondait Stan Lee dans les 60's).
Parker se fait plaisir en mettant en scène ses personnages avec les Vengeurs classiques et prouve son savoir-faire pour les faire interagir, parsemant les pages de réparties drôlatiques (impayable Gorilla-Man).
Gabriel Hardman illustre ça avec talent : ses combats sont toujours lisibles et explosifs, son trait est à la fois élégant et nerveux (dans la lignée d'un Michael Lark), excellant à animer des personnages vintage. Cela donne un aperçu prometteur de ce qu'il va produire sur Hulk, toujours avec Parker. Et les couleurs d'Elizabeth Breitweiser sont de toute beauté.
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Bilan : très satisfaisant rapport qualité/prix (le volume d'un tpb pour le prix d'un hs kiosque), et l'occasion pour les fans de suivre pour deux de leurs dernières aventures des héros atypiques et injustement condamnés.
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