mardi 16 juin 2009

Critique 61 : ZERO HOUR - CRISIS IN TIME, de Dan Jurgens et Jerry Ordway



Zero Hour: Crisis in Time est une mini-série en 5 épisodes, publiée en 1994 par DC Comics. Le véritable déclencheur de cette histoire est le Green Lantern Hal Jordan, membre du Green Lantern Corps, qui, devenu fou après la destruction de sa ville natale, Coast City, perd le contrôle de lui-même et devient Parallax. Sous cette forme, il entreprend de détruire pour le recréer l'univers DC.
Conçu comme un compte à rebours, le récit a été diffusé avec une numérotation inversée, commençant avec le 4ème épisode et se terminant avec le n°0.
On doit cette histoire à Dan Jurgens, qui l'a écrite et dessinée, et Jerry Ordway à effectuant l'encrage.
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DC a présenté, par la suite, Zero Hour: Crisis in Time comme la saga intermédiaire entre Crisis on infinite earths et Infinite Crisis : le sous-titre en a d'ailleurs été subtilement modifié pour devenir "(A) Crisis in Time". Il s'agissait d'opérer la même action sur les lignes temporelles du "DCverse" que celle qu'avait accompli COIE avec les mondes parallèles : effectuer une synthèse, les unifier en une seule trame.
Mais cette série a aussi permis de résoudre certains problèmes en suspens depuis Crisis : la révision de certains personnages de l'univers post-Crisis s'était effectuée alors que d'anciennes versions de ces mêmes héros continuaient à être utilisées, une ou plusieurs années après la Crise (voir la réécriture des origines de Superman dans The man of steel ou de Batman dans Batman : year one).
Un personnage comme Hawkman posait le problème d'une manière encore plus frappante : la nouvelle version du guerrier aîlé n'apparut qu'en 1989 ! Dès lors, quel Hawkman était animé entre 1986 et 89 ? La Légion des super-héros présentaient les mêmes aberrations avec la suppression de Superboy et Supergirl de la continuité DC. Toutes ces réécritures ne furent en outre pas toujours très appréciées par les lecteurs.

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L'histoire commence dans une réalité alternative, Alpha Centurion, d'où des versions de Batgirl et Triumph surgissent pour apparaître dans l'univers DC classique, ce qui créé la confusion. Une vague de "néant" provenant de la fin des âges commence à effacer des pans entiers du temps, d'une manière qui rappelle la vague d'anti-matière (dans COIE).
Ce phénomène semble apparemment causé par le super-vilain Extant
, anciennement connnu comme Hawk (du tandem héroïque Hawk & Dove) : il a acquis des pouvoirs affectant le cours du temps et en use pour bouleverser la continuité du "DCverse". Lors d'un affrontement avec la JSA, Extant avait provoqué le vieillissement accéléré de plusieurs d'entre eux, les affaiblissant ou les tuant.
Cependant, le véritable responsable est le Green Lantern Hal Jordan, qui s'est
rebaptisé Parallax, et qui essaie à présent de réformer l'univers selon ses désirs pour compenser les évènements à l'origine de sa dépression et les exactions qu'il a commises suite à cela.
Les efforts conjugués de plusieurs héros sont nécessaires pour empêcher Jordan/Parallax d'imposer sa vision d'un nouvel univers, et la ligne du temps est recréée, mais après avoir subi de subtiles modifications. Damage,
pour aider ses compagnons, a en effet provoqué un véritable nouveau Big Bang.
Conséquence : le monde commence à disparaître, et au terme de l'histoire, c'est une page blanche qui s'affiche devant nous...

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L'impact le plus frappant de Zero Hour se situe en vérité dans ses suites : DC en profita pour remodeler des éléments de sa continuité à partir de la page vierge qui concluait cette série. Tout était à nouveau possible et l'univers DC pouvait être redessiné après le big bang causé par Damage pour stopper Parallax. Ce fut donc un nouveau départ, l'établissement d'une nouvelle ligne temporelle qu'institua Zero Hour, et de là découlèrent de nouvelles clés narratives et de nouveaux évènements.
Ainsi furent fixées des dates pour situe le début de ce nouveau "DCverse", l'histoire de ses personnages - comme ceux de la JSA, le Superman post-Crisis... Cette nouvelle chronologie fut sensible ailleurs, suggérant un calendrier des évènements et devant permettre une lecture plus fluide de la continuité.
Un exemple marquant fut la relance de La Légion des Super-Héros, dont l'histoire fut complètement corrigée après Zero Hour, ou les diverses versions de Hawkman qui furent synthétisées en un seul personnage - même si, dans ce second cas, toutes les contradictions et les confusions sur le héros ne furent pas résolues.
Mais la série donna l'opportunité à plusieurs titres de redéfinir (ou de clarifier) les origines de ses héros afin d'en donner un signalement officiel. Ainsi, les titres furent renumérotés pour permettre à tout le monde d'assimiler ce nouveau départ sur de nouvelles bases. Mais plusieurs publications empruntèrent de nouvelles directions par rapport à Zero Hour : dee nouvelles équipes furent formés au sein des revues consacrées à la Justice League, le fils d'Oliver Queen hérita du nom de Green Arrow et Guy Gardner découvrit qu'il avait hérité de pouvoirs différents.
Une part majeure des origines de Batman fut revue et corrigée après Zero Hour : le "Dark Knight" n'avait ainsi plus capturé l'assassin de ses parents et était même considéré comme une légende urbaine. De même, Catwoman n'était plus une prostituée et Dick Grayson devint légalement le fils adoptif de Bruce Wayne.
Néanmoins, comme je le relevai plus haut, ce vaste redémarrage ne résolut pas touts les problèmes de la continuité tortueuse de DC. Pour cette raison, l'éditeur introduisit un concept alternatif au Multivers : ce fut l'instauration de l'Hypertime. Mais, finalement, cette solution oeceuméniue n'allait pas satisfaire grand'monde et le crossover Infinite Crisis en 2005 devait éactiver les principes en vigueur avant Crisis... Singulier retour en arrière engendré par un projet qui devait pourtant remettre (c'est le cas de le dire) les pendules à l'heure !
De fait, Zero Hour servit aussi à lancer ou enterrer plusieurs séries : en définitive, l'opération était plus commerciale qu'artistique et c'est ce qui rend cette histoire plutôt désagréable. Mais la morale de toute cette grossière manipulation marketing fut que la plupart de ces nouveaux titres (à l'exception de Starman) fut annulé, échouant à séduire un lectorat sans doute furieux d'avoir été ainsi grugé.
Le succès critique de Starman devint une leçon pour les éditeurs de DC dans leur manière de (re)considérer les personnages du Golden Age, leur potentiel, leur influence : ce héros - ou plutôt son successeur allait d'ailleurs figurer au casting de l'actuelle JSA.
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Artistiquement, Zero Hour n'a pas de quoi réjouir le fan ni attirer le néophyte. Dan Jurgens s'y montre un scénariste habile et un dessinateur efficace à défaut d'être un auteur inspiré et ayant une vraie "patte" : ses épisodes se lisent sans déplaisir, mais ne laissent pas, loin s'en faut, un grand souvenir.
En tant que graphiste, je n'ai jamais compris ce qu'il offrait d'attirant : il est d'un niveau moyen, honnête mais ne produit rien d'éclatant. C'est l'archétype du faiseur, sans personnalité.
Malgré tout son talent, pourtant bien plus raffiné, Jerry Ordway ne peut sauver les meubles, même si, ici simple encreur, sa contribution reste exemplaire, d'un grand professionnalisme. Mais la comparaison avec ce qu'il apporta à Crisis est cruelle et l'on repense avec nostalgie à la façon dont il embellissait les planches d'un George Pérez, dix ans auparavant...
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On peut zapper Zero Hour, même si cette production nous éclaire sur le destin de Green Lantern, explique quelques aménagements au sein du DCverse, préparant notamment (et notablement) à la JSA d'aujourd'hui. Mais Infinite Crisis allait rebattre les cartes, et d'une manière bien plus remarquable - en bien comme en mal...

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