vendredi 1 mars 2019

FREEDOM FIGHTERS #3, de Robert Venditti et Eddy Barrows


Avec cet épisode, la maxi-série Freedom Fighters franchit son quart. C'est une première étape qui permet de dire que sa lecture est satisfaisante, mais en vérité guère plus. L'histoire avance à pas comptés, loin de la densité narrative dont est capable Robert Venditti, et se reposant beaucoup sur les dessins d'Eddy Barrows. D'où vient l'impression que cette dystopie ne raconte pas grand-chose, ne décolle pas vraiment ?


Adolf Hitler est mort en 1963, le jour de l'exécution des premiers Freedom Fighters. Il n'a pas supporté que l'Oncle Sam ne soit pas capturé car, tant qu'il n'était pas éliminé, l'espoir subsisterait dans le coeur des américains pour que le IIIème Reich tombe.


Aujourd'hui, les nouveaux Freedom Fighters préparent une opération de sabotage risquée. Il s'agit de pirater le réseau informatique des nazis et Black Condor est la pièce maîtresse de la mission menée par Cache, le pilote du Blue Tracer, vaisseau des résistants.


Muni d'une antenne portable pour capter le signal des nazis, Black Condor est vite repéré par la Luftwaffe de Chicago qui reçoit l'ordre de l'abattre. Cache s'active pendant que son camarade échappe aux missiles à tête chercheuse.


In extremis, l'opération est un succès et le drapeau américain apparaît sur les écrans du régime, accompagnés par une chanson d'Irving Berlin. Mais au-delà du symbole, les Freedom Fighters ont réussi à siphonner des données précieuses.


Un des Plastic Men fait son rapport à Adolf Hitler Jr. Celui-ci veut frapper fort pour prouver à la population américaine que les résistants ne l'inquiétent pas. L'agent Overman, malgré son instabilité, est sollicité...

La dystopie impose à l'auteur qui l'exploite de bien définir le cadre de l'avenir sombre de son récit. Elle nécessite aussi de souligner les parallèles avec l'époque présente pour que les dérives décrites aient plus d'impact, interviennent comme des signaux d'alarme.

La maxi-série Freedom Fighters, depuis trois épisodes, se contente pourtant de survoler ce genre littéraire au profit d'une histoire spectaculaire mais dont les temps forts dominent sur la définition de l'époque. On a ainsi l'impression que la progression narrative se résume pour l'instant à une suite de coups d'éclats, mettant en avant tel ou tel membre (après Human Bomb le mois dernier, Black Condor cette fois). Mais l'intrigue, elle, demeure superficielle.

Le ton est donné de manière frappante dans ce troisième volet : Robert Venditti et Eddy Barrows consacrent trois pages au décès d'Adolph Hitler en 1963 devant une retransmission télé de l'exécution des premiers Freedom Fighters alors qu'il apprend que l'Oncle Sam a échappé aux Plastic Men. Le Führer s'emporte et a une attaque. Son fils est nommé dans la foulée.

Trois pages, ce n'est pas grand-chose à l'échelle d'une série limitée en douze épisodes, mais rapporté à un épisode de vingt pages, c'est plus conséquent. Surtout que la scène aurait pu être plus ramassée sans perdre en intensité : là, elle fait office de prologue superflu (elle n'apporte aucune information qu'on ne sache déjà) et la crise cardiaque d'un Hitler diminué ressemble à un moment embarrassant (quel est l'objectif ? S'il est qu'on se réjouisse que le dictateur périsse, on objectera que personne ne s'en plaindra.).

Comme dans l'épisode précédent, donc, la majorité du récit décrit un coup de force des Freedom Fighters (cette fois un piratage cybernétique) dont le succès repose sur Black Condor. La poursuite de ce dernier par des avions de chasse pendant que Cache siphonne des données du réseau informatique nazi produit effectivement une suite de pages impressionnantes visuellement, et confirme la forme exceptionnelle d'Eddy Barrows.

En revanche, près d'une quinzaine de pages pour juste ça, voilà qui déçoit de la part de Robert Venditti, beaucoup plus décompressé dans sa narration et superficiel dans son propos que pour Hawkman. Faut-il s'attendre à ce que les futurs épisodes offrent leur moment de gloire à Phantom Lady puis Doll Woman, afin que chaque membre de l'équipe démontre ses pouvoirs? Si oui, le temps va être un peu long, même si ce sera sûrement beau à voir.

Un sentiment de vacuité envahit le lecteur : clairement, pour l'instant, la forme prime sur le fond, et le fond n'est qu'effleuré. On ignore toujours d'où sortent ces nouveaux Freedom Fighters (même si des falsh-backs très succincts nous informent que Black Condor a sa famille en camp de concentration et que Phantom Lady est la fille d'un dignitaire nazi), comment ils ont acquis leurs pouvoirs, comment ils sont restés sous le radar des nazis ? Et on comprend assez mal comment ces nazis ont gardé la main sur l'Amérique tout ce temps alors que ni leur robot géant ni leur aviation ni leur réseau informatique ne sont efficaces ? Tout le contexte est, en somme, trop vague pour nous transporter, faire décoller l'histoire.

Il va falloir que Venditti se ressaisisse pour que ses Freedom Fighters ne soit pas qu'un projet reposant sur les dessins de Barrows.

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