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jeudi 31 octobre 2019

DCEASED #6, de Tom Taylor et Trevor Hairsine avec Neil Edwards


C'est la fin de la saga folle et apocalyptique de Tom Taylor et cet ultime épisode de DCeased ne déçoit pas. En quarante pages, la fin du monde est vraiment épique et laisse encore des héros sur le carreau, sans sacrifier une certaine émotion. Trevor Hairsine reçoit le soutien de Neil Edwards pour boucler la série, avec des scènes spectaculaires et généreuses. 


Superman, infecté par le techno-virus, revient sur Terre pour y semer le chaos. Grâce à un morceau de kryptonite que Batman conservait, Wonder Woman repart sur Themyscira forger une épée qui permettra, grâce à cet échantillon, de tuer son ancien partenaire.


Pendant ce temps, les héros commencent à évacuer les civils à bord des arches conçues par Luthor, mais seulement quelques millions de passagers peuvent embarquer. Themyscira est attaquée par les atlantes infectés par Aquaman et les mazones se sacrifient pour les éliminer.


Avec le renfort de Black Canary et Cyborg, Wonder Woman tente de se débarrasser de Superman, enragé. Elle le mutile mais il la blesse gravement. Black Canary récupère l'épée de Diana et poursuit Superman qui prend en chasse les arches quittant la Terre.


Pour le repousser, Superboy se dévoue et va au clash contre son père dans l'espace. Son effort est infructueux et Black Canary est le dernier rempart entre les rescapés et Superman... Jusqu'à le Green Lantern Corps arrive, tel la cavalerie.


Superman fonce dans le soleil pour en absorber l'énergie, nécessaire pour contrer le GLC, mais l'astre semble le consumer. Sur Terre, Cyborg apprend par Wonder Woman, qu'il a pris avec son lasso de vérité, qu'il existe un remède contre le virus, mais elle le tue avant de le lui révéler. Les rescapés, eux, arrivent sur leur nouveau monde et Lois Lane espère que le pire est derrière eux.

Le format de ce dernier chapitre, long comme un double épisode, montre bien que Tom Taylor aurait facilement pu encore développer sa saga. Mais, en fin de compte, il s'est tenu à son plan et ces quarante pages forment un aboutissement généreux.

C'est ce qui aura séduit tout au long de la parution de DCeased : il s'agit d'une histoire décomplexée, rendue possible car détachée de la continuité, fonctionnant comme une intrigue située dans un univers parallèle, où, donc, tout est permis. Le scénariste ne s'est vraiment pas privé pour raconter ce qu'il avait en tête.

L'autre avantage de ce genre de projet, c'est que, sur la base d'un pitch a priori rebattu (des zombies, la fin du monde), le lecteur n'espérait rien de fameux de DCeased. La surprise de lire un récit complet nerveux, délirant, rondement mené, riche en temps forts, n'en est que plus grande et agréable. En s'affranchissant des codes de l'event, Taylor l'a tonifié, revivifié : plus la peine de soucier des conséquences et donc tout le loisir de choquer, sans limites, de lâcher les chevaux.

L'auteur le fait avec ce qu'il faut d'ironie cependant, sans quoi l'exercice aurait été un peu creux et complaisant. Voir Green Arrow se vexer que Batman ne l'ait jamais considéré comme un danger susceptible de nuire à l'humanité puis le mettre en scène tuant Aquaman, enragé, est savoureux. Ces petits moments permettent de souffler sans que le soufflet ne retombe.

Car le rythme, infernal, est l'autre atout de la saga. Tout va vite, tout est énorme, ça ne s'arrête jamais, des scènes qui, chez la majorité des scénaristes dans des circonstances similaires, auraient nécessité une pause émouvante sont quasi zappées ici (l'évacuation des survivants, la tentative héroïque de Jon Kent de stopper son père). Et finalement c'est, naturellement, que la cavalerie, incarnée logiquement  par le Green Lantern Corps, surgit et convoie les arches vers un nouveau monde. Le récit d'horreur prend alors des airs de western épatant et épique.

Pour mettre en images tout cela, Trevor Hairsine ne ménage pas sa peine. J'ai été dur la dernière fois en qualifiant son dessin de "Hitch moche", il est plus juste de dire que l'artiste (comme Michael Walsh avec Black Hammer / Justice League : Hammer of Justice !) n'est pas un esthète, un partisan de la belle image, du beau dessin. Ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas un bon dessinateur, compétent.

Au contraire puisque, à la vérité, ce côté brut, rustre même, du trait colle parfaitement à une telle histoire, sanguinolente, violente, brutale, avec sa part d'exagération assumée, de radicalité même. L'énergie d'un tel dessin convient idéalement à DCeased.

J'étais plus méfiant à la perspective de voir Neil Edwards en renfort car lui est un authentique clone de Hitch, sans en avoir le talent (il lui a souvent servi de doublure). Mais, grâce à l'encrage de Stefano Gaudiano (l'autre grand artiste du projet, qui a si bien servi Hairsine, et que la colorisation de Rain Breredo a respecté), c'est une réussite. On ne voit quasiment pas la différence quand on passe de l'un à l'autre, même si Hairsine est plus sauvage et Edwards plus académique (Hairsine a signé les pages 1 à 7, 10 à 14, 18 à 23, 28 à 36 ; Edwards les pages 8- 9, 11-12, 15, 17, 26-27).

Malgré son propos peu souriant, DCeased s'est imposé comme un event pêchu et jubilatoire. De quoi alimenter la réflexion des éditeurs dont les sagas événementielles classiques sont bien moins convaincantes et savoureuses ?  

dimanche 6 octobre 2019

DCEASED #5, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


DCeased va vite, très vite - si vite que le sixième et dernier numéro sortira à la fin de ce mois. La fin du monde n'attend pas. Et Tom Taylor doit finalement se réjouir de cette parution accélérée qui ne peut que valoriser les qualités de son projet. Encore une fois, il n'épargne rien à personne et cette radicalité donne tout son sel à cette histoire, tout comme le dessin vif et brut de Trevor Hairsine.


Captain Atom est mort en se faisant exploser pour écarter Superman et Wonder Woman. La déflagration a rasé Washington, Baltimore et Metropolis. Mais heureusement Black Canary, grâce à son anneau de Green Lantern, a sauvé les vies des proches des héros depuis le sommet du "Daily Planet"

Ensemble les héros survivants à l'apocalypse zombie détruisent les moyens de communication électroniques afin de freiner la contagion. Themyscira mais aussi Gotham, devenue une jungle grâce à Poison Ivy, deviennent des refuges pour les civils.


La Forteresse de Solitude devient celui des héros. Lex Luthor et Cyborg conçoivent les plans pour des arches afin d'évacuer la Terre. Mais cette concentration de sauveurs dans un seul endroit devient un piège mortel quand le Martian Manhunter, infecté, y pénètre et commet un massacre.


Flash/Barry Allen, contaminé par le martien, sème le chaos sur la Terre à toute vitesse. Superman part à sa poursuite et réussit à le tuer avant qu'il ne soit trop tard. Mais dans le choc, l'homme d'acier est touché à son tour.


Profitant que son métabolisme freine la maladie, Superman prend le temps de dire adieu à sa mère, sa femme, son fils. Il quitte la Terre en espérant l'épargner mais l'infection le gagne avant qu'il ne s'en soit suffisamment éloigné...

Ce cinquième épisode confirme ce que j'ai dit de cette saga depuis son début : en se déroulant hors de la continuité et en osant tout ce que les auteurs d'events ne peuvent se permettre dans pareil cas, DCeased réussit à réveiller chez le lecteur des sentiments qu'il n'éprouve plus guère dans ce genre d'histoires. On frissonne, on vibre, on a peur. En somme, on ressent tout, à nouveau, ce que ce type de projet devrait susciter.

Récemment, je lisais un article émettant l'hypothèse que tous les events se passaient hors continuité, comme des "Elseworlds", comme DCeased. Ce qui autoriserait toutes les libertés, permettrait de faire avaler toutes les morts et résurrections. En somme, ces sagas se passeraient dans des univers parallèles où tout pourrait être détruit et recomposé à loisir.

Bien entendu, ce n'est pas si simple et les éditeurs répètent à l'envi que leurs events se déroulent bien dans le même monde que les séries régulières, que les événement impactent bien les héros et les vilains impliqués. Ce sont comme des ponctuations dans une année de parution. DC a même innové en distillant sa Year of the Villain pendant tout 2019, au travers de titres phares et avec plus ou moins de fluidité. Quant à Marvel, selon la formule consacrée (et vidée de tout son sens à force d'être utilisée à chaque fois), "rien ne sera jamais plus pareil" après chaque event...

Tom Taylor a trouvé une parade avec DCeased puisque, là, on est effectivement pas dans la continuité, c'est un authentique "Elseworld", où tout est possible. Mais une autre option serait de revenir à ce que Jim Shooter avait mis en place dans les années 80 avec la première saga Secret Wars, qui se déployait tout en n'empêchant pas les séries régulières de continuer sans devenir des tie-in (par exemple Spider-Man apparut dans son titre avec son costume noir sans qu'on sache qu'il s'agissait d'un reliquat de son séjour sur le monde du Beyonder. Les fans étaient intrigués et il fallait attendre la fin de la saga pour comprendre le pourquoi du comment.).

DCeased en fait s'offre comme une alternative, au même titre que Mister Miracle de King et Gerads. C'est une parenthèse "auteuriste" plus habile qu'on ne le croit, et que DC se permet (contrairement à Marvel) tout en publiant Event Leviathan (qui, lui, se déroule bien dans le monde DC habituel).

C'est aussi l'occasion d'apprécier un dessin qui, sans doute, ne serait pas choisi dans une formule normale. Trevor Hairsine, même encré par Stefano Gaudiano et colorisé par Rain Breredo, a un côté sale, brut, douteux dans son graphisme. Ce n'est pas toujours joli, bien achevé, c'est même souvent limite, avec des finitions absentes, une sorte d'urgence dans le trait. Mais qui colle avec le propos puisque tout le monde est esquinté, "zombifié".

Hairsine, c'est un peu comme du Bryan Hitch moche, sans tous les détails ahurissants, ce côté touffu, impressionnant. Mais l'énergie que diffuse son dessin convient à l'histoire, qui file à une allure folle, au gré de rebondissements énormes, qui ne s'embarrasse pas davantage d'être séduisante, mais est complètement efficace.

C'est étrange, et même savoureusement paradoxal, mais cette fin du monde a quelque chose de vivifiant. Et pour ça aussi, DCeased tranche vraiment avec les conventions. Rendez-vous le 30 Octobre pour un dénouement qui s'annonce, vraiment pour le coup, définitif. 

vendredi 9 août 2019

DCEASED #4, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


DCeased arrive au deux tiers de son récit et Tom Taylor est toujours aussi survolté. L'objectif de l'auteur est clair : il veut essorer le lecteur comme il fait le ménage dans son DCU alternatif. C'est parfois peu ragoûtant mais jubilatoire comme un plaisir coupable. Auquel contribue aussi le dessin sans apprêt de Trevor Hairsine.


Washington : Captain Atom est envoyé par Amanda Waller rétablir l'ordre dans les rues de la capitale. Il s'y emploie avec zèle. Jusqu'à ce qu'il comprenne que Atom a atteint son cerveau et le contamine, lui faisant perdre tout contrôle sur lui-même.


Metropolis : sur le toit du "Daily Planet", Green Arrow a rétabli une ligne de communication protégée pour que Lois Lane appelle héros et vilains survivants à s'unir contre le fléau.


Gotham : Harley Quinn est sauvée des Birds of Prey infectés par Poison Ivy. Themyscira : Mera trouve refuge auprès des amazones tandis que Wonder Woman répond à l'appel de Lois.


Metropolis : Giganta menace le "Daily Planet". Cyborg l'abat alors que Superman voulait l'épargner. Hawkgirl arrive sur place, blessée, et informe Superman et Wonder Woman que Captain Atom est devenu fou à Washington.


Washington : Superman et Wonder Woman tentent de maîtriser Captain Atom en l'éloignant de la capitale. Il provoque alors une gigantesque explosion nucléaire qui rase la ville, puis Baltimore, avant d'atteindre Metropolis.

Il y a dans DCeased un plaisir régressif : Tom Taylor entraîne le lecteur dans un magasin de jouets géant (le DCU) et casse tout. Cela rappelle ce gag récurrent dans Calvin & Hobbes où Calvin s'amuse à créer des catastrophes d'envergure avec le sourire bien que le lecteur sache, comme lui, que "c'est pour de faux".

Libéré du poids de la continuité et de toute responsabilité vis-à-vis des héros qu'il emploie, Taylor peut à loisir tuer untel, ravager un endroit, oser un pur moment mélodramatique, et repartir de plus belle. Ce n'est pas grave : "c'est pour de faux".

Mais ça n'empêche pas l'histoire d'être palpitante parce que trépidante d'abord. Le rythme que le scénariste imprime à ses épisodes est affolant, il multiplie les lieux où l'action se déploie et on peut ainsi apprécier l'ampleur de la catastrophe mais aussi la manière dont chacun s'en sort. 

Dans ce cadre, il est amusant de voir que la folie de Harley Quinn, dont Poison Ivy assure efficacement les arrières, s'avère un antidote à la folie de la situation : elle avance dans cet enfer avec une insouciance qui l'immunise. C'est aussi, plus pragmatiquement, un signe supplémentaire que DC a définitivement établi Harley comme une de ses vedettes, au même titre qu'un Superman ou un Batman (même si Taylor s'est vite débarrassé de ce dernier).

L'autre clou du spectale, c'est la présence de Captain Atom dont Taylor fait un usage effrayant. On voit parfaitement ce qui advient si un surhomme avec une puissance de feu nucléaire déraille et la fin de l'épisode est aussi spectaculaire que glaçante (Superman et Wonder Woman ont-ils survécu alors que le sort de Black Lightning, Hawkgirl, Green Arrow, Lois Lane, Jon Kent, Damian Wayne et Alfred Pennyworth doit dépendre de la résistance de l'anneau de Green Lantern détenu désormais par Black Canary ?).

Trevor Hairsine a beau bénéficier de l'encrage de Stefano Gaudiano, son dessin a un aspect brut qui convient à merveille à cette intrigue. Lorsque les zombies grouillent, il traduit parfaitement leur côté menaçant et sale, tout comme lorsque les héros répliquement de façon expéditive (voir le mouvement expéditif de Cyborg envers Giganta).

Mais l'artiste sait aussi calmer le jeu quand c'est nécessaire comme lorsque Mera est accueillie d'égale à égale par Hyppolita à Themyscira ou que Alfred retrouve Damian - un vrai beau moment.

Il faut aussi saluer Rain Breredo dont la colorisation est impeccable.

Encore deux épisodes pour résoudre (ou pas) cette apocalypse à la fois grand-guignolesque et sacrément puissante.

samedi 6 juillet 2019

DCEASED #3, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


L'apocalypse zombie continue et DCeased arrive à mi-parcours sans que Tom Taylor ne lève le pied ni ne donne de solution miracle. Cette radicalité est étonnante et on se dit que le pitch délirant, limite grotesque, devient troublant, tragique même par moments. Trevor Hairsine ne ménage pas pas ses personnages et donne à voir le massacre sans chercher à l'enjoliver.


Alfred Pennyworth a abattu Batman et achevé Red Robin et Nightwing. Il prend les commandes du Bat-plane et s'envole au-dessus de Gotham qu'il bombarde pour exterminer les civils infectés.


Dans une ruelle de Gotham justement, Harley Quinn tue le Joker avant d'être prise à parti par les Birds of Prey - Catwoman, Huntress, Batgirl et Batwoman. A Metropolis, Damian Wayne est réconforté par Jon Kent.


Superman met à l'abri les civils indemnes des zombies. Il doit s'absenter et confie Lois Lane, son fils et Damian à Green Arrow et Black Canary retranchés sur le toit de "Daily Planet".


A Atlantis aussi, la situation empire. Aquaman, infecté, attaque sa cité. Contaminé par le sang des victimes, Tempest se retourne contre Mera. Elle l'écarte et prend la fuite, abandonnant ses sujets.


Superman arrive à Smallville. Sa mère, Martha, est saine et sauve, mais Pa Kent est touché. Il l'enferme dans une trappe qu'il scelle. Puis il transporte Martha à Metropolis.

Je l'admets, j'ai entamé la lecture de DCeased comme s'il s'agissait d'une grosse blague. Tout prêtait à le croire : des zombies, un techno-virus, Darkseid qui y passe? tout s'enchaînait à une telle vitesse que ça ne faisait pas sérieux.

Et puis d'abord s'agissait-il d'une histoire inscrite dans la continuité ? Ou d'une sorte de "Elseworld" ? Tom Taylor, en tout cas, y allait à fond les ballons, n'hésitant pas à tuer Batman, à sacrifier Green Lantern...

Le scénariste oublie le sort de personnages en route (quid de Wonder Woman ? Et ce pauvre Cyborg, où est-il passé depuis le premier épisode ?). On verra s'il corrige ça. Mais il faut reconnaître que le coeur n'est plus du tout à la rigolade : si l'argument de ce massacre n'a rien d'original, sa radicalité, son traitement jusqu'au-boutiste sont saisissants.

Le spectre de l'histoire est lui-même troublant : d'un côté, on a Harley Quinn, qui dessoude le Joker et savoure cet instant cathartique, même si, l'instant d'après elle est assaillie par les Birds of Prey. De l'autre, on a Superman, l'occasion pour Taylor de prouver que, non, vraiment, personne n'est épargné.

Car l'auteur trouve un terrible moyen de terrasser l'homme de fer. Je vous rassure, on n'a pas droit à un Super-zombie, mais en infectant Pa Kent, l'épisode se termine sur une scène poignante et cruelle. Avec ce moment remuant, Taylor réussit là où Tom King a échoué dans Heroes in Crisis : montrer ce qui peut briser moralement le plus brave d'entre tous, quasi sans un mot.

Cette crise est sale, répugnante et Trevor Hairsine la dessine comme telle. L'artiste n'a pas un style joli, son trait paraît parfois expéditif, et même l'encrage de Stefano Gaudiano a un aspect crade, à vif. 

La contamination, les flots d'hémoglobine (colorisation puissante de Rain Breredo), le feu, c'est l'apocalypse souhaitée par Darkseid. En se concentrant sur un nombre réduit de personnages, tous dans une position critique, Taylor et Hairsine suggèrent habilement que les survivants sot rares et dépassés. On se demande comment ils vont s'en sortir, ce qui restera du monde une fois l'histoire finie.

C'est assez rare pour être signalé mais DCeased convainc : cet event que personne n'attendait (mais qui dépasse en ventes la saga Doomsday Clock de Geoff Johns et Gary Frank) est un authentique récit survivaliste, un conte noir et désespéré. Epatant.

La variant cover de Yasmine Putri.

vendredi 7 juin 2019

DCEASED #2, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


La mini-série DCeased de Tom Taylor se poursuit, toujours sur les chapeaux de roue, et affranchie visiblement de toute continuité. Son rythme et cette liberté sont les meilleurs atouts de cette histoire de néo-zombies contre les super-héros. Trevor Hairsine met cela en boîte avec tonus.


Atlantique Nord : Aquaman est attaqué par l'équipage d'un cargo auquel il venait porter secours. Metropolis : la ville est à feu et à sang. Lois Lane demande à Superman de les conduire, elle, Jon et Damian Wayne, au "Daily Planet".


Gotham : Poison Ivy et Harley Quinn, ignorant apparemment la crise en cours, décident de quitter la ville. Harley va l'annoncer au Joker sans savoir qu'il est contaminé par le techno-virus.


A l'extérieur de Metropolis : Green Arrow et Black Canary campent en compagnie de Green Lantern pour lui remonter le moral. Il s'isole dans sa tente pour téléphoner. Touché par la contagion, il agresse ses amis.


Black Canary tue Green Lantern dont l'anneau la choisit pour le remplacer. Superman arrive et les conduit au "Daily Planet". Lois a réussi à utiliser un réseau de communication protégé pour contacter Batman.


Infecté, celui-ci prévient ses amis de la nature du mal et de la nécessité de s'en préserver. Puis, hors de contrôle, il bondit sur Alfred Pennyworth. Le majordome tire sur son maître avec un fusil de chasse.

J'ai depuis longtemps un problème avec les events dans la mesure où souvent ils contraignent les séries régulières à faire écho à leur intrigue, mais aussi parce que leurs intrigues prétendent tout changer et n'aboutissent qu'à des conclusions assez artificielles.

En vérité, cela résume parfaitement la limite de ces projets qui veulent secouer le cocotier et fournir des sensations fortes au lecteur mais ne doivent pas non plus tout révolutionner sous peine que le lecteur se plaigne de trop de changements. Car le fan de comics réclament du mouvement mais râle quand il advient.

Du coup, la tentative de Tom Taylor pour proposer un récit spectaculaire, à la croisée de plusieurs genress (super-héros, horreur), mais sans soumettre le reste de la production DC à son histoire a quelque chose de rafraîchissant. Même s'il s'agit de zombies.

Le premier épisode donnait le ton parfaitement en allant à cent à l'heure et en ne se refusant rien : le grand méchant Darkseid mourrait en faisant imploser Apokolopis et l'infortuné Cyborg déclenchaît un techno-virus redoutable sur Terre. Ce nouveau chapitre ne se calme pas.

Les héros et les vilains tombent comme des mouches : Aquaman, le Joker, Green Lantern (Hal Jordan), Batman - oui, Batman est hors-jeu ! Et, comme Alan Davis dans JLA : The Nail / Another Nail (un "Elseworld" fameux), les rôles changent sensiblement (voir Black Canary, Lois Lane). A ce rythme-là, on se demande vraiment qui va survivre à ce fléau et comment celui-ci sera endigué. S'il l'est, car il n'est pas interdit de croire que Tom Taylor, en intitulant sa saga DCeased, s'amuse avec l'idée d'un DCU condamné, un pied-de-nez au statu quo en vigeur depuis 2016, "Rebirth".

Cette fois, Trevor Hairsine assume seul la partie graphique, encré par Stefano Gaudiano. C'est une autre bonne pioche que d'avoir confié le job à ces deux-là car l'image a quelque chose de brut, de sale, de viscéral, qui colle idéalement avec cette ambiance explosive et mortifère.

Hairsine, en tout cas, est très en forme : ce dessinateur, qui n'a jamais brillé par sa régularité ni sa ponctualité, prend un plaisir manifeste à animer tout cela, et s'est bien approprié les personnages dans ce cadre de fin du monde.

En somme, loin d'être un event de trop, Dceased est une bonne alternative aux grosses machines habituelles, avec un vrai suspense, de l'énergie à revendre. Il est tellement déconnecté qu'il réussit là où des maxi-séries récentes (Freedom Fighters, Martian Manhunter) ont échoué. Et la parution imminente de Event Leviathan, de Bendis et Maleev, plus institutionnel en somme, n'en souffrira pas, pas plus qu'elle ne lui fera de l'ombre.   
La variant cover (hommage à Freddy, les griffes de la nuit) de Yasmine Putri.

vendredi 3 mai 2019

DCEASED #1, de Tom Taylor, Trevor Hairsine et James Harren


DCeased est un drôle de projet : le scénariste Tom Taylor a communiqué tout seul sur sa publication en le présentant comme un event en six parties, mais pris en sandwich entre la fin de Heroes in Crisis et Leviathan. Autant dire que personne n'attendait cette histoire de néo-zombies à ce moment-là. Ce premier épisode, nerveusement illustré par Trevor Hairsine et James Harren, prouve surtout qu'on a affaire à une série B, efficace à défaut d'être originale.


La Justice League vient d'infliger une nouvelle défaite à Darkseid et ses para-démons. Il promet aux héros de ne plus rien tenter mais parce qu'il a eu ce qu'il était venu chercher.


Personne n'a le temps d'interroger ces paroles énigmatiques car Batman révèle qu'il a placé un traceur sur Cyborg (dont la technologie provient en partie d'Apokolips) et qu'il ne le localise plus.


C'est parce que Vic Stone est prisonnier de Desaad et donc de Darkseid qui compte se servir de lui comme d'une bombe à retardement en corrompant son système d'exploitation avec une part de l'équation d'anti-vie et de mort (prélevée sur le Black Racer).


Mais l'opération dégénère, rendant fou Darkseid qui dévaste Apokolips tandis que Cyborg est renvoyé sur Terre. Il infecte alors tout l'espace cybernétique, ce qui transforme les utilisateurs de matériel connecté en zombies déchaînés.


L'infection se propage à une vitesse hallucinante comme le constate Batman depuis sa Bat-cave. Plus de 600 millions d'être humains sont touchés, dont Nightwing et Red Robin qui s'en prennent à leur mentor...

Lorsque, il y a quelques mois, Tom Taylor a annoncé, avant un communiqué officiel de DC Comics, la publication ce Printemps de DCeased, cela ressemblait à une blague. Une saga en six épisodes avec un techno-virus, des héros possédés, le chaos mondial, tout ça alors que Heroes in Crisis de Tom King ne serait pas achevé et que Leviathan de Brian Michael Bendis était dans les starting blocks...

Ce calendrier ne servira probablement pas cette production mais quitte à la juger, alors prenons-la comme elle vient et pour ce qu'elle est : une mini-série B, sortie de nulle part (et sans doute condamnée à y retourner).

Ce premier épisode, long comme un Annual (37 pages), donne parfaitement le ton en tout cas. Et c'est étonnament divertissant car totalement assumé comme un objet improbable, à la limite du nanar, outrancier, filant à toute vitesse. Le pitch est simplissime : Cyborg est transformé par Darkseid en bombe à retardement qui infecte la Terre avec un virus informatique transformant les gens en zombies. Rien que de l'écrire, on mesure la connerie réjouissante du truc.

Mais en vérité, c'est ce côté stupide qui rend DCeased amusant : on n'est pas là pour réfléchir sur la condition super-héroïque (comme le fait brillamment Tom King) ou mettre en scène une conspiration géante (comme se prépare à le faire Bendis), et l'argument ne prend pas racine dans le run d'une série dont il serait le pic dramatique (cf. War of the Realms de Jason Aaron chez Marvel). C'est un comic-book catastrophe classique, direct.

Bien entendu, si vous êtes allergique aux zombies, passez votre chemin. Moi-même, je ne suis pas client, mais appliqué aux super-héros, ça me fait marrer. D'ailleurs, Tom Taylor adapte en un sens ce que Geoff Johns avait imaginé dans Blackest Night ou ce que Mark Millar avait initié dans Ultimate Fantastic Four et qui avait abouti à Marvel Zombies.

Pour conserver cet aspect moche, brut, cette saga bénéficie de deux artistes aux styles nerveux et qui ne sont pas des vedettes : Trevor Hairsine, encré par Stefano Gaudiano, s'occupe de toutes les scènes sur Terre tandis que James Harren signe les pages sur Apokolips (sa destruction indique bien qu'on est certainement pas dans un récit inscrit dans la continuité. Ou alors DC a vraiment décidé de faire table rase !).

Chacun est parfaitement approprié pour ce qu'on lui a soumis : Hairsine a un dessin un peu mal peigné, mais avec une certaine puissance, surtout avec un encrage soigné comme celui que lui procure Gaudiano. Harren est encore moins réaliste, ses traits flirtent même avec la caricature, et il n'hésite pas à exagérer certains points, dans une influence "Kirby-esque" sans s'embarrasser de faire joli.

En fait, ce qui convainc dans DCeased (jeu de mots !), c'est que ça ne se prend pas au sérieux, impossible de lire ça sans sourire. Dans cette modestie se situe le charme puéril et rigolo de ce projet aux allures de BD pirate.