mardi 25 décembre 2012

JOYEUX NOËL !


Charles M. Schulz 
Bill Watterson

JOYEUX NOËL A TOUS !

dimanche 23 décembre 2012

Critique 366 : PORTUGAL, de Cyril Pedrosa


Portugal est un récit complet écrit et dessiné par Cyril Pedrosa, publié en 2012 chez Dupuis dans la collection "Aire Libre".
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D'hier...
... A aujourd'hui : Simon et sa mélancolie.

Portugal est le nouvel opus de Cyril Pedrosa dont j'avais loué le talent pour son album Trois Ombres mais aussi sa verve comique pour Auto-Bio*. Il signe cet imposant ouvrage, d'une taille et d'un poids conséquent, en couleurs directes (avec l'aide de Ruby pour deux chapitres sur trois), inspiré par son expérience personnelle, et qui lui a déjà valu les louanges de la critique, le Fauve d'Angoulême 2012 et le prix Fnac la même année. C'est dire si en le lisant, on en attend beaucoup, comme la confirmation que Pedrosa est définitivement entré dans la "cour des grands"...
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Un peu par hasard, Simon Muchat, auteur de bande dessinée en mal d'inspiration, se trouve invité dans un festival confidentiel au Portugal. Le voyage a un double effet : non seulement, il consomme la rupture programmée avec sa compagne mais surtout, sur place, il est bouleversé par le flot de sensations étrangement familières qui le traversent. Cette cascade de couleurs, de parfums, d'accents, provoque en lui un choc profond en lien avec son enfance et, plus largement, avec l'histoire de sa famille (à laquelle il s'était jusqu'à présent peu intéressé, et même tenu à distance).
Il lui devient alors nécessaire, urgent, d'en savoir plus sur ses aïeux pour en savoir plus sur lui-même, déterminer le malaise qui le hante depuis longtemps, qui l'empêche de travailler, d'être heureux. Et en découvrant cette histoire intime, il se retrouve d'abord lui, découvre d'où il vient et, peut-être, où il veut aller désormais...
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L'ambition de cette ouvrage est à la (dé)mesure de son format, qui tient autant de la bande dessinée traditionnelle que du carnet de voyage en passant par des expérimentations narratives et formelles. Pour Pedrosa, l'affaire est autant artistique, car il ose comme il ne l'a jamais fait avant (et pourtant, dans Trois Ombres, son chef-d'oeuvre, il allait déjà loin), que personnelle, car il se livre avec un mélange de pudeur et de liberté assez rare.
Il faut être honnête : ces 260 pages ne sont pas le sommet, l'accomplissement attendus. La structure du récit, en trois actes, est inégale : le premier volet est ennuyeux, avec un héros (Simon Muchat, l'alter-ego de Pedrosa) présenté de manière peu aimable, aux atermoiements complaisants ; le deuxième chapitre est en revanche une superbe partie, plus drôle, rythmée, juste ; et le dernier épisode est un peu un mix des deux précédents, avec des passages très réussis et d'autres nettement moins aboutis.
C'est comme si l'auteur n'avait jamais trouvé l'équilibre idéal et se cherchait tout au long de l'album, faisant traîner des séquences inutilement pour mieux rebondir ensuite avant de sombrer à nouveau dans des facilités, des errements lassants. Sans doute faut-il mettre cela sur le compte du sujet lui-même, du manque de recul aussi avec lequel il a été abordé : en voulant tout mettre (jusqu'aux pages finales reproduisant des croquis multiples de décors et de personnages dans un fouillis pénible à lire), Pedrosa a oublié qu'une bd, c'est aussi du montage, de l' "editing", comme au cinéma, des choix à faire, des scènes à couper, une direction à (s')imposer. Egarment d'autant plus fâcheux qu'avec Trois Ombres, l'auteur mania si bien l'épique et l'intime, le souffle et la nuance, la force et la suggestion, avec une trame plus poétique, flirtant avec le fantastique tout en s'aventurant sur des questionnements très délicats (la paternité, le deuil).
Toutefois, je ne voudrais pas paraître trop exigeant ou sévère avec Portugal qui possède son lot de belles choses : là où Pedrosa est le plus brillant, c'est quand il s'attache aux dialogues entre quelques personnages, un groupe ou un duo. Le mariage d'une cousine avec toute la belle-famille, l'oncle, la tante, le père, la mémé (qui commence à devenir zinzin), tout cela est formidablement traduit, avec cette ambiance festive, ses passages surréalistes (quand le congélateur tombe en panne et qu'il faut enterrer toute la bouffe abîmée, la fugue nocturne de la grand-mère, l'engueulade en voiture). Ce deuxième acte est un livre dans le livre, qui en l'état aurait fourni un album plus ramassé et aussi évocateur.
Dans le dernier chapitre, quand Simon se trouve seul dans la maison familiale, essayant de (se faire) comprendre des habitants du coin, apprenant les origines de son grand-père (formulées, qui plus est, de manière très émouvante), Pedrosa renoue avec cette fluidité où il n'a presque pas besoin de raconter quoi que ce soit pour être ce redoutable "page-turner".
Décidemment, il est regrettable que cet auteur si brillant n'ait pas su se passer d'un premier épisode si décevant, sans quoi il tenait effectivement son chef-d'oeuvre...   
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L'autre attraction de Portugal, c'est son graphisme. Pedrosa fait feu de tout bois dans cet album flamboyant, où il essaie beaucoup de choses, avec plus ou moins de bonheur c'est vrai mais une audace qu'il faut saluer.
Il est magistral quand il s'agit de capter des saynètes, parfois muettes, où les personnages sont merveilleusement expressifs avec une économie de traits sensationnelle. Son découpage est d'une variété fabuleuse, d'une grande densité (des pleines pages succèdent à des gaufriers de 12 cases). C'est un storyteller accompli, qui confirme ce qu'il avait montré avec Trois Ombres.
On s'inclinera aussi devant son (grand) art à saisir les décors, paysages, à capter les atmosphères, même s'il est finalement plus à l'aise dans les moments entre chien et loup que dans les passages lumineux...
Car, et c'est l'autre souci de l'album, Pedrosa a réalisé ce récit en couleurs directes, passant le relais au bout d'un chapitre à Ruby (qui assure une unité visuelle à l'ensemble tout en étant plus nuancée). Sur un dessin fin, à la plume ou au stylo, il a appliqué (ou fait appliquer) une palette parfois très élégante, avec une gamme chromatique sensuelle... Mais, hélas, aussi parfois criarde, avec un déluge agressif de jaune, de vert, de marron. Non seulement ce choix de couleurs nuit quelquefois à la lisibilité mais le rendu n'est pas heureux, baveux. Sur ce point, Portugal frôle même la faute de goût, et on regrette les planches en noir et blanc splendides que sait produire Pedrosa.
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Projet hors normes, Portugal a les défauts de ses qualités : Cyril Pedrosa a produit un récit riche mais sans éviter quelques écueils, et graphiquement à la fois somptueux, foisonnant, mais aussi déséquilibré. Que la bande dessinée française puisse aboutir à de telles pièces prouve l'ambition de son auteur mais prouve aussi qu'il existe un fossé avec des romans graphiques plus aboutis en provenance des Etats-Unis.

samedi 22 décembre 2012

LUMIERE SUR... DAN PANOSIAN

Dan "Urban Barbarian" Panosian
Luke Cage, Iron Fist & the Daughters of Dragon
(illustration pour www.comictwart.com)

John Tiffany
(projet avec le scénariste Stephen Desberg)

Killswitch
(Couverture pour un comic-book de Justin Gray et Jimmy Palmiotti)

Operation : Redacted
(projet avec le scénariste Jonathan Ross)

Torpedo
(hommage à la série de Enrique Sanchez Abuli et Jordi Bernet)

The Deer Hunter
(hommage au film Voyage au bout de l'Enfer de Michael Cimino)
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Fan de la série télé Mad Men,
Dan Panosian a signé plusieurs illustrations inspirés par ses héros :

Don et Betty Drapper

Don Drapper

Don & Joan

Peggy & Joan

Joan
Meggan Drapper

Roger Sterling
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Et pour finir, cette belle illustration
intitulée The Window :

Et les characters designs studies
de la mini-série X-Factor Forever,
qu'il avait dessinée sur un scénario de Louise Simonson :


Naissance en 1969 à Los Angeles, Californie.
Dessinateur, encreur, lettreur, cover-artist, designer.
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lundi 17 décembre 2012

LE CALENDRIER DE L'AVENT D'HAWKEYE PAR DAVID AJA

A l'occasion du 6ème épisode de la série Hawkeye (sortie fin Décembre 2012), écrite par Matt Fraction et dessiné (en alternance) par Javier Pulido et David Aja (également cover-artist du titre), ce dernier poste sur son compte twitter sa version du calendrier de l'Avent.
Enjoy !  







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jeudi 13 décembre 2012

Critique 365 : ROBIN YEAR ONE, de Chuck Dixon, Scott Beatty, Javier Pulido et Marcos Martin


Robin : Year One est une mini-série en quatre épisodes, co-écrite par Chuck Dixon et Scott Beatty et dessinée par Javier Pulido, avec Marcos Martin (pour le #4), publiée en 2001 par DC Comics. 
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Le jeune Dick Grayson, dont les parents acrobates dans un cirque sont prématurèment morts assassinés, est recueilli par Batman qui en fait son partenaire sous le masque et la cape de Robin. Narrée par le majordome de Bruce Wayne, alias le Dark Knight de Gotham, Alfred Pennyworth, sa première année comme justicier le voit affronter plusieurs super-vilains.
Tout d'abord, il empêche un trafic organisé par le Châpelier Fou d'aboutir, où plusieurs jeunes filles, appartenant à l'école où il étudie, sont kidnappées pour le compte d'un dirigeant étranger.
Puis les évènements prennent une tournure dramatique quand la route de Robin croise celle d'Harvey Dent aka Two-Face, ex-procureur de Gotham devenu fou après avoir été défiguré, et qui, tenant Batman pour responsable de son état, s'en prend à son disciple pour se venger. Dick Grayson frôle la mort.
Tancé par le Capitaine James Gordon du GCPD, Batman s'engage à ne plus impliquer Robin dans sa croisade contre le crime. Mais le jeune homme, une fois rétabli, fugue et affronte Mr Freeze avant de rencontrer Shrike et son Académie de la Vengeance, où d'autres jeunes garçons commettent crimes et délits.
Two-Face, qui s'est échappé du commissariat, veut supprimer Robin. Batman s'active alors pour retrouver son partenaire, le sauver et neutraliser leurs adversaires...
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Conçu deux ans avant Batgirl : Year One, Robin : Year One est l'oeuvre de la même équipe de scénaristes, Chuck Dixon et Scott Beatty. Néanmoins, les deux mini-séries diffèrent en plusieurs points même si elles partagent un concept similaire - la narration de la première année de carrière des jeunes justiciers émules de Batman.
Cette fois, tout d'abord, les faits sont rapportés non pas par le personnage principal mais par Alfred, le fidèle serviteur-aide de camp de Batman, ce qui introduit une distance importante. Il considère à la fois Dick Grayson comme un apprenti au même titre que Bruce Wayne à ses débuts, mais le jeune âge de Robin l'interroge sur la pertinence à l'entraîner dans la croisade (terme abondamment cité pour décrire la mission de Batman) du Dark Knight. On retrouvera cette réserve avec Jim Gordon, après que Two-Face ait failli tuer le "rouge-gorge".
Il est question, donc, de la filiation, même symbolique, de la responsabilité à impliquer un jeune garçon dans la guerre d'un adulte, guerre obsessionnelle, menée contre des ennemis qui sont tous des fous dangereux, dont l'aspect physique reflète les troubles mentaux. Dixon et Beatty abordent de manière plus ou moins directe des thèmes lourds comme la prostitution infantine, la pédophilie, la schizophrénie... Même si le récit semble léger, on se rend compte que l'ambiance est sombre par le contraste induit par la jeunesse du héros et les dangers qu'il rencontre.
Ensuite, la structure et le rythme du récit ne sont pas les mêmes que pour Batgirl : Year One. Divisée en quatre actes de 50 pages chacun, l'histoire est dominée par des sentiments de densité, de rapidité, d'intensité. Chaque chapitre apparait comme une étape initiatique. L'introduction elle-même est zappée : on ne voit pas les circonstances dans lesquels Dick Grayson est recruté par Batman, la mort de ses parents, son passé d'enfant de la balle (qui explique en partie ses capacités physiques exceptionnelles, renforcées par l'entraînement acquis auprès de Bruce Wayne), ne sont qu'évoqués. Quand tout commence, Dick est déjà devenu Robin, et chaque épisode nous apprend ce qu'il traverse durant une période censée durer un an (mais qui semble en réalité plus courte et dément le titre) : ses débuts sont prometteurs (il déjoue le plan du Mad Hatter), puis désobéissant à l'ordre de son mentor il l'aide contre Two-Face et là, le récit bascule.
Après le chapitre 2, en effet, l'insouciance de l'histoire et du personnage ne sont plus de mise : passé à tabac par Harvey Dent, mis sur la touche par Batman, se rétablissant miraculeusement, Dick quitte le manoir Wayne et erre dans Gotham avant d'être repéré et engagé par Shrike et son Académie de la Vengeance. Juste avant cela, il a défait Mr Freeze et Two-Face a échappé aux forces de l'ordre. Le personnage avec son habit un peu ridicule (qui sera râillé par Barbara Gordon dans Batgirl : Year One, le surnommant "Pixie Boots") acquiert une sorte de dûreté, de maturité nouvelles. Cette évolution express peut dérouter et redirige le récit plutôt enjoué dans un registre plus grave, mais a pour bénéfice de ne plus réduire Robin au "Boy Wonder", faire-valoir juvénile de Batman. Il fait aussi de Two-Face un monstre vraiment glaçant, sinistre, qui est à Robin ce que le Joker (qui a droit à un caméo) est à Batman.


D'autres guest-stars ont droit à des apparitions savoureuses comme Killer Moth (qui reviendra dans Batgirl : Year One - Dixon et Beatty ont de la suite dans les idées), Blockbuster. On pourra regretter tout juste que Shrike et sa jeune Ligue d'Assassins-Voleurs soient un peu sacrifiées à la fin (notamment avec le personnage de Boone, qu'on voit rejoindre Talia Al-Ghul à la fin), leurs rôles croisant sans vraiment l'impacter suffisamment l'intrigue concernant Two-Face.
Mais cette mini-série se lit sur un rythme enlevé, avec des dialogues qui font mouche, une voix-off bien employée (même si parfois un peu difficile à lire à cause d'un lettrage de style manuscrit).
"I'm thinking of having you sit this one out. - No !" :
Batman écarte Robin, qui aurait dû lui obéir...



... Car Two-Face est non seulement fou, mais
vraiment très méchant.
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Visuellement, on trouve déjà dans Robin : Year One le parti-pris graphique qui prévaudra pour Batgirl : Year One avec le choix de Javier Pulido comme dessinateur (ici encré par Robert Campenella et colorisé, déjà, par Lee Loughridge).
A cette époque, l'espagnol était plus connu que Marcos Martin, qui vient le seconder dans le dernier chapitre en imitant son style. Quel style ? Pulido se situe dans la lignée de ce qu'on pourrait appeler "l'école Bruce Timm" mixée à "la ligne claire": c'est un dessin au trait épuré, d'influence cartoonesque, semi-réaliste. Et c'est une réussite totale car, pour animer un personnage aussi jeune, il faut non seulement éviter de surcharger l'image mais aussi privilégier l'évocation à la représentation fidèle.
Pulido est aussi convaincant quand il s'agit de soigner les ambiances et de croquer des trognes mémorables avec le minimum d'effets (même si, sur la fin, les planches sont à l'évidence moins peaufinées). Tout dans ce dessin tend vers le dépouillement, il s'agit de traduire le plus avec le moins. C'est élégant, simple, efficace, subtil.
Quoique déjà très réussi, Robin : Year One, pas plus que Batgirl : Year One, n'atteint l'excellence de Batman : Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli. Mais si l'on considère la difficulté que représentait la réalisation d'une mini-série sur un gamin portant un slip en écailles vertes, une tunique rouge, une cape, des gants et des souliers jaunes, alors Dixon, Beatty et Pulido sont parvenus à une sorte d'exploit : faire en 200 pages d'un personnage visuellement ridicule et narrativement improbable un héros plaisant à suivre et gosse attachant, dans une histoire à la fois tendue et émouvante.

jeudi 6 décembre 2012

LUMIERE SUR... LEE WEEKS

Lee Weeks.

World War II Ultimate Captain America

Daredevil

Elektra

Hulk

Iron Fist Orson Randall

Man-Thing

Nick Fury 
Hommage au Prince Vaillant d'Harold Foster

Spider-Man vs Green Goblin

The Thing

Winter Soldier/Bucky Barnes

Wolverine

Wonder Woman

Naissance en 1960.
Scénariste, dessinateur, encreur, lettreur
Twomorrows Publishing lui a consacré le 17ème volume de sa série d'ouvrages Modern Masters en 2008.
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Dessins issus du site : www.comicartfans.com