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jeudi 27 juillet 2017

NIGHTCRAWLER, de Dave Cockrum

Une lecture qui, en vérité, une re-lecture (fréquente), parce que je ne m'en lasse pas. Mais pour bien la savourer, il faut relire Uncanny X-Men #153 dans lequel Kitty Pryde raconte à la petite Ilyana Rasputin un conte de fées (Kitty's Fairy Tale) mémorable, sans se douter que les membres de l'équipe écoutent à la porte...

C'est un épisode délicieux, touchant, plein d'humour, un des chefs d'oeuvre du duo Claremont/Cockrum (même si je pense que Cockrum en est le véritable auteur).

Et, en 1985-86, le regretté Dave Cockrum consacra une mini-série à son mutant favori, Nightcrawler/Diablo, paru en RCM (Récit Complet Marvel) en France. Faut-il rappeler que Diablo était une création bien antérieure aux All-New Uncanny X-Men de Len Wein, Chris Claremont et lui-même en 75 ? Il l'imagina durant son service militaire puis en raconta les premières aventures à ses enfants pour les endormir. A cette époque, Diablo était un authentique démon, sauvage et agressif, au service de l'Intruder, un personnage préfigurant le Punisher et inspiré de Batman. 

Une fois établi dans l'industrie des comics, Cockrum tenta de placer Nightcrawler au sein de la Légion des Super-Héros, mais il fut recalé à cause de son apparence trop inquiétante. Puis, passé chez Marvel, il put enfin trouver un endroit où caser son elfe bleu.
 

Logiquement, après le départ de John Byrne, Cockrum retrouva son poste de dessinateur des UXM et réalisa encore une belle collection d'épisodes, dont ce fameux #153, qui allait être la matrice pour la mini-série consacrée à Nightcrawler

Suite à une mauvaise programmation dans la salle des dangers, Kitty Pryde, flanquée d'Ilyana Rasputin (qui a plus grandi en quelques épisodes que Kitty pendant le même laps de temps...), envoie Diablo et Lockheed dans une dimension parallèle. Il y est capturé par une bande de pirates extra-terrestres, conduite par le capitaine Long John McGurk contre lequel il se rebelle quand un abordage est prévu. Ainsi, Kurt Wagner rencontre la belle princesse Jinjav Sabree de Bel Amee'Anora, elle-même dans le collimateur du sorcier Shagreen de L'un Dun-T'wn (festival de jeux de mots !)... Qui espére découvrir comment Diablo se téléporte.
En voulant lui échapper, l'elfe atterrit dans une nouvelle terre où il retrouve Pirate Kitty et Colossus, mais aussi Wolverine et Lockheed (dans des versions extraordinaires). Shagreen surgit à nouveau et capture tout ce beau monde. Mais d'étranges lutins bleus (qui ne sont pas des Schtroumpfs) vont contrarier ses projets...

BAMF ! Ces quatre épisodes sont pétillants à souhait et l'amusement de Cockrum est contagieux. Il nous entraîne dans une aventure trépidante, où il rend hommage aux films de pirates (en citant Captain Blood notamment - Cockrum était donc un fan d'Erroll Flynn comme... Alex Toth : les grands esprits se rencontrent !)... Et exploite superbement ce qui avait été posé dans UXM #153.

J'adore le Wolverine de ces histoires, mais aussi Lockheed, Pirate Kitty... Jason Aaron a dû lire et se souvenir de ça quand il ramena parmi les vivants Diablo dans ses (trop éphémères) numéros d'Amazing X-Men (peut-être le titre qui aurait redonné tout son lustre classique tout en étant moderne aux mutants, avec un casting aussi aimable pour les - vieux - fans que les nouveaux... Je lui en voudrais toujours d'avoir lâché l'affaire si vite, et Ed McGuinness avec lui, fusse pour écrire du Star Wars !).

Visuellement, Cockrum est volontiers taxé d'artiste vieillot, dépassé, démodé. Il n'a pas eu les grandes sagas de Byrne, ni le pep's de Romita Jr., la classe de Paul Smith, le génie de Barry Windsor-Smith, l'énergie de Silvestri. Mais Cockrum reste un artiste exceptionnel : d'abord, c'était un designer de génie (on n'a jamais fait mieux que ses costumes pour les X-Men), et quand, comme ici, il s'encrait lui-même (même si Joseph Rubenstein le seconde pour le dernier épisode), le résultat est superbe.

C'est surtout une osmose rare entre un créateur et sa créature : Wolverine, Colossus, Tornade, Kitty Pryde, Cyclope, Phénix, etc, toute la deuxième génération des X-Men a eu son dessinateur, celui qui en a tiré une version canonique. Mais Diablo, c'est Cockrum pour l'éternité : il lui a donné une légèreté, une élégance, une bizarrerie uniques. Le seul à avoir sur reproduire ça avec respect mais avec autant de plaisir et de facilité, c'est Alan Davis dans Excalibur. Point.

Pourquoi plus personne n'est capable d'écrire-dessiner ce personnage, et ces X-Men emblématiques, avec cet esprit-là ?

mardi 27 octobre 2009

Critique 109 : LES JUSTICIERS DU FUTUR, de Dave Cockrum



Les Justiciers du Futur (The Futurians en vo) est une série originale produite en 1983 par Dave Cockrum, publiée à l'origine par Marvel Comics comme roman grraphique. En 2003, un ami de Cockrum, Clifford Meth, avait optionné le comic-book pour en tirer un film (d'animation probablement) produit par IDT Entertainment.
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Dans un lointain futur, la Terre est déchirée par la guerre entre les belliqueux Héritiers et les habitants de la Cité-Etat de Terminus. Les Héritiers entreprennent de remonter le temps jusqu'à nos jours pour dominer le monde avant que ce conflit n'éclate. Ceux de Terminus répliquent en expédiant grâce un projecteur trans-temporel des bombes génétiques pour améliorer les capacités des humains du XXème siècle. Ils ont le soutien de la puissante Solara (Sunswift en vo) qui vit au coeur du soleil, alliée du savant-général Callistrax qui dirige les opérations et fait transférer son essence vitale à note époque.
Réincarné en clochard, Callistrax devient Vandervecken, un riche hommes d'affaires à la tête de la Future Dynamics corporation où sont invités sept individus sélectionnés pour devenir les adversaires des Héritiers : les Futurians.






- Andrew Pendragon/Avatar : il peut voler, est invulnérable, super-fort, dôté d'une connaissance millénaire qui en fait un stratège hors-pair - en vérité, c'est un immortel qui a déjà connu Solara (dont l'énergie a provoqué la transformation des cobayes de Vandervecken).
- Harry Robbins/Terrayne: ce géologiste est devenu un colosse qui peut manipuler la roche et la terre, mais sa transformation en a fait un monstre et Vandervecken le manipule grâce à ses dons hypnotiques.
- Tracy Winter/ Sirène (Silkie en vo) : cet biologiste marine est devenue une créature amphibie à la peau verte, capable de contrôler l'eau et de produire des décharges électriques (comme une anguille), et peut se transformer en une raie manta humanoïde sous la forme de laquelle elle peut voler ou nager à grande vitesse.
- Matthew Blackfeather/ Tetras (Werehawk en vo) : ce juriste d'origine indienne peut se transformer en une créature mi-homme, mi-rapace, et sous cette forme il devient un prédateur enragé.
- Jonathan Darknyte/Silver Shadow : cet ancien espion peut devenir une ombre vivante, ténébres au coeur desquelles il peut se déplacer d'un endroit à l'autre ou qu'il peut rendre vivantes.
- Dana Morgan/Moustique (Mosquito en vo) : cette acrobate et gymnaste peut désormais voler et générer des vibrations ultra-soniques. Elle porte également sur elle un pistolet tirant divers projectiles anesthésiants ou explosifs.
- Neith/Solara (Sunswift en vo) : c'est l'incarnation d'une entité élémentale de feu issue de la mythologie. Elle peut survivre dans l'espace, réside au coeur du soleil et produire des rafales energétiques mais aussi voler. Elle a été l'amante d'Andrew Pendragon dans le passé et la partenaire des habitants de Terminus dans le futur.
- Walter Bonner/Lion Noir (Blackmane en vo) : il a muté en un hybride proche du lion avec des griffes acérées aux mains et aux pieds et une agilité hors du commun.
Ces Justiciers du Futur vont devenir l'ultime rempart contre les ambitions de conquête des Héritiers...
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Lors de sa parution, cette histoire aurait pu devenir un succès commercial pour peu que l'étoile de Dave Cockrum ait été aussi brillante que dans les années 60-70 : l'originalité des personnages et de l'intrigue en auraient fait un classique instantané... Mais à défaut de cela, Les Justiciers du Futur sont devenus les héros d'une mini-série culte.
Le récit est un spectaculaire suspense basé sur les thèmes du voyage dans le temps, des conflits entre extra-terrestres et humains et des super-héros génétiquement modifiés. Bien entendu, la référence avec les X-Men est transparente : c'est avec eux que Cockrum est devenu un artiste historique pour toute une génération de lecteurs - un personnage comme Lion Noir fait inévitablement penser à Wolverine. Mais Cockrum s'était déjà inspiré de héros refusés par DC Comics pour la Légion des Super-Héros (comme Storm/Tornade, initialement appelée Typhoon, ou Nightcrawler/Diablo) pour réinventer avec Len Wein et Chris Claremont la deuxième génération des mutants de Marvel.
Le début peut dérouter ou faire sourire, avec ses bombes génétiques ou le stratagème grossier de Vandervecken pour métamorphoser ses cobayes. Il est également frustrant de ne pas en savoir davantage sur les liens entre Solara et Pendragon ou comment Pendragon peut résister au pouvoir suggestif de Vandervecken. Mais une fois lancé, l'histoire est captivante, riche en sensations fortes, et aboutit à un dénouement impressionnant.
Cockrum excelle partiiculièrement dans sa description des rapports entre les personnages et leur caractérisation, conférant à chacun un fort caractère qui nourrit des scènes savoureuses - Avatar condescendant avec Sirène, Lion Noir et Terrayne ne cessant de s'asticoter, Tetras effrayant Moustique. Bien des scénaristes pourraient encore aujourd'hui s'inspirer de cette série pour apprendre à faire interagir leurs protagonistes tout en les plongeant dans le feu de l'action !
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Graphiquement, Cockrum reste fameux pour son sens du design : il a su élaborer des looks qui ont influencé durablement quantité de dessinateurs, avec ses épaulettes pointues et ses bottes retournées.
Ses personnages masculins ont toujours une sorte d'élégance hautaine, ses femmes un mélange d'ingénuité et de séduction raffinée, et même quand ils ont une apparence monstrueuse, ses héros possèdent un charisme unique. Cet amalgame aboutit à une des équipes les plus attachantes et les plus mémorables qu'on puisse rencontrer dans un comic-book.
Il est bien triste que Cockrum n'ait pas vécu assez longtemps pour ranimer ses Futurians comme il en avait le projet ni même que Marvel n'ait eu l'idée de les ressuciter, alors que tant de super-teams actuelles n'ont pas autant de charme et de potentiel.
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Qu'ajouter sinon que, si vous avez l'opportunité d'acquérir un exemplaire de ce "Récit Complet Marvel" édité en vf par Lug, vous ne devez pas hésiter à en faire l'achat : vous vous procurerez en même temps qu'un collector une oeuvre irrésistible !