lundi 31 juillet 2023

THUNDERBOLTS : LIKE LIGHTNING, de Jeff Parker, Kev Walker et Declan Shalvey


Et nous voici arrivés au dernier recueil des épisodes de Thunderbolts écrits par Jeff Parker. Ce volume rassemble les épisodes 169 à 174 de la série lancée en 1997 et le n°172 marque d'ailleurs le 15 anniversaire du titre. Kev Walker et Declan Shalvey se partagent els dessins de ces six épisodes comme d'habitude tandis que Mark Bagley, l'artiste des débuts, revient pour les couvertures. Mais est-ce vraiment la fin des Thunderbolts historiques ?


Les Thunderbolts en cavale (Fixer, Satana, Mr. Hyde, Gunna la troll, Centurius, Moonstone, Bommerang) continuent à remonter le temps et arrivent en 537 ap. J.C. , en Grande Bretagne. Gunna s'aventure dans une forêt où elle rencontre et affronte Sir Percy/Black Knight qui est neutralisé par Boomerang qui le ramène à la Tour avec son épée d'ébène. Mais Merlin, le roi Arthur et ses chevaliers arrivent ensuite pour réclamer qu'on leur rende leur compagnon. La situation dégénère et Merlin envoie les Thunderbolts dans les oubliettes de Camelot.
 

Le Fantôme, aspiré dans les couloirs du temps, surgit dans les oubliettes et se manifeste devant ses anciens collègues. Il les guide jusqu'à l'observatoire de Merlin et Fixer peut voir Arthur tenter d'entrer dans la tour de Thunderbolts. Pour créer une diversion, Boomerang libère les monstres détenus par Merlin dans les donjons, ce qui mobilisent les chevaliers de la table ronde. L'équipe regagne leur tour et en utilisant la pierre de lune de Moonstone, effectuent un nouveau bond dans le temps... Pour arriver à l'époque où les premiers T-Bolts se sont formés !
 

Pendant ce temps, Songbird profite d'un congé bien mérité accordé par Luke Cage. Elle prend du bon temps en Polynésie française où elle rencontre un séduisant guide qui l'emmène visiter une île déserte. C'est un piège et voilà Melissa Gold prisonnière du Dr. Lorcas qui veut, grâce à elle, se venger de Namor. Elle réussit à se libérer et rentre au Raft.


Les Thunderbolts en fuite doivent éviter les Thinderbolts originels pour ne pas créer de paradoxe temporel. Mais leur tour trahit leur présence et la confrontation devient inévitable. Poursuivie par elle-même, Moonstone piège son double antérieur et lui propose un marché...
 

Alors que Satana réussit à mettre un terme à la bataille entre les deux équipes de Thunderbolts, Zemo/Citizen V propose l'aide de son groupe pour aider les fugitifs à regagner leur époque. L'idée est de voler la machine temporelle du Dr. Fatalis en Latvérie. Mais une dispute éclate entre les Fixer d'hier et d'aujourd'hui et Techno est assassiné par son double actuel !


En tuant son moi antérieur, Fixer plonge le monde dans un chaos temporel, la réalité s'effondre et menace de tout détruire. Fixer comprend qu'il ne reste qu'une solution pour éviter l'impensable : il décide de rester à cette époque tandis que les souvenirs des premiers Thunderbolts seront effacés pour que nul ne se souvienne de ces événements.

Ces six derniers épisodes de Thunderbolts par Jeff Parker résument parfaitement le style débridé du scénariste. On y trouve ce mélange de folie et de maîtrise dans le récit, les situations s'enchaînent à un rythme infernal sans perdre leur logique ni leur fil conducteur, et même quand un numéro s'intéresse à un personnage en dehors de l'intrigue à la manière d'une intermède, on a quand même droit à un one-shot totalement captivant.

A l'heure où Marvel a plusieurs scénaristes mis en avant sans qu'on puisse dire qu'aucun d'eux ne propose grand-chose de palpitant et attire les lecteurs sur une hype artificiellement créée par l'éditeur (un peu à la manière de ce qui est fait avec les dessinateurs et les promotions successives de "stormbreakers"), Jeff Parker, lui, anime la série dont il a la charge avec pour objectif unique de servir le titre et pas de se mettre en avant.

C'est ingrat parce que, aujourd'hui, personne ou presque ne se souvient de son run sur Thunderbolts (ni de ses autres travaux chez Marvel, sur Hulk, Agents of Atlas, etc.). Parker n'a jamais été une vedette, à la mode, il n'a eu aucun héritier (même si Jason Aaron a pu sembler marcher dans ses traces avec Avengers, mais avec beaucoup moins de brio). Marvel lui a fait confiance, certes, mais sans lui accorder plus de crédit que ça. Une fois que Parker a fait son temps, il a été oublié et remplacé. Souvent par des auteurs moins inventifs que lui.

Si vous en doutez, cherchez qui a écrit Thunderbolts depuis. Et plus encore ce qu'est devenu ce nom, cette marque, complètement dénaturé, une sorte de Suicide Squad sauce Marvel, interchangeable, et dont la prochaine itération (par Jackson Lanzing & Collin Kelly et Geraldo Borges, à la rentrée) sert à préparer le futur film du MCU.

Mais revenons-en à ces épisodes. Ils ne représentent pas la fin du travail de Jeff Parker. Mais en 2012, Marvel va décider, incompréhensiblement, de remplacer ensuite le titre par une relance de Dark Avengers, espérant sans doute retrouver les lecteurs de Bendis. Ce ne sera pas un relaunch au #1, mais une continuation grotesque avec un n° 175 ! Entre la série initiale de Bendis et sa reprise par Parker, il y a donc un troua béant de... 159 épisodes !

Pour le contenu des histoires de ce recueil, il apparaît clairement que Parker préfère les T-Bolts en cavale remontant le temps à ceux restés dans ce qui reste du Raft, avec Luke Cage, Songbird et Mach V. D'ailleurs, il va continuer encore un temps avec ce voyage dans le temps dans ses premiers épisodes de Dark Avengers. Pour l'heure, Moonstone, Bommerang, Centurius, Fixer, Gunna la troll, Mr. Hyde, Satana atterrissent en 537 ap. J.C. et rencontrent le premier Black Knight mais aussi Merlin, le roi Arthur et les chevaliers de la table ronde. Il y a aussi un dragon, pour faire bonne mesure. C'est très drôle, complètement échevelé. Et quand Centurius et Fixer cherchent à comprendre pourquoi ils continuent à dériver dans le passé, les explications sont totalement farfelues, mais comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on a voulu se faire la malle en mélangeant magie et technologie ?

Parker rédige une sorte d'entracte où on suit Songbird en vacances. Celles-ci seront toutes sauf reposantes, mais on apprécie que le scénariste n'oublie pas une T-Bolt historique, une des rares aussi à avoir eu une longue carrière héroïque (parmi les Avengers - Kurt Busiek l'emploiera d'ailleurs dans sa mini-série culte Avengers Forever).

Puis ça repart de plus belle avec un bouquet final d'épisodes où Thunderbolts d'hier et d'aujourd'hui se croisent et manquent de peu de dévaster le continuum espace-temps. Parker, tel un chat, retombe sur ses pattes en "sacrifiant" Fixer au terme d'une succession de rebondissements cataclysmiques, avec une baston entre les deux formations et une énième tentative de Karla Sofen de mystifier tout le monde.

Kev Walker dessine les trois premiers épisodes (jusqu'à celui avec Songbird en vacances donc) et il est en feu. Suivant d'un script barré, il signe des planches explosives, avec des monstres, des chevaliers, un dragon, des péripéties incessantes. Son trait brut, son découpage aux cases de dimensions toujours généreuses, le retour du Fantôme, tout ici est un cadeau pour les amateurs de comics insensés.

Puis Declan Shalvey prend la relève pour mettre en scène la rencontre entre les deux formations de Thunderbolts. Ses planches sont extraordinaires, d'une ampleur et d'une souplesse comme il n'en a plus beaucoup réalisées ensuite. Je le répète, je radote, mais Shalvey, en s'éloignant des super-héros, me semble avoir commis une erreur alors qu'il a un talent naturel pour les animer. Certes, son run sur Moon Knight (avec Warren Ellis, qu'il suivra ensuite chez Image pour Injection avant que le scénariste ne soit rattrapé par de sordides affaires) était excellent, mais je conserve une affection pour ses épisodes de Thunderbolts, j'adorai la manière qu'avait Shalvey de les illustrer.

Donc, actuellement, je suis en pleine relecture de Dark Avengers et je vous proposerai dès que possible les critiques de deux tomes (une quinzaine d'épisodes en tout) de cette reprise par Jeff Parker (avec encore Walker et Shalvey, mais aussi Neil Edwards), pour boucler la boucle. Ceux à qui cette rétrospective a donné envie pourront se procurer un omnibus collectant tout le run (Dark Avengers compris) de Jeff Parker le 5 Décembre prochain : commencez à économiser !

dimanche 30 juillet 2023

THUNDERBOLTS : VIOLENT REJECTION, de Jeff Parker, Kev Walker et Declan Shalvey

 

Après les sorties de la semaine, je reprends ce dimanche cette rétrospective consacrée aux Thunderbolts écrits par Jeff Parker au début des années 2010 chez Marvel Comics. Le recueil intitulé Violent Rejection est le premier à bénéficier d'une numérotation et rassemble les épisodes 152 à 157, illustrés par Kev Walker  et Declan Shalvey.

 


Crossbones écarté du groupe, Luke Cage a besoin d'un élément très puissant pour une nouvelle mission et il intègre Hypérion. Les Thunderbolts se rendent à Yokohama au Japon qui est menacée par des monstres gigantesques. Mais une fois sur place, l'équipe est sévèrement malmenée, seul Hypérion reste debout et il s'en prend alors Man-Thing...


Le Fléau affronte Hypérion qui avoue être issu d'une Terre parallèle où il était le chef de Sinister Squadron. Moonstone, sauvée par le Fantôme de la noyade, lui vient aide avant que le Fantôme, à nouveau, active les nanites libéranty de l'argonite dans le corps de Hypérion et le neutralise. Tandis que Luke Cage, Songbird et Mach V se débarrassent des monstres, Hypérion est livré à Man-Thing qui le brûle vif.


Mais ce fait n'échappe pas aux inspecteurs du Raft qui considère la créature comme un danger. Toutefois, avant de pouvoir s'en assurer, Man-Thing est enlevé par la sorcière Jennifer Kale qui le renvoie dans les marais des Everglades dont il est le gardien et qui sont le théâtre d'une invasion dimensionnelle. Luke Cage s'en mêle et jure à Jennifer Kale qu'aucun mal ne sera fait à la créature qui rentre volontairement au Raft. En contrepartie, il s'engage à engager un magicien pour y veiller.


Cage demande à Stephen Strange de l'aider dans cette démarche et Daimon Hellstrom les envoie tous les deux chez sa soeur Satana. Pendant ce temps, John Walker, la gardien du raft, obtient l'accord du gouvernement de former une seconde équipe, baptisé Underbolts, et il charge Songbird et Mach V d'en recruter les membres, ce qui vexe Fixer, écarté de la procédure.


Cage présente Satana, qui a accepté d'intégrer l'équipe par intérêt pour Man-Thing, aux autres membres et il les accompagne à Stuttgart pour une nouvelle mission dans un château hanté. Pendant ce temps, Songbird et Mach V enrôlent les Underbolts : Shocker, Boomerang, Centurius, Gunna la troll et Mister Hyde...


Les Thunderbolts toujours occupés en Allemagne, Fixer doit réquisitionner les Underbolts, à peine recrutés, pour une intervention urgente en Irak. Sur place, ils font face à des zombies et sont vite dépassés. Luke Cage arrive en renfort avec son groupe sans que la situation ne s'améliore...

Mine de rien, cela fait maintenant 23 mois consécutifs (quasiment deux ans donc) que Jeff Parker écrit  Thunderbolts. Marvel semble lui avoir accorder sa confiance pleine et entière, appréciant sa capacité à composer avec des histoires imaginées par d'autres (comme lors de l'event Shadowland) tout en remplissant le cahier des charges de la série (beaucoup d'action, l'utilisation de personnages historiques liés au titre et l'incorporation de nouvelles têtes).

Si, dans les faits, Thunderbotls n'a plus rien à voir avec le concept original de Kurt Busiek (des super-vilains se faisant passer pour des super-héros en l'absence de ces derniers), Jeff Parker tient quand même à respecter la dimension presque sociale puisqu'il s'agit de montrer que certaines crapules peuvent prendre goût à faire le bien.

De ce point de vue, avoir écarté Crossbones, le membre le plus antipathique et violent, a été un choix décisif. Mais le scénariste ne s'assagit pas pour autant. Le recrutement de Hypérion produit des étincelles et une paire d'épisodes plutôt radicaux. En effet, Parker joue sur le fait qu'il existe des Hypérion différents dans le multivers et bien entendu, Luke Cage ignore lequel est détenu au Raft. Pour corser l'affaire, ce sera celui qui dirigeait le Sinistre Escadron ! 

Ce recueil fonctionne par des arcs narratifs brefs, de deux épisodes chacun, centré sur un personnage en particulier. Après Hypérion, Parker se penche sur le cas de Man-Thing pour lequel il a un attachement évident. Même s'il ne répond pas à la question de sa détention au Raft (où il a atterri après avoir capturé par les Dark Avengers de Norman Osborn, mais d'où personne n'a pensé à le relâcher depuis le début de l'Heroic Age), il va quand même s'interroger sur le rôle et la puissance de la créature.

Comme il aime à le faire, le scénariste convoque un personnage de seconde zone, en l'occurrence la sorcière Jennifer Kale, soucieuse de ramener Man-Thing dans son environnement naturel et son rôle initial, de protecteur de la nature et de nexus dimensionnel. Le mutisme de Man-Thing en fait un membre des Thunderbolts fascinant et difficile à saisir mais qui n'est pas dénué de conscience, de libre arbitre. Il choisit de rentrer au Raft (et Parker glisse que Moonstone y est pour quelque chose, insinuant que la créature nourrit des sentiments pour Karla Sofen).

Enfin, un troisième récit va introduire une future vedette du run de Parker en la personne de Satan, la soeur de Daimon Hellstrom. Elle est recrutée par Luke Cage pour veiller sur Man-Thing mais sa personnalité affirmée et excentrique en fait un membre tout de suite haut en couleur. Le scénariste s'en amuse et quand elle est présentée à l'équipe, cela donne une scène hilarante où elle met tout le monde en émoi en révélant leurs désirs les plus profonds (des désirs tout ce qu'il y a de plus sexuellement explicite !). Parker a à l'évidence voulu Satana et il ne va plus cesser ensuite de l'exploiter comme l'élément incontrôlable, l'électron libre de la série, à la fois très puissante, complétement désinhibée et ambivalente, (jamais complètement méchante, mais pas franchement héroïque non plus).

Sur les six épisodes de ce tome, les n° 152-153 et 155-156 sont entièrement dessinés par Kev Walker. Comme toujours avec lui, l'efficacité est de mise et sa manière de composer des scènes d'action spectaculaires est mise à contribution. Il peut se défouler avec Hypérion, les monstres à Yokohama, le château hanté à Stuttgart et les zombies irakiens. Autant de morceaux de bravoure où l'influence de Mike Mignola est très manifeste (spécialement dans les scènes à Stuttgart).

Declan Shalvey signe les planches des épisodes 154 et se partagent celles du 157 avec Walker (qui fatigue quand même un peu). Seul, l'irlandais se montre très à l'aise, et le numéro consacré à Man-Thing est superbe, chargé d'une atmosphère très envoûtante. Quand il doit cohabiter avec Walker, le lecteur peut avoir du mal à passer du trait de Shalvey à celui de son collègue tant ils sont dissemblables, mais on comprendra ensuite que Marvel cherchait la bonne formule pour partager la charge de travail entre les deux artistes.

On va, après ces épisodes, arriver aux tie-in de Fear Itself puis à l'arc The Great Escape (soit les épisodes 158 à 168) présents dans l'album de la collection Marvel Gold disponibles chez Carrefour. Je vous renvoie à l'article dans lequel j'en parle :  Thunderbolts : Fear Itself / La Grande Evasiontion-marvel-gold-carrefour .

samedi 29 juillet 2023

La troisième saison de THE MARVELOUS MRS. MAISEL s'éparpille un peu trop


Réduite de deux épisodes, cette troisième saison de The Marvelous Mrs. Maisel laisse un sentiment frustré au téléspectateur, gâté par les deux premières. Mais ça ne veut pas dire que la série baisse en qualité, simplement que Amy Sherman-Palladino semble parfois hésiter entre deux directions jusqu'à la conclusion, plutôt amère.


Midge et Susie arrivent au gala des armées pour se produire en première partie de Shy Baldwin. Joel visite un club à vendre dans Chinatown et a un coup de coeur : il l'achète sans réfléchir pour un prix modique. Rose explique à Abe qu'elle subvient aux besoins de la famille, grâce à l'argent que lui donne sa famille, depuis qu'il a démissionné de ses postes à Columbia et Bell Labs. Midge apprend, très contrariée, que Susie est également maintenant l'impresario de Sophie Lennon. Joel découvre qu'au sous-sol de son club se trouve une salle de jeux clandestine. Abe assiste à une représentation de Lenny Bruce avant que la police ne les arrête.
 

Toujours en colère contre Susie, Midge écoute sa meilleure amie Imogene lui expliquer que son impresario ne peut pas seulement s'occuper d'elle. Abe fait la connaissance de jeunes activistes communistes avec lesquels il entreprend de fonder un journal d'opposition et qui viennent squatter dans l'appartement des Weissman. Rose se rend à Providence pour demander à ses frères un peu plus d'argent mais quand elle se rend compte qu'elle n'a pas voix au chapitre, elle s'emporte et repart, refusant leur pitié. Joel rencontre Mei Lin qui s'occupe de la salle de jeu. Midge se réconcilie avec Susie.


Susie se partage désormais entre Midge, qui triomphe chaque soir en première partie de la tournée de Shy Baldwin, et Sophie Lennon, dont elle organise le grand retour su scène dans une pièce classique, Mademoiselle Julie d'August Strindberg. Elle y donnera la réplique au comédien de renom Gavin Hawk dans un théâtre de Broadway. Abe et Rose se résolvent à déménager et sont hébergés chez les Maisel qu'ils ne supportent pas. Midge arrive à Las Vegas tandis que Joel et Mei Lin se rapprochent.


Se sentant seule sans Susie, accaparée par Sophie Lennon, Midge invite Joel à la rejoindre à Las Vegas alors qu'il est bien occupé par ailleurs à retaper son club, mais son ami Archie lui conseilled'y aller. Abe s'investit beaucoup dans la conception du journal mais ses jeunes amis commencent à manifester leur exaspération envers ses exigences. Les répétitions de Mademoiselle Julie se déroulent dans une ambiance tendue, entre Sophie qui ne sait pas son texte, le metteur en scène et ses indications nébuleuses et l'exaspération de Gavin Hawk. Joel rejoint Midge et, après une soirée trop arrosée, découvre au matin qu'ils se sont remariés.


Susie rejoint Midge à Miami. Le torchon brûle entre Abe et les activistes qui s'avèrent plus bourgeois que lui. Mei Lin use de ses influences pour que Joel décroche la licence qui lui permettra de servir de l'alcool dans son club. Midge croise Lenny Bruce et participe à un show télé avec lui. Ils flirtent mais Midge préfère en rester là même si elle ne ferme pas la porte à une relation plus poussée dans le futur.


Abe et Rose, excédés par les Maisel, répondent favorablement à l'invitation de Midge à les rejoindre à Miami où elle les loge en échange de leur promesse d'assister à son numéro. Mais le soir venu, Shy Baldwin est introuvable. Midge part à sa recherche et le trouve sur son yacht, le visage tuméfié. Il lui avoue son homosexualité et avoir été agressé par un amant jaloux. Elle l'aide à cacher ses blessures et à monter sur scène. Abe revoit un vieil ami, le dramaturge Asher Friedman, dont la carrière a été stoppée nette par le maccarthysme, et il l'encourage à réécrire une pièce. 


Shy au repos, la tournée est suspendue jusqu'à nouvel ordre. Pour gagner sa vie, Midge enregistre des réclames à la radio mais elle refuse de prêter sa voix pour la campagne de Phyllis Schlafly, une conservatrice anti-féministe. Abe a écrit un article sur le sort d'Asher Friedman qui est publié dans le "New York Times". Susie perd beaucoup d'argent au jeu, y compris une partie de ce que lui confie Midge. La première de Mademoiselle Julie est un désastre : Sophie Lennon joue comme si c'était un long sketch pour plaire au public. Susie s'emporte contre elle après la représentation et démissionne pour se consacrer exclusivement à Midge.


L'ouverture du club de Joel est un succès. Midge se produit sur sa scène pour pallier un problème technique puis est présentée à Mei Lin. Susie perd tout son argent et celui de Midge au jeu. POur la rembourser, elle met le feu à la maison de sa mère après le décès de cette dernière afin de toucher l'indemnisation de l'assurance. Moishe accepte de revendre l'appartement des Weissman à Midge. Susie demande à Joel de gérer la comptabilité de Midge à l'avenir. Abe est engagé comme critique au "Village Voice" et les Weissman quittent la maison de Maisel. Après un passage triomphal à l'Apollo Theatre, Midge apprend, catastrophée, que Shy la congéide car elle a plaisanté sur sa vie privée.

En commençant à suivre cette troisième saison de The Marvelous Mrs. Maisel, on est déjà un peu déçu car elle ne compte plus que huit épisodes au lieu des dix des deux précédentes saisons. J'ignore les raisons de cette diète même si je pense que c'est un choix créatif car la série a été un succès jusqu'à la fin et qu'elle continuait de rafler de nombreuses récompenses dans diverses cérémonies de remises de prix.

Puis, très vite, on oublie ce désagrément car l'histoire nous embarque comme toujours. Midge est sur la voie royale : souvenez-vous, à la fin de la saison 2, elle était recrutée par le crooner Shy Baldwin pour assurer la première partie de ses concerts en Amérique puis en Europe. Pour honorer cet engagement, Midge a renoncé à épouser Benjamen Ettenberg, au grand dam de ses parents, et Joel a accepté de s'occuper de leurs deux enfants en son absence. 

Le show démontre une fois de plus son faste extraordinaire en offrant un premier épisode spectaculaire au gala des armées, avec une importante figuration et plusieurs tableaux sur scène qui montrent le show de Shy Baldwin et sa troupe, avec un tour de chant par ses choristes, le numéro de Midge, celui d'un magicien (issu d'un régiment sur place) puis enfin le récital de la vedette. Difficile de ne pas être conquis par tout ça.

Mais c'est la calme avant la tempête car du côté de Susie aussi, la situation a changé : elle a accepté, sans le dire à Midge, d'être l'impresario de Sophie Lennon, cette humoriste qui a tout fait pour torpiller la carrière de la jeune femme. Quand Midge l'apprend, elle est légitimement furieuse mais son amie Imogene lui explique que Susie ne court pas sur l'or (effectivement, elle partage un réduit avec la patron du club "Gaslight" et un autre homme, n'a pas de compte en banque, pas de voiture, pas de secrétaire) et donc ne peut pas représenter qu'une artiste (qui ne lui laisse que 10% de son cachet). Les deux partenaires se réconcilieront finalement.

Cependant, cette saison est traversée par des tensions : Joel achète un club dans Chinatown et découvre qu'au sous-sol il y a une salle de jeux clandestine, donc qu'on l'a arnaqué, et ensuite les réparations de l'endroit sont difficiles et harassantes. Chez les Weissman, rien ne va plus : ayant démissionné de son poste d'enseignant à Columbia et de directeur de recherches à Bell Labs, Abe découvre que Rose subvient à leurs besoins grâce à l'argent que lui alloue sa famille - famille très machiste qui, lorsque Rose leur rend visite pour obtenir une rallonge, décide si elle y a droit sans qu'elle ait son mot à dire !

Quant à Susie, elle doit dorloter Sophie Lennon qui n'y pet pas du sien : elle a jeté son dévolu sur Mademoiselle Julie pour son grand retour sur les planches mais n'apprend pas son texte, se fâche avec le comédien qui lui donne la réplique et le metteur en scène dont elle ne comprend pas les directives. Tout cela aboutira à un fiasco total et prévisible qui prouvera que si Sophie Lennon ne manque pas de talent, le courage lui fait en revanche défaut et c'est pour cela qu'elle sabotera tout.

Du coup, ces mésaventures, auxquelles il faut ajouter le déménagement des Weissman chez les Maisel, l'échec total de la tentative de Abe de créer un journal avec de jeunes militants de gauche qui s'avèreront des petits bourgeois conformistes, ont tendance à éclipser la vraie star de la série, Midge elle-même. Certes, on la voit triompher sur plusieurs scènes, s'épanouir dans son rôle, même si cela ne l'empêche pas d'appréhender cette existence nomade, sans relation amoureuse stable, loin de ses enfants et ses parents. Mais au final, on la voit peu et c'est frustrant.

Pourtant, cette saison réserve une délicieuse surprise au cinquième épisode quand, à Miami, Midge croise Lenny Bruce, également dans le coin, pour une émission de télé à laquelle il la convie et la fait brièvement participer. Tandis que les numéros s'enchaînent, ils font de la figuration et savourent leurs retrouvailles. Mais eux comme nous sentons bien qu'il se passe quelque chose : Lenny voit clairement en Midge son double, mais plus épanouie, et elle voit en lui désormais plus un ami qu'un mentor. Un jeu de la séduction tacite s'installe mais, in extremis, ils ne passent pas la nuit ensemble. Sans que toutefois Midge ne ferme la porte sur cette possibilité dans le futur.

Autre moment fort et inattendu : lorsque Midge découvre l'homosexualité de Shy Baldwin. On verra par la suite que le crooner se montrera franchement ingrat avec elle, en la congédiant parce qu'elle a suivi les conseils de son manager, Reggie, au moment de se produire sur la scène de l'Apollo Theatre devant un public acquis à Shy qu'elle séduit en alignant des blagues inoffensives sur la vie privée de la vedette. Entre temps, Shy prend du repos et Midge, avec Susie, doit courir le cachet en prêtant sa voix pour des réclames à la radio. Jusqu'à ce qu'elle s'apprête à dire un texte soutenant Phyllis Schlafly, une authentique anti-féministe, anti-avortement, anti-communsite. A cet instant, comme son père l'a prévenue, elle saisit qu'il lui faut faire attention pour qui elle travaille - une leçon avant son licenciement par Shy (pourtant à l'opposé du spectre socio-politique de Schlafy).

Cette coupure dans la saison (avec l'arrêt de la tournée) déstabilise - à tel point qu'on a l'impression pendant les premières minutes de l'épisode 7 d'avoir loupé une transition. Le phénomène se répète avec la fin, qui tombe comme un couperet cruel - mais qui relance les dès pour la saison 4.

Toutefois, cela ne doit pas occulter les nombreuses qualités intactes de la série, au rythme impeccable, implacable, à la réalisation toujours aussi chiadée, et à l'interprétation éblouissante. Le duo Rachel Brosnahan-Alex Borstein, dans une relation plus conflictuelle qu'auparavant, fait des étincelles. Jane Lynch remplit à merveille son rôle de parasite. Tony Shalhoub et Marin Hinkle sont irrésistibles dans leur partie. Et face à Michael Zegen, Stephanie Hsu est piquante à souhait dans la peau de Mei Lin.

On est donc un peu en dessous du niveau des deux premières saisons. Mais c'est sans doute un mal pour un bien car les cartes sont redistribuées avant une saison 4 qui promet beaucoup.

vendredi 28 juillet 2023

BATMAN : THE BRAVE AND THE BOLD #3, de Dennis Culver et Otto Schmidt, Ed Brisson et Jeff Spokes, Christopher Cantwell et Javier Rodriguez, Jackson Lanzing & Collin Kelly et Jorge Molina


Le n°3 de Batman : The Brave and the Bold voit un changement dans son sommaire puisque l'histoire principale  a pris du retard et est remplacé par un récit complet. Le reste est intact et de très bonne facture. Cette anthologie est un vrai plaisir.


- BATMAN : MR. BASEBALL (Ecrit par Dennis Culver, dessiné par Otto Schmidt) - Batman doit protéger le caïd Victor Grande de Mr. Baseball, un voleur qui l'a dépouillé et qu'il a défiguré en représailles...
 

Dennis Culver et Otto Schmidt ont été chargés de réaliser en vitesse ce récit complet sur la vengeance d'un voleur surdoué et défiguré qui contraint Batman à protéger une fripouille. Tout ça est sympathique, mais demeure très anecdotique. Le vilain et sa passion du baseball, défiguré (comme Harvey Dent/Double-Face mais en moins spectaculaire), n'est pas un antagoniste susceptible de faire trembler Batman et encore moins convaincre le lecteur qu'il incarne une menace sérieuse.

Dennis Culver se repose beaucoup sur Otto Schmidt qui livre des planches nerveuses mais parfois un peu à l'arrache. Très vite lu, et oublié.
 

- STORMWATCH : DOWN WITH THE KINGS (Pt. 3) (Ecrit par Ed Brisson, dessiné par Jeff Spokes avec Trevor Hairsine) - L'équipe de Stormwatch infiltre le building de Halo Corporations pour saboter ses serveurs avec un logiciel malveillant particulièrement féroce. Cependant, le directeur Bones collectionne des armes capables de neutraliser la Justice League...
  

Ed Brisson tient la baraque depuis le début de la parution de cette anthologie avec sa mini-série Stormwatch, et il serait bien récompensé si DC lui donnait l'opportunité de continuer avec une série régulière. La caractérisation est certes un peu sommaire, par manque de place, mais les intrigues de cette équipe de black ops sont toujours captivantes, avec des dangers singuliers. Par ailleurs le scénariste développe un subplot accrocheur où Bones, à la manière d'Amanda Waller, recueille des armes susceptibles de neutraliser la Justice League.

Jeff Spokes dessine la quasi-intégralité de cet épisode avec sa classe coutumière. Mention spéciale quand il représente Shado, l'archer, ex de Green Arrow, avec une présence magnétique égale à celle de Ravager (c'est bien la première fois que la fille de Deathstroke m'intéresse autant). Les dernières pages sont signées par Trevor Hairsine, qui bizarrement n'est pas crédité dans la table des matières mais dont le style est reconnaissable entre mille.


- SUPERMAN : ORDER OF THE BLACK LAMP (Pt. 3) (Ecrit par Christopher Cantwell, dessiné par Javier Rodriguez) - Superman a retrouvé Hop Harrigan mais tous deux sont piégés par le Dr. Anthelme qui entend bien faire en sorte que tout le monde oublie le kryptonien comme cela a été le cas pour l'aventurier...
 

C'est la conclusion de cette histoire écrite par Christopher Cantwell. A moins que... En effet, un "The End ?" interrogatif dans la dernière case laisse espérer une suite pour ce récit qui conviendrait parfaitement pour le DC Black Label. En tout cas, tel quel, ce triptyque a été passionnant à suivre, avec un ton rétro tout à fait maîtrisé.

Javier Rodriguez aura été pour beaucoup dans cette réussite et ses planches sont une nouvelle fois somptueuses. Il a brillé pour sa première prestation chez DC avec la lourde tâche d'animer Superman dont il a donné sa version, très élégante comme toujours, soutenue par une colorisation quatre étoiles. 

Encore !


- BATMAN : BLACK & WHITE - CITY OF MONSTERS (Ecrit par Jackson Lanzing & Collin Kelly, dessiné par Jorge Molina) - Dans une version alternative de Gotham, un jeune Batman affronte Man-Bat qui, avec sa horde de vampires, a tué ses parents...  

Comme d'habitude, on termine avec un court récit Batman : Black & White. Cette fois c'est le binôme Jackson Lanzing & Collin Kelly qui s'y colle en imaginant une variation vampirique des origines de Batman. Rien de révolutionnaire, mais c'est plaisant et très rythmé.

Cimme d'habitude (bis), c'est surtout l'occasion d'admirer de magnifiques planches par un artiste qui donne tout : Jorge Molina n'a pas fait que dessiner ce segment, il en a donné l'idée et a travaillé les designs depuis longtemps sans savoir quand il pourrait les utiliser. C'est absolument renversant de beauté gothique et son Batman juvénile, arrogant et svelte est inoubliable.

Encore un excellent numéro même si on espère vite le retour de King et Gerads à leur poste respectif pour que le sommaire retrouve toute sa superbe.

ULTIMATE INVASION #2, de Jonathan Hickman et Bryan Hitch

 

Ce deuxième épisode (sur quatre) de Ultimate Invasion est moins décompressé que le premier, ce qui conviendra certainement mieux à tous ceux qui trouvaient le démarrage un peu mou. Jonathan Hickman se livre à une réécriture drastique de l'univers Ultimate tout en ouvrant de nouvelles pistes. Bryan Hitch s'amuse visiblement beaucoup à revenir sur les lieux du crime avec des pages très spectaculaires.



Terre 6160. Le Maker modifie profondément l'Histoire en altérant des événements. Ainsi, Howard Stark devient Iron Man avec la complicité d'Obadiah Stane et ils se rendent en Latvérie à l'invitation du Créateur. Une attaque massive du futur aboutit à un massacre mais Howard va découvrir qu'il en est peut-être responsable...
 

En vérité, le procédé qu'utilise Jonathan Hickman pour réécrire l'univers Ultimate n'est pas sans faire penser à celui qu'il avait employé pour altérer la continuité des mutants dans House of M. Il y a quatre ans, pour refonder la mutanité, il faisait de Moira MacTaggert une mutante dont le pouvoir consistait à ressusciter en se souvenant de ses précédentes vies et cela aboutissait à l'âge de Krakoa.


Remplacez Moira par le Créateur (la version Ultimate de Reed Richards) et vous obtenez un peu le même résultat. S'il ne s'agit pas ici de résurrection et d'altérer la réalité en procédant à des modifications expérimentales à chaque retour à la vie, le résultat y fait immanquablement penser.


Il y a quelques années, lors du Free Comic Book Day en France, Panini avait publié un petit fascicule écrit par James Robinson et dessiné par Chris Samnee où était posée la question : où étiez-vous le jour où les 4 Fantastiques sont nés ? En quelques pages, on voyait les plus grands héros Marvel (et d'autres plus mineurs) à cet instant T (le Dr. Strange achetant son manoir, Peter Parker avec son oncle Ben, Iron Fist s'entraînant à K'un L'un, Luke Cage en prison, Namor amnésique faisant la queue à la soupe populaire, Tornade traversant une plaine africaine, l'Arme X en fuite, etc.).

Ce bel hommage à la première équipe de l'univers Marvel pointait du doigt le fait que l'humanité dans la Terre-616 était sur le point de voir émerger une vague de super-héros et de voir son destin changer à jamais. Dans Ultimate Invasion #2, Jonathan Hickman s'amuse à imaginer ce qui se serait passé si la fusée des 4 Fantastiques avait décollé avec un peu de retard, évitant ainsi l'orage cosmique qui donnerait ses pouvoirs aux membres de l'équipage, si l'araignée radioactive n'avait pas mordu Peter Parker, si la bombe Gamma n'avait pas fait de Bruce Banner un Hulk complètement fou furieux, si Loki avait été désigné héritier d'Odin à la place de Thor...

Sans que les intéressés s'en soient rendus compte, la face du monde, de l'univers en a été changé. Autant qu'il a pu, le Maker a ainsi remodelé la Terre-6160 pour mieux la contrôler, maîtriser ses grandes forces. Si on veut pousser le bouchon, on peut même interpréter cette révision comme si Hickman prenait la place de Stan Lee et Jack Kirby (et Steve Ditko, et Bill Everett, etc.) et refaçonnait Marvel à sa guise. Le Créateur serait le double du scénariste - d'ailleurs cet Ultimate Reed Richards est littéralement un scénariste démiurge qui réécrit le script originel.

En même temps, il ne peut pas tout changer, parfois parce qu'il n'en a pas le pouvoir, pas le temps, ou pas l'envie. Il redispose des pièces sur l'échiquier, il ne réinvente pas le jeu lui-même. Mais les variations qu'il imprime à cet univers sont assez profondes et assez familières pour que le lecteur les remarque et les relève. Après tout l'univers Ultimate est né pour attirer des lecteurs que la continuité gênait pour commencer à lire des comics Marvel ou des fans qui étaient curieux de cette version alternative.

A cet égard, une scène en particulier fera réagir ceux qui ont lu Ultimates #1 puisque Bryan Hitch y redessine (à l'identique) la première apparition de Ultimate Iron Man avant de souligner les différences infligées par Hickman. Dans l'armure, il ne s'agit plus de Tony Stark mais de son père Howard et ce n'est plus Nick Fury qui l'attend quand il rentre dans sa tour mais son fils Tony et Obadiah Stane (dans une version afro-américaine). Ces personnages vont nous servir de guide dans la suite de l'épisode à l'occasion d'un sommet organisé par le Créateur en Latvérie.

Hitch se déchaîne grâce à des scène servies sur plateau par Hickman qui semble désireux de tester son artiste sur ses points forts : le décor grandiose de la cité du futur, l'incursion (une figure que le scénariste avait déjà exploité dans son run sur Avengers et New Avengers jusqu'à Secret Wars) des héros du futur, l'intérieur du bâtiment du Créateur avec la machine Immortus (référence...). Encré par Andrew Currie, Hitch est au top de sa forme et son dessin ne souffre pas de corrections (que Nowlan lui a apportées dans Superman : The Last Days of Lex Luthor).

Si on reproche fréquemment aux dessinateurs de comics de zapper les décors, parce qu'ils manquent de temps et misent tout sur les premiers plans, l'action et les personnages, Hitch remplit chaque vignette, souvent de dimensions généreuses, de détails, avec des motifs complexes, un réalisme poussé pour tout ce qui représente la technologie. Il fait partie de ces artistes dont on peut relire les épisodes pour revenir sur la précision avec laquelle il a enrichi le fond d'une image, soigné une composition de scène.

A la fin de cet épisode, sans trop en dire, Hickman nuance habilement l'influence du Créateur quand il révèle à Howard Stark ne pas maîtriser du tout une partie essentielle du lifting qu'il impose à ce monde, dans sa dimension temporelle. Où cela va-t-il conduire l'histoire ? A suivre. Mais Ultimate Invasion est une expérience passionnante, peut-être pas encore aussi forte que HoX/PoX, mais tout de même prometteuse. Plus que jamais, aux côtés de Hitch, Hickman s'affirme comme son anti-héros comme un vrai et grand "world-builder". Et si c'était son autoportrait ?

jeudi 27 juillet 2023

X-MEN : HELLFIRE GALA 2023, de Gerry Duggan, Jonathan Hickman, Adam Kubert, Luciano Vecchio, Valerio Schiti, Matteo Lolli, Russell Dauterman, Javier Pina, R.B. Silva, Joshua Cassara, Kris Anka et Pepe Larraz

 


Je m'étais promis de revenir aux X-Men à l'occasion de la troisième édition du Hellfire Gala, sortie hier. Même si Fall of X a déjà officiellement démarré, ce numéro spécial de 80 pages marque vraiment un tournant dans cette nouvelle ère mutante. Gerry Duggan orchestre tout cela et réussit à vraiment choquer le lecteur. Même si ça ne signifie pas qu'il réussira à me faire revenir...

 


De la résurrection de Kamala Kahn/Ms. Marvel par les Cinq sur Krakoa à la révélation de la nouvelle équipe de X-Men puis à l'attaque lancée par Orchis sur l'île de Mykines où se tient le Hellfire Gala 2023, venez assister à la chute de la maison que X a bâtie. Et croyez-le : plus rien ne sera comme avant.
 

Ci-dessus, vous pouvez lire les (très) grosses lignes de ce numéro spécial consacré à l'édition 2023 du Hellfire Gala. En 2021, sur l'île de Mykines, propriété de Emma Frost cédée à elle par Namor, fut présentée la première équipe des X-Men de l'âge de Krakoa et la terraformation de Mars rebaptisée Arakko pour y loger les anciens sujets de Genesis et Apocalypse. 


En 2022, une nouvelle formation des X-Men fut intronisée, avec moins de cérémonial, mais en coulisses déjà se préparaient de manoeuvres pour gâcher la fête et préparer une attaque d'ampleur sur le peuple de Krakoa. L'année qui suivit confirma ce futur noir : Orchis propagea des fake news pour discréditer les mutants, tout en piratant leur technologie.


Depuis de longs mois, Marvel promettait Fall of X dont la forme est curieuse : il ne s'agit pas à proprement parler d'un event avec une saga centrale et des séries satellites, ni d'un crossover, mais plutôt d'une myriade de titres, de mini-séries confirmant un changement de statu quo brutal sur la chute de Krakoa, la fin de l'âge de Krakoa. Il faudra sans doute attendre 2024 pour réellement savoir quelle apparence prendra la nouvelle ère mutante.


Mais il faut reconnaître que, même si j'ai tout laissé tomber du côté des mutants ces derniers mois, en partie parce que la série X-Men me tombait des mains, en partie parce que l'event Sins of Sinister m'a découragé, en partie enfin parce que regrettais que Marvel mette fin à l'âge de Krakoa, la lecture de X-Men : Hellfire Gala 2023 était sur mon programme, en espérant trouver une forme de synthèse de Fall of X.


Et de ce côté, je ne suis pas déçu. Gerry Duggan, qui, jusqu'à présent, ne m'avait pas semblé en capacité tout comme en inspiration pouvoir ni produire un page-turner vraiment renversant ni se distinguer de ce qu'avait fondé Jonathan Hickman, réussit un tour de force exemplaire, une vraie apocalypse, qui redistribue profondément les cartes, balaie tout sur son passage. 


Pour illustrer ces 80 pages, j'ai choisi huit pages issues de cet épisode qui me semblent bien résumer les moments forts de ce qui s'y passe, sans trop en dévoiler mais en en disant suffisamment. Il n'est plus réellement question de spoilers : le lecteur est prévenu d'emblée, depuis  longtemps, que les mutants vont prendre cher et que rien (vraiment !) ne sera plus comme avant (en tout cas plus comme depuis quatre ans, depuis House of X/Powers of X).


Dans cette configuration, et même si la notion de mort reste relative étant donné le protocole de résurrection créé par les mutants, on sort de cette lecture tout de même très remué. C'est la réussite la plus notable du script de Gerry Duggan : il parvient à nous faire croire à une crise de grande ampleur, à une situation désespérée, à la fin d'une époque, à un changement de paradigme. Bien entendu, il faudra confirmer ça ensuite et ne pas se contenter d'un simple match retour pour qu'en 2024 on reparte pour un tour de manège. 

Non, si le projet doit aboutir concrètement, il faut que l'an prochain les mutants soient dans un état aussi bouleversant et bouleversé que lors de HoX/PoX. Et disons que ce Hellfire Gala 2023 donne à Duggan tous les moyens d'y arriver. C'est entre ses mains et celles des autres auteurs de la franchise mutante que revient la conversion de cette promesse en réalité. Sinon tout n'aura été qu'un coup d'éclat.

Le déroulement de cet épisode se caractérise par un rythme très soutenu : on a droit à 80 pages très denses, très énergiques, très dramatiques. Tous les curseurs sont à fond, quitte à entrer dans le rouge. Mais comme ça fait bien deux ans qu'on n'a pas lu pareil récit, aussi électrisant, avec des mutants, on se régale. Duggan casse tous les jouets,, sème un chaos incroyable. Il le fait comme un gamin en colère, qui s'est longtemps retenu, mais sans que ce soit un simple caprice. Il hérite de pièces disposées par ses collègues et les assemble de manière efficace pour un résultat paroxystique.

Il y a là une succession de moments très forts, très puissants, et pourtant ça démarre moyen avec la résurrection de Ms. Marvel (Kamala Kahn), piteusement tuée par Marvel (et Zeb Wells, dans les pages de The Amazing Spider-Man). Désormais, le personnage est aligné sur le canon du MCU : elle est devenue une mutante. Duggan se fait étonnamment subtil en développant à la fois ce choc pour le personnage et le fait qu'elle n'ait pas envie de se définit comme tel tout de suite, qu'elle se demande ce qu'il en est de ses pouvoirs, de sa vie privée. C'est le seul passage obligé de l'épisode mais Duggan l'intègre bien.

Puis on entre dans le vif du sujet avec l'élection de la nouvelle équipe des X-Men. Jean Grey annonce qu'elle et Cyclope ont décidé de passer la main à Synch et Talon (Laura Kinney). La formation élue est surprenante avec les entrées de Cannonball, Prodigy, Frenzy, Jubilé, Dazzler, et le Fléau. Mais à peine ont-ils été intronisés que la fête bascule dans le carnage. Nimrod les tue (presque) tous !

La suite est une longue mais captivante opération bien préparée par Orchis. Les méchants entrent en scène les uns après les autres : Dr. Stasis (un clone de Mr. Sinistre), Karima Shapendar/Oméga Sentinelle, l'A.I.M., Moira X, les Sentinelles Stark conçues par Feilong. L'assaut est si massif, rapide, bien déployé que les mutants sont dépassés comme jamais. Le carnage est inévitable et il ne sera pas évité.

On assiste en particulier à la mort, vraiment horrible, d'un X-Man historique, à la défaite d'un autre qu'on pensait impossible, Jean Grey est poignardée, Firestar hérite d'une mission abominable, les portails de Krakoa sont piratés et deviennent des pièges affreux, Lourdes Chantel se sacrifie d'une manière déchirante, Charles Xavier se rend, Malicia opère un baroud d'honneur et un sauvetage in extremis... N'en jetez plus ! On est littéralement saisi par le massacre mutant, à la hauteur du premier (qui donna son titre à une saga culte), par la déroute des survivants, par le désespoir absolu qui étreint Xavier. Mais on est aussi intrigué par ce qu'on voit du côté de Mother Righteous (sur l'archipel de Krakoa basée dans l'Atlantique, et il est certain que cela va faire phosphorer les fans).

Visuellement, 80 pages, c'est l'occasion d'un défilé de dessinateurs et Marvel a convié stars confirmés et recrues en devenir. Adam Kubert ouvre la marche et plus tard donne une belle scène à Wolverine. Puis Luciano Vecchio lui succède, plus fade. Russell Dauterman, comme chaque année, se charge de la présentation de la nouvelle équipe : deux pages seulement, mais superbes. Ensuite, la catastrophe commence pour les héros et les artistes s'enchaînent : Javier Pina et Matteo Lolli ne font pas de quartier, RB Silva qui signe des pages magnifiques, Joshua Cassara ne fait que passer, Kris Anka a droit à un autre moment fort, et Pepe Larraz conclut en beauté. Franchement, c'est un régal pour les yeux, élégant, et brutal.

On a même droit à deux pages par Jonathan Hickman et Valerio Schiti, parfaitement intégrées au reste, qui introduisent deux des futurs protagonistes de leur projet G.O.D.S., de manière très habile. Cela suffit au binôme pour ironiser sur la fameuse affirmation de Magneto dans House of X #1 comme quoi, à présent, les mutants seraient les nouveaux dieux.

Maintenant, dans les mois à venir vont éclore de nombreuses mini-séries exploitant la situation, utilisant les survivants, ramenant des personnages qu'on n'a pas vus depuis des lustres (comme Alpha Flight), investissant plusieurs territoires. Je ne vais rien lire de tout ça. A vrai dire, je pense que cela aurait été bien plus fort et culotté de ne plus rien publier de mutant jusqu'en 2024, histoire de vraiment angoisser les fans et repartir sur des relaunchs, une nouvelle collection de séries (avec de nouveaux noms, comme celui, teasé à la San Diego Comic Con le week-end dernier, de New X-Men). 

Mais Marvel comme la nature a horreur du vide et préfère combler les mois prochains avec une avalanche de projets qu'on sait par avance très inégaux (en qualité et en intérêt). Une stratégie similaire au MCU qui, s'il avait misé sur un break après Avengers : Endgame, aurait permis au spectateur de souffler, de se remettre de ses émotions et pour les studios Marvel de créer une attente, un désir, un manque bien plus efficace. Selon l'offre qui sera proposée au terme de Fall of X, je verrais si ça m'intéresse de revenir lire des aventures mutantes. Ce Hellfire Gala donne un terrain fertile pour une sorte de nouveau départ. Aux scénaristes et editors de savoir en tirer la meilleure liqueur.

mercredi 26 juillet 2023

SUPERMAN : THE LAST DAYS OF LEX LUTHOR #1, de Mark Waid et Bryan Hitch


Annoncée depuis longtemps, cette mini-série en trois épisodes (de 50 pages chacun) voit enfin le jour. Superman : The Last Days of Lex Luthor marque les retrouvailles entre Mark Waid et Bryan Hitch, qui n'avaient plus travaillé ensemble depuis JLA (à la suite du run de Grant Morrison et pour quelques épisodes seulement). Edité sous la bannière du DC Black Label, le programme tient dans son titre et se veut aussi spectaculaire qu'intimiste.


Ayant attiré l'attention de Superman en provoquant une énième catastrophe, Lex Luthor lui laisse découvrir qu'il est mourant, après, comble de l'ironie, avoir manipulé de la kryptonite irradiée. Faisant comme toujours passer les autres avant lui, Superman accepte d'aider Lex à trouver un remède, même si cela sidère le monde entier...


Je ne me souviens plus exactement à quand date la première fois que j'ai entendu parler de ce projet Superman par Mark Waid et Bryan Hitch, mais cela remonte à au moins un an et demi, quand le scénariste a rejoint DC et que le dessinateur a annoncé travaillé sur une histoire avec son super-héros favori.


Quand on demanda, il y a quelques années, à Bryan Hitch ce qu'il aurait fait si Marvel n'avait pas existé (c'était une question imaginée par la rédaction de Comic Box en imaginant ce à quoi le monde des comics aurait ressemblé si Stan Lee n'avait pas pu redresser l'ex-Timely Comics), l'artiste avait répondu : "j'aurai dessiné Superman.".


Mark Waid, de son côté, a souvent croisé la route du Man of Steel, même s'il n'a jamais écrit sa série régulière. Il en a rédigé les origines modernes (dans Superman : Birthright, dessiné par Leinil Yu) et livré une version post-moderne dans le "elseworld" Kingdom Come (illustré par Alex Ross). C'est par ailleurs un collectionneur des épisodes de l'âge d'or du kryptonien.


Aujourd'hui, pourtant, ces deux géants des comics se réunissent pour aborder Superman via Lex Luthor en prenant le contrepied du All-Star Superman de Grant Morrison et Frank Quitely (qui décrivait les derniers jours du héros). Il sera donc question d'une intrigue articulée sur l'agonie de Lex Luthor.

Dès la première scène, Superman découvre que son ennemi juré est mourant et Luthor le piège en faisant entendre au monde entier la promesse du kryptonien de l'aider à trouver un remède au mal qui le ronge. Car, évidemment, Superman ne peut laisser périr quiconque, même celui qui s'est acharné sur lui depuis des années. Même si cela ne va pas de soi pour tout le monde.

On va suivre Superman et Lex dans la Forteresse de Solitude, auprès des savants de Kandor, puis dans la Zone Fantôme. Je ne spoile rien en révélant qu'à la fin de ce premier numéro aucun moyen de sauver Luthor n'est trouvé (si c'était le cas, la série s'arrêterait là). En vérité, l'intérêt est ailleurs.

Mark Waid interroge la source de la haine qu'éprouve Luthor pour Superman et imagine un drame situé dans leur adolescence. Déjà, à cette époque, Lex est ce génie qui se sent incompris et veut améliorer le monde sans demander la permission à quiconque. Ce qui lui vaut d'être rejeté par la communauté de Smallville, ce patin perdu qu'il abhorre. Son seul ami est Clark Kent dont la bienveillance l'insupporte car il ne juge personne digne d'être traité ainsi, encore moins lui car il considère cela comme de la pitié.

La théorie du scénariste, c'est que Lex a sans doute détesté Clark avant Superman, avant de savoir qu'ils ne faisaient qu'un. Qu'il s'agisse du sympathique Kent ou de l'héroïque Superman, ce type d'individu ne peut qu'insupporter Luthor qui a la fois toujours eu une haute estime de lui-même et du mépris pour les autres, qu'il voit comme des êtres inférieurs, indignes de lui.

Cela donne une dimension tragiquement ironique au récit quand Lex découvre la Forteresse de Solitude et ses trésors, notamment l'avance technologique de Kandor, dépassant son propre génie. Et dont les habitants vénèrent Superman comme personne n'a vénéré Luthor. En même temps, comme le lui fait remarquer Superman, les habitants de Kandor ont toujours fait passer la science avant tout, avant l'humain, et en cela ils ressemblent à Luthor et sont dissemblables au possible de leur frère kryptonien.

Ne vous attendez pas à de l'action à chaque page : cette mini-série est, pour l'instant, avant tout psychologique, c'est une étude caractère. En dehors de la première scène, où Bryan Hitch s'en donne à coeur joie sans son exercice favori, la mise en scène de destructions massives, avec un énorme engin robotique et le sauvetage tout aussi ahurissant de Superman dans la ville meurtrie par Luthor, tout le reste se concentre sur les échanges entre les deux ennemis et différents subterfuges pour tenter de guérir Lex.

Mais évidemment, sous le crayon de Hitch, même ces moments calmes, tranquilles, deviennent épiques grâce à un découpage composé d'images aux dimensions très généreuses et grouillantes de détails. Des splash-pages, des doubles pages extraordinaires ponctuent l'histoire et sa progression, comme pour prouver que le jardin secret de Superman égale en démesure les constructions de Luthor. Hitch donne à la Forteresse de Solitude une envergure ahurissante, à Kandor tout le foisonnement d'une vraie cité (même miniaturisée), à la Zone Fantôme tout le cadre inquiétant requis. La figuration est importante, c'est impressionnant.

Bien entendu, tout ça n'a rien de naturel : les poses que prennent les personnages sont toujours iconiques, comme s'ils se savaient filmés, sous leur meilleur profil. Superman a une majesté intouchable, Luthor une morgue immuable. L'apparition de Zod confère au vilain une aura maléfique, revancharde particulièrement prégnante, entouré de ses sbires.

Mais pour moi, le vrai point noir ne réside pas là. Après tout, on ne va pas demander à Hitch de se calmer : on sait ce qu'on va lire en découvrant ses planches et on peut difficilement faire la fine bouche devant la force de travail du dessinateur, qui n'a jamais été plus productif que ces dernières années, sans rien lâcher sur le plan du perfectionnisme.

Non, ce qui gâche un peu la vue, c'est l'encrage, confié à Kevin Nowlan. De manière générale, je n'aime pas les encreurs avec une technique trop appuyée. Klaus Janson a massacré John Byrne jadis, tout comme Bill Sienkiewicz a défiguré aussi bien John Buscema que Goran Parlov. Je préfère les encreurs qui s'adaptent au trait de l'artiste et l'embellissent plutôt que d'avoir l'air de vouloir redessiner leurs crayonnés.

Et Kevin Nowlan a une personnalité trop affirmée pour que sur du Hitch, on ne sente pas ses retouches. Les deux hommes avaient collaboré sur Batman's Grave et Hitch avait fini par se passer de Nowlan, visiblement peu satisfait du résultat. J'espère qu'il aura eu le temps de reprendre les choses en main ici aussi parce qu'il est trop évident qu'il a complètement repris le visage de Superman par rapport à la façon dont Hitch le dessine, et il ajoute volontiers des traits, des hachures inutiles, qui surchargent quelque chose qui est déjà touffu. Plus globalement, je trouve que le trait de Nowlan est trop fin pour Hitch, à qui conviennent mieux des encreurs un peu plus gras, ou en tout cas qui veulent moins fignoler (comme Paul Neary, Andrew Currie, ses deux collaborateurs habituels).

Ce premier épisode, malgré ce bémol graphique, est en tout cas prometteur et accrocheur. Qui plus, intégré au DC Black Label, ce récit peut se permettre plus de libertés qu'une aventure dans la continuité et nul doute que Waid et Hitch sauront en tirer profit.