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dimanche 5 février 2023

BLACK PANTHER : WAKANDA FOREVER, de Ryan Coogler

 

Je n'avais guère été satisfait du premier film Black Panther, en 2018. Aussi n'attendais-je rien de cette suite, sous-titrée Wakanda Forever, qui plus est tournée sans son acteur principal, Chadwick Boseman, mort en 2020. Ryan Coogler a relevé le défi d'écrire une sequel sans sa star dans un (très) long métrage. Dont il ne fallait éffectivement rien attendre.



Le roi T'challa meurt d'un mystérieux mal que sa soeur Shuri est impuissante à guérir après la destruction de l'herbe-coeur par Killmonger. Un an plus tard, le royaume du Wakanda est sous pression car la communauté internationale lui reproche de ne pas vouloir partager son vibranium, ce minerai rare qu'on trouve uniquement dans ses profondeurs. La reine Raimonda, mère de T'challa, implore Shuri de produire une herbe-coeur de synthèse pour désigner un nouveau Black Panther mais elle s'y refuse, estimant qu'il s'agit d'un vestige du passé. Au même moment, dans l'océan atlantique, une plateforme de forage est attaquée par des créatures sous-marines en tentant de forer les profondeurs pour en extrire du vibranium. La CIA accuse le Wakanda d'être responsable du massacre de l'équipage.


Namor, le chef des créatures sous-marines, aborde Raimonda pour lui proposer une alliance si elle lui remet la scientifique qui a conçu la foreuse. Shuri accompagne Okoyé aux Etats-Unis où l'agent Everett Ross leur donne l'identité de celle qu'elles cherchent. Elles convainquent Riri Williams de les suivre au Wakanda mais les soldats de Namor les enlèvent, elle et Shuri. Désespérée, Raimonda dégrade Okoyé et la chasse de sa garde rapprochée puis part pour Haïti où Nakia, l'amante de feu T'challa, s'est installée. Elle lui confie la mission de retrouver Shuri et Riri.


Celles-ci ont été conduites à Talocan, la cité sous-marine de Namor, qui leur explique pourquoi il hait les hommes, responsables du génocide de ses ancêtres méso-américains. Shuri tente de le raisonner en lui proposant de prendre la place de Riri qu'il laissera rentrer au Wakanda. Grâce aux bijoux géo-localisables de Shuri, Nakia la retrouve, elle et Riri, et organise leur évasion en tuant leur gardienne. Pendant ce temps, Namor rend visite à Raimonda pour savoir si elle accepte l'alliance entre leurs deux peuples.


De retour à Talocan, Namor comprend que Raimonda l'a diverti pour que Shuri et Riri s'évadent. En représailles, il va attaquer le Wakanda avec son armée. L'assaut provoque des dégats matériels énormes mais surtout la mort de Raimonda. Les wakandais sont obligés de se réfugier dans les montagnes, où habite la tribu des Jibari de M'baku. Seules Shuri et Riri restent en ville : le première pour développer une herbe-coeur de synthèse, la deuxième pour perfectionner des armes. Nakia assiste Shuri lors du rituel au cours duquel elle absorbe la potion à base d'hebe-coeur qui la dote des pouvoirs de Black Panther.


Avec le renfort de M'baku et ses soldats, les wakandais tendent un piège à Namor et son armée. en lui faisant croire à un nouveau forage sous-marin dans l'océan atlantique. Les wakandais et les créatures sous-marines se battent au large tandis que Shuri attire Namor sur une plage pour un duel. Défait, Namor est néanmoins épargné quand Shuri a la vision de sa mère lui rappelant d'être digne du titre de Black Panther. Le prince des mers ordonne à ses troupes de se replier. Shuri est couronnée nouvelle reine puis part à Haïti à l'invitation de Nakia, qui lui présente le fils qu'elle a eu de T'challa et qu'il lui avait demandé d'élever loin de la pression de la cour.

En définitive, je crois que le problème que j'ai avec Black Panther vient simplement que je ne suis pas fan du personnage dans les comics. Quand il est membre des Avengers, pourquoi pas, mais lorsque Jason Aaron en a fait le leader de l'équipe durant son run, cela ne m'a pas convaincu, comme s'il s'agissait d'un acte un peu forcé, pour changer de l'habituel direction bicéphale entre Captain America et Iron Man.

Mais je dois bien avouer que chaque fois que j'ai essayé de suivre la série Black Panther, cela m'est tombé des mains, et ce ne sont ni Ta-Nehisi Coates ni John Ridley ces dernières années qui y auront changé quoi que ce soit.

Alors quand Kevin Feige a voulu porter le personnage à l'écran avec l'ambition d'en faire l'égal de la trinité Iron Man-Captain America-Thor, j'ai d'abord demandé à voir. Dans Captain America : Le Soldat de l'Hiver, l'introduction de Black Panther était efficace, bien conduite. En revanche, lorsqu'il a été question de retrouver T'challa dans son propre film, le résultat m'a déçu. Avec son scénario banal et sa mise en scène impersonnel, culminant avec le duel Black Panther-Killmonger complètement illisible, ce fut une désillusion.

Le décès de Chadwick Boseman en 2020 a été un choc : ayant souffert en secret d'un cancer du colon, ce comédien charismatique, d'un courage exceptionnel, a laissé un vide qui semblait ne pouvoir être comblé. Pourtant, Kevin Feige comme Ryan Coogler n'abandonnèrent pas le projet d'une suite au gros succès commercial que fut Black Panther

Je n'en attendais rien et j'ai d'ailleurs longuement hésité à aller voir le film puis à y consacrer une critique. Ayant joué la carte du suspense, d'une manière que je trouve déplacée, sur l'identité de celui qui succéderait à T'challa sous le masque de Black Panther, Marvel n'a pas brillé par sa subtilité comme en témoigne l'affiche où Leticia Wright occupe le centre de l'image. C'est déjà un problème.

Car de tous ceux qu'on pouvait imaginer dans le rôle, Ryan Coogler a choisi à la fois le plus évident, le plus facile et le moins charismatique. Lorsque vous dirigez des actrices comme Danai Gurira ou Lupita Nyong'o et que vous préférez donner le rôle de Black Panther à Leticia Wright, comment ne pas lever les yeux au ciel de dépit ? Et ça, c'est sans compter avec les déclarations antivaxx de la comédienne, opportunément oubliées pendant la promotion du long métrage et que les attachés de presse ont fait passer pour des propos déformés par les médias ou un malentendu.

L'autre souci, et il esst autrement plus embarrassant, c'est que le film se veut émouvant, évoquant Chadwick Boseman, son souvenir, son influence, son exemplarité. Or jamais le scénario ne parvient à rendre cela poignant. Le casting semble le plus souvent gêné de jouer le deuil dans une superproduction qui a un cahier des charges à respecter, avec son lot de scènes d'action spectaculaires, l'introduction de Namor et quelques subplots lourdingues (tout ce qui implique Everett Ross, la comtesse Valentina Allegra de Fontaine, Riri Williams) qui délaient inutilement la sauce (en rallongeant substantiellement la durée du film).

C'est une chose de rendre hommage à un acteur, c'en est une autre de vouloir le faire dans le cadre formaté d'un blockbuster, et à tout prendre, mieux aurait fallu s'en tenir à l'ouverture du film avec les obséques de T'challa, mort d'un mystérieux mal - encore que je me demande si, là aussi, le mieux n'aurait pas été de ne pas mentionner cettee maladie, citation maladroite au cancer qui emporta Boseman. Mais on a quand même échappé au pire avec un recasting de T'challa/Boseman...

Du coup, qu'est-ce qui reste ? Namor. Même si là encore je ne comprends pas le choix d'en avoir fait un méso-américain (autrement que pour les spectateurs ne le confondent pas avec Aquaman), il faut admettre que ça a de la gueule. Tenoch Huerta, pour son premier rôle, est une vraie révélation et il incarne avec autorité et sobriété le prince des mers. Les flashbacks sont plutôt fluides et surtout brefs pour justifier son attitude vis-à-vis des humains de la surface. L'acteur ne cherche jamais à en rajouter, du coup il en impose naturellement. A tel point que les meilleurs moments du film sont ceux où il est là, au premier plan, volant facilement la vedette à ses partenaires.

Mai bon, pas besoin de vous faire un dessin, je n'ai pas davantage aimé Wakanda Forever que Black Panther 1. Ryan Coogler n'a rien d'un bon metteur en scène ni d'un scénariste intéressant, il n'amène rien de spécial. A ce niveau, quitte à recevoir des cailloux, je préfère encore Taika Waititi qui ose, même s'il se plante. Coogler est ennuyeux, comme le premier opus la photo est souvent trop sombre, les acteurs semblent trop livrés à eux-mêmes (mais quand on a le talent de Lupita Nyong'o ou Angela Bassett, ça ne se voit pas trop). 2h 45 pour ça, c'est encore l'occasion de se demander où est passé le monteur car rien ne justifie un tel format pour une intrigue aussi paresseuse et empruntée.

Il paraît que Kevin Feige et Coogler ont encore envie de faire vivre la panthère noire. Si c'est le cas, ce sera sans moi. De toute façon, le grand architecte du MCU devra d'abord redresser son affaire après cette Phase IV si décevante. Rendez-vous aux alentours du 15 Février pour savoir si Ant-Man et la Guêpe : Quantumania réussira à redonner des couleurs aux films Marvel...

samedi 17 mars 2018

BLACK PANTHER, de Ryan Coogler


Avec ses énormes recettes au box office, ses critiques élogieuses, Black Panther est devenu une sorte de phénomène dépassant la simple cadre d'une nouvelle production émanant des studios Marvel pour être un film-symbole sur l'afro-américanisme associé au folklore du super-héros. Pourtant, quand on découvre le long métrage de Ryan Coogler un peu de temps après sa sortie, de manière moins passionnelle, on s'aperçoit qu'il y a peut-être un malentendu, ou du moins une manière différente de l'apprécier, sans négliger ses défauts. Bref : de le voir comme un film et non comme un manifeste déguisé.

 Le prince T'challa (Chadwick Boseman)

Il y a plusieurs siècles, cinq tribus africaines fondèrent la nation du Wakanda dont la richesse résidait dans ses gisements de vibranium, un métal d'origines extra-terrestre. Jusqu'à ce que le prince Bashenga, guidé par une vision de la déesse Bast, découvre les propriétés de "l'herbe-coeur" et ne devienne le premier "Black Panther", défenseur de ce pays, unifiant quatre des cinq clans (le dernier préférant se retirer dans les montagnes). Au fil du temps, le Wakanda prospéra en gardant son secret.

Ulysses Klaue et Everett Ross (Andy Serkis et Martin Freeman)

Mais en 1992, à Oakland, le roi T'chaka tua son frère N'jobu qui déplorait sa politique isolationniste et son refus d'aider les minorités noires oppressées de par le monde, et plus spécialement en Amérique. Il laissait derrière lui un jeune orphelin, Eric, qui deviendra un mercenaire sanguinaire, avide de se venger.

Zuri (Forest Whitaker)

Après la mort de T'chaka, lors d'un attentat (relaté dans Captain America III : Civil War), son fils, le prince T'challa lui succède sur le trône. Il est couronné lors d'une cérémonie rituelle, où il boit une potion concoctée à partir de "l'herbe-coeur", et au terme d'un combat singulier avec un autre prétendant, M'baku.

Eric "Killmonger" Stevens et T'challa (Michael B. Jordan et Chadwick Boseman)

Cependant, le trafiquant d'armes Ulysses Klaue et Eric "Killmonger" Stevens dérobent dans un musée anglais un artefact wakandais. T'challa en est prévenu et part à la recherche des voleurs, promettant à W'kabi de ramener Klaue, responsable de la mort de sa famille. La vente de l'artefact se déroule à Busan, en Corée du Sud, dans un casino, au profit d'un agent de la C.I.A., Everett Ross. Mais la transaction dégénère quand T'challa, sa fiancée espionne Nakia et sa garde du corps Okoye, s'en mêlent. Klaue est arrêté et interrogé mais Eric organise son évasion, blessant au passage Ross que T'challa évacue au Wakanda pour le soigner.

M'baku (Winston Duke)

Eric tue Klaue et livre son cadavre à W'kabi en échange d'une alliance pour renverser T'challa, tandis que ce dernier apprend par le prêtre Zuri que le complice de Klaue est en vérité son cousin, N'jadaka, dont le père fut donc tué par T'chaka. Eric se présente avec W'baki au palais royal pour réclamer le trône. T'challa accepte de l'affronter pour en décider mais il est cette fois sévèrement battu et jeté du haut d'une falaise. Nakia évacue Ramonda, la mère du prince, et Ross, pour les mener chez M'baku à qui elle donne "l'herbe-coeur" contre son renfort pour renverser N'jadaka - mais il refuse et les conduit jusqu'à T'challa qu'il a recueilli et que la potion à base de "l'herbe-coeur" achève de rétablir.
  
Nakia, T'challa et Shuri (Lupita Nyong'o, Chadwick Boseman et Letitia Wright)

N'jadaka organise l'approvisionnement d'armes wakandaises dans divers pays pour déclencher sa révolution contre l'oppresseur blanc. Mais T'challa/Black Panther surgit alors pour contrarier son plan, avec la complicité de Ross, sa soeur Shuri (conceptrice des armes du royaume), Nakia et Okoye (dont les guerrières se retournent contre le nouveau roi). 

N'jadaka (Michael B. Jordan)

L'affrontement qui suit est aussi épique que disputé à cause des charges des rhinocéros par W'kabi. Mais la situation s'équilibre lorsque, finalement, M'baku et sa tribu se joignent au combat aux côtés des fidèles de T'challa. Ce dernier lutte contre N'jadaka dans la mine de vibranium et réussit à le désarmer puis à le blesser - il préfère mourir, en s'achevant, plutôt qu'être fait prisonnier.
  
Black Panther (Chadwick Boseman)

- Epilogue I : devant l'O.N.U., T'challa prononce un discours révélant le secret du Wakanda qu'il souhaite voir intégrer au concert des nations.

- Epilogue II : Shuri se rend dans un camp où Bucky Barnes sort d'une case. Il a été soigné de son conditionnement mental et est prêt à s'entraîner de nouveau, surnommé par les enfants, "White Wolf".

Récemment, les studios Marvel ont organisé une grande séance photo avec tous les comédiens de leurs films pour fêter les dix ans du Marvel Cinematic Universe : une occasion de mesurer l'ampleur prise par cette machine désormais parfaitement huilée et toute puissante, qui, avec deux à trois films par an, règne sur le box office mondial - alors même que Marvel comics traverse une crise éditoriale depuis plusieurs mois.

Cet événement ne consistait pas seulement en une démonstration de force (comme pour prouver sa supériorité affichée sur le DC Cinematic Universe, régulièrement étrillé par la critique et dont les résultats commerciaux font pâle figure - Black Panther avait remporté en quelque semaines plus d'argent que Justice League durant toute son exploitation en salles). Il s'agissait bien de marquer le coup pour un passage de relais en douceur que viendront entériner les sorties cette année et en 2019 les deux prochains opus consacrés aux Avengers : entre les personnages qui vont certainement être sacrifiés dans leur bataille contre Thanos (et donc le retrait d'acteurs les incarnant) et ceux amenés à représenter leurs successeurs (pour une nouvelle "Phase" de longs métrages), le cliché fixait en même temps les anciens, les pionniers, et les nouveaux, les héritiers.

Après Dr. Strange, Ant-Man, ou le retour dans le giron de Marvel studios (à la faveur d'un accord avec Sony pictures) de Spider-Man, et avant Captain Marvel (et sans doute d'autres), Black Panther apparaissait comme le relais puissamment symbolique vers cette nouvelle époque. Pensez donc : pour la première fois, on allait assister aux aventures d'un justicier noir, en Afrique, mises en scène par un réalisateur noir, avec un casting à 90% noir. Mais au-delà de cette promotion, quid du film ?

En fait, il y a comme qui dirait deux films en un, et c'est davantage un souci qu'une qualité. Le premier déroule son intrigue du début jusqu'à la défaite de T'challa contre Eric "Killmonger Stevens/N'jadaka. Il y règne, c'est le cas de le dire, une ambiance à la James Bond avec une histoire d'artefact volé, de secret familial bien caché, de légitimité à régner, de vengeance, de promesse amicale non tenue et d'alliance décisive. Et c'est fort plaisant, car très rythmé, spectaculaire.

Le film abonde en beaux et bons moments, avec quelques vrais pics, comme l'ouverture résumant le passé du Wakanda (avec des animations superbes), un flash-back vite expédié mais fondateur et tragique, l'intronisation de T'challa au terme d'un duel avec M'baku (le colossal Winston Duke en impose fabuleusement, mais trop brièvement...), le vol de l'artefact. Puis intervient une séquence folle à Busan dans un casino avec un règlement de comptes qui se prolonge dans les rues de la ville de Corée du Sud grâce à une course-poursuite trépidante. L'arrestation de Klaue, son interrogatoire, son évasion, l'évacuation de Ross, le pacte entre "Killmonger" et W'baki, le défi lancé à T'challa et donc sa défaite forment un bloc compact, toujours aussi échevelé, grisant.

Le scénario de Ryan Coogler et Joe Robert Cole fait alors un pari audacieux mais dont le film ne se relèvera pas : faire disparaître totalement Black Panther de son propre récit pendant un long moment, avant, évidemment, de le faire revenir pour le dénouement.

Ce qui suit, sans être non plus accablant, donne la furieuse impression qu'en plus d'avoir été trop nettement coupé en deux, le long métrage n'arrive pas à rebondir sur son pari narratif. Le deuxième acte n'est alors plus qu'une banale affaire de retour, de revanche, dont l'issue est sans surprise, sans même du suspense. Et, pire que tout, éclairant, a posteriori, des soucis déjà présents dans le premier acte mais habilement occultés par le rythme soutenu.

Il suffit d'un exemple pour souligner ce qui ne fonctionne pas/plus : lorsqu'il est fait roi, T'challa est défié par l'imposant M'baku (au passage, très intelligemment réinventé par rapport aux comics dans lequel il figurait un caricatural homme-singe, dont la connotation raciste ne passerait plus aujourd'hui). Il le vainc, difficilement, mais sans discussion. Lorsque T'challa est à nouveau défié par N'jadaka, même si ce dernier a été entraîné dans l'armée, et commis des massacres sur des théâtres de guerre divers, donc représente un adversaire coriace, malgré toutes les grimaces carnassières (et la coiffure ridicule) de Michael B. Jordan, on a du mal à croire qu'il va poser plus de problèmes à Black Panther dopé par "l'herbe-coeur"... Mais on a tort car il lui assène des blessures multiples, une correction sévère avant de le jeter à bout de bras du haut du cascade ! Soit "l'herbe-coeur" marche moins bien, soit N'jadaka est plus fort que M'baku (ce qui paraît hautement improbable quand on voit Winston Duke), mais enfin, bon, le coup de théâtre est si grossier qu'il nous fait sortir du film.

Peu importe ensuite si T'challa n'est évidemment pas mort, comment il parvient à vaincre N'jadaka, à renverser presque tout seul les alliés de son adversaire (grâce aux propriétés de son costume absorbant l'énergie cinétique et de l'expulser ensuite... Mais aussi grâce aux renforts de Nakia, sa fiancée super-espionne - à laquelle la belle Lupita Nyong'o donne tout ce qu'elle peut -, sa soeur Shuri - super-scientifique et guerrière qui permet surtout à Letitia Wright de cabotiner de façon horripilante - et Okoye - sorte d'amazone renfrognée à laquelle Danai Gurira prête son charisme)... On sait comment tout cela va se finir : de la façon la plus convenue, prévisible, linéaire et paresseuse au possible - et avec un rythme sérieusement déclinant qui fait bien sentir que 135 minutes pour tout ça, c'est bien trop.

J'aurai aimé aimer davantage Black Panther : pour Chadwick Boseman, très sobre et classe ; Angela Bassett et Forest Whitaker, majestueux (moins pour Martin Freeman dont le rôle aurait pu être effacé sans que cela ne dérange, ou Andy Serkis grimaçant à l'excès). Ryan Coogler est un metteur en scène indéniablement prometteur, qui sait faire vivre ses personnages sans en faire seulement des symboles sur pattes, et s'arrange des effets propres à ce cinéma (avec des idées visuelles séduisantes et intenses), plus que pour sa rigueur de scénariste.

Mais en l'état, si l'on veut estimer honnêtement le résultat et sortir des discours idéalistes sur la révolution culturelle qu'est censé matérialiser le film, Black Panther est un Marvel movie mineur, trop long, à la narration bancale, et qui, après Les Gardiens de la galaxie, volume 2 et Thor : Ragnarok, n'a que pour vrai mérite de souligner notre excitation avant la sortie en Avril de Avengers : Infinity War.