jeudi 31 août 2017

EXCALIBUR #12-24 : THE CROSS-TIME CAPER, de Chris Claremont et Alan Davis

Au début de cet été, j'avais programmé, en prévision des jours chauds où la seule envie qu'on a est de se détendre avec un bon livre en mains, de relire la saga The Cross-Time Caper correspondant aux épisodes 12 à 24 de la série Excalibur, produite à l'époque (en 1989-1990) par le scénariste Chris Claremont et le dessinateur Alan Davis.

Cela faisait un bail que je m'y étais pas replongé et, par ailleurs, cette histoire marqua la fin d'un cycle, le premier de la série : Davis y dessinait ses derniers épisodes avant de revenir comme auteur complet à partir du #42, et Claremont signerait encore le 25ème numéro avant lui aussi de se consacrer au reste de son abondante production (même si son règne sur la franchise mutante touchait, sans qu'il le sache, à sa fin).

Un peu d'Histoire des comics : la série Excalibur fut lancée à la suite du crossover  Fall of the Mutants, durant laquelle Nightcrawler et Kitty Pryde/Sprite subirent de graves dommages (le premier, blessé, devait cesser ses téléportations et ses acrobaties ; la seconde ne pouvait plus contrôler sa densité physique et demeurait intangible, tel un spectre). Quant à Rachel Grey-Summers, la fille de Jean Grey/Phénix et Scott Summers/Cyclops venue d'une terre parallèle dans le futur, elle était traumatisée par sa situation personnelle et celle des mutants.

Le lien entre les trois X-Men et Captain Britain et sa compagne Meggan ? Betsy Braddock/Psylocke, également membre de l'équipe des mutants, tombée au combat. Mis en sécurité sur l'île de Muir, Nightcrawler et Kitty se remettaient lentement après avoir appris que leurs camarades avaient péri - en vérité, ils s'étaient exilés en Australie sans penser à les prévenir mais pour récupérer aussi et se lancer dans de nouvelles aventures.

L'autre point de convergence allait être Rachel Grey-Summers, traquée par Opal-Luna Saturnyne, bras-droit armé de Roma, protectrice de Captain Britain et fille de Merlyn (à qui Brian Braddock devait ses pouvoirs). Pourquoi ? Parce que la puissance de la force Phénix dont elle était l'hôte menaçait l'équilibre inter-dimensionnel. Pour la capturer, une bande mercenaires conduite par Gatecrasher, les Technets, aux pouvoirs aussi redoutables qu'incompétents quand il s'agissait d'agir collectivement.

Un graphic novel, The Sword is drawn, d'une cinquantaine de pages, mettait en scène la création d'Excalibur lorsque Nightcrawler, Kitty, Captain Britain et Meggan aidèrent Rachel contre les Technets et défièrent Opal-Luna Saturnyne. En mémoire de leurs amis et parents morts et de l'idéal du Pr. Xavier (le fondateur des X-Men, oeuvrant pour une cohabitation des mutants, et des surhommes en général, avec les humains), les héros scellèrent leur alliance bon gré mal gré.

S'ensuivirent onze épisodes de la série régulière, l'imposant comme un titre tout à fait unique, mélange d'action et d'humour (plus proche du british non-sense, Claremont et Davis étant anglais, que de la comédie plus potache de Justice League International, publiée à la même époque par DC Comics). Excalibur combattit les Lycaons, sorte de chiens de garde de Mojo (un extra-terrestre voulant enlever les héros pour les forcer à jouer dans son show), le Juggernaut (alors incarcéré au Royaume-Uni), Arcade et son Murderworld, traversant le temps de deux chapitres le crossover Inferno (quand Madelyne Prior, ex-amante de Cyclops, déploya sa force démoniaque sur le monde entier), une pause à Manhattan (dessiné par le médiocre Ron Lim), et une version nazie de leur équipe (un diptyque, dont un volet, le 11ème épisode, était dessiné par par le peu inspiré Marshall Rogers).

Sans doute, après un an d'existence, Claremont et Davis (impliqué dans le développement des intrigues, il loua toujours le talent et l'amabilité de son scénariste grâce à qui sa carrière de dessinateur connut un succès grandissant alors) pensèrent-ils alors qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure et d'offrir à la série une saga plus ambitieuse, échevelée, délirante. Et ainsi débuta The Cross-Time Caper. 28 ans après, qu'en penser ? 





Le principe de cette histoire est simple : Excalibur, dans ses précédentes aventures, a découvert et récupéré un étrange robot, baptisé Widget. Kitty Pryde, adolescente surdouée en informatique, tente d'en percer les mystères mais échoue à déterminer l'origine de l'engin, sa source d'énergie, ses capacités exactes. Brian Braddock introduit dans le groupe Alistaire Stuart, électronicien au service du W.H.O. (Weird Happenings Organization), branche des services spéciaux britanniques, grâce à sa relation avec Courtney Ross, une de ses ex. Kitty tombe sous le charme de ce geek qui, lui, n'a d'yeux que pour Rachel, mais qui est néanmoins aussi perplexe face à Widget.
Le petit robot (dont l'aspect se résume à une tête ronde) s'active à proximité de Rachel et va alors provoquer des sauts inter-dimensionnels imprévisibles, entraînant l'équipe sur des terres parallèles à l'Histoire altérée par rapport à la notre.

La première étape occupe les épisodes 12-13 et se situe dans un royaume d'apparence médiévale. Embarqué dans un train, Excalibur y atterrit avec fracas et rencontre d'abord le jeune sir William que ses amis appellent "Billy the Kid" ! En voyant Kitty, il en tombe immédiatement amoureux, au désespoir de la plus jeune des filles de la Reine, et la demande en mariage. La princesse use alors de sorcellerie pour gagner le coeur du chevalier tandis que Kitty tente d'expliquer à la Reine et Billy qu'elle ne veut pas de ces noces...

On ne peut rêver meilleure introduction pour cette saga : c'est drôle, spectaculaire, délirant à souhait. Les scènes mémorables s'enchaînent à une vitesse folle, avec une mention pour celle incluant l'ogre, irrésistible (tout le château de la créature finira en morceaux !). Claremont s'amuse et nous avec lui, et Davis s'éclate, dans des planches opulentes, où l'expressivité des personnages égale la richesse détaillée des décors et le soin apporté aux costumes (Meggan y change de look : un changement bienvenu car sa première tenue n'était guère inspirée). On n'a pas le temps de souffler que Widget envoie toute la bande ailleurs...



Sur la nouvelle Terre qu'ils découvrent, les membres d'Excalibur se croient revenus chez eux, en voyant le phare qui leur sert de quartier général. Mais Rick Jones (célèbre sidekick de Hulk puis de Captain America et Captain Marvel) les accueille pour les entraîner dans une ahurissante et gigantesque bataille mondiale entre héros mais aussi entre vilains.
La bizarrerie de ce monde se manifeste par l'apparence des belligérants : tous ressemblent aux personnages de Marvel mais dans des versions dégénérées et avec des pouvoirs détraqués. Quant à la guerre qu'ils se livrent, elle dure depuis si longtemps que plus personne ne se souvient de ce qui l'a déclenchée !
L'équipe se sépare pour se défendre et trouver une solution - solliciter les Fantastic Four - mais cette stratégie est un échec. Pire : Galactus se pointe, prêt à dévorer cette Terre (moins d'ailleurs pour apaiser son appétit que pour régler le conflit). Widget s'anime à nouveau juste avant la fin du monde... privant Excalibur du fin de l'histoire : tout cela était la faute de l'Homme Impossible !

Le titre même de l'épisode ("Trop de héros", ou "Héros en surnombre" comme traduit à l'époque dans la revue "Titans") ne ment pas et on ne peut qu'être impressionné par la figuration pléthorique que Claremont a demandé à Davis de dessiner. L'artiste ne faillit pas et livre des planches incroyables, à la (dé)mesure de cette critique sur l'absurdité de la guerre. La mécanique narrative évoque presque le vaudeville avec ses rebondissements incessants, la densité du récit, mais aussi Kafka lors de la scène où Alistaire et Kitty doivent patienter dans une file d'attente infinie au sommet du Baxter building.

Il faut cependant posséder ce numéro en single issue pour profiter pleinement de l'extraordinaire couverture qui forme une fresque magistrale. 


Dans le 15ème épisode, bien qu'Excalibur subit encore les caprices de Widget (et visite à toute allure un monde recyclant aussi bien les clichés des films d'épouvantes qu'une Union soviétique où Meggan et Rachel échangent provisoirement, et sans les contrôler, leurs pouvoirs), ce sont Gatecrasher et les Technets qui sont mis en avant. 
Reclus dans un hangar au bout d'une jetée, attendant un nouveau contrat (depuis qu'Opal-Luna Saturnyne a levé celui qu'elle avait lancé contre Rachel), les mercenaires sont engagés par Nigel Frobisher, assistant de Courtney Ross. Mu par sa jalousie contre Captain Britain que sa patronne lui préfère, il confie aux extraterrestres la mission de capturer James Braddock, le frère de Brian, mutant surpuissant mais complètement dément afin de détruire son rival.
La cible va se révéler plus forte que ceux chargés de l'appréhender mais qu'importe puisqu'il a envie de faire la peau à son frangin !

Nous sommes presque à la moitié de la saga du Cross-Time Caper et ce chapitre, avec le recul, indique une faille dans le dispositif de l'ensemble : d'un côté, les sauts inter-dimensionnels restent divertissants mais sans réel impact d'un monde visité à l'autre, donc à ce stade on se demande ce sur quoi ça va déboucher (si ça aboutit vraiment à quelque chose susceptible de modifier le statut de la série) ; et de l'autre, on a droit à cet aparté qui introduit un subplot, procédé chéri de Claremont (avec lequel il a si bien su dynamiser Uncanny X-Men mais aussi The New Mutants).
La pertinence de cet ajout est discutable car l'aventure des héros est déjà suffisamment épique - et quand Davis reprendra seul la série plus tard, il se chargera d'agréger des éléments épars pour leur donner un sens global. Pourquoi donc rajouter en parallèle la menace incarnée par James Braddock quand Excalibur ne sait même pas quand et surtout comment revenir sur la Terre 616 (notre monde dans le multivers Marvel) ni ce qui anime Widget (les recherches de Kitty et Alistaire sont négligées depuis belle lurette, les deux génies étant trop occupés à rester vivants à chaque étape).
Les Technets eux-mêmes sont rigolos mais leur réapparition et leur association avec Nigel Frobisher sont un peu forcées, comme s'il fallait rappeler leur présence, les garder au chaud en somme, en prévision du futur (or ils ne reviendront effectivement embarrasser Excalibur que bien plus tard).
Le résultat s'en ressent : l'épisode est moins efficace, endiablé, drôle. On pressent que les neuf parties, annoncées dès le début de la saga, formeront un tout trop gros pour être parfait. Ce n'est pas non plus une sortie de route complète, la preuve avec les deux épisodes suivants...





Dans un bouge peuplé d'aliens, un conteur encapuchonné raconte les mésaventures d'Excalibur sur ce monde, péripéties qui faillirent être fatales au groupe. Tout avait commencé par la dispersion accidentelle des membres à l'atterrissage : Nightcrawler sauve une princesse, Anjulie, d'une horde de pirates avant qu'elle ne l'assomme et ne rentre à son palais non pour en faire son prisonnier mais son amant. Désorienté par le comportement de la belle, Kurt Wagner visite la demeure royale et découvre ses geôles infâmes puis le sort réservé au détenus, offerts en sacrifice à un monstre qui absorbe leur énergie vitale et assure le pouvoir d'Anjulie sur cette Terre. Et là, c'est au tour des amis de Nightcrawler d'être exécutés !
Après les avoir sauvés et convaincus les évadés et leurs peuplades de se révolter contre Anjulie, Kurt est porté en triomphe tel un seigneur de guerre (le "Warlord" du titre du #16).

Ce nouveau diptyque renoue avec la flamboyance épique de la série, annoncée par de superbes et drôlatiques couvertures (parodiant les récits d'heroic fantasy façon John Carter of Mars). Nightcrawler en fin bretteur, séducteur mais dupé par un environnement digne des swashbucklin' movies (les films de cape et d'épée, dont il raffole), c'est un hommage évident à la mini-série de Dave Cockrum, mais aussi une célébration à ce personnage qu'en vérité très peu d'auteurs et d'artistes ont su traiter aussi bien que son créateur (Cockrum) et le duo Claremont-Davis.
Les deux partenaires nous font plaisir avec cette aventure endiablée qui n'évite aucun cliché (la belle princesse, l'affreux monstre, la révolte du peuple) tout en les détournant habilement (la jouvencelle est une méchante, et Captain Britain n'est clairement pas le leader de l'équipe, Kitty doit composer avec la préférence toujours nette d'Alistaire pour Rachel mais aussi avec une tenue locale très légère et qu'elle juge sexiste, sans oublier le double du dragon Lockheed à rendre jaloux ce dernier).
La construction de ces deux épisodes est aussi superbe, empruntant au conte et réservant un twist un peu prévisible certes mais jubilatoire. Les planches de Davis sont splendides, d'une abondance folle, avec ce trait rond, expressif, à l'énergie prodigieuse, magnifiées par l'encrage de Paul Neary et les couleurs de Glynis Oliver.

Hélas ! Une telle qualité a un coût : certainement essoré, Davis va passer la main pour les cinq (!) épisodes suivants. Et, comme si cela était lié, Claremont écrira durant cet intervalle des histoires médiocres, ne développant même pas d'intrigue à partir du point de chute de l'équipe à la fin du #17 (on les voit débarquer devant le Pr. Xavier, sa compagne Lilandra, impératrice des Shi'Ar, et les Starjammers) !
Graphiquement, les n° 18 à 22 sont une purge que je n'ai pas eu le courage de m'infliger : Rick Leonardi (encré par Terry Austin) est un peu meilleur que Denis Jensen et Chris Wozsniak mais bon...

Lorsque Davis revient au #23, la saga arrive presque à terme mais un sentiment de gâchis subsiste : réduit, le voyage aurait permis de savourer le travail du scénariste et du dessinateur sans interruption, sans fill-in, sans épisodes indignes. Claremont se montre malgré tout assez adroit pour que le lecteur qui a choisi de zapper ce creux terrible raccroche immédiatement, comme si la transition avec le #17 était (presque) naturelle.





Même si la fin du Cross-Time Caper n'est pas vraiment composé de deux chapitres organiquement liés (comme les n° 12-13 ou 16-17), elle se lit d'une traite. 
Excalibur a cette fois atterri sur une Terre régie par un ordre policier hyper-répressif, matérialisant les mesures radicales d'un Captain Britain alternatif a dû prendre pour assurer la paix, quitte à priver les citoyens de beaucoup de libertés et à imposer une bureaucratie absurde dans son absolutisme. Ici, la faute des héros est d'avoir... Des super-pouvoirs car ils sont susceptibles de causer le désordre, comme en témoigne les dégâts provoqués par leur train quand il est apparu, éventrant le sommet d'un gratte-ciel !
Mais même les policiers de ce régime ignorent qu'ils sont manipulés par le double maléfique d'Ilyana Rasputin (alias Magik chez les New Mutants), le Darkchylde. Rachel l'affronte et réussit à la vaincre mais l'équipe doit répondre des nouveaux dommages occasionnés pour l'occasion, quand bien même ils ont sauvé ce monde. Problème : Kitty est introuvable, et considérée comme fugitive.
Elle a été projetée sur notre Terre où Courtney Ross lui offre de vivre ses rêves de jeune fille les plus fous sans qu'elle se doute avoir affaire à l'alter ego d'Opal-Luna Saturnyne (qui veut ainsi mesurer si Excalibur est une menace ou une formation bénéfique)...

C'est donc le terme de cette épopée... Et le dénouement laisse songeur. Beaucoup d'interrogations subsistent (la première étant ce que Galactus fiche au-dessus du phare-QG de l'équipe à leur retour dans notre dimension : réponse, sans intérêt, dans le #25, expédiée par Claremont sans Davis). Pourquoi, surtout, Opal-Luna Saturnyne, qui a apparemment suivi tous les bonds dimensionnels de l'équipe et bien que visiblement contrariée par ses conséquences sur l'équilibre spatio-temporel (pour lequel elle jugeait initialement Rachel comme un danger) absout-elle les héros ?
Cette réconciliation aussi arbitraire que grossièrement mise en scène n'est pas du tout explicitée. Le lecteur en est réduit à des suppositions sur les raisons mêmes de la formation d'Excalibur (qui dépasseraient la simple réunion de héros endeuillés perpétuant l'idéal de Charles Xavier). Le mystère entourant Widget (qui subit une sorte de mise à jour express dans le n°24, censé limiter sa puissance et donc empêcher de nouvelles pérégrinations surprises) demeure également entier : on comprend juste que le robot est un portail mécanique et vivant, mais qui l'a conçu, dans quel but, et était-il destiné à Excalibur ? On ne le saura pas.
Cette désinvolture dans la conclusion et la résolution ne ressemble pas au Claremont des Uncanny X-men, ce narrateur brillant capable de jongler avec des intrigues multiples et convergentes, un casting infini. The Cross-Time Caper ressemble donc à une collection d'aventures inégales, très divertissantes, mais à l'impact quasi-nulle, et aux béances nombreuses. C'est tout bonnement comme si son auteur n'avait plus su comment terminer.

Mais il convient d'être indulgent et de reconnaître aussi les bons côtés de la saga. Dans ses meilleurs moments, et ils sont supérieurs à ceux qui sont plus faibles (voire vraiment mauvais), la fantaisie qui s'en dégage et le génie visuel qui l'habille en font une lecture rafraîchissante, enjouée, espiègle, tonique, spectaculaire. Excalibur, au fond, c'est ça : un vent de liberté, un comic-book totalement improbable et galvanisant, enivrant, grisant même. Une merveille et une curiosité dans le paysage de la fin des 80's mais encore aujourd'hui, où aucune série mensuelle mainstream n'égale en brio et en jeunesse, en spiritualité et en loufoquerie, en puissance et en fluidité, cette production. C'est l'effort miraculeux de Claremont et Davis d'avoir réussi ce tour de force qu'on (re)lit avec une pointe de nostalgie mais aussi beaucoup de plaisir.

Que la série ait survécu ensuite pendant 18 (!) numéros consécutifs sans aucun de ses deux créateurs tient là aussi de l'exploit, surtout que les lecteurs manifestèrent leur déception et leur mécontentement. Mais il faut croire que l'épée devait à nouveau être brandie dans toute sa majesté puisqu'en 1992, Alan Davis convainquit l'editor Terry Kavanagh de reprendre les rênes du titre, comme scénariste et dessinateur pour un run magistral en trois actes (dont deux entiers où il se passa de remplaçants) et une vingtaine d'épisodes. Je tâcherai de vous en parler un de ces jours : en attendant, (re)découvrez ce premier cycle (en espérant que Panini Comics le réédite en albums, à défaut de quoi procurez-vous les exemplaires de "Titans" de l'époque ou les TPB en v.o.). 

mercredi 30 août 2017

MASTER OF NONE (Saison 1) (Netflix)

Allez, renouons avec l'exercice critique, que j'ai négligé ces derniers temps, et, pour l'occasion, un coup de coeur.

Récemment, en parlant avec une connaissance qui me questionnait sur les séries télé recommandables, je lui répondis humblement qu'il fallait se fier à son instinct et qu'il s'agissait en fait d'un "problème de riches" : il y a tant de shows d'excellente qualité, dans les genres les plus divers, aux formats variés, qu'il n'y a que se baisser pour ramasser. Au pire que risque-t-on ? Être déçu par un épisode et essayer un autre titre !

J'ai entendu parler de Master of None dans les pages du dernier numéro du magazine "Première" qui chantait les louanges de la deuxième saison. C'était parti pour découvrir la première : je ne l'ai pas regretté, c'est la merveille promise ! 
 Shannon et Dev (Danielle Brooks et Aziz Ansari)

Dans les dix épisodes de 25 minutes de cette première cuvée, on suit donc Dev, un acteur indien d'une trentaine d'années, qui tente de percer dans la profession grâce aux auditions que lui décroche son agent, Shannon. Mais, jusqu'à présent, il a dû se contenter de pubs ringardes ou, actuellement, d'un rôle secondaire dans un film d'horreur de série B : assez pour lui assurer un train de vie honnête mais frustrant pour ses ambitions.
Dev et Rachel (Aziz Ansari et Noël Wells)

Sentimentalement, Dev se débrouille mieux : sans être un apollon, il affiche un sens de l'humour séduisant, qu'il peut exercer avec ses trois meilleurs amis, Brian (également acteur, d'originie asiatique), Arnold (un géant, une minorité à lui tout seul) et Denise (une lesbienne black, spécialiste de la "tarte aux poils").
Dev et Benjamin (Aziz Ansari et H. John Benjamin)

Sur le tournage du film, il sympathise aussi avec Benjamin, habitué des petits rôles et des longs métrages minables, qui convainc Dev de relativiser sa situation professionnelle pour mieux réussir sa vie amoureuse. 
Dev, Rachel, Denise et Arnold (Aziz Ansari, Noël Wells, Condola Rashad et Eric Wareheim)

Passionné de cuisine, fin gourmet, Dev apprécie avec ses amis diverses questions existentielles : le fait d'être issu de la première génération d'immigrés (comme Brian), les différences culturelles entre ses parents (qui ont grandi dans la misère et dont le mariage fut arrangé), l'observation des modes de vie des autres communautés ethniques, les relations avec les grands-parents (via la mort du papy de Arnold ou sa rencontre avec la mamy de Rachel). 
Brian et Dev (Kelvin Yu et Aziz Ansari)

Sa romance avec Rachel connaît de multiples rebondissements : ils couchent une première fois ensemble mais l'expérience est un fiasco par la faute d'un préservatif usagé, elle renoue avec son ex, Dev a une aventure avec une femme mariée, puis ils se retrouvent enfin lors d'un week-end à Nashville. La jeune femme, agent artistique pour des musiciens de rock, qui a toujours rêvé de visiter le Japon, s'installe chez Dev.  
Dev, Rachel et les parents de Dev, Nisha et Ramesh (Shoukath et Fatima Ansari)

Au bout d'un an, elle s'étonne de n'avoir jamais été présentée les parents de son compagnon, qui craignait leur réaction. Mais tout se passe bien... Jusqu'à ce que Dev et Rachel assistent au mariage d'amis communs et s'interrogent sur la force de leurs sentiments et leur envie de s'engager.   
Rachel et Dev

Chacun va devoir prendre une décision cruciale pour leur couple...

Lancée en 2015, Master of None s'inspire largement de la propre vie d'Aziz Ansari qui a développé la série avec Alan Yang, et c'est cette authenticité qui séduit d'abord. Certes, il s'agit d'une sitcom mais réalisé en s'affranchissant des plus déplorables habitudes de ces productions en studio, souvent soulignées de rires pré-enregistrés horripilants (quoi de plus agaçant que cette injonction à rire, à appuyer la moindre mimique ou plaisanterie ?).

Ansari n'a pas besoin de ces béquilles ridicules : c'est une force comique remarquable, au regard d'une acuité formidable. Il traite de ses origines indiennes mais de manière intelligente, sans lamentations ou esprit de revanche : les interrogations qu'il soulève sont pertinentes - pourquoi deux indiens ne pourraient pas jouer ensemble dans une série ? Pourquoi les producteurs insistent pour qu'ils prennent un accent ? Une scène fabuleuse met en scène ce fossé : interceptant un mail raciste, Dev pense d'abord à organiser la fuite de ce message pour dénoncer l'attitude de son auteur. Quand ce dernier a vent de la menace, il cherche à acheter le silence du héros en le traînant dans des endroits chics. Dev croise Busta Rhymes à qui il se confie et le rappeur s'indigne de la situation qu'il a connu auparavant comme afro-américain. Finalement, il renonce à sa vengeance quand le responsable meurt subitement... Mais sa remplaçante lui offre alors un rôle encore plus caricatural d'indien immigré, tout en se vantant de vouloir initier des shows "progressistes" !

La différence prend bien des formes mais reste au coeur de la série : il peut s'agir de l'éducation (où Dev et son ami japonais Brian constatent que leurs parents sont aussi peu loquaces les uns que les autres, ne confessant rien de leur passé et de leurs sacrifices), de l'âge (la fugue de la grand-mère de Rachel parce que la vieille dame se sent dépérir dans sa maison de retraite et qu'elle se rappelle d'un anecdote croustillante dans sa jeunesse), de sexe (quelles chances pour un couple mixte comme Dev et Rachel ? Qui plus aux habitudes opposées - il est maniaque, elle bordélique...), d'amitié (Dev demande souvent l'avis de Denise pour les femmes au prétexte qu'elle est lesbienne et se vante de les faire jouir comme personne, mais s'en remet aux comparateurs d'opinions pour la moindre sortie - ce qui aboutit à des dénouements absurdes comme d'arriver chez un vendeur de tacos après 45 minutes de recherche).

La série ne se résume cependant pas à un one-man show d'Ansari, bien qu'il soit hilarant avec sa bouille irrésistible, ses punchlines et les péripéties qu'il traverse avec philosophie. Toute la distribution mérite des bons points, depuis Eric Wareheim (Arnold - qui réalise plusieurs épisodes, avec le cinéaste James Ponsoldt), Kelvin Yu (Brian), Condola Rashad (inénarrable Denise) et les propres parents d'Ansari dans leurs vrais rôles (Shoukath Ansari, accro à sa tablette, est génial). Et Noël Wells est craquante en Rachel (un prénom hommage à Jennifer Aniston dans Friends ?), archétype de la girl next door.

Master of None prouve en tout cas une nouvelle fois l'excellence de l'offre originale de Netflix (même si, au passage, je déplore que Gypsy ne connaisse pas de saison 2...). Rendez-vous bientôt pour la saison 2 et la quête de la pasta parfaite par Dev...  

mardi 29 août 2017

LE CENTENAIRE DU KING : JACK KIRBY (1917-1994)

Jacob Kurtzberg alias Jack Kirby

Hier était un jour mémorable pour tout fan de bandes dessinées américaines (et de BD en général) : le 28 Août 1917 naissait un certain Jacob Kurtzberg alias Jack Kirby, le "King of comics".


Je ne me risquerai pas à résumer la carrière de ce géant, un des artistes majeurs du média, au même titre que Will Eisner, Alex Toth, Winsor McCay, André Franquin, Jean "Moebius" Giraud, pour ne citer que quelques-uns de ses pairs ayant eu autant d'influence et produit un tel volume d'"illustrés".



Sa productivité, d'abord, défiait toute mesure et amateur comme connaisseur découvrent encore aujourd'hui des images ou planches de Kirby. Le génie de ce créateur est aussi de s'être exprimé avec un tel foisonnement que, même si vous êtes un expert de son oeuvre, la relire permet de déceler des détails nouveaux, de révéler des arborescences permanentes. Kirby, c'est d'abord cela : une énergie explosive dont les éclats scintillent par-delà les pages et les ans.


La puissance, ensuite, est sans doute ce qui définit le mieux ce dessin si particulier, qui était l'extension d'un imaginaire fécond, baroque, traversé de fulgurances et parcouru d'obsessions. Kirby était passionné par les récits mythologiques et il a recyclé cette inspiration originelle dans des histoires de surhommes, de communautés cachées du reste de l'humanité mais dotés de pouvoirs extravagants (Les InhumainsLes Eternels) quand il n'inventait pas une nouvelle cosmologie ("Le Quatrième Monde" unissant les séries The New Gods, Mister Miracle, Forever People et Superman's Pal Jimmy Olsen). Ce qui frappe encore aujourd'hui, c'est le formidable dynamisme, la spectaculaire grandeur de ses histoires : le King était à son aise dans la démesure et la BD lui permettait de pousser les murs, de franchir les frontières, d'abolir les limites.


Enfin, même si les crédits de ses nombreuses séries ne le citaient souvent que comme simple dessinateur, Kirby était un narrateur au même titre que les scénaristes avec lesquels il collaborait. Il ne faut rien retirer aux mérites de ses illustres partenaires comme Joe Simon (avec qui il mit au monde Captain America) ou Stan Lee (avec lequel il fournit à Marvel la quasi-totalité de ses personnages quand l'ex-maison Timely Comics fut rebaptisée et repositionnée), mais la méthode d'écriture brouillait les repères : en effet, l'auteur soumettait une intrigue à l'artiste (qui y participait souvent déjà), lequel produisait les planches auxquelles étaient ensuite ajoutés les dialogues. Kirby imprima ainsi sa marque à plus d'un script, d'un personnage, d'une série, qu'il avait établi initialement avec Lee, en lui conférant une direction, un ton reconnaissables entre mille.



La trace que laisse un authentique génie dans sa discipline s'estime aussi au nombre de ses disciples, du simple émule au scénariste et/ou dessinateur exploitant ses créations à la fois en les revisitant et en les réinterprétant de façon telle qu'elles restent valables pour de nouvelles générations de lecteurs. De ce point de vue encore, Kirby a inspiré une multitude innombrable d'acteurs des comics. Parfois cela vous saute aux yeux, par la similitude du trait, le souffle des récits ; parfois c'est plus subtil mais l'héritage trouve sa source dans les pages du "King". Ses descendants sont en tout cas si abondants qu'il est quasi-impossible d'échapper à la griffe du maître.


Personnellement, je ne prétends pas être ni un fan absolu, encore moins un fin connaisseur de Kirby. Longtemps même son art m'a échappé, je ne comprenais pas sa popularité ni même son expression. Trop fou, trop atypique, trop fourni aussi pour l'appréhender correctement - par où commencer, et comment le savourer, le "digérer" ? Il y a quelque chose de monstrueux chez Kirby, lui-même aimant représenter des créatures physiquement grotesques (voyez la Chose dans Fantastic Four par exemple) même s'il leur donnait une humanité complexe. Lorsqu'il disparut en 1994, je ne lisais d'ailleurs plus de comics traditionnels (entendez avec des super-héros), et même lorsque adolescent j'en consommais beaucoup, Kirby ne figurait pas parmi les artistes que je suivais attentivement. Mais la fréquence des citations de son nom, de son oeuvre, l'influence incomparable qu'il avait des deux côtés de l'Atlantique, le respect qu'il suscitait suffirent à modifier mon premier avis : on ne passe pas à côté de Kirby car on ne peut l'éviter, ce serait comme occulter - et donc se complaire dans l'ignorance - un pan entier de la BD. 


On peut quand même ne pas (tout) aimer de Kirby - et c'est heureux, normal. Mais on ne peut pas ne pas s'y intéresser car il est une sorte de pionnier, de père fondateur de la BD, moins par son ancienneté que par ce qu'il a légué au 9ème Art, comment il l'a fait alimenté et progresser.

Cent après sa naissance, 23 ans après sa mort, rien de plus aberrant que de dire que Kirby a disparu : il est au contraire toujours aussi présent, généreux, inspirant. Vive le Roi ! 
*
Les "enfants" de Kirby ont été nombreux, hier, à rendre hommage à leur "père". Voici quelques dessins en son honneur par de brillants admirateurs :

 Jack Kirby par Alex Ross
 Captain America par Enrico Marini
 La Chose des Fantastic Four par Nick Derington
 Orion des New Gods par Paolo Rivera
Orion des New Gods par Steve Epting

samedi 26 août 2017

THE KAMANDI CHALLENGE #8, de Keith Giffen et Steve Rude


The Kamandi Challenge fait partie, comme Mister Miracle (de Tom King et Mitch Gerads) et d'autres parutions déjà sorties ou à venir, des publications conçues par DC Comics pour honorer le centenaire de la naissance de Jack Kirby. 

Le projet comptera douze épisodes (et se terminera donc en Décembre) et a été construit sur un monde narratif en forme de "marabout-bout de ficelle" qui promettait d'être ludique. A chaque épisode, une équipe créative différente et pour passer le témoin à la suivante, l'obligation d'enchaîner le nouvel épisode avec la dernière case du précédent.

Procédé effectivement amusant mais résultats inégaux, dépendant forcément de l'inspiration des scénaristes et du talent des dessinateurs, mais aussi de mixer à la fois la mécanique d'un one-shot tout en inscrivant le récit dans une maxi-série cohérente. Il y a eu de belles réussites (même si je n'ai pas tout lu), mais ce huitième chapitre se distingue du lot par sa qualité exceptionnelle et son sens de la rupture. 

Mais un mot de l'histoire d'abord, qui tient sur peu de choses mais s'avère palpitante : Kamandi débarque, en atterrissant avec un deltaplane de fortune, sur une plage (où il se débarrasse d'un parasite mental - élément issu du #7).
Rapidement, il fait la connaissance de deux tribus rivales d'animaux évolués : l'une vénère une divinité du nom d'Ulysses, l'autre un dieu appelé Odysseus. Mais au lieu de cohabiter pacifiquement en pratiquant leur culte chacune de leur côté, elles se livrent à une guerre de longue date.
Kamandi en découvre la raison quand il voit que la statue d'Ulysses est aussi celle d'Odysseus, et donc que les deux clans s'affrontent pour un être suprême possédant deux noms différents. Obligé de prendre parti successivement pour l'un ou l'autre des deux camps, il comprend qu'il n'y a pas d'issue à cette guerre absurde où personne ne veut admettre la vérité...

Pourquoi donc The Kamandi Challenge #8 est si réussi, plus que les sept précédents ? D'abord parce que le duo formé par Keith Giffen, au scénario, et Steve Rude, au dessin, est certainement la plus évidente, la plus légitime à assumer l'héritage de Kirby.

Giffen, qui est aussi artiste, a un style tout entier inspiré de celui du King, et sa narration est également au diapason, nerveuse, abondante en action, en grand spectacle, en allusions métaphoriques, en méta-textualité.
Rude a lui aussi toujours revendiqué Kirby comme son maître, avec Russ Manning et Alex Toth, et ce n'est pas la première fois (comme Giffen, qui avait réanimé O.M.A.C. notamment durant les "New 52", hélas ! sans grand succès) qu'il dessine des personnages iconiques créés par son prestigieux modèle (on lui doit par exemple, sur une scénario de Bruce Jones, une saga en quatre parties de Captain America, What price glory ?, jamais traduite !).

Ces deux fans absolus affichent une complicité parfaite et jubilatoire : l'épisode est haletant et visuellement splendide. Giffen ne laisse pas le lecteur souffler et Rude lui coupe le souffle avec des plans et des planches renversants de beauté (dont la double page, ci-dessus, n'est qu'un échantillon). Les couleurs sobres de John Kalisz subliment ce travail graphique en lui donnant une palette à l'ancienne du meilleur effet.

Mais ces atouts, techniques en somme, ne doivent pas masquer les autres mérites de l'oeuvre. Comme je l'ai déjà dit, cet épisode, contrairement aux autres, peut se lire indépendamment, son contenu est immédiatement accessible et si sa fin est ouverte, elle ne l'est que pour respecter le concept de la série. Vous pouvez vous arrêter à l'avant-dernière page et le récit est complet.

Le thème de l'histoire renvoie surtout à ce que racontait principalement la série originale de Kirby en 1972 : après une "grande catastrophe" (un cataclysme qui a décimé tous les hommes mais rendu les animaux aussi évolués qu'eux), Kamandi est littéralement, comme le sous-titre l'indique, "le dernier garçon sur Terre. Ses aventures le mènent dans des territoires constamment hostiles puisque les bêtes le considèrent comme une anomalie (au mieux) ou une menace (au pire). En chemin, il se fera quand même quelques alliés parmi les animaux évolués mais ceux-ci deviendront ainsi des parias.

En progressant spectaculairement ainsi, les bêtes ont en fait hérité des mêmes défauts que ceux des hommes et leur comportement indique souvent qu'ils courent à leur propre perte en recyclant des armes, en combattant d'autres espèces, en cultivant leur foi religieuse de manière extrémiste. C'est ce dernier point qui est ici souligné avec ces deux tribus adorant le même dieu auquel ils ont donné deux noms différents mais en revendiquent la propriété. Le discours de raison pacificateur que tient Kamandi n'évite pas la guerre, n'apaise pas les tensions - au contraire il le rend suspect puis hostile.

Le message est à double fond : d'abord, Giffen et Rude dénoncent sans ambiguïté les fanatiques religieux qui en s'en tenant à un dogme sombrent inévitablement dans l'obscurantisme - la charge trouve un écho toujours aussi éloquent aujourd'hui, dans un monde menacé par le terrorisme nourri par des lectures radicales des saintes écritures. Mais, on peut aussi interpréter le récit comme une adresse aux fans de comics dont le purisme confine souvent à l'intégrisme sous prétexte de vouloir respecter absolument la continuité des BD et de rejeter tous ceux qui la négligent, auteurs comme lecteurs.

La densité de ce discours associée à la maestria de l'exécution aboutit donc à un épisode effectivement exceptionnel, alliant le divertissement à la réflexion, honorant la vision de Kirby, et brillant au sein d'une maxi-série conceptuelle inégale.  

vendredi 25 août 2017

LE BONHEUR DE VIVRE SEUL, par Yaoyao Ma Van As


J'avoue : j'ai rien fait ! Une bonne journée de glande, au moins en apparence, si on la considère du point de vue de l'alimentation de ce blog. Mais les faits sont là : je n'ai rien lu de quoi vous parler aujourd'hui, ni vu quoi que ce soit d'intéressant. J'écris actuellement un scénario qui me donne du fil à retordre, au point que j'ai revu toute ma copie pour la rédiger sous un autre angle, en remodelant l'intrigue, en caractérisant différemment les protagonistes. Qui gagnera à la fin, entre mon obstination à mener ce projet à terme (mais à un rythme irrégulier et avec les difficultés rencontrées) et la matière même de cette histoire qui m'obsède mais me résiste, m'éprouve ?

Alors quoi ? Je ne vais quand même pas vous laisser sans rien à grignoter. Parce qu'entre la prise de texte sur ce scénario et la glande récupératrice, j'ai surfé sur Facebook et je découvre un article sur Yaoyao Ma Van As. Qui est-ce ? j'en ai appris peu sur son compte (pas encore eu le temps de creuser, mais je tâcherai d'ajouter ça à la liste de choses à faire). En revanche, ce fameux article montrait quelques-unes de ses illustrations sur le thème du Bonheur de vivre seul (Happiness to live alone en v.o.). Un lien renvoyait à son site avec (apparemment l'intégralité de ses peintures sur ce sujet.
Saisi par le charme qui s'en dégageait, et sensible au thème (je suis également célibataire, par choix, et ma foi, satisfait de cette situation, alors que la norme dans nos sociétés considère les gens seuls comme des âmes en peine ou des curiosités suspectes, comme si la vie à deux assurait la béatitude), je veux partager ces images avec vous. 
Yaoyao Ma Van As a une sensibilité remarquable, une technique enchanteresse : il est difficile de ne pas fondre devant ses peintures, simples mais si touchantes, à la fois drôles et émouvantes, qui expriment parfaitement ce qu'elle a voulu communiquer.
Enjoy !