lundi 31 juillet 2023

THUNDERBOLTS : LIKE LIGHTNING, de Jeff Parker, Kev Walker et Declan Shalvey


Et nous voici arrivés au dernier recueil des épisodes de Thunderbolts écrits par Jeff Parker. Ce volume rassemble les épisodes 169 à 174 de la série lancée en 1997 et le n°172 marque d'ailleurs le 15 anniversaire du titre. Kev Walker et Declan Shalvey se partagent els dessins de ces six épisodes comme d'habitude tandis que Mark Bagley, l'artiste des débuts, revient pour les couvertures. Mais est-ce vraiment la fin des Thunderbolts historiques ?


Les Thunderbolts en cavale (Fixer, Satana, Mr. Hyde, Gunna la troll, Centurius, Moonstone, Bommerang) continuent à remonter le temps et arrivent en 537 ap. J.C. , en Grande Bretagne. Gunna s'aventure dans une forêt où elle rencontre et affronte Sir Percy/Black Knight qui est neutralisé par Boomerang qui le ramène à la Tour avec son épée d'ébène. Mais Merlin, le roi Arthur et ses chevaliers arrivent ensuite pour réclamer qu'on leur rende leur compagnon. La situation dégénère et Merlin envoie les Thunderbolts dans les oubliettes de Camelot.
 

Le Fantôme, aspiré dans les couloirs du temps, surgit dans les oubliettes et se manifeste devant ses anciens collègues. Il les guide jusqu'à l'observatoire de Merlin et Fixer peut voir Arthur tenter d'entrer dans la tour de Thunderbolts. Pour créer une diversion, Boomerang libère les monstres détenus par Merlin dans les donjons, ce qui mobilisent les chevaliers de la table ronde. L'équipe regagne leur tour et en utilisant la pierre de lune de Moonstone, effectuent un nouveau bond dans le temps... Pour arriver à l'époque où les premiers T-Bolts se sont formés !
 

Pendant ce temps, Songbird profite d'un congé bien mérité accordé par Luke Cage. Elle prend du bon temps en Polynésie française où elle rencontre un séduisant guide qui l'emmène visiter une île déserte. C'est un piège et voilà Melissa Gold prisonnière du Dr. Lorcas qui veut, grâce à elle, se venger de Namor. Elle réussit à se libérer et rentre au Raft.


Les Thunderbolts en fuite doivent éviter les Thinderbolts originels pour ne pas créer de paradoxe temporel. Mais leur tour trahit leur présence et la confrontation devient inévitable. Poursuivie par elle-même, Moonstone piège son double antérieur et lui propose un marché...
 

Alors que Satana réussit à mettre un terme à la bataille entre les deux équipes de Thunderbolts, Zemo/Citizen V propose l'aide de son groupe pour aider les fugitifs à regagner leur époque. L'idée est de voler la machine temporelle du Dr. Fatalis en Latvérie. Mais une dispute éclate entre les Fixer d'hier et d'aujourd'hui et Techno est assassiné par son double actuel !


En tuant son moi antérieur, Fixer plonge le monde dans un chaos temporel, la réalité s'effondre et menace de tout détruire. Fixer comprend qu'il ne reste qu'une solution pour éviter l'impensable : il décide de rester à cette époque tandis que les souvenirs des premiers Thunderbolts seront effacés pour que nul ne se souvienne de ces événements.

Ces six derniers épisodes de Thunderbolts par Jeff Parker résument parfaitement le style débridé du scénariste. On y trouve ce mélange de folie et de maîtrise dans le récit, les situations s'enchaînent à un rythme infernal sans perdre leur logique ni leur fil conducteur, et même quand un numéro s'intéresse à un personnage en dehors de l'intrigue à la manière d'une intermède, on a quand même droit à un one-shot totalement captivant.

A l'heure où Marvel a plusieurs scénaristes mis en avant sans qu'on puisse dire qu'aucun d'eux ne propose grand-chose de palpitant et attire les lecteurs sur une hype artificiellement créée par l'éditeur (un peu à la manière de ce qui est fait avec les dessinateurs et les promotions successives de "stormbreakers"), Jeff Parker, lui, anime la série dont il a la charge avec pour objectif unique de servir le titre et pas de se mettre en avant.

C'est ingrat parce que, aujourd'hui, personne ou presque ne se souvient de son run sur Thunderbolts (ni de ses autres travaux chez Marvel, sur Hulk, Agents of Atlas, etc.). Parker n'a jamais été une vedette, à la mode, il n'a eu aucun héritier (même si Jason Aaron a pu sembler marcher dans ses traces avec Avengers, mais avec beaucoup moins de brio). Marvel lui a fait confiance, certes, mais sans lui accorder plus de crédit que ça. Une fois que Parker a fait son temps, il a été oublié et remplacé. Souvent par des auteurs moins inventifs que lui.

Si vous en doutez, cherchez qui a écrit Thunderbolts depuis. Et plus encore ce qu'est devenu ce nom, cette marque, complètement dénaturé, une sorte de Suicide Squad sauce Marvel, interchangeable, et dont la prochaine itération (par Jackson Lanzing & Collin Kelly et Geraldo Borges, à la rentrée) sert à préparer le futur film du MCU.

Mais revenons-en à ces épisodes. Ils ne représentent pas la fin du travail de Jeff Parker. Mais en 2012, Marvel va décider, incompréhensiblement, de remplacer ensuite le titre par une relance de Dark Avengers, espérant sans doute retrouver les lecteurs de Bendis. Ce ne sera pas un relaunch au #1, mais une continuation grotesque avec un n° 175 ! Entre la série initiale de Bendis et sa reprise par Parker, il y a donc un troua béant de... 159 épisodes !

Pour le contenu des histoires de ce recueil, il apparaît clairement que Parker préfère les T-Bolts en cavale remontant le temps à ceux restés dans ce qui reste du Raft, avec Luke Cage, Songbird et Mach V. D'ailleurs, il va continuer encore un temps avec ce voyage dans le temps dans ses premiers épisodes de Dark Avengers. Pour l'heure, Moonstone, Bommerang, Centurius, Fixer, Gunna la troll, Mr. Hyde, Satana atterrissent en 537 ap. J.C. et rencontrent le premier Black Knight mais aussi Merlin, le roi Arthur et les chevaliers de la table ronde. Il y a aussi un dragon, pour faire bonne mesure. C'est très drôle, complètement échevelé. Et quand Centurius et Fixer cherchent à comprendre pourquoi ils continuent à dériver dans le passé, les explications sont totalement farfelues, mais comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on a voulu se faire la malle en mélangeant magie et technologie ?

Parker rédige une sorte d'entracte où on suit Songbird en vacances. Celles-ci seront toutes sauf reposantes, mais on apprécie que le scénariste n'oublie pas une T-Bolt historique, une des rares aussi à avoir eu une longue carrière héroïque (parmi les Avengers - Kurt Busiek l'emploiera d'ailleurs dans sa mini-série culte Avengers Forever).

Puis ça repart de plus belle avec un bouquet final d'épisodes où Thunderbolts d'hier et d'aujourd'hui se croisent et manquent de peu de dévaster le continuum espace-temps. Parker, tel un chat, retombe sur ses pattes en "sacrifiant" Fixer au terme d'une succession de rebondissements cataclysmiques, avec une baston entre les deux formations et une énième tentative de Karla Sofen de mystifier tout le monde.

Kev Walker dessine les trois premiers épisodes (jusqu'à celui avec Songbird en vacances donc) et il est en feu. Suivant d'un script barré, il signe des planches explosives, avec des monstres, des chevaliers, un dragon, des péripéties incessantes. Son trait brut, son découpage aux cases de dimensions toujours généreuses, le retour du Fantôme, tout ici est un cadeau pour les amateurs de comics insensés.

Puis Declan Shalvey prend la relève pour mettre en scène la rencontre entre les deux formations de Thunderbolts. Ses planches sont extraordinaires, d'une ampleur et d'une souplesse comme il n'en a plus beaucoup réalisées ensuite. Je le répète, je radote, mais Shalvey, en s'éloignant des super-héros, me semble avoir commis une erreur alors qu'il a un talent naturel pour les animer. Certes, son run sur Moon Knight (avec Warren Ellis, qu'il suivra ensuite chez Image pour Injection avant que le scénariste ne soit rattrapé par de sordides affaires) était excellent, mais je conserve une affection pour ses épisodes de Thunderbolts, j'adorai la manière qu'avait Shalvey de les illustrer.

Donc, actuellement, je suis en pleine relecture de Dark Avengers et je vous proposerai dès que possible les critiques de deux tomes (une quinzaine d'épisodes en tout) de cette reprise par Jeff Parker (avec encore Walker et Shalvey, mais aussi Neil Edwards), pour boucler la boucle. Ceux à qui cette rétrospective a donné envie pourront se procurer un omnibus collectant tout le run (Dark Avengers compris) de Jeff Parker le 5 Décembre prochain : commencez à économiser !

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