vendredi 7 juin 2019

DCEASED #2, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


La mini-série DCeased de Tom Taylor se poursuit, toujours sur les chapeaux de roue, et affranchie visiblement de toute continuité. Son rythme et cette liberté sont les meilleurs atouts de cette histoire de néo-zombies contre les super-héros. Trevor Hairsine met cela en boîte avec tonus.


Atlantique Nord : Aquaman est attaqué par l'équipage d'un cargo auquel il venait porter secours. Metropolis : la ville est à feu et à sang. Lois Lane demande à Superman de les conduire, elle, Jon et Damian Wayne, au "Daily Planet".


Gotham : Poison Ivy et Harley Quinn, ignorant apparemment la crise en cours, décident de quitter la ville. Harley va l'annoncer au Joker sans savoir qu'il est contaminé par le techno-virus.


A l'extérieur de Metropolis : Green Arrow et Black Canary campent en compagnie de Green Lantern pour lui remonter le moral. Il s'isole dans sa tente pour téléphoner. Touché par la contagion, il agresse ses amis.


Black Canary tue Green Lantern dont l'anneau la choisit pour le remplacer. Superman arrive et les conduit au "Daily Planet". Lois a réussi à utiliser un réseau de communication protégé pour contacter Batman.


Infecté, celui-ci prévient ses amis de la nature du mal et de la nécessité de s'en préserver. Puis, hors de contrôle, il bondit sur Alfred Pennyworth. Le majordome tire sur son maître avec un fusil de chasse.

J'ai depuis longtemps un problème avec les events dans la mesure où souvent ils contraignent les séries régulières à faire écho à leur intrigue, mais aussi parce que leurs intrigues prétendent tout changer et n'aboutissent qu'à des conclusions assez artificielles.

En vérité, cela résume parfaitement la limite de ces projets qui veulent secouer le cocotier et fournir des sensations fortes au lecteur mais ne doivent pas non plus tout révolutionner sous peine que le lecteur se plaigne de trop de changements. Car le fan de comics réclament du mouvement mais râle quand il advient.

Du coup, la tentative de Tom Taylor pour proposer un récit spectaculaire, à la croisée de plusieurs genress (super-héros, horreur), mais sans soumettre le reste de la production DC à son histoire a quelque chose de rafraîchissant. Même s'il s'agit de zombies.

Le premier épisode donnait le ton parfaitement en allant à cent à l'heure et en ne se refusant rien : le grand méchant Darkseid mourrait en faisant imploser Apokolopis et l'infortuné Cyborg déclenchaît un techno-virus redoutable sur Terre. Ce nouveau chapitre ne se calme pas.

Les héros et les vilains tombent comme des mouches : Aquaman, le Joker, Green Lantern (Hal Jordan), Batman - oui, Batman est hors-jeu ! Et, comme Alan Davis dans JLA : The Nail / Another Nail (un "Elseworld" fameux), les rôles changent sensiblement (voir Black Canary, Lois Lane). A ce rythme-là, on se demande vraiment qui va survivre à ce fléau et comment celui-ci sera endigué. S'il l'est, car il n'est pas interdit de croire que Tom Taylor, en intitulant sa saga DCeased, s'amuse avec l'idée d'un DCU condamné, un pied-de-nez au statu quo en vigeur depuis 2016, "Rebirth".

Cette fois, Trevor Hairsine assume seul la partie graphique, encré par Stefano Gaudiano. C'est une autre bonne pioche que d'avoir confié le job à ces deux-là car l'image a quelque chose de brut, de sale, de viscéral, qui colle idéalement avec cette ambiance explosive et mortifère.

Hairsine, en tout cas, est très en forme : ce dessinateur, qui n'a jamais brillé par sa régularité ni sa ponctualité, prend un plaisir manifeste à animer tout cela, et s'est bien approprié les personnages dans ce cadre de fin du monde.

En somme, loin d'être un event de trop, Dceased est une bonne alternative aux grosses machines habituelles, avec un vrai suspense, de l'énergie à revendre. Il est tellement déconnecté qu'il réussit là où des maxi-séries récentes (Freedom Fighters, Martian Manhunter) ont échoué. Et la parution imminente de Event Leviathan, de Bendis et Maleev, plus institutionnel en somme, n'en souffrira pas, pas plus qu'elle ne lui fera de l'ombre.   
La variant cover (hommage à Freddy, les griffes de la nuit) de Yasmine Putri.

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