Une critique groupée car, ce mois-ci, les épisodes de Superman et de Supergirl racontent la même chose, à peu de choses près. C'est pourtant davantage l'occasion d'observer si Brian Michael Bendis et Marc Andreyko ont bien collaboré que de saluer des avancées notables dans les intrigues des deux séries. Les révélations et les règlements de comptes, ce sera pour Juillet.
Jor-El est la cible d'attaques simultanées menées par les Thanagariens, les Khunds et le collectif de Trillium (les forces menées par Gandelo). Superman, son fils Jon et sa cousine Supergirl lui portent secours tandis que Rogol Zaar, Jax-Ur et Zod se joignent à la bataille après s'être échappés de la Zone Fantôme.
Le renfort de Supergirl est précieux pour affronter Zaar en particulier puisque la kryptonienne détient désormais la hache du criminel. Quand celui-ci veut la lui reprendre, elle peut à son tour compter sur l'aide de Superman et Jon Kent.
A l'appel de Jor-El, le trio rejoint son vaisseau qui s'éloigne du théâtre des combats à toute vitesse, semant ses poursuivants. C'est l'heure des retrouvailles pour la maison des El.
Kara Zor-El explique ce qu'elle a découvert : la responsabilité de Zaar dans la destruction de Krypton mais surtout celle du Cercle pour lequel il était en mission. Jor-El a sauvé Kal-El de l'apocalypse car il savait ce qui allait se passer, en tant que membre de ce Cercle.
Supergirl doit repartir appréhender Gandelo et Jon l'accompagne. Superman reste avec son père qui l'a vu, durant la bataille, converser avec Zod : le général l'a mis en garde contre son père. Et ce dernier décide donc d'emmener son fils où était Krypton pour lui raconter toute la vérité.
Une certaine frustration, et même de la déception dominent après la lecture de ces deux épisodes dont seules es dernières pages promettent de vraies réponses, à défaut d'un dénouement.
Cela fait un an pile que Brian Michael Bendis a pris en main la série Superman, où peu pensait le voir à l'oeuvre car on l'associe plus volontiers aux "street-level heroes" (comme Daredevil, Spider-Man, etc). Pourtant il ne fait aucun doute que le transfuge de Marvel a vite prouvé à tous qu'il avait des choses à dire avec l'homme d'acier, parvenant même à animer son autre titre, Action Comics, sans se répéter.
On pouvait légitimement espérer que ce douzième épisode serait un point culminant dans la longue bataille qui oppose Superman à Rogol Zaar, le destructeur de Krypton. Et ce, d'autant plus que Supergirl était de la partie puisque dans sa propre série, la kryptonienne, partie enquêter sur la fin de sa planète natale, a découvert un sombre complot.
Marc Andreyko a plutôt brusquement été obligé de rapatrier son héroïne pour participer au combat au centre duquel Jor-El se trouvait, pris en tenaille entre des Thanagariens, des Khunds et les forces du collectif de Trillium mais aussi de Rogol Zaar, le général Zod et des fugitifs de la Zone Fantôme.
L'heure est donc à la baston et on est pas déçu par la puissance de cette séance de bourre-pifs cosmiques. Mais le lecteur des deux séries, peut-être plus que de compter les points (et les poings), s'amusera volontiers des faux raccords entre les scripts et les planches. Premier exemple quand Rogol Zaar remarque la présence de Supergirl en possession de sa hache.
Ivan Reis dessine un crochet du gauche de Supergirl...
... Quand Eduardo Pansica représente un coup de ladite hache par
Supergirl contre Rogol Zaar !
Aujourd'hui, scénaristes et artistes ne travaillent plus comme jadis dans les locaux de leur éditeur. Si cela était encore le cas, Reis et Pansica, mais avant eux Bendis et Andreyko, auraient pu corriger cette erreur de mise en scène. Dans les deux cas, Zaar en prend plein la tronche, c'est l'essentiel, certes, mais un coup de poing, ce n'est quand même pas pareil qu'un coup de hache !
Heureusement, après le combat, les El se retrouvent dans le vaisseau de Jor et là, tout le monde a accordé ses violons pour un joli moment - qui tombe pile-poil pour le "Superman's Day".
Ivan Reis (avec un texte minimal de Bendis)...
... Pansica (avec plus de narration d'Andreyko).
C'est à partir de ce moment-là d'ailleurs que les récits partent dans des directions distinctes : Supergirl doit repartir s'occuper de Gandelo, la dirigeante des forces de Trillium, membre du Cercle, et donc commanditaire de la destruction de Krypton par Rogol Zaar. Jon Kent veut les accompagner, elle et Krypto.
Bendis va encore s'attirer les foudres de certains fans car il se débarrasse de Jon en le laissant filer avec sa cousine. L'attitude du scénariste est effectivement troublante car s'il ne montre aucune animosité envers le fils de Superman, il préfère visiblement quand il n'est pas dans les pattes de son père (et ça vaut encore plus pour ses aventures dans Action Comics où l'accent est mis sur le couple Clark Kent-Lois Lane, cette dernière ne paraissant pas tellement en manque de son rejeton).
Et, comme un symbole, à nouveau, les narrations déraillent.
Bendis et Reis montrent Jon Kent et Supergirl
quittant le vaisseau de Jor-El en s'envolant dans l'espace...
... Quand Andreyko indique à Pansica qu'ils se téléportent
grâce à un dispositif intégré à la tenue de Jon par Jor-El !
Je chipote mais, ce n'est pas si grave en vérité. Si les editors de deux séries avaient fait leur boulot, ils auraient remarqué ces incohérences et les auraient signalées aux auteurs qui les auraient rectifiées.
Le plus important est ailleurs : Supergirl et Jon vont réclamer des comptes à Gandelo pendant que Jor-El emmène Kal-El là où se trouvait autrefois Krypton en lui promettant des révélations. Rogoal Zaar et sa clique sont toujours libres et finiront certainement par rejoindre Superman et son père, sans savoir que le général Zod manipule le destructeur de Krypton pour mieux le trahir et le vaincre au bon moment avec Superman.
On notera aussi que les cinq premières pages sont dessinées par Kevin Maguire : cinq pages, d'un faible niveau, cela ressemble vraiment à une démission de la part de l'artiste. Son encreur reste un peu plus et encre quelques planches de Pansica, dont il n'hésite pas à modifier le trait (c'est aussi flagrant que moche). Il faut vraiment que DC officialise Pansica comme seul artiste de Supergirl car Maguire ne fait même plus illusion.
Reis, en revanche, impressionne toujours : sa complicité avec Bendis est évidente et la puissance de ses planches est redoutable. Il a retrouvé son meilleur niveau (et plus encore car il a mûri depuis Green Lantern).
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