La mini-série arrive à mi-chemin (toujours pas d'annonce pour une prolongation en ongoing. Qu'attend Archie Comics ?) et Kelly Thompson continue de ravir avec les aventures de Sabrina the Teenage Witch. Le récit se resserre sur l'enchaînement d'événements récents sans oublier l'aspect romantique. C'est délicieux, et servi à merveille par le dessin de Veronica Fish.
En voulant confronter Allen, Sabrina a déclenché sa transformation en dragon. Il la traîne désormais dans la forêt voisine. Mais la jeune sorcière connaî bien l'endroit et en profite, grâce un sort, pour se libérer et fuir.
Elle gagne un terrain voisin où stationnent des mobil'homes. Sabrina frappe à la porte de l'un d'eux. Surprise : c'est Radka qui lui ouvre et accepte de la laisser entrer chez elle.
Sabrina appelle ses tantes pour qu'elles viennent la récupérer mais Ren, le frère de Radka, arrive alors et offre de la ramener. Une fois à destination, il lui fait promettre de ne rien dire sur leur domicile. Ils s'embrassent.
Sabrina retrouve ses tantes Hilda et Zelda et leur résume ses dernières mésaventures. Aussitôt elles descendent dans leur antre pour y préparer une potion mais envoie Sabrina dans sa chambre.
Sabrina confie ses doutes à son chat Salem après que Hilda ait consenti à lui révéler que ses problèmes n'étaient pas de nature magique. Mais alors pourquoi ses deux tantes sortent-elles dans la nuit en habits de sorcière et s'enfoncent-elles dans les bois ?
Il y a définitivement quelque chose d'exquis dans cette mini-série (qui, je l'espère, sera convertie en série régulière par Archie Comics, avec la même équipe créative). On la lit comme on savoure une friandise, mais attention, cette sucrerie n'est pas mièvre.
Bien sûr, il y a dans ce nouvel épisode de Sabrina the teenage witch un côté fleur bleue avec la romance entre l'héroïne et Ren. Mais Kelly Thompson s'en amuse avec malice en n'hésitant pas à souligner les clichés du genre : les amoureux adolescents flirtent à moto, une étoile filante passe dans le ciel de Greendale, et un baiser sera échangé sous une lune bien pleine.
De même, la scénariste rit (et nous fait rire) avec les éléments les plus incongrus du récit, symbolisés par le chat Salem (qui est la réincarnation d'un puissant sorcier, doué de parole et affublé d'un caractère bien trempé). Envoyée dans sa chambre par ses tantes pour qu'elles les laissent travailler, Sabrina prend son matou à témoin mais celui-ci n'entend pas jouer les animaux de compagnie traditionnels. Pourtant, quelques caresses ont raison de ses résistances et le voilà qui ronronne comme un bienheureux : on ne résiste pas à Sabrina.
En posant ainsi le personnage (comme une jeune fille craquante), le danger est d'oublier l'intrigue. Thompson compose parfaitement avec tout cela et suggère habilement que les manifestations magiques auxquelles a été confrontée récemment Sabrina ne sont pas le fruit du hasard : dragon, wendigo, forêt voisine, cela signifie que quelque chose est déréglé à Greendale. Pourtant la dernière page montre Hilda et Zelda, en tenue de "travail", partir dans les bois...
L'épisode ne laisse pas de répit, ni à son héroïne ni au lecteur, sans pourtant donner le sentiment d'être assailli par les péripéties. Une action conduit à la suivante, le tout est d'une fluidité imparable, et cela tient aussi au découpage de Veronica Fish.
L'artiste, toujours épaulée par son mari Andy Fish pour une superbe colorisation à la fois vive et nuancée, donne l'impression de mener son affaire dans effort. Mais cette simplicité signifie au contraire une maîtrise éprouvée de la narration.
Fish alterne action trépidante (la fuite dans les bois) et moments plus calmes (la balade de Sabrina avec Ren) ou scènes de pure comédie (le résumé de Sabrina à ses tantes). Elle varie la valeur des plans, soigne les expressions, la gestuelle, c'est très vivant. Le trait est élégant et alerte à la fois. Un bonheur.
D'une fraîcheur imbattable et revigorante, cette série continue d'enchanter.
Les couvertures de Veronica Fish (Regular) et
Victor Ibanez et Jenn St Onge (Variants).
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