vendredi 28 juin 2019

PUNK MAMBO #3, de Cullen Bunn et Adam Gorham


La mini-série de Cullen Bunn et Adam Gorham arrive à mi-parcours : c'est donc le moment pour que l'intrigue bascule, en dévoilant une part de son mystère tout en acculant son héroïne. C'est ce plan que suivent les auteurs avec adresse et toujours un impeccable sens du rythme.
  

La capture de l'esprit de Marie Laveau par l'oncle Gunnysack provoque la colère de Josef, même si Punk Mambo a réussi à placer sur le démon un traceur magique. Elle doit pourtant continuer la traque seule car son partenaire ne tolère plus son attitude.


Punk Mambo suit la piste de l'oncle Gunnysack jusqu'à une sucrerie désaffectée dans laquelle elle s'introduit en se rendant invisible. Là sont exploités des médiums, des prêtres, des spirites.
  

L'intuition de Punk Mambo se vérifie vite : Gunnysack sert les intérêts de quelqu'un et c'est Azaire Aguilliard. Celui-ci n'a pu accéder au rang de sorcier et veut dominer les dieux du vaudou en attaquant leurs entités les plus puissantes.


Et, justement, pendant ce temps, à la congrégation, Josef se voit reprocher par les divinités vaudous son attitude envers Punk Mambo. Il souhaite que tout le monde évacue mais l'oncle Gunnysack et ses sbires surgissent pour achever leur besogne.


Passée à tabac par les hommes de main de Aguilliard, Punk Mambo ne peut répliquer car sa magie est inopérante face son adversaire. Elle parvient à regagner Port-au-Prince où elle découvre le massacre commis par Gunnysack dans l'église.

Depuis le début de l'histoire de Punk Mambo, l'oncle Gunnysack fait figure de croquemitaine, l'ennemi désigné à abattre. Pourtant avec ce troisième épisode, la situation évolue car l'héroïne a deviné qu'elle se trompait de cible : le démon travaille pour quelqu'un, qui, lui, reste caché.

C'est à la découverte de ce dernier que nous entraîne ce nouveau chapitre et le moins qu'on puisse dire, c'est que Cullen Bunn a décidé de secouer Punk Mambo comme le lecteur. 

Dans ce cadre, le scénariste profite du fait que son personnage principal est une femme, ce qui induit chez le lecteur (consciemment ou non, à tort ou à raison) qu'elle est plus faible qu'un homme. Certes elle a du répondant, la langue bien pendue et le coup de poing facile, donc on ne craint pas pour sa vie, mais elle va quand même être durement rudoyée.

L'autre élément à soigner, c'est le mobile du vilain et Azaire Aguilliard se présente comme un adversaire ingénieux. N'ayant pas pu, bien qu'il soit issu d'une lignée prometteuse, devenir un sorcier, il a entrepris de mettre au pas les dieux du vaudou en les intimidant (grâce à la capture d'esprits puissants par l'oncle Gunnysack). Audcieux autant qu'insensible parce que vexé, Aguilliard a de quoi répliquer à une grande gueule comme Punk Mambo - qui mesure instantanément le danger.

La scène où elle se fait passer à tabac et où elle comprend en même temps qu'elle doit encaisser parce qu'elle n'a pas d'autre issue est glaçante, tout comme sa fuite désespérée car Aguilliard la laisse décamper pour mieux savourer son humiliation.

Le dessin d'Adam Gorham traduit parfaitement la brutalité de ce traitement dont on ressent l'intensité sans mal. La colorisation de José Villarubia passe ainsi de tons presque pastels quand Punk Mambo infiltre la sucrerie en étant invisible à des teintes plus vives comme le sang qui défigure la jeune femme rossée.

Par ailleurs, Gorham impressionne toujours autant par son souci du détail dans les décors. Qu'il représente une rue de Port-au-Prince après une bagarre ou désertée après le carnage dans l'église de la congrégation de Josef, puis l'intérieur de la surcrerie avec une figuration importante, les cases et les planches sont fournies, sans être saturées, et témoigne d'un véritable effort.

Le prochain épisode s'annonce comme celui de la revanche avant un final explosif. Car Punk Mambo progresse avec maîtrise, sachant qu'elle ne dispose que de cinq numéros.  

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