jeudi 20 juin 2019

SKYWARD #14, de Joe Henderson et Lee Garbett


C'est le pénultième épisode de Skyward et en vérité, il sonne déjà comme le dernier. L'intrigue est résolue de manière expéditive par Joe Henderson et spectaculairement mise en images par Lee Garbett. On ne peut pas dire que c'est mal fait, mais, de manière au fond logique, le coeur n'y est plus vraiment...


Luca Serrano et les fermiers sur leurs insectes géants sont aux portes de Chicago et exigent le reddition immédiate des autorités. Mais c'est alors que Lily Fowler et sa fille Willa surgissent aux commandes de leur avion, décimant une partie des troupes ennemies.


Willa et sa mère sautent de l'appareil avant qu'il n'explose et rejoignent Edison Davies et ses amis. Lily envoie ce dernier au siège de la compagnie de Roger Barrow mais le jeune homme est devancé par Serena, la compagne de Serrano.


Elle désactive les crampons magnétiques de chaussures des habitants de la ville qui s'envolent alors pour être attrapés par les insectess géants. Serrano fait irruption dans le bureau du maire en position de force.


Mais c'est alors que Willa et ses amis volent au secours des civils. Edison, lui, raisonne Serena en lui expliquant que Lucas a détruit leur ferme pour les forcer à agir. Elle rétablit le magnétisme des chaussures.


Le vent a tourné : les fermiers battent en retraite mais Lucas est arrêté avec l'aide de Willa. Edison la rejoint et ils s'embrassent. En attendant de tirer les leçons de cette crise...

On ne peut guère reprocher à des auteurs qui ont consacré quinze mois de leur existence (et certainement quelques autres en amont pour la conception) à une série de ne conclure leur run la fleur au fusil.

A l'heure de sa (presque) fin, Skyward restera comme un échec éditorial et commercial, mais pas critique - ironiquement la série est en lice pour de nombreuses récompenses. Mais le public n'a pas été assez nombreux pour que l'aventure se poursuive et la politique d'Image ne l'a pas servie.

S'il faut se défendre des généralités, un coup d'oeil sur les solicitations de l'éditeur suffit pour remarquer qu'une majorité de leurs comics surfent sur des histoires violentes, non-super-héroïques, selon les règles du creator-owned (où les créateurs travaillent sans être payés jusqu'à ce que leur oeuvre se vende).

Le récit de Joe Henderson tranche dans ce paysage en proposant quelque chose de différent, une intrigue fantastique et initiatique, où les morts s'envolent dans le ciel et pas en subissant des atrocités physiques. L'héroïne, Willa, est une jeune femme à peine sortie de l'adolescence, qui devient orpheline au terme du cinquième épisode, et évolue dans un monde étrange de fermiers rejetés par la société des grandes villes, d'insectes géants, et dont le meilleur ami est amputé des deux jambes.

L'annulation de Skyward ayant été annoncée au bout du dixième numéro et de la fin du deuxième arc narratif, l'auteur a pu composer un dénouement sur les cinq épisodes qu'on lui a accordé. Beaucoup n'ont pas ce luxe. Mais cela ne signifie pas que Joe Henderson a eu le temps de tout dire ni de le faire avec l'inspiration nécessaire.

Ainsi, on s'étonnera de quelques errements scénaristiques, comme le fait que Edison Davies, de retour à Chicago plusieurs jours avant Willa, n'ait pas pénétré les locaus de la compagnie de Barrow avant que Serena ne le fasse pour le compte des fermiers. L'épisode joue un peu au yo-yo avec les civils qui s'envolent et qui sont attrapés tou à tour par des insectes puis par la bande de Willa, le fait que Serena accomplisse le plan de Lucas puis se range à l'avis d'Edison.

Lee Garbett ne ménage pas sa peine pour rendre tout cela le plus dynamique, aérien et spectaculaire possible : le dessinateur a vraiment explosé sur ce titre et il ne devrait pas rester inactif longtemps. Je parie volontiers qu'un des "Big Two" va le récupérer vite - en espérant qu'il n'héritera pas d'une série B ou ne soit noyé dans un collectif d'artistes sur une série qui en consomme beaucoup (genre Amazing Spider-Man ou Avengers ou Justice League - même si DC a annoncé qu'en 2020 il ne publierait plus que des mensuels).

Le mois prochain donc, la série va s'arrêter. Cet ultime numéro sera intéressant, ne serait-ce que pour le ton qu'imprimera Henderson à sa saga - un adieu mélancolique ou un salut lumineux ?   

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