Depuis le précédent numéro, la série Hawkman a atteint son point culminant, l'aboutissement logique de la saga imaginée par Robert Venditti, confrontant le héros à son passé après des mois consacrés à le recomposer. C'est donc du grand spectacle que nous offrent le scénariste et Bryan Hitch dans ce dixième épisode.
Londres. Idamm, l'ancien lieutenant de Ktar alias Carter Hall, étrangle ce dernier avec sa lance tandis que la capitale britannique est la proie des Deathbringers et de son armée de soldats ailés.
Avec l'aide de Madame Xanadu, Hawkman se dégage de l'étreinte d'Idamm et vole au secours des civils emmenés dans les airs pour être sacrifiés. Au prix d'une manoeuvre acrobatique, il parvient à en sauver plusieurs et à les redescendre dans la rue.
Bien qu'il ignore toujours comment il pourra contrer ses adversaires, Hawkman reprend son offensive. Les soldats ailés fondent sur lui comme le leur ordonne Idamm et prennent logiquement l'avantage contre le héros, pourtant combatif.
Au pied d'Idamm, qui explique son intention de détruire la ville puis la Terre avant de s'en prendre à tous les mondes où Hawkman s'est réincarné, ce dernier saisit pour la première fois le grand schéma qui a présidé à ses vies antérieures jusqu'à cet instant.
Il libère une énergie qui fait surgir tous les Hawkmen d'hier et de demain, d'ici et d'ailleurs, formant une véritable armée, en mesure d'affronter celle des Deathbringers. Médusé, Idamm pourfend alors Carter Hall avec sa lance en espérant stopper cet assaut...
La lecture de cet épisode renverra les fans de Bryan Hitch à ses grandes heures, quand il produisait The Authority puis Ultimates, ces comics widescreen aux planches éblouissantes, gorgées de détails, d'un réalisme époustouflant, au souffle épique.
L'artiste anglais, qui aligne son dixième numéro d'affilée sans retard (un exploit sur lequel personne n'aurait parié au début, mais qui est le fruit d'un changement de méthode dans son travail), affiche la forme des grands jours. Mais pas seulement : il est manifeste qu'il est inspiré par l'histoire qu'on lui fournit, totalement investi dans ce titre, et résolu à donner tout ce qu'il a pour un run mémorable.
Plusieurs passages sont vraiment bluffants, souvent à l'occasion de doubles pages, en particulier vers la fin quand tous les Hawkmen apparaissent au-dessus de Carter Hall. Bien entendu, la puissance de cette image saisit, mais sa composition est également magistrale, le soin apporté aux costumes, aux postures, tout est fait pour que l'effet soit maximal. L'encrage de Hitch et Andrew Currie achèvent de prouver au lecteur la qualité de l'ouvrage.
Il se dégage de ces pages une jubilation communicative : on sent que Hitch se fait plaisir, veut en donner pour son argent au fan, et celui-ci est effectivement récompensé. On s'attarde sur ces planches avec délectation et on l'examine impressionné. Cela rappelle l'importance du visuel dans une bande dessinée mais aussi, surtout, de la narration graphique car ce n'est pas simplement un "morceau de bravoure" pour épater la galerie, c'est un vrai tournant dans le récit, admirablement géré.
(A mon avis, on est parti pour un final qui nous mènera jusqu'au #12, ce qui correspondrait avec une année entière de publication et la fin d'un premier cycle - peut-être aussi avec la fin de la prestation de Hitch dont la rumeur dit qu'il aurait un projet sur Batman avec Warren Ellis. En tout cas, le dessinateur a renouvelé son contrat exclusif avec DC et a précisé que cela dépassait Hawkman.)
Bien sûr, avec un tel épisode, il faut admettre que Robert Venditti se fait consciemment voler la vedette et même que son script est minimaliste. C'est un fait qu'on n'apprend rien de neuf sur le héros, du moins jusqu'aux dernières pages quand Carter Hall comprend tout le cheminement qu'il a accompli et qui l'a mené à cet instant - tout cette énigme enfin résolue sur l'arme qu'il incarne, le moyen de contrer les Deathbringers et leur armée.
Mais Vendetti, en dévoilant cela au milieu d'une action spectaculaire, en restant dans le mouvement, donne aussi plus de spontanéité à la révélation de Hawkman et la rend justement plus épique, plus inattendue. Le surgissement de tous les Hawkmen ressemble à une sorte de deus ex machina, ils apparaissent comme par magie, au moment le plus critique, de manière bien pratique. Mais en fin de compte, toute l'aventure de Hawkman a procédé de cette manière, le propulsant dans le temps et l'espace de façon aléatoire et soudaine.
Difficile dans ces conditions de faire la fine bouche, si on a accepté ce dispositif jusqu'à maintenant. En l'état, on reste sur des standards très élevés, avec une écriture solide, habile, et une esthétique bluffante. Vite la suite !
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