Et c'est parti pour le troisième et dernier arc de Skyward : intitulé Fix the World, il s'annonce riche en suspense et en révélations étant donné la situation posée dans le dernier épisode en date. Joe Henderson et Lee Garbett ont, semble-t-il, travaillé étroitement pour conclure en beauté leur série.
Willa Fowler est en route pour Kansas City où elle doit rattraper Roger Barrow tout en trouvant le moyen imaginé par son père pour rétablir la gravité sur Terre. Pour cela, elle ne dispose que d'un vague plan trouvé dans les notes de Nathan.
Tandis qu'à Chicago, Edison Davies doit préparer la ville à l'attaque imminente des fermiers et des insectes géants, avec l'aide de son amie Joan et de sa compagne, une policière, Willa rallie Kansas City, escortée par des vautours.
Ces oiseaux peu sympathiques vont pourtant lui être d'un grand secours car en s'accrochant à l'un d'eux, elle prend de la hauteur et découvre où son père a pu cacher son invention.
Mais Roger Barrow l'a suivie et tente de l'empêcher d'accéder à une machine vraisemblablement construite pour rétablir la gravité. Ils s'affrontent, elle pour réparer le monde, lui pour le garder en l'état afin de préserver son business.
Leur querelle est interrompue par un individu cagoulé qui leur explique que la solution ne se trouve pas là. Willa et Barrow le suivent sous terre où se trouve une ville reconstituée et peuplée, le vrai remède de Nathan. Mais qui est leur guide ?
Comme d'habitude, avec une générosité rare, Joe Henderson a complété l'épisode avec des bonus, dont un post-scriptum où il revient sur l'écriture de la série. On comprend que le scénariste (dont c'est, rappelons-le, le premier comic-book) est parti avec une histoire bien établie mais permettant quelques corrections en chemin.
Ainsi, explique-t-il, le premier arc (les cinq premiers épisodes) racontait comment Willa allait poursuivre l'oeuvre de son père. Le deuxième arc (épisodes 6 à 10), comment elle entrait dans l'âge adulte. Ce troisième arc révélerait le destin de sa mère, morte le "G-day", et si le monde pouvait redevenir normal.
La narration se déploie en parallèle : d'un côté, on suit Edison Davies qui rentre à Chicago pour préparer la population au raid des fermiers et de leurs insectes géants. Henderson n'y consacre que peu de pages mais suggère clairement que l'opération est cruciale et imposera à Edison des sacrifices.
De l'autre, et c'est l'essentiel de l'épisode, Willa rallie Kansas City, investie d'un double objectif. Elle doit trouver le moyen que son père avait mis au point pour rétablir la gravité tout en y arrivant avant Roger Barrow qui a fait fortune sur l'absence de pesanteur et donc a tout intérêt à ce que rien ne change.
Henderson ne lésine pas sur les péripéties et emballe l'épisode sur un rythme trépidant. C'est d'une efficacité imparable, ponctué de moments mémorables (Kansas City transformée en ville fantôme depuis la première attaque des fermiers et des insectes, la bagarre entre Willa et Barrow, la découverte de la ville souterraine, la révélation de l'identité du guide).
Ce qui est jubilatoire avec une série comme Skyward, c'est que ses auteurs ne se reposent pas sur un concept astucieux et ses possibilités narratives et visuelles (même si elles sont particulièrement bien valorisées). On a droit à un récit d'aventures, initiatique, plein de surprises.
Le dessin de Lee Garbett traduit parfaitement tout le script peut exprimer. La sensation de voler est singulièrement bien mise en scène, à la fois grisante et dangereuse, acrobatique et fascinante.
Les plans sont superbement composés pour que le lecteur ressente au maximum ce qu'éprouve l'héroïne, très expressive, résolue malgré l'adversité. On s'attache à Willa parce qu'elle s'improvise héroïne sans jamais être certaine d'atteindre son but. Cela suscite notre sympathie et évite au scénariste comme à l'artiste d'en rajouter.
C'est bien pour cela, avec toutes ces qualités, que l'échec commercial de Skyward demeurera une énigme. Série extrêmement plaisante, doté d'un pitch original, avec une intrigue excellemment construite, et des héros très bien campés, pourquoi ce projet n'a pas rencontré un plus large public ? Marché saturé, concurrence exacerbée, etc. Cest tout de même dur, injuste. Mais au moins Lee Garbett et Joe Henderson n'ont pas baissé les bras et continuent, vaille que vaille, à régaler leurs fans.
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