samedi 2 mars 2019

WEST COAST AVENGERS #8, de Kelly Thompson et Gang Hyuk Lim


J'avais décidé de ne pas lire ce numéro et même d'arrêter la série car, c'est officiel, West Coast Avengers est annulé et la série cessera sa parution en Mai. Dans ces conditions, comment espérer que Kelly Thompson conclue de manière satisfaisante en trois épisodes ? Mais la scénariste force le respect en faisant (presque) comme si de rien n'était, malgré un nouvel artiste et une couverture hideuse...


Noh-Varr/Marvel Boy explique aux West Coast Avengers qu'il a infiltré une secte, le Temple du Soleil Changeant, dont il suspecte qu'elle est en lien avec Mme Masque et que ses membres sont des skrulls. 


Clint Barton accepte de l'aider à démanteler ce réseau et Kate Bishop forme deux groupes : le premier, avec elle, America Chavez, Fuse et Noh-Varr, va se faire passer pour des aspirants disciples pendant que Clint fera diversion ; le second, avec Gwenpool et Quentin Quire infiltrera les rangs des troupes de Masque.


Clint, grâce à un gadget modifiant son image, est reçu par le chef du Temple en se faisant passer pour Wonder Man. Kate, Fuse, America et Noh-Varr sont guidés dans les sous-sols par Chad - qui les a reconnus et les livre en pâture pour un sacrifice humain. 


Quentin et Gwen sont également vite remarqués chez Mme Masque mais se débarrassent de la sécurité quand Quire reçoit un appel au secours de Kate. La mère de cette dernière se présente alors et accompagne les deux jeunes héros.


En infériorité numérique, Kate, Noh-Varr et Fuse sont en difficulté face aux prêtres du Temple. Mais le pire est à venir quand ils comprennent que ce ne sont pas des skrulls mais des vampires, qui ont neutralisé America...

Comme on pouvait le craindre, malgré des annonces concernant un changement de titre (West Coast Avengers devenant Avengers West Coast, pour plus de visibilité dans les stands des comics shops), la série va donc cesser d'être publiée dans deux mois, au #10. Marvel aura pris son temps pour torpiller une production qu'elle a vite cessée de soutenir en lui ôtant son dessinateur initial (Stefano Caselli).

Pour Kelly Thompson, à qui l'éditeur a pourtant fait signer un contrat d'exclusivité pour ne pas risquer que la concurrence le fasse, c'est un nouveau revers, après la fin abrupte de son run sur Hawkeye. Il lui reste désormais Mr & Mrs X (dont les ventes semblent contenter tout le monde) et Captain Marvel (apprécié par la critique et profitant de la pub autour du film, qui sort Mercredi prochain). Mais il est certain que désormais, la jeune femme n'a plus le droit à l'erreur.

Thompson a bien du courage de travailler dans ces conditions puisque le staff éditorial de WCA n'aura rien fait pour lui faciliter la tâche donc. Mais elle aime ses personnages et honore son public, des fans trop peu nombreux mais fidèles, en continuant sur sa lancée.

Et c'est ce qu'on retiendra sans doute de ces ultimes épisodes, cette manière de finir sans changer. De fait, l'épisode est très drôle à plusieurs reprises : on retrouve, intact, l'humour loufoque et tendre de Thompson dans une dernière histoire qui se paie la tête de celle en cours dans Avengers, en convoquant des vampires, et en privilégiant la caractérisation, la dynamique de groupe - ce bonus qui manque à tant de team-books actuels.

Bien entendu, il y a des facilités, comme le fait que Quire et Gwenpool trouvent sans problème le repaire de Mme Masque, ou que la mère de Kate resurgit opportunément une nouvelle fois. Mais ça ne pèse pas lourd à côté du détachement las avec l'équipe accepte, bon gré mal gré, d'aider Norh-Varr, de l'humiliant stratagème auquel doit se plier Clint Barton pour entrer dans le Temple, ou les chamailleries entre Quire (décidément un personnage en or) et Gwenpool (très drôle aussi).

Toute cette pétillance manquera aux fans de cette série, qui ne se prenait pas au sérieux tout en divertissant très efficacement. Pourquoi le public n'a pas adhéré plus franchement ? Marvel, je l'ai dit, a conscienseument dépouillé le titre, comme si personne n'y avait jamais cru. Mais les lecteurs sont aussi responsables (on ne peut les dédouaner quand un titre s'arrête). Trop léger, WCA, trop blagueur ? Thompson a proposé quelque chose de différent, de décalé, qui n'a pas séduit. Dommage. Après ça, il s'en trouvera pour râler en disant que les comics, c'est toujours pareil - mais quand ça ne l'est pas, ça ne se vend pas. 

Troisième artiste en trois arcs narratifs, Gang Hyuk Lim m'avait fait craindre le pire en découvrant la preview de l'épisode. Et puis, passées les premières pages, le trait devient attrayant. Son expressivité fait penser au manga, avec une pointe d'exagération limite, mais sinon c'est propre, dynamique.

Lim assure lui-même son encrage et sa colorisation (au revoir Tamra Bonvillain donc), mais le look de la série reste cohérent. Parfois, c'est un peu acidulé, certains plans manquent de cette densité qui faisait le sel des planches de Caselli avec des compositions soignées et un découpage au point. Mais, dans l'ensemble, pas de faute de goût : on ne saura pas ce que ça aurait donné avec plus de temps, sans doute Lim aurait fait un titulaire très acceptable.

On ne peut que s'incliner, à la fois devant le choix économique de Marvel mais aussi l'élégance des auteurs, qui ne bâclent pas et nous consolent de l'annulation de la série en nous amusant franchement. Espérons juste que cette fin ne condamne pas aux limbes ces personnages attachants (surtout Clint Barton, également présent dans la série hebdo Avengers : No Road Home, où Hulk a menacé à demi-mots de se venger de lui si les choses tournaient mal...).

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