Quand je me suis engagé dans la lecture des mini-séries attachées à Age Of X-Man, en plus de Marvelous X-Men, j'avais prévu de suivre Amazing Nightcrawler (trop décevant, surtout graphiquement) et donc Prisoner X. On y retrouve Bishop et on découvre où il est passé après son éviction des X-Men dans ce monde parallèle. Vita Ayala et German Peralta réussissent un tie-in intrigant et accrocheur.
Arrêté pour avoir eu une relation amoureuse avec Jean Grey, sa partenaire au sein des X-Men, Lucas Bishop est effacé des mémoires de ses co-équipiers et incarcéré dans la prison de la Salle des Dangers, dont Forge est le directeur.
Ses pouvoirs inhibés, il est pourtant troublé par des visions dans son sommeil, relatives à son passé avant l'altération de la réalité par Nathan Grey. Au réfectoire, il reconnaît Gabby Kinney, la soeur clonée de X-23, avant d'être pris à parti par Hank McCoy/le Fauve.
Dans la cour de la prison, il aperçoit Lorna Dane/Polaris mais Dani Moonstar/Mirage lui déconseille de lui parler. Elle confie ensuite avoir elle aussi des flashs sur son passé mais doute de leur véracité.
La curiosité de Bishop lui vaut d'être à nouveau agressé par le Fauve, qui se comporte comme un caïd au sein des détenus. La sécurité les sépare et les ramène dans leurs cellules respectives.
Le sommeil de Bishop est traversé d'images inquiétantes avec le Roi d'Ombre, Apocalypse, des Sentinelles. Il se réveille en sursaut... Et trouve un billet parterre, avec ce message : "Le rêve est vrai. La réalité est fausse. Evade-toi !"
Tandis que Uncanny X-Men poursuit son cours et a réuni les deux revenants emblématiques, Wolverine et Cyclops, Age of X-Man en est déjà à sa quatrième série dérivée (après Marvelous X-Men, Amazing Nightcrawler, The Extremists).
Mais Prisoner X s'impose d'emblée comme la plus réussie. Car elle explore le côté obscur de cette utopie imaginée par Nathan Grey. On se doutait que le monde idéal pour les mutants qu'il avait créé était trop beau pour être vrai, et que les relations amoureuses et sexuelles y étaient proscrites (car sources de complications). Lucas Bishop l'a payé en étant exfiltré des X-Men et effacé des tablettes.
On apprend donc qu'il est envoyé dans une prison de haute sécurité pour y être reconditionné. Mais surtout on découvre que beaucoup d'autres mutants, dont certaines figures célèbres, se sont également rebellés contre ce système et sont aussi enfermés, oubliés par leurs semblables.
Vita Ayala est une scénariste dont je ne connais pas le travail mais qui produit un épisode très accrocheur, à l'ambiance prenante. On fait la visite de ce centre pénitentiaire très spécial qui confirme que le monde de X-Man n'a rien d'un éden mutant. Sur les pas de Bishop, on croise le Fauve en caïd de la prison, mais aussi Gabby Kinney/Honey Badger, Dani Moonstar/Mirage ou Lorna Dane/Polaris.
A chacun, l'auteur réserve un moment qui permet au lecteur d'apprécier la cohérence du récit. Gabby est la protégée sournoise du Fauve, Dani Moonstar cherche à avertir Bishop des dangers qu'il court, Polaris semble dans un sale état moral. Surtout, certains se souviennent, perplexes, de leur vie d'avant, et on devine que la mémoire est le grain de sable qui va enrayer cette machine infernale (en plus du mouvement conduit clandestinement par Apocalypse dans Marvelous X-Men). Captivant.
Surtout, Prisoner X peut compter sur un dessinateur vraiment solide, un peu comme Patrick Zircher qui signe la couverture. German Peralta a quitté DC (et Green Arrow, où il remplaçait ponctuellement Javier Fernandez) pour ce projet un peu ingrat (puisque limité dans le temps et noyé au milieu d'autres mini-séries).
Pourtant, si le staff éditorial des titres "X" et le public sont au rendez-vous, Peralta pourrait profiter de cette opportunité pour se faire remarquer chez Marvel et, pourquoi pas, gagner une série à la hauteur de ses compétences une fois Age of X-Man achevé.
J'aime beaucoup son style, réaliste et soigné, mais aussi sobre et bien dosé dans les effets. Techniquement, c'est solide et propre. Il est très à l'aise dans cet univers et s'illustre sur quelques personnages en peu de temps - son Fauve est impressionnant, et il dessine aussi bien les femmes (sans exagérer leur physionomie) que les hommes. Ses décors sont détaillés sans être chargés.
Bref, Prisoner X est le vrai complèment indispensable à Marvelous X-Men et complète bien le tableau de ce Age of X-Man. Il semble par ailleurs acquis que Marvel mise sur Bishop dans le futur, une fois que tout sera revenu à la normale. On pourra déplorer que la vraie renaissance des X-Men soit aussi laborieuse (entre la saga hebdo X-Men : Disassembled, Uncanny X-Men et Age of X-Man). Mais ça peut aboutir à quelque chose de vraiment chouette.
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