L'antépénultième épisode de Heroes in Crisis est un curieux objet - même sa couverture a été modifiée (car celle initialement dessinée par Clay Mann a été censurée). L'intrigue de Tom King est plus imprévisible que jamais et visuellement, il a fallu trois artistes pour boucler ce chapitre. Pourtant, malgré ces péripéties, le mystère (et son charme) reste(ent) entier(s).
Débusqués par Batgirl, Blue Beetle et surtout Booster Gold doivent affronter Harley Quinn, qui reproche toujours à ce dernier (et réciproquement) les meurtres commis au Sanctuaire.
Blue Beetle explique à Batgirl qu'il a rétabli le champ de force de Booster Gold en en ayant le contrôle. Elle l'assomme donc tandis que Harley Quinn est sur le point de tuer Booster Gold.
Auparavant. Wally West se confie dans la cabine prévue à cet effet au Sanctuaire. Durant les trois semaines où il y a été admis, il résume ses progrès, évoquant la perte de sa famille, la succession écrasante de Barry Allen, et la prise de conscience de son mal-être.
Harley Quinn épargne finalement Booster Gold et avec lui, Blue Beetle rétabi et Batgirl, elle réfléchit au moyen de confondre l'assassin du Sanctuaire. Leurs soupçons se portent sur Wally West qui aurait médusé tout le monde. Mais il va falloir agir discrètement.
Car, depuis sa Bat-cave, Batman surveille toutes les installations de Ted Kord (Blue Beetle), Flash ayant échoué à retrouver la trace des fugitifs en parcourant le monde. Toutes les alarmes se déclenchent alors.
Depuis le début de la saga, Tom King a suggéré qu'il fallait se méfier des apparences. De fait, après sept mois de conjectures, on n'est toujours pas plus avancé pour désigner le coupable. L'enquête a d'ailleurs été présentée de manière désinvolte, le scénario privilégiant l'analyse pyschologique aux investigations criminelles.
Ce septième épisode de Heroes in Crisis est donc à prendre avec des pincettes car il semble montrer trop franchement un suspect sérieux, sans pour autant dévoiler son mobile. Le massacre commis au Sanctuaire doit s'expliquer autant par qui l'a fait ("whodunnit") que pourquoi il a été fait ("whydunnit") - ces deux points sont d'ailleurs sondés également dans Action Comics # 1009 sorti hier (mais pour une autre histoire).
Wally West serait-il le tueur ? Pourtant on l'a vu violemment attaqué par Harley Quinn après qu'il ait découvert le corps sans vie de Roy Harper/Arsenal, qui, lui, paraissait avoir été abattu par Booster Gold. Mais, et si les actes apparemment perpétrés par ces deux-là avaient été provoqués par l'Intelligence Artificielle du Sanctuaire ? S'ils avaient voulu se défendre ou s'ils avaient répondu à une simulation, devenant ainsi la couverture pour le vrai meurtrier des patients ?
Le récit pousse le lecteur à envisager, extrapoler, phosphorer avec intensité. C'est un des plaisirs subtils de la saga, laisser au fan le loisir d'écrire son propre script, tandis que Tom King cache son jeu jusqu'au prochain tour (l'identité du tueur serait révélé le mois prochain, et le dernier épisode explorerait les conséquences de l'échec du Sanctuaire).
Ce qui paraît certain, même si ça ne prouve pas la culpabilité de Wally West, c'est que celui-ci allait vraiment très mal et en avait pris conscience au bout de trois semaines de présence dans le Sanctuaire. Il avait ses raisons : le deuil de sa famille, le poids écrasant d'un jeune héros qui avait remplacé son oncle et représentait l'espoir pour la communauté super-héroïque... Une sévère dépression accablait Wally West, qui aurait pu le faire craquer. Au point qu'il se soit suicidé ? En ayant anticipé sa propre mort (dont il aurait fait de Poison Ivy le témoin) ? Une scène étrange et étonnamment belle va dans ce sens.
King oppose aussi les enquêteurs en situation : Batman guette le moindre mouvement suspect depuis sa Bat-cave, Flash court le monde sans succès, et surtout le quatuor avec Batgirl et Blue Beetle d'une part et Harley Quinn et Booster Gold d'autre part produit un mix détonant où les fous et les imbéciles cogitent avec plus d'acuité que les sages et les savants. Ce qui est certain, apparemment là encore (toujours rester prudent), c'est que ce beau monde converge dans une même direction : Batman et Flash suivent Harley Quinn et Booster Gold sans savoir qu'ils sont accompagnés de Batgirl et Blue Beetle. Jusqu'à Wally West, encore vivant ? Ou le vrai tueur, non identifié ?
Ce passionnant jeu de pistes où le temps semble se figer tout en montrant des éléments passés troublants fait passer un graphisme instable. Il a en effet fallu trois artistes pour boucler ce chapitre.
J'ignore pourquoi (même après l'épisode précédent entièrement réalisé par Mitch Gerads, qui signe ici la couverture régulière) Clay Mann n'a pas été capable de prendre le relais seul. On ne lui reprochera pas d'avoir livré en tout cas des planches baclées, au contraire. Il signe les pages 1 à 6, 11, 17 à 19 et 23 à 24, et parmi tout ça, il y a vraiment des merveilles - en particulier la double page montrant Wally au milieu d'un champ de fleurs (qui par la magie des couleurs de Tomeu Morey trace le titre de la série).
Travis Moore, lui, s'est occupé des pages 8 à 10, 13 à 16 et 20-21. Si Mann tire un peu la langue, pourquoi DC ne fait-il pas confiance à Moore pour le suppléer sur un épisode entier ? Son style est similaire, le résultat très soigné.
Enfin, récent collaborateur de King sur Batman, Jorge Fornes a eu à s'occuper justement des scènes dans la Bat-cave (pages 7, 12, 22). C'est sobre, et finalement judicieux car ces moments-là se détachent narrativement et graphiquement du reste.
Heroes in Crisis #7 est donc un peu hétéroclite formellement, mais l'un dans l'autre, cela colle avec le développement de l'histoire. On est proche de la résolution, et le récit conserve intact son mystère. En soi, c'est un tour de force. Plus généralement, cette saga confirme qu'elle ne fait vraiment rien comme les autres et demeurera sans doute un prototype.
Wally West serait-il le tueur ? Pourtant on l'a vu violemment attaqué par Harley Quinn après qu'il ait découvert le corps sans vie de Roy Harper/Arsenal, qui, lui, paraissait avoir été abattu par Booster Gold. Mais, et si les actes apparemment perpétrés par ces deux-là avaient été provoqués par l'Intelligence Artificielle du Sanctuaire ? S'ils avaient voulu se défendre ou s'ils avaient répondu à une simulation, devenant ainsi la couverture pour le vrai meurtrier des patients ?
Le récit pousse le lecteur à envisager, extrapoler, phosphorer avec intensité. C'est un des plaisirs subtils de la saga, laisser au fan le loisir d'écrire son propre script, tandis que Tom King cache son jeu jusqu'au prochain tour (l'identité du tueur serait révélé le mois prochain, et le dernier épisode explorerait les conséquences de l'échec du Sanctuaire).
Ce qui paraît certain, même si ça ne prouve pas la culpabilité de Wally West, c'est que celui-ci allait vraiment très mal et en avait pris conscience au bout de trois semaines de présence dans le Sanctuaire. Il avait ses raisons : le deuil de sa famille, le poids écrasant d'un jeune héros qui avait remplacé son oncle et représentait l'espoir pour la communauté super-héroïque... Une sévère dépression accablait Wally West, qui aurait pu le faire craquer. Au point qu'il se soit suicidé ? En ayant anticipé sa propre mort (dont il aurait fait de Poison Ivy le témoin) ? Une scène étrange et étonnamment belle va dans ce sens.
King oppose aussi les enquêteurs en situation : Batman guette le moindre mouvement suspect depuis sa Bat-cave, Flash court le monde sans succès, et surtout le quatuor avec Batgirl et Blue Beetle d'une part et Harley Quinn et Booster Gold d'autre part produit un mix détonant où les fous et les imbéciles cogitent avec plus d'acuité que les sages et les savants. Ce qui est certain, apparemment là encore (toujours rester prudent), c'est que ce beau monde converge dans une même direction : Batman et Flash suivent Harley Quinn et Booster Gold sans savoir qu'ils sont accompagnés de Batgirl et Blue Beetle. Jusqu'à Wally West, encore vivant ? Ou le vrai tueur, non identifié ?
Ce passionnant jeu de pistes où le temps semble se figer tout en montrant des éléments passés troublants fait passer un graphisme instable. Il a en effet fallu trois artistes pour boucler ce chapitre.
J'ignore pourquoi (même après l'épisode précédent entièrement réalisé par Mitch Gerads, qui signe ici la couverture régulière) Clay Mann n'a pas été capable de prendre le relais seul. On ne lui reprochera pas d'avoir livré en tout cas des planches baclées, au contraire. Il signe les pages 1 à 6, 11, 17 à 19 et 23 à 24, et parmi tout ça, il y a vraiment des merveilles - en particulier la double page montrant Wally au milieu d'un champ de fleurs (qui par la magie des couleurs de Tomeu Morey trace le titre de la série).
Travis Moore, lui, s'est occupé des pages 8 à 10, 13 à 16 et 20-21. Si Mann tire un peu la langue, pourquoi DC ne fait-il pas confiance à Moore pour le suppléer sur un épisode entier ? Son style est similaire, le résultat très soigné.
Enfin, récent collaborateur de King sur Batman, Jorge Fornes a eu à s'occuper justement des scènes dans la Bat-cave (pages 7, 12, 22). C'est sobre, et finalement judicieux car ces moments-là se détachent narrativement et graphiquement du reste.
Heroes in Crisis #7 est donc un peu hétéroclite formellement, mais l'un dans l'autre, cela colle avec le développement de l'histoire. On est proche de la résolution, et le récit conserve intact son mystère. En soi, c'est un tour de force. Plus généralement, cette saga confirme qu'elle ne fait vraiment rien comme les autres et demeurera sans doute un prototype.
La variant cover de Ryan Sook.
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