lundi 18 mars 2019

ISOLA : PROLOGUE, de Brenden Fletcher, Karl Kerschl et Msassyk


Paru en complément de programme de la série Motor Crush (écrite par Fletcher et Kerschl et dessinée par Babs Tarr), Isola : Prologue compte cinq parties de deux pages chacune, se situant avant le premier épisode du titre de Brendan Fletcher, Karl Kerschl et Msassyk. Un avant-goût déjà envoûtant.

Royaume de Mar. La reine Olwyn reçoit ses voisins pour écouter leurs doléances. Pendant ce temps, Rook, de la garde royale, partage un café avec des soldats stationnés près du palais.

Le prince Bastian de Palagrine Rock, invité par le frère d'Olwyn, propose à cette dernière une alliance en prévision d'un conflit contre le Hallam. Mais elle estime cette menace infondée.

Rook est témoin du meurtre des deux gardes avec lesquels elle était. L'assassin l'épargne contre toute attente. Olwyn congédie Bastian et reproche à son frère, Asher, de l'avoir convié. Peu après, elle découvre le capitaine Fallst tué par Bastian qui disparaît avant l'arrivée de la garde. 

Il faut remplacer l'officier et Asher recommande Rook. Contre l'avis de ses conseillers qui la trouvent trop jeune, Olwyn lui confie le poste.

Maintenant que le recueil des cinq premiers épisodes (le premier arc narratif) d'Isola est disponible en v.o. (chez Image Comics) comme en v.f. (chez Urban Comics), et en attendant le septième chapitre de la série (qui est désormais bimestrielle), on peut découvrir le Prologue du projet de Brenden Fletcher, Karl Kerschl avec Msassyk.

Jusqu'à présent cette dizaine de pages n'était lisible qu'en back-up de Motor Crush, autre série de Fletcher et Kerschl chez Image. Le contenu n'est pas indispensable pour comprendre Isola même si cela permet de mieux saisir certaines subtilités relationnelles entre des personnages et le contexte de l'histoire. C'est surtout l'occasion de se laisser une fois de plus envoûter.

Qu'apprend-on ? Olwyn est dépeinte comme une reine respectée et ferme, mais peut-être peu avisée. La guerre menace d'éclater dans le royaume de Mar et l'ennemi, le Hallam, incite Asher, le frère de la régente, à vouloir sceller une alliance avec le prince Bastian de Palagrine Rock. Mais celui-ci souhaite visiblement en profiter pour détrôner Olwyn.

En parallèle, Rook, la jeune militaire, est amenée à remplacer le capitaine Fallst, assassiné. Elle l'ignore, mais elle est le jouet d'une manoeuvre ourdie par Asher avec Bastian, le premier comptant sur l'inexpérience et l'affection aveugle de la jeune femme pour Olwyn à des fins politiques.

La suite est connue (du moins pour ceux qui ont suivi la série) : Olwyn va apprendre le double jeu d'Asher et le réprimander une fois de trop. Il lui jette un sort qui la transforme en tigresse avant que Rook ne le tue. L'enchaînement de ces faits oblige Rook à évacuer Olwyn du royaume, direction : Isola, où elle pourra recouvrir forme humaine - même si Rook ne croit pas à l'existence de cette île légendaire...

Ce qui est intéressant, c'est de découvrir que les deux héroïnes ont été manipulées et que leur fuite était inévitable. Olwyn a mésestimé la menace de la guerre mais, plus encore, celle de son frère et de Bastian. Sa suffisance signe sa perte : d'ailleurs même quand elle intronise Rook comme son nouveau capitaine de la garde royale, elle lui demande d'abord si elle l'aime assez pour remplir cette mission, avant de lui demander si elle donnerait sa vie pour sa reine.

L'homosexualité de Rook (et, plus suggestivement, d'Olwyn) devient plus évidente : les deux jeunes femmes sont amies depuis l'enfance et la beauté magnétique de la reine trouble manifestement sa nouvelle protectrice, qui, évidemment, l'aime et donnerait sa vie pour elle (les événements de la série le prouveront). Mais le talent de scénaristes de Fletcher et Kerschl est de ne jamais appuyer ces évidences.

Isola est une série qui s'est imposée par sa splendeur visuelle, véritable arme narrative pour un récit économe en contextualisation et en dialogues. Kerschl et Msassyk avaient déjà établi, dans ces dix pages, la charte graphique de la BD, avec ses couleurs douces, ce rendu incroyable, cette simplicité dans le trait, l'élégance des compositions. Il y a véritablement quelque chose d'hypnotique dans cette production, à condition de se laisser aller. Sinon on peut complètement passer à côté et trouver cela trop léger.

Malheureusement, le vrai ennemi de cette série est sa périodicité : le premier arc terminé, plusieurs mois se sont écoulés avant que le sixième épisode ne sorte et c'était pour apprendre que désormais il faudrait attendre à chaque fois deux mois entre chaque chapitre. On oubliera de se plaindre une fois le futur numéro en mains, mais quand même c'est très frustrant.

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