jeudi 14 mars 2019

SUPERMAN #9, de Brian Michael Bendis, Ivan Reis et Brandon Peterson


Au menu de ce numéro de Superman, la suite de l'arc narratif The House of El avance peu : Brian Michael Bendis traîne un peu, après un premier acte plein d'action. De ce point de vue, cette série est sans doute moins aboutie qu'Action Comics. D'autant que Brandon Peterson commet quelques impairs graphiques et qu'Ivan Reis se fait très discret. Un petit coup d'arrêt donc.


Jon Kent a atterri accidentellement sur Terre-3 après avoir été séparé de son grand-père en traversant un trou noir. Le Syndicat du Crime l'attaque aussitôt mais leur chef Ultraman l'entraîne à l'écart.


Déposé sur un volcan, Jon saisit vite la situation délicate dans laquelle il se trouve : Ultraman l'avertit qu'il ne rentrera pas chez lui et ne recevra aucune aide. Une fois ce dernier parti, Jon tente de fuir mais découvre que ses pouvoirs ont disparu.


Faute de l'énergie d'un soleil sain, le garçon comprend en effet qu'il est coincé. Les jours, les semaines (les mois ?) passent, ponctués par les visites d'Ultraman qui pense que Jon est arrivé là pour l'éprouver et être testé.


Le double maléfique de Superman est troublé par la présence de Jon en qui il voit le fils qu'il n'a (n'aura) jamais eu. Il a renoncé à le torturer mais semble ne pas savoir que faire de lui. Jon joue son va-tout et détruit sa prison.


Parcourant incognito Terre-3, il mesure la décadence de ce monde parallèle et mais cherche néanmoins une issue. Il s'infiltre dans le repaire du Syndicat du Crime pour y envoyer un S.O.S., mais Superwoman le surprend...

Brian Michael Bendis joue avec le feu et semble s'en amuser : en ramenant Jon Kent vieilli, il s'est attiré des réactions vives parmi les lecteurs, fans de la version enfantine du fils de Superman et Lois Lane. Maintenant, il s'est engagé dans un arc narratif pour expliquer cette mue, tout en voulant relier cette intrigue à celle du précédent arc.

Ainsi, l'épisode démarre par une séquence hallucinatoire de Superman qui est célèbré comme un sauveur par tous les héros de la Terre et de la galaxie et auquel même le général Zod présente ses hommages. Ces quelques pages, dessinées par Ivan Reis avec la majesté qui convient, déroutent car elles ne présentent aucun rapport avec ce qui suit : il semble s'agir d'une sorte de teaser (Zod étant resté dans la Zone Fantôme avec Rogol Zaar et sa horde) pour expliciter le titre de la saga (The Unity Saga, qui se poursuit depuis).

Bendis est familier de ce genre d'accroche, il aime jouer avec la narration (en la déstructurant, à coups de flash-backs ou, comme ici,vraisemblablement, de flash-forwards). On verra où cela nous mène - même si Superman va endosser un rôle de sauveur universel, sur la foi de ce qui est montré, avant qu'une nouvelle menace n'apparaisse (le retour de Rogol Zaar et son armée, échappés de la Zone Fantôme, puisque Zod est présent aux festivités ?).

Puis, donc, le scénariste enchaîne sur le récit de The House of El (on notera, amusé, la similitude de l'intitulé avec la saga House of M que Bendis signa chez Marvel, ce qui n'est sans doute pas un hasard). On reprend donc les explications de Jon Kent sur son absence et sa mue spectaculaire.

Prisonnier sur Terre-3 et d'Ultraman, chef du Syndicat du Crime, le fils de Superman est un peu comme le lecteur, cloué sur place. L'histoire ne progresse pas, même si Bendis développe quelque chose d'intéressant entre le méchant et l'enfant, le premier étant le double maléfique du père du second tout en voyant chez le garçon le fils qu'il n'a pas eu. Malheureusement, Bendis ne creuse pas cet aspect, il le fuit même comme Ultraman s'éloigne régulièrement, très affecté, de Jon. Dommage. Le dénouement de l'épisode est accrocheur, mais sans plus.

Il y a un sentiment de surplace évident, même si ce n'est pas désagréable à lire. La frustration atteint son pic car on ignore toujours comment Jon a vieilli autant, où est passé Jor-El pendant ce temps, comment Jon est rentré sur notre Terre. Mais c'est une frustration négative dans la mesure où l'auteur semble gagner du temps pour faire construire un arc en six parties.

Le désappointement est souligné par la qualité graphique en baisse. Reis cède sa place pour le gros de l'épisode (soit toutes les scène passées avec Jon) à Brandon Peterson qui, à plusieurs reprises, se rate complètement pour dessiner le garçon, lui infligeant un visage et des expressions grotesques, étrangement déformés. Erreurs d'autant plus grossières que, lorsqu'il le faut, Peterson montre ce dont il est capable positivement dans des doubles pages bien découpées.

C'est la première fois que Bendis et sa bande déçoivent depuis le début de son run sur Superman. Pas de quoi, toutefois, se décourager, mais de vraies révélations seraient bienvenues rapidement. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je sais pas si il est vraiment dit dans ce numéro que c'est la Terre-6, mais Geoff Johns et grant morrison ont dit que la terre du Syndicat du Crime est la 3.

Mysterycomics-rdb.blogspot.fr a dit…

Effectivement. Vérification faîte dans "Multiversity", j'ai commis cette erreur que vous me signalez. Et que je corrige illico presto.
52 Terres parallèles, on s'y perd !